Le prix que le Liban paie pour la guerre Hezbollah-Israël
Les partisans du groupe restent fermes face au déplacement généralisé et aux milliers de décès.
Les partisans du groupe restent fermes face au déplacement généralisé et aux milliers de décès.
BeyrouthBeyrouth (Liban).– Six portraits des membres de la famille al-Moqdod semblent flotter, comme suspendus dans le temps, au-dessus d’une étroite ruelle qui s’enfonce dans le quartier populaire de Jnah, situé dans la banlieue sud de Beyrouth. Celui du petit Ali, un garçon en tee-shirt blanc et short en jean, levant le pouce devant un arbre verdoyant. Ceux des jeunes filles, Céline, habillée d’une robe rose avec une couronne dans les cheveux, Fatima et Sila, chacune avec une fleur à l’oreille, et Zeineb, arborant un sourire espiègle.
BeyrouthBeyrouth (Liban).– Ivana Skaiki pourrait être sur le point de sortir. Les greffes de peau ont bien été acceptées, se réjouissent les médecins à son chevet. Fatima, sa mère, refuse d’y croire. Elle ne peut pas envisager son bébé de 21 mois, enveloppé de bandages de la tête aux pieds, si délicat, si affaibli, déjà en dehors. Elle souhaiterait que le séjour se prolonge le plus longtemps possible dans ce cocon en verre situé au sous-sol de l’hôpital libanais Geitaoui, au cœur de Beyrouth.
C’estC’est un leader peu flamboyant, réservé, dépourvu de charisme, et sans expérience militaire, qui a pris le relais mardi 29 octobre à la tête du Hezbollah libanais. Secrétaire général adjoint du mouvement, poste qu’il a occupé durant sept mandats successifs depuis son élection, le 22 mai 1991, Naïm Kassem semble être un choix de dernier recours, suite à l’élimination par Israël de ceux qui étaient pressentis pour lui succéder, après la mort de leader du parti islamiste chiite, survenue le 27 septembre lors d’une attaque israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth.
Depuis un an, le Hamas a vu ses capacités militaires considérablement dégradées. Mais pour son premier ministre, Israël ne sera en sécurité que lorsque l’Iran et le Hezbollah auront été neutralisés, malgré la mort de Yahya Sinouar.
Depuis le début de la guerre entre le Hezbollah et Israël, et surtout l’intensification des bombardements israéliens depuis la fin septembre, les Libanais payent un lourd tribut, notamment dans le Sud agricole.
Alors que l’armée israélienne continue de pilonner le sud de Beyrouth, la montagne druze du Chouf accueille la majorité des déplacés du pays. Ses habitants se montrent solidaires mais craignent que la possible présence de membres du Hezbollah fasse de la région une cible.
Après le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, assassiné fin septembre à Beyrouth, c’est Yahya Sinouar, le chef du Hamas et l’architecte du 7-Octobre, que l’armée israélienne a fini par réussir à éliminer.
Le Liban des années 2020 est le théâtre d’une série de crises simultanées. Des décennies de mauvaise gestion et de corruption des élites ont mis le pays en faillite, faisant plonger son PIB et laissant 74 % de sa population dans la pauvreté. Fin 2019, les Libanais sont descendus dans la rue pour réclamer une révolution, mais leurs efforts, qui ont culminé avec la démission de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, ont été étouffés par la pandémie de Covid-19. Les confinements à répétitions imposés au cours des 18 derniers mois ont fortement perturbé le quotidien et l’économie. Pour couronner le tout, le 4 août 2020, une gigantesque explosion dans le port de Beyrouth a tué 218 personnes, laissé environ 300 000 personnes sans abri et causé des dégâts matériels estimés à 3,5 milliards d’euros, selon la Banque mondiale. L’incident a également exacerbé la crise politique du pays, des enquêtes ultérieures ayant révélé que c’était précisément la négligence institutionnelle qui avait préparé le terrain pour cette tragédie. Parmi les bâtiments endommagés par l’explosion se trouvaient certaines des boîtes de nuit les plus réputées de la capitale. Pour les connaisseurs du monde entier, la vie nocturne de Beyrouth était comparable à celle de Berlin, Londres et New York. Au fil des années, des clubs comme l’AHM et le Gärten ont accueilli des sommités de la house et de la techno, comme Sven Väth, Gerd Janson et Henrik Schwarz, donnant à Beyrouth la réputation de ville qui ne dort jamais. Mais même pour les clubs qui sont sortis indemnes de l’explosion, la fête a pris fin temporairement. Dans un pays qui doit faire face à des pénuries quotidiennes de carburant, d’eau, d’électricité et de médicaments, le clubbing est évidemment relégué au second plan. En fait, la plupart des gens n’ont pas de générateur…
Les silos à grains détruits, photographiés un jour après l’explosion, le 4 août 2020. Photo : Hasan Shaaban/Bloomberg via Getty Images BEYROUTH – Il est difficile de traverser la capitale libanaise ces jours-ci sans éprouver un sentiment croissant de dystopie. Au cours du week-end, le réseau électrique national, qui, depuis des mois, ne fournit que deux ou trois heures d’électricité par jour, est tombé dans le noir. Les travailleurs des institutions publiques sont en grève pour une durée indéterminée ou par intermittence, car l’hyperinflation, considérée aujourd’hui comme la pire au monde, a réduit ce qui était autrefois un mois entier de salaire à tout juste de quoi faire le plein d’une petite voiture. Publicité Mais s’il existe de nombreux candidats au titre de symbole le plus puissant de l’effondrement du Liban, les restes partiellement détruits des silos à grains du port de Beyrouth sont en tête de liste. Ces structures de 45 mètres de haut, qui dominent la vue du bord de mer de Beyrouth lorsque l’on entre dans la ville par le nord, sont devenues des symboles involontaires de la négligence meurtrière du gouvernement libanais. Les silos ont été gravement endommagés en août 2020, lorsque des explosifs mal stockés, dont des milliers de tonnes de nitrate d’ammonium, ont explosé, tuant plus de 200 personnes, endommageant ou détruisant des milliers de bâtiments et traumatisant collectivement des millions de personnes. Quatorze mois plus tard, les silos en ruine sont toujours là, avec à leur base des milliers de tonnes de céréales déversées. S’ils n’avaient pas absorbé une partie importante de l’explosion, les dégâts dans la ville auraient été bien plus importants. Alors que le Liban, qui connaît rarement des précipitations entre mai et septembre, se prépare aux pluies d’hiver, il est possible qu’au moins une partie de la structure s’effondre avant que quelque…
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