Pourquoi l'accord de libre-échange avec le Mercosur suscite tant de divisions au sein de l'Union européenne

MEDIA

Tribune. Mercosur : Plus de 400 associations dénoncent un projet néocolonial et demandent son abandon

L’accord de libre-échange UE-Mercosur suscite une opposition croissante, avec plus de 400 organisations demandant son arrêt lors d’un sommet en décembre à Montevideo. Ce collectif, incluant Stop Mercosur, appelle à résister à des politiques commerciales jugées nocives pour l’environnement et les droits humains. Le processus de négociation, critiqué pour son manque de transparence et d’inclusivité, favorise des modèles agricoles destructeurs et menace les conditions de travail, notamment pour les femmes et les petits agriculteurs. L’accord renforce des structures néocoloniales et accroît les inégalités. Les signataires appellent à privilégier la solidarité, la coopération et le respect des droits dans les relations commerciales.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

La société derrière Arc construit un nouveau navigateur web IA appelé Dia

Image : The Broswer CompanyLe PDG de The Browser Company, Josh Miller, a laissé entendre en octobre qu’il lançait un produit plus axé sur l’IA, qu’une nouvelle vidéo révèle être Dia, un navigateur web construit pour simplifier les tâches internet quotidiennes à l’aide d’outils IA. Son lancement est prévu pour début 2025. Selon le teaser, Dia dispose de fonctionnalités familières alimentées par l’IA telles que « écrivez la prochaine ligne », — qui récupère des faits sur internet, comme le démontre la récupération des spécifications de lancement de l’iPhone original — « donnez-moi une idée », et « résumez un onglet ». Il comprend également l’ensemble de la fenêtre du navigateur web, ce qui lui permet de copier une liste de liens Amazon à partir des onglets ouverts et de les insérer dans un e-mail via des instructions écrites. « L’IA n’existera pas en tant qu’application. Ou…

ECONOMIE

Manifestations à grande échelle en Espagne pour le droit au logement

Les inondations en Espagne ont mis en lumière une crise du logement déjà préoccupante, exacerbée par des manifestations massives dans plusieurs villes. La pénurie de logements abordables, notamment pour les jeunes, résulte d’un manque de logements sociaux et de la spéculation sur le marché immobilier. Environ 60 % des transactions immobilières sont réalisées sans emprunt, et les expulsions de familles pour loyers impayés augmentent. Malgré une croissance économique de 2,8 % prévue, la pauvreté laborieuse persiste, avec des travailleurs consacrant une grande partie de leurs revenus au logement. Les réponses gouvernementales restent insuffisantes face à cette crise grandissante.

Les offres du Black Friday d'Apple réduisent le prix de l'iPad de 9e génération à un niveau record de 200 $.

TECHNOLOGIES

Les offres du Black Friday d’Apple réduisent le prix de l’iPad de 9e génération à un niveau record de...

L’iPad de 9e génération est tombé à 200 $ pour le Black Friday. Si l’on considère que le prix régulier de ce modèle était de 330 $ à son apogée, c’est une excellente réduction. Il s’agit d’une tablette qu’Apple a lancée en 2021, donc elle commence à montrer son âge. L’iPad de 10e génération est la tablette “budget” officielle d’Apple, car la 9e génération sera finalement abandonnée. Mais cela reste une machine fantastique, en particulier pour son prix, surtout si vous êtes absolument déterminé à obtenir un iPad avec un budget limité.
C’est une tablette relativement ancienne avec une puce tout aussi ancienne, la A13 Bionic. Ce n’est pas le meilleur iPad à acheter pour ceux qui cherchent une grande puissance brute. Cependant, c’est la tablette parfaite pour ceux qui veulent une machine de consommation multimédia à petit prix. Netflix au lit ? Je m’inscris.

Cette promotion concerne le modèle de 64 Go et ne s’applique pas à la version de 256 Go. La tablette de 9e génération est en voie d’abandon, il est donc hautement probable que ce soit la dernière chance d’en obtenir une à ce prix. Une fois le stock épuisé, ce sera fini.
Découvrez toutes les dernières offres Black Friday et Cyber Monday ici. Cet article est initialement apparu sur Engadget à l’adresse https://www.engadget.com/deals/apple-black-friday-deals-discount-the-9th-gen-ipad-to-a-record-low-of-200-161404354.html?src=rss

En 2023, les pauvres ont été appauvris et les riches enrichis par le gouvernement

ECONOMIE

En 2023, les pauvres ont été appauvris et les riches enrichis par le gouvernement

Prélever 300 euros aux moins favorisés pour en faire bénéficier les plus aisés : tel est, en quelques mots, l’impact des décisions sociales et fiscales adoptées par le gouvernement en 2023, d’après un rapport dévoilé hier par l’Insee. Durant cette année, deux types de politiques publiques ont infléchi le niveau de vie des Français : d’une part, l’arrêt des aides exceptionnelles de pouvoir d’achat en 2022, qui a touché les moins privilégiés ; et d’autre part, l’ultime étape de la suppression de la taxe d’habitation, qui a favorisé les ménages les plus riches.

Globalement, les choix opérés sous l’égide d’Elisabeth Borne (Première ministre de mai 2022 à janvier 2024) ont fait reculer le revenu disponible des ménages de 2,2 milliards d’euros. Si l’on compare avec une situation où ces décisions n’auraient pas été appliquées, cela équivaut à une diminution moyenne de 0,2 % du niveau de vie, soit 50 euros en moins par individu sur l’année.

Cependant, cet effet n’est pas uniformément réparti. La politique sociale et fiscale du gouvernement a généré 19 millions de perdants, soit deux ménages sur trois, contre 5,7 millions de gagnants. Ainsi, 70 % des Français les moins fortunés figurent parmi les victimes de ces mesures. Mais c’est le 1er décile de niveau de vie (les 10 % les plus pauvres) qui a été le plus durement touché : en moyenne, une perte de 290 euros annuels par personne, représentant un recul de 2,7 % de leur niveau de vie.

« 290 euros en moins chaque année, c’est dramatique, cela peut précipiter bien des individus », déclare Marie-Aleth Grard, présidente d’ATD Quart Monde.

Dans le détail, c’est l’absence en 2023 de la revalorisation anticipée des minima sociaux, accordée en 2022, qui a le plus pesé sur le budget des plus modestes (- 2,2 milliards d’euros). Il en va de même pour la fin de l’indemnité inflation, introduite en 2021 pour une durée de deux ans et non prolongée en 2023. Cette décision a engendré un manque significatif dans le revenu disponible des Français (- 1,8 milliard).

Exit également le doublement du chèque énergie en 2022 par rapport à 2021 et l’attribution d’un chèque exceptionnel de 100 euros aux foyers modestes non éligibles à cette aide. Ces deux dispositions n’ont pas été reconduites en 2023 (- 1,3 milliard) et ont majoritairement affecté les 20 % les plus défavorisés. On peut aussi citer l’abandon de l’allocation exceptionnelle de rentrée scolaire (- 1,1 milliard) et l’absence de hausse anticipée des bourses secondaires (20 millions).

Bien sûr, ces soutiens avaient été annoncés comme temporaires lors de leur adoption. Il est donc délicat de reprocher leur mise en œuvre au gouvernement : « Ces mesures étaient indispensables en 2022, contribuant à limiter la montée de la pauvreté à ce moment-là, modère Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre. Mais étant donné la persistance de l’inflation en 2023, leur prolongation aurait été légitime tant qu’elles restaient utiles. » Une autre analyse de l’Insee rappelle que l’inflation s’élevait encore à 4,9 % en moyenne annuelle en 2023, seulement 0,4 point de moins qu’en 2022. Et l’organisme précise : « l’ampleur du choc a été deux fois plus importante pour les 20 % les plus modestes, déjà soumis aux contraintes économiques les plus élevées, que pour les 20 % les plus riches. » Entre 2022 et 2023, l’inflation a rogné 7,1 % du pouvoir d’achat du premier décile contre 3,1 % pour le dernier. De quoi justifier la nécessité d’un ciblage mieux ajusté en faveur des plus vulnérables. « Mais 2023 n’était pas une année présidentielle, contrairement à 2022 …», nuance Manuel Domergue.

« Ensemble, nous sommes parvenus à surmonter les crises sanitaire et inflationniste, estime Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité. Mais le quoi qu’il en coûte a manqué de discernement, et la suppression des mesures exceptionnelles se fait dans la confusion, en sacrifiant les plus fragiles qui en paient le prix fort. »

Petit lot de consolation : la prime de Noël destinée aux familles monoparentales au RSA a été augmentée de 35 % en 2023, ce qui représente un gain moyen de 10 euros pour les plus modestes. Cependant, cette initiative est jugée insuffisante par Marie-Aleth Grard :

« On ne peut répondre à ces problématiques par des mesures ponctuelles et précaires, qui inquiètent les personnes et bloquent toute projection à long terme. Ce sont des palliatifs dérisoires. Il faudrait une réelle revalorisation du RSA pour permettre aux plus précaires de retrouver une autonomie et s’insérer durablement. »

Champagne pour les plus riches

À l’opposé, les ménages les plus aisés n’ont guère de quoi se plaindre. Pour les 30 % les mieux nantis, les réformes sociales et fiscales de 2023 ont eu des effets tangibles : + 60 euros en moyenne pour le 8e décile et 280 euros pour le dernier décile. En particulier, la suppression finale de la taxe d’habitation a été un gain significatif : + 300 euros pour le dernier décile.

« On se demande vraiment qui sont les assistés, s’interroge Marie-Aleth Grard. C’est d’autant plus absurde que cela n’impacte pas leur quotidien et leur semble probablement risible, alors que de tels montants pourraient offrir un peu de stabilité aux plus démunis. »

La déconjugalisation de l’allocation adulte handicapé (AAH) a également contribué à creuser les inégalités, car cette réforme a pénalisé certains bénéficiaires parmi les moins favorisés, notamment ceux en couple avec une personne ayant des revenus plus faibles.

En conclusion, « les mesures sociales et fiscales de 2023 ont amplifié les inégalités », affirme l’Insee. Tous les indicateurs habituels en attestent : l’indice de Gini, le rapport interdécile ou encore la répartition entre les niveaux de vie détenus par les 20 % les plus riches et ceux des 20 % les plus modestes, tous orientés à la hausse.

Sans compter l’augmentation de 0,6 point du taux de pauvreté monétaire consécutive à l’arrêt des mesures exceptionnelles de 2022. Et il est peu plausible que les choix politiques de 2024 aient corrigé le tir…

Sur la ZAD, une routine de contestation

INVESTIGATIONS

Sur la ZAD, une routine de contestation

Sous une serre partiellement déchirée, un homme s’affaire à nettoyer de jeunes pousses plantées directement en terre. Ses doigts examinent méthodiquement les petites tiges une par une, effleurent la terre et retirent quelques mauvaises herbes. Éreinté ou par choix pratique, il s’est étendu, donnant l’impression d’un tête-à-tête avec une personne chère à son cœur.

Au cœur de l'Amazonie, une commune française souffre d'un manque d'eau et de nourriture en raison du changement climatique.

CULTURE

Au cœur de l’Amazonie, une commune française souffre d’un manque d’eau et de nourriture en raison...

Maripasoula, Parc amazonien de Guyane (973) – À travers les hublots du petit avion à hélices reliant le littoral à la ville de Maripasoula, située au sud de la Guyane, un océan de nuances de vert se déploie à perte de vue. Après une heure de vol, les premières maisons de cette commune, intégrée au vaste Parc amazonien, deviennent visibles, nichées au creux d’un méandre du fleuve Maroni. Ce cours d’eau constitue la frontière avec le Suriname et sert de chemin vers l’océan Atlantique – à plus de 300 kilomètres en aval. « D’habitude, on voit toujours des pirogues arriver avec des marchandises », indique Jonathan Abienso, à la tête d’une entreprise de fret fluvial dans cette enclave urbaine entourée par l’Amazonie.

En parcourant le « dégrad » de Maripasoula – le terme utilisé ici pour désigner un embarcadère – l’entrepreneur évoque qu’après 18 mois de sécheresse, alors que l’année 2024 s’annonce comme l’une des plus chaudes jamais mesurées par Météo France, cette voie essentielle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Le niveau de l’eau est si bas que de nombreux rochers obstruent désormais le passage des personnes et des biens. À certains endroits, il serait presque faisable de traverser à pied les 500 mètres séparant les deux pays. Il ajoute :

« Cela fait deux semaines que personne n’ose remonter le fleuve, devenu trop dangereux. »

La gravité de cette sécheresse est attribuée à la double influence d’El Niño, un phénomène océanique répétitif qui se manifeste par un réchauffement des eaux du Pacifique, ainsi qu’au changement climatique, dont l’une des manifestations en Guyane est la diminution des précipitations.

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Les habitants de Maripasoula réclament une « route du fleuve » pour se connecter au littoral. /
Crédits : Enzo Dubesset

À Maripasoula, l’aérodrome et sa seule piste en latérite – cette roche rougeâtre et aride – sont les derniers liens entre les 10.000 résidents et le reste du monde.

Augmentation des tarifs

« La vie a toujours été difficile et coûteuse, mais la situation actuelle est bien pire », remarque Charles Aloïke. À la conduite de sa filong, ces motos importées d’Asie via le Suriname, principal moyen de transport sur les routes poussiéreuses de Maripasoula, il affirme que les habitants ressentent le poids de l’isolement depuis longtemps, bien avant le dérèglement climatique.

La commune, qui s’étend sur une superficie équivalente à celle de la Nouvelle-Calédonie, a connu un développement significatif suite à la découverte de nouveaux gisements d’or dans les années 1990, attirant de nombreux chercheurs d’or, exploitant les filons de manière plus ou moins légale. Cependant, les infrastructures n’ont pas suivi ce boom démographique. En 2023, la fermeture de la compagnie aérienne pendant cette sécheresse – déjà – avait isolé la ville durant plusieurs mois, entraînant une flambée des prix des denrées, qui n’ont depuis cessé d’augmenter. Charles Aloïke, le motard, exprime son inquiétude :

« Le prix de l’essence a atteint quatre euros le litre. Ça grimpe chaque jour, je ne sais pas comment nous allons nous en sortir. »

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Charles Aloïke, sur sa filong. /
Crédits : Enzo Dubesset

L’année précédente, c’étaient les interruptions fréquentes de l’électricité dues à la faible capacité et à l’isolement du réseau qui suscitaient de vives critiques de la part de la population.

Comme la plupart des résidents, Rosiane Agésilas, une infirmière, se rend régulièrement chez les « Chinois » d’Albina 2. Ces commerces, établis sur la côte surinamaise, constituent la base de l’économie informelle de la région tout en proposant des marchandises détaxées à bas prix. Ces supermarchés sur pilotis, où l’on peut payer en euros ou au gramme d’or, sont bien plus fréquentés que les épiceries françaises. Toutefois, eux aussi doivent se procurer leurs produits par avion, augmentant ainsi leurs tarifs :

« Il n’y a plus une différence claire dans les prix. Même en allant de l’autre côté, mon chariot de courses a augmenté de 80 à 150 euros par semaine. C’est intenable. »

La soignante est engagée dans le collectif Apachi qui, depuis 2023, dénonce les effets dévastateurs de l’enclavement. « Nous faisons des sacrifices et nous ne pouvons plus nous nourrir correctement. Cela va poser des soucis de santé publique. » Elle alerte que les bouteilles d’eau, ainsi que les œufs, le riz ou le gaz commencent à faire défaut.

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Les commerces surinamais sont au cœur de l’économie informelle de la région. /
Crédits : Enzo Dubesset

Rationnement

L’augmentation des prix a un impact d’autant plus fort sur les migrants venus du Guyana, d’Haïti ou du Brésil, attirés par l’espoir d’un emploi sur le sol français. « Je gagne 200 euros par mois pour un emploi à temps partiel et j’ai trois enfants », explique Maria (1). La citoyenne guyanaise est vendeuse dans l’une des boutiques du centre :

« Comme je ne possède pas les papiers nécessaires, je ne peux bénéficier d’aucune aide. Si mon mari ne m’assistait pas, je ne pourrais plus me nourrir. »

L’économie générale, déjà peu développée, en est complètement affectée. Les entreprises subissent désormais le coût élevé de la vie et des transports, amplifié par la pénurie de denrées. C’est le cas de la seule boulangerie de la commune. « Je n’arrive plus à trouver de farine. J’ai dû réduire ma production de pain, mais je crains de devoir fermer bientôt », témoigne Dewane Roger, le propriétaire.

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À Maripasoula, le prix de l’essence a explosé. /
Crédits : Enzo Dubesset

Retrait des services publics

Les effets de la sécheresse sont encore plus évidents dans les nombreux « kampus », des hameaux accessibles après plusieurs heures de pirogue depuis Maripasoula. L’accès aux services, déjà instable à cause des distances, est rendu encore plus compliqué.

Plusieurs écoles primaires ont dû fermer : le transport scolaire en pirogue étant impossible, de nombreux élèves sont désormais forcés de suivre les cours du collège à distance, lorsque la connexion internet le permet. Dans le kampu d’Antecume Pata, le dispensaire fonctionne comme une pharmacie et un cabinet médical, capable de fournir les premiers soins urgents. Ce centre, qui donne accès gratuitement aux soins pour près d’un millier de personnes, a dû réduire la fréquence de ses permanences. D’une visite hebdomadaire, le médecin n’intervient maintenant que quelques heures toutes les deux semaines, par le biais d’un hélicoptère affrété depuis Cayenne.

Dans plusieurs de ces hameaux, l’eau potable est extraite de nappes dont le niveau fluctue selon celui du Maroni. De nombreux forages sont complètement à sec. D’autres sources ne permettent d’accéder à l’eau que quelques heures par jour, souvent trouble et impropre à la consommation. Dans toute la Guyane, plusieurs milliers de personnes sont touchées et, bien que des solutions d’urgence aient été mises en place comme l’envoi de fontaines atmosphériques – des générateurs qui produisent de l’eau à partir de l’humidité ambiante – les habitants concernés estiment que c’est très insuffisant.

Aide aérienne

En réponse à la crise, la préfecture a activé un plan Orsec Eau le 29 octobre dernier. Cette mesure d’urgence inclut notamment la création d’un pont aérien par l’armée pour fournir en eau potable, nourriture, essence ou médicaments Maripasoula et d’autres communes isolées de Guyane – au total, près de 40.000 personnes. La collectivité territoriale de Guyane (CTG), de son côté, a annoncé qu’elle allait doubler les capacités de fret aérien de la compagnie privée, en charge des vols vers l’intérieur du territoire, pour augmenter également les capacités de ravitaillement.

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Le niveau d’eau étant si bas, des amas rocheux bloquent maintenant le passage. /
Crédits : Enzo Dubesset

Bien que le coût de ce fret aérien subventionné ait été fixé en dessous des prix moyens du transport fluvial, les tarifs demeurent pour l’instant relativement similaires. La majorité des Maripasouliens continuent de s’approvisionner au Suriname. « Ni la mairie, ni la collectivité, ni l’État ne nous ont intégrés aux discussions », déplore Patrick Valiès, président de l’association des commerçants de Maripasoula. Certains avouent d’ailleurs ne pas être informés du fonctionnement des dispositifs étatiques ni de la manière de bénéficier de ces aides :

« Cela fait des mois que nous demandons la constitution de stocks. Nous avons déjà connu la sécheresse l’année passée. Tout cela aurait pu être mieux préparé collectivement. »

La préfecture, quant à elle, souligne avoir organisé, en collaboration avec la CTG, des réunions pour discuter des besoins des commerces. L’administration assure travailler à l’instauration d’un dispositif de régulation des prix, englobant des contrôles préventifs visant à empêcher les commerçants locaux de profiter de cette aide exceptionnelle sans justifier une baisse de leurs prix.

Sentiment d’abandon

Plutôt que de perpétuelles mesures d’urgence, les Maripasouliens demandent – souvent sans grand espoir – la construction d’une « route du fleuve » pour les relier au littoral. Ce projet colossal, au cœur des discussions politiques locales depuis 20 ans, a été amorcé. Mais il reste encore 150 kilomètres de forêt dense à ouvrir, pour l’instant sans financements.

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La sécheresse est perceptible partout à Maripasoula. /
Crédits : Enzo Dubesset

En 2022, Emmanuel Macron en avait fait une promesse, mais a finalement annoncé un remodelage de la route en « piste améliorée » – sans donner plus de détails – lors de sa visite en Guyane, en mars.

À la suite de ce changement de cap, l’armée a reçu la mission de réaliser une étude sur la faisabilité d’une telle piste. Le rapport, finalisé depuis des mois, a été remis à la CTG et au gouvernement, mais n’a pas encore été rendu public. « La route est la seule solution viable pour sortir de l’isolement », affirme Rosiane Agésilas :

« Ce serait le début d’une nouvelle ère et un engagement pour le développement de Maripasoula. »

Cela pourrait également représenter l’une des solutions pour prévenir les sécheresses à venir : selon les prévisions du rapport scientifique GuyaClimat, publié en 2022, le territoire devrait connaître un réchauffement d’environ 2,5 à 4,5 degrés et une diminution des précipitations de 15 % à 25 % d’ici 2100.