Keir Starmer a “entièrement rejeté” l’idée que le Royaume-Uni doit choisir entre les États-Unis et l’Europe lorsque Donald Trump prendra le pouvoir, arguant qu’il est dans l’intérêt national de travailler avec les deux.

Le Premier ministre a déclaré que le Royaume-Uni “ne se détournera jamais” de sa relation avec les États-Unis, malgré les difficultés que la nouvelle administration pourrait poser, car cela avait été le “pilier” de la sécurité et de la prospérité pendant plus d’un siècle.

Cependant, il continuerait également à “réinitialiser” la relation de la Grande-Bretagne avec l’Europe, le principal partenaire commercial du pays, a-t-il dit, après des années de négligence post-Brexit, car des liens bilatéraux forts sont vitaux pour la croissance et la sécurité.

“Dans le contexte de ces temps dangereux, l’idée que nous devons choisir entre nos alliés, que d’une manière ou d’une autre nous sommes avec l’Amérique ou l’Europe, est tout simplement fausse,” a-t-il déclaré.

“Je la rejette totalement. [Clement] Attlee n’a pas choisi entre des alliés. [Winston] Churchill n’a pas choisi. L’intérêt national exige que nous travaillions avec les deux.”

Ses remarques surviennent après que des experts en politique étrangère et en commerce ont averti que Trump pourrait exercer des pressions sur le Royaume-Uni pour qu’il prenne effectivement parti entre lui et l’Union européenne s’il applique les droits de douane menacés lorsqu’il prendra le pouvoir l’année prochaine.

Mais malgré la relation tendue précédente du Parti Travailliste avec Trump, des sources de Downing Street ont déclaré qu’elles se sentaient prêtes à faire face à “l’imprévisibilité et au bruit” qui ont déjà commencé à venir de Washington.

L’équipe de Starmer, ont-ils poursuivi, a passé des années à se préparer à la possibilité d’une victoire républicaine – en nouant des relations et, surtout, des ponts. Cependant, comme certaines des critiques d’Elon Musk à l’encontre du Premier ministre l’ont montré, les règles habituelles de la diplomatie ne s’appliquent plus.

Au lieu de cela, le gouvernement pense qu’il peut tirer parti de l’incertitude mondiale que la présidence de Trump crée, la nouvelle administration étant susceptible d’inverser la position des États-Unis dans les zones de conflit et d’adopter une approche plus protectionniste en matière de commerce.

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Lors d’un discours majeur sur la politique étrangère au banquet du lord-maire à Londres, Starmer a insisté sur le fait que le Royaume-Uni pourrait être un “acteur constant et responsable en des temps troublés”, le retour de Trump devant bouleverser l’ordre mondial, y compris en Ukraine et au Moyen-Orient.

“Je me souviens des mots de Philip Larkin à propos de sa défunte majesté la reine Elizabeth en tant que ‘bien constant’ – un point fort et stable dans un monde changeant – parce que je pense que cela reflète également la Grande-Bretagne et le rôle de la nation aujourd’hui,” a-t-il déclaré.

“Être un acteur constant et responsable en des temps troublés. Être le meilleur allié et être déterminé, toujours, dans tout ce que nous faisons.”

Dans son discours, le Premier ministre a déclaré qu’il “ne se détournerait jamais” de la relation spéciale du Royaume-Uni avec les États-Unis, même si beaucoup au sein du gouvernement croient en privé qu’il sera difficile de naviguer à travers cette voie dans les années à venir.

“Il ne s’agit pas de sentimentalisme,” a-t-il déclaré. “Il s’agit de réalisme pragmatique. Maintes et maintes fois, le meilleur espoir pour le monde et le moyen le plus sûr de servir notre intérêt national mutuel sont venus de nos deux nations travaillant ensemble. Cela reste vrai.”

Starmer a également promis de tourner la page sur la relation du Royaume-Uni avec ses partenaires européens, mettant de côté les relations difficiles des années du Brexit. Depuis qu’il a pris ses fonctions, il a rencontré le chancelier allemand, Olaf Scholz, à Berlin et le président français, Emmanuel Macron, à Paris. Il a également accueilli 50 dirigeants de tout le continent pour la réunion de la Communauté Politique Européenne dans les jours suivant sa prise de fonction.

Il a dit à son auditoire que le gouvernement avait déjà amélioré les relations avec les voisins européens de la Grande-Bretagne, avec une “ambition partagée de travailler plus étroitement lorsque cela est nécessaire”, y compris à travers un nouveau pacte de sécurité couvrant les affaires étrangères et la défense.

“Il s’agit de regarder vers l’avenir, pas vers le passé,” a ajouté Starmer. “Il n’y aura pas de retour à la liberté de circulation, pas de retour à l’union douanière et pas de retour au marché unique. Au lieu de cela, nous trouverons des moyens pratiques et agiles de coopérer qui servent l’intérêt national.”

Les ministres recrutent un nouveau négociateur de l’UE pour agir en tant que représentant de toutes les affaires du Royaume-Uni avec le bloc avant les négociations de renouvellement sur l’accord de commerce et de coopération, qui sous-tend la relation post-Brexit, en 2025.

Le gouvernement a déclaré que la sécurité est le socle sur lequel repose l’économie britannique. “Il n’y a pas de plus grande responsabilité pour ce gouvernement,” a déclaré le Premier ministre. Cependant, il ne prévoit pas d’énoncer un calendrier pour atteindre 2,5 % du PIB en dépenses de défense avant l’année prochaine.

Après être devenu le premier dirigeant britannique en six ans à rencontrer Xi Jinping, le président chinois, le mois dernier, Starmer a soutenu que le Royaume-Uni ne pouvait pas “fermer les yeux” sur la Chine et prévoyait plutôt de “continuer à parler” à Pékin.

Trump propose d’imposer d’énormes droits de douane à l’importation de 60 % sur la Chine. Les experts en commerce s’attendent à ce que les États-Unis demandent à l’UE et au Royaume-Uni de faire de même – une demande que les deux résisteront fortement pour leurs propres raisons commerciales.

Le Royaume-Uni cherche à augmenter le commerce avec Pékin tout en intensifiant ses efforts pour trouver de meilleures façons d’accéder au marché unique de l’UE.