« Stop bébé secoué », la campagne du gouvernement pour alerter sur ce syndrome
Diffusé sur Internet à partir de ce lundi 17 janvier, un clip qui se veut “choc” a été réalisé à l’initiative du secrétariat d’État en charge de l’enfance et des familles. Il vise à informer sur le syndrome du bébé secoué, également appelé traumatisme crânien non accidentel (TCNA).
Comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus, la vidéo consiste en un plan fixe sur un babyphone. On entend les pleurs d’un bébé, puis la voix d’un homme, que l’on devine être son père. “J’en ai marre! Tu me pourris la vie”, l’entend-on vociférer. Moins de 10 secondes d’insultes plus tard, on entend un remous. Puis plus rien. Le bébé s’est tu. Le message de prévention s’affiche alors.
“Secouer n’est pas jouer, jouer n’est pas secouer”
Malheureusement bien connu des professionnels de la petite enfance, le “SBS” représente la forme la plus grave d’un traumatisme crânien. Et survient lorsqu’un bébé ou un jeune enfant est violemment secoué par un adulte.
Publicité
“On pourrait parler de syndrome de la tête secouée, explique le Dr Anne Laurent-Vannier, ancienne cheffe du pôle de rééducation de l’enfant aux hôpitaux de Saint-Maurice (Val-de-Marne). Ces secousses provoquent une hémorragie en nappe autour du cerveau. À un stade de plus, il peut y avoir des pauses voire un arrêt respiratoire, et donc un manque d’oxygène et des lésions cérébrales irréversibles.”
En clair, c’est un geste intentionnel. “Les secousses sont des gestes d’une extrême violence, qui n’ont rien à voir avec un geste maladroit de la vie quotidienne ni avec le jeu comme lancer un enfant en l’air, précise l’experte qui a notamment présidé le groupe de travail de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur le syndrome du bébé secoué. Secouer n’est pas jouer, jouer n’est pas secouer. Le jeu est nécessaire au bon développement de l’enfant.”
Un acte de maltraitance
Publicité
“Le syndrome du bébé secoué n’est généralement pas une violence isolée. Les symptômes antérieurs suggérant une maltraitance sont particulièrement fréquents chez les bébés diagnostiqués”, précise le communiqué de presse. Selon des chiffres de la HAS datant de 2017, le taux d’incidence est très élevé: les bébés secoués l’ont été en moyenne 10 fois. 1 bébé sur 10 n’y survivra pas.
Selon l’association “Stop Bébé Secoué”, cet acte de maltraitance concernait en moyenne 200 bébés par an en France. Un chiffre difficile à vérifier, car tous les cas ne sont pas recensés. Le ministère parle de “plusieurs centaines de cas chaque année”, avec un pic d’incidence entre 2 et 4 mois. Selon l’association, “la plupart du temps le bébé à moins de 1 an, et dans deux tiers des cas moins de 6 mois”.
Les trois quarts des autres auront des séquelles lourdes dues à des lésions cérébrales: retard du développement psychomoteur, handicaps moteurs, troubles cognitifs et difficultés d’apprentissage, problèmes de comportement, déficit visuel ou cécité, déficit auditif ou surdité, crises épileptiques…
Les gestes de prévention
-
repérer les signes de maltraitance chez un bébé ou un jeune enfant, sachant que le SBS est souvent accompagné d’autres violences
- adopter les bons réflexes en cas de difficulté. S’occuper d’un enfant en bas âge peut s’avérer très compliqué. Si c’est le cas, ne pas hésiter à s’éloigner du bébé en le laissant sur le dos dans son lit, où il est en sécurité, le temps de souffler ou d’appeler un soutien. Ne pas hésiter à demander de l’aide, de l’entourage ou de professionnels.
-
lorsqu’on confie son bébé à un tiers, lui demander ce qu’il ferait en cas d’exaspération, s’assurer qu’il soit averti et connaisse le syndrome du bébé secoué et enfin lui demander instamment, s’il est en difficulté, de ne pas hésiter à le dire pour qu’on puisse l’aider.
-
réagir dans l’urgence face aux symptômes immédiats: contacter les secours médicaux d’urgence, mettre le bébé en position latérale de sécurité et s’assurer qu’il n’a pas de fièvre.
“Se sentir démuni, en colère et frustré devant les pleurs d’un bébé est normal, le post-partum peut-être une période douloureuse physiquement et émotionnellement, loin des images de bonheur sans faille véhiculées par la société et les médias”, souligne sur le site de l’assocation le Dr Sandra Pannizotti, pédiatre responsable de l’équipe pluridisciplinaire Cellule Maltraitance CHU-CHR Liège.
Et d’ajouter: “Laisser un bébé pleurer quelques instants parce que vous êtes à bout ne le traumatisera pas: au contraire, en mettant des mots sur cette émotion – “je vois bien que tu exprimes quelque chose, mais là je suis épuisé(e) je te laisse en sécurité dans ton berceau, je t’aime, je suis là, mais je m’éloigne quelques instants afin de te retrouver plus sereinement”- l’adulte respecte autant son émotion que celle du bébé.”
Deux numéros verts existent pour entrer en contact avec des professionnels de la petite enfance :
UN NUMÉRO D’URGENCE : la ligne « Allô Enfance en danger » du Service National d’Accueil Téléphonique de l’Enfance en Danger (SNATED) qui a pour mission d’apporter aide et conseil aux appelants confrontés à une situation d’enfant en danger ou en risque de l’être. Joignable au 119, 24h/24 et 7j/7.
UN NUMÉRO D’AIDE ET D’ÉCOUTE : la ligne « Allo Parents Bébé » de l’association Enfance et Partage qui a pour mission d’écouter, de soutenir et d’orienter les parents inquiets dès la grossesse et jusqu’aux trois ans de l’enfant. Joignable au 0 800 00 34 56, du lundi au vendredi de 10h à 13h et de 14h à 18h.
À voir également sur Le HuffPost: Le premier clip de la campagne “1000 premiers jours” de l’enfant
Publicité
Laisser un commentaire