Suicide chez les étudiants: l’intelligence artificielle peut-elle prédire le pire?
Comment éviter et anticiper ces risques suicidaires accrus? Une étude publiée dans la revue Scientific reports ce mardi 15 juin vient donner des éléments de solution. Menée auprès de 5066 étudiants, entre 2013 et 2019, elle analyse 70 paramètres issus de questionnaires remplis par les jeunes gens.
“On a voulu voir quels étaient ceux qui était le plus prédictifs”, explique au HuffPost, Christophe Tzourio, professeur d’épidémiologie à l’université de Bordeaux, praticien au CHU de Bordeaux et directeur du centre de recherche Bordeaux Population Health. “On en a dénombré 4, qui avaient des vraies valeurs de prédiction.”
“Il s’agit des pensées suicidaires, de l’estime de soi, de la dépression et de l’anxiété, précise Mélissa Macalli, doctorante en épidémiologie et principale autrice de l’étude, avec Marie Navarro.
Des “forêts aléatoires” pour améliorer la prise en charge
“L’avantage de cette étude inédite, avance Mélissa Macalli, est d’avoir utilisé un modèle statistique nouveau en santé mentale: les forêts aléatoires. Les modèles classiques ne peuvent pas intégrer plus de 70 paramètres, ni tenir compte des interactions potentielles entre eux. Les forêts aléatoires sont couramment utilisées en prédiction dans tous les domaines. Mais chez les étudiants, nous sommes les premiers à le faire. Et cela nous a donné des résultats encourageants.”
Parmi les 4 paramètres réflecteurs, l’estime de soi a surpris les chercheurs. “On était étonnés de trouver l’estime de soi parmi les critères, parce que lors des discussions avec les psychiatres, ce paramètre n’était pas énoncé comme un vecteur principal de pensées suicidaires. Notre travail a porté ses fruits, puisque nous avons pu isoler ce paramètre et réaliser à quel point il était révélateur de la détresse psychologique.”
La détresse des étudiants en hausse
En juillet 2020, 16% des étudiants sondés, dans l’enquête “La vie d’étudiant confiné” de l’Observatoire national de la vie étudiante (OVE), se sont senti “si découragés que rien ne pouvait leur remonter le moral” et 50% d’entre eux ont déclaré avoir souffert de solitude ou d’isolement pendant le confinement.
Initialement voulues par Emmanuel Macron pour avant l’été, les assises de la psychiatrie et de la santé mentale sont repoussées à “septembre prochain” pour que “le travail préparatoire” se poursuive “tout au long de l’été”, a annoncé ce mardi le ministère de la Santé.
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