Clé USB dans un sandwich et resto sur écoute : quand les espions cuisinent
Illustration Vice © François Dettwiler Automne 1940. Parachuté en Angleterre pour cartographier les défenses côtières en prévision d’un futur débarquement, un espion des services de renseignement de l’armée allemande est arrêté après avoir tenté de commander une pinte de cidre à 10 heures du matin dans un pub. En temps de Blitz, tout le monde sait qu’on ne sert pas d’alcool avant midi. Au même moment, un autre opérateur envoyé canoter jusqu’en Albion dans le cadre de l’opération Lion de Mer, perd sa couverture après la découverte de bratwürste dans ses bagages. En temps de Blitz, tout le monde sait qu’on ne se trimballe pas avec des saucisses ennemies interdites à l’importation. Quelle mouche a pu piquer les deux agents nazis ? C’est l’historienne Monika Siedentopf qui révèle leurs déboires dans son ouvrage Operation Sealion : Resistance inside the Secret Service précisant au passage que l’échec de leur mission n’était pas uniquement dû à leur incompétence mais aussi à un acte de sabotage délibéré des cadres de l’Abwehr opposés aux envies d’invasion d’Hitler. Ces deux anecdotes illustrent assez opportunément la place de la gastronomie dans l’histoire de l’espionnage ; pour les agents, la bouffe est à la fois une arme qui peut s’avérer mortelle, un médium capable de faire passer toute sorte de messages ou un outil pour se fondre dans la masse. À la même époque, le Secret Intelligence Service (SIS) constate par exemple que ses espions envoyés en mission dans les pays méditerranéens – et notamment l’Espagne – manquent de « saveur locale ». L’austère régime alimentaire britannique mettrait en péril la discrétion de certains agents et oblige le MI6 à se lancer dans la confection d’une barre de chocolat à l’ail comme raconté par Peter Taylor dans Weird War Two : Intriguing Items and Surprising Stuff From the Second World War. L’auteur suggère que la…