Sidaction: face au Covid-19, ce que la lutte contre le sida peut nous apprendre
À commencer par l’impact du tissu associatif et le travail d’information autour de l’épidémie. Historiquement, la lutte contre le sida est marquée ”à la fois par une capacité des associations de terrain à aller vers les personnes les plus touchées, et par le fait qu’associations, médecins et chercheurs travaillent ensemble”, explique à l’AFP la directrice générale de Sidaction, Florence Thune.
Prévention, information
“Surtout, on a appris avec le VIH que ça ne servait pas à grand-chose de faire peur, d’agiter les amendes et les contrôles, mais que les personnes arrivaient à prendre les mesures de précaution quand elles les comprenaient”, ajoute Florence Thune.
Dépistage
Néanmoins, à l’heure actuelle, les obstacles créés par la pandémie ont entraîné un retard sur le dépistage du VIH. Retard estimé, en octobre 2020, à 650.000 tests en moins.
Stigmates
Quelques phénomènes rencontrés lors de l’épidémie de Covid ont ainsi rappelé les débuts de la pandémie de VIH. C’est ce qu’a raconté un médecin au Pr Gilles Pialoux: “il me dit qu’au moment des clusters identifiés dans l’Oise, plusieurs personnes ont été obligées de déménager, de changer leurs enfants d’établissements, leurs portes ont été taguées. On leur envoyait à la figure qu’ils étaient responsables des centaines de cas ou de morts qui venaient d’être enregistrés dans la région”.
Recherche sur les vaccins
“C’est assez simple : on a, en gros, des vaccins pour des maladies qui guérissent, c’est-à-dire pour des maladies contre lesquelles on a une protection naturelle. Avec la rougeole, la grippe, l’hépatite B, il y a une immunité naturelle qui se crée. Dans le cas du Sars-Cov-2, on va guérir parce qu’on fait des anticorps contre le Sars-Cov-2. Donc on reproduit [avec le vaccin] ce que fait la nature, parce qu’on sait exactement comment l’organisme humain se défend contre ce virus”, expliquait notamment le Professeur Jean-Daniel Lelièvre, chef du service d’Immunologie clinique au CHU Henri Mondor, auprès de l’AFP.
“Or, si vous prenez des maladies infectieuses complexes, comme le VIH, personne n’en guérit. La réponse immunitaire contre le VIH ne se fait pas, elle est incomplète. Le VIH détruit le système immunitaire. Donc c’est pour ça que le parallélisme entre [VIH et Sars-Cov-2] est impossible”, ajoute-t-il.
Si ces deux maladies ne sont pas comparables au point de déplorer l’invention d’un vaccin contre le sida, les deux recherches convergent sur certains points. En particulier, les vaccins contre le Covid-19 ont bénéficié des recherches sur le VIH. “N’arrivant à pas mettre au point un vaccin contre le VIH avec des méthodes traditionnelles, nous avons commencé à imaginer des vaccins à vecteurs recombinants”, souligne Brigitte Aubran, du centre d’immunologie et des maladies infectieuses, à La Croix. C’est notamment cette technique que l’on retrouve dans les vaccins AstraZeneca ou Spoutnik V.
Reste à savoir si les avancées contre le Covid-19 bénéficieront en retour au sida. “Développer des vaccins pour les voies respiratoires afin d’éviter la transmission du coronavirus serait aussi une bonne avancée pour d’éventuels vaccins contre le VIH, pour bloquer la transmission du virus dans les muqueuses génitales”, note Morgane Bomsel, virologue à l’institut Cochin. Comme quoi, aussi différents soient-ils, VIH et coronavirus se sont rencontrés sur de nombreux terrains.
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