Instagram s'appuie sur l'intelligence artificielle afin de sécuriser les jeunes utilisateurs.

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Instagram s’appuie sur l’intelligence artificielle afin de sécuriser les jeunes utilisateurs.

Instagram, le réseau social incontournable, renforce sa sécurité. Grâce à l’intelligence artificielle (IA), la plateforme ambitionne d’identifier les utilisateurs falsifiant leur âge. Meta, la société mère d’Instagram, met au point un système capable de déceler les déclarations mensongères des jeunes. De plus, les pressions réglementaires grandissantes ont incité l’entreprise à adopter une approche plus stricte. Cet outil doit faciliter un meilleur encadrement des profils adolescents.

Un classificateur d’âge pour des comptes limités

Le classificateur d’adultes de Meta examinera divers aspects du compte. Les interactions, les messages et les abonnements permettront à l’IA de mieux estimer l’âge réel de l’utilisateur. Cet appareil identifiera ceux se déclarant majeurs alors qu’ils ne le sont pas. Ainsi, si un utilisateur est reconnu comme mineur, il sera redirigé vers une version sécurisée. Cette version d’Instagram imposera des restrictions, quel que soit l’âge mentionné.

La création de cet outil n’est pas le fruit du hasard. Meta a introduit en septembre 2024 des comptes pour jeunes. Ces comptes, configurés sur privé par défaut, offrent des protections cruciales. En outre, ils restreignent les messages, proposent des rappels d’écran et permettent la supervision parentale. L’objectif ? Garantir un environnement plus sûr pour les adolescents.

Des procédures de vérification plus avancées

Pour garantir que les mineurs ne falsifient pas leur âge, Meta emploie plusieurs méthodes. Les utilisateurs devront valider leur âge en fournissant des documents officiels. D’ailleurs, l’option de vérification sociale renforce cette démarche. Elle permet de demander à trois contacts adultes de confirmer l’âge de l’utilisateur. Cependant, chaque garant ne pourra attester que pour une seule personne à la fois.

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Meta a également conclu un partenariat avec la technologie Yoti. Ensemble, ils instaurent un système de vérification par selfie vidéo. Cela complétera les documents d’identité et aidera à valider l’âge de façon plus efficace. Ces actions s’intègrent dans une dynamique mondiale visant à mieux protéger les jeunes en ligne.

Des exigences en hausse pour une meilleure sécurité

La mise en place de ces dispositifs fait suite à de nombreuses critiques. En effet, les autorités et le public ont souligné l’impact d’Instagram sur la santé mentale des jeunes. En 2021, un rapport du Wall Street Journal a révélé que Meta était consciente des effets délétères de sa plateforme. De surcroît, Instagram a été pointé du doigt pour avoir contribué à l’anxiété et aux problèmes de santé mentale, surtout chez les jeunes filles.

En 2023, 33 États américains ont intenté un procès contre Meta. Ils l’accusent d’avoir mis en place des fonctionnalités addictives pour les jeunes. Ces comportements aggraverait la dépendance, malgré leurs impacts nocifs avérés. Ainsi, ces nouvelles mesures basées sur l’IA apparaissent comme une tentative de redorer l’image de Meta. L’entreprise vise à répondre à ces critiques en protégeant les jeunes. Elle espère ainsi récupérer la confiance du public.

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Le créateur de Houseparty est de retour. Cette fois-ci, il s'attaque à Slack et Discord.

ECONOMIE

Le créateur de Houseparty est de retour. Cette fois-ci, il s’attaque à Slack et Discord.

Ben Rubin, co-créateur de l’application de chat à succès de pandémie Houseparty, a lancé une nouvelle plateforme de messagerie de groupe qui vise à résoudre les problèmes sapant la confiance dans la conversation publique—en utilisant la blockchain. S’il échoue, ça ne le dérange pas.

ABBYY Phoenix : l'intelligence artificielle qui améliore le traitement documentaire au sein des entreprises

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

ABBYY Phoenix : l’intelligence artificielle qui améliore le traitement documentaire au sein des entreprises

ABBYY présente Phoenix, une IA révolutionnaire destinée à perfectionner la gestion des documents des entreprises via des modèles SLM. Dévoilée lors du sommet ABBYY Ascend 2024, cette solution promet une augmentation de l’efficacité et une automatisation améliorée.

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ABBYY, pionnier de l’automatisation des processus intelligents, a franchi une étape significative dans la gestion documentaire avec le lancement officiel de Phoenix le 30 octobre 2024. Cette intelligence artificielle multimodale s’appuie sur des modèles SLM pour afficher des performances proches des LLM, mais avec une efficacité supérieure. Voici les détails de cette annonce qui pourrait changer la façon dont les entreprises améliorent leur gestion documentaire.

 Phoenix, la nouvelle IA multimodale

Phoenix transcende l’idée d’un simple logiciel. Dévoilée lors de l’événement ABBYY Ascend 2024, elle fait partie intégrante du Purpose-Built AI Center, une plateforme conçue pour démocratiser l’accès à des outils d’intelligence artificielle. Ce centre vise à faciliter la création d’applications d’IA et à renforcer l’automatisation des processus. En utilisant les modèles SLM, les entreprises peuvent accroître leur retour sur investissement tout en garantissant agilité et rapidité.

Les modèles SLM d’ABBYY se distinguent par leur aptitude à intégrer aisément les documents dans les processus d’affaires. Cela garantit une réactivité face aux changements des exigences. Maxime Vermeir, Directeur Senior de la Stratégie AI chez ABBYY, a affirmé l’importance de cette innovation : « Avec le lancement de notre Purpose-Built AI Center, nous offrons à nos clients la possibilité de découvrir plus facilement la solution adaptée à leurs besoins opérationnels, simplifiant ainsi leur succès en matière d’automatisation. »

Une plateforme sécurisée et efficace

Dans le cadre de ses autres annonces marquantes, ABBYY a présenté sa solution IDP (Traitement Intelligent des Documents). Celle-ci constitue un passage sécurisé vers les LLM pour une extraction de données fiable. Ce dispositif a pour objectif de réduire le risque d’erreurs, telles que les hallucinations des modèles, et d’assurer la précision des données traitées. La sécurité et l’exactitude sont des priorités qui tiennent à cœur à l’entreprise, qui s’efforce de renforcer la confiance des utilisateurs dans la technologie. De plus, le Purpose-Built AI Center offre aux développeurs un accès centralisé à un ensemble complet d’outils d’IA. Cette plateforme prend déjà en charge plus de 80 modèles de documents, augmentant ainsi la capacité des entreprises à s’adapter et à innover dans leurs opérations quotidiennes.

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Innovations technologiques pour des performances accrues

ABBYY n’a pas seulement concentré ses efforts sur Phoenix et son centre AI. L’entreprise a annoncé des améliorations significatives de ses capacités OCR (Reconnaissance Optique de Caractères) pour optimiser la qualité de conversion et la détection des structures documentaires. Ces avancées permettent de traiter efficacement un volume plus important de documents tout en améliorant la mémoire et la rapidité. La reconnaissance de l’écriture cursive (ICR) est également mise en avant avec un soutien multilingue et des outils actualisés pour répondre aux besoins des entreprises en matière d’extraction de données complexes. Les développeurs profitent d’une intégration simplifiée grâce à une meilleure prise en charge des API et des langages de programmation comme .NET et Python.

Article basé sur un communiqué de presse reçu par la rédaction.

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La coopération Nord-Sud, thème central de la COP 29

ECONOMIE

La coopération Nord-Sud, thème central de la COP 29

De plus en plus communs, de plus en plus intenses, de plus en plus onéreux. Les inondations tragiques dans la région de Valence, en Espagne, ayant causé au moins 217 morts, surviennent après les tempêtes Kirk et Boris en Europe du Nord et Centrale, et après les ouragans Hélène et Milton aux États-Unis (plus de 250 décès).

Les perturbations variées concernant les précipitations et les températures qui se succèdent confirment à quel point un monde s’apprêtant à atteindre 1,5 °C de réchauffement climatique moyen depuis le début de la révolution industrielle – un niveau enregistré en septembre 2024 – est déjà devenu, entre destructions matérielles et pertes agricoles, instable et menaçant.

C’est face à cette réalité que se tiendra, du 11 au 22 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, la 29e conférence annuelle des États parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), plus connue sous le nom de COP 29.

L’équation que les 197 États parties peinent à résoudre a été signalée dans le rapport publié, à la veille de chaque COP, par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Ce rapport évalue l’écart entre les émissions projetées de gaz à effet de serre et ce qui devrait être réalisé à court terme selon la communauté scientifique pour respecter l’objectif à long terme de l’Accord de Paris : rester « nettement » en dessous de 2 °C de réchauffement d’ici la fin du siècle, et idéalement, stabiliser le climat à + 1,5 °C.

D’après le dernier Emissions Gap Report, pour respecter l’objectif de 1,5 °C, il faudrait réduire les émissions mondiales de 57 gigatonnes (Gt) d’équivalent CO2 en 2023 à 33 Gt en 2030. Près d’une réduction de moitié en sept ans ! Ce n’est pas techniquement et économiquement impossible, souligne le rapport, mais cela nécessiterait une mobilisation énorme.

Cependant, si les États respectent leurs engagements nationaux « non conditionnels » en matière de réduction des émissions, pris depuis 2015 dans le cadre de l’Accord de Paris (appelés Nationally Determined Contributions, ou NDCs), les émissions mondiales seraient réduites à seulement 55 Gt. Et au mieux, à 51 Gt si les pays en développement et émergents mettent également en œuvre leurs engagements « conditionnels ».

La condition essentielle est, en grande partie, que les pays du Nord augmentent leurs transferts financiers vers les pays du Sud pour leur permettre d’améliorer leur ambition climatique.

Des engagements à renforcer

<pAinsi, dans le scénario le plus optimiste aujourd'hui, la diminution des émissions par rapport au niveau actuel serait de 6 Gt, face à un effort requis de 24 Gt d'ici 2030 pour atteindre l'objectif de 1,5 °C (et encore 16 Gt pour un objectif de 2 °C).

En ce qui concerne les températures, le rapport du PNUE souligne que la tendance actuelle des émissions mondiales entraînerait un réchauffement de + 3,1 °C d’ici la fin du siècle. La mise en œuvre des NDCs inconditionnels et conditionnels mènerait à + 2,6 °C. Un scénario qui reste désastreux.

Il convient de noter, selon le PNUE, que 107 pays représentant 82 % des émissions mondiales ont déjà pris l’engagement d’atteindre le « zéro émission nette » d’ici le milieu du siècle, ce qui conduirait à un réchauffement global de + 1,9 °C. Toutefois, cette promesse à long terme n’a aucun poids sans un engagement crédible à court terme. C’est le maillon manquant des NDCs.

En ce qui concerne la limitation du réchauffement global « nettement » en dessous de 2 °C – ce que l’on appelle l’atténuation, et qui nécessitera également d’importants efforts d’adaptation – le défi des futures négociations climatiques est donc double. D’une part, il faut que les États renforcent leurs engagements à court terme, et d’autre part, qu’ils les mettent vraiment en œuvre, ce qui n’est pas garanti.

La conférence de Paris en 2015 avait déjà reconnu la faiblesse des NDCs en vigueur et inscrit le principe d’une révision quinquennale pour réduire l’écart entre les engagements à court et à long terme. L’an dernier, la COP 28 de Dubaï a précisé que les États parties doivent soumettre leur NDC révisée pour la période 2030-2035 avant le 10 février prochain. L’objectif est qu’à la COP 30 de Belém (Brésil), en novembre 2025, la somme des engagements nationaux soit « compatible avec moins de 2 °C ».

Quels transferts financiers du Nord vers le Sud ?

Une condition absolument nécessaire (et aussi insuffisante) pour relever l’ambition mondiale l’année prochaine est d’atteindre un accord entre pays développés et en développement concernant l’aide que les premiers doivent apporter aux seconds pour qu’ils mettent en œuvre des politiques climatiques adéquates. C’est l’enjeu central de la conférence qui débutera la semaine prochaine à Bakou.

Le « Sud global » représente de plus en plus les émissions mondiales (30 % pour la Chine et 8 % pour l’Inde en 2023 contre 11 % pour les États-Unis et 6 % pour l’UE, selon l’Emissions Gap Report), mais la responsabilité historique du Nord reste écrasante : la Chine et l’Inde correspondent respectivement à 12 % et 3 % des émissions de CO2 cumulées depuis 1850, comparativement à 20 % et 12 % pour les États-Unis et l’UE.

Pour les pays en développement, incluant la Chine et d’autres nations avancées, il n’est pas question d’accroître leurs efforts pour réduire leurs émissions tant que le Nord n’augmentera pas ses transferts financiers. C’est également une condition pour restaurer la confiance sérieusement compromise et retrouver une coopération internationale face à la menace climatique universelle.

La promesse faite en 2009 d’atteindre 100 milliards de dollars par an en transferts pour la période 2020-2025 a été tenue avec deux ans de retard. De plus, ce montant n’avait pas été initialement fixé en fonction d’une évaluation des besoins. Il s’agissait plutôt d’un chiffre symbolique pour convaincre les pays du Sud de participer à l’Accord de Paris et à l’établissement d’engagements climatiques par tous, indépendamment de leur niveau de richesse, selon un principe de responsabilité partagée mais différenciée.

C’est pourquoi la COP de 2015 avait stipulé que, « avant 2025 », les États parties devraient établir « un nouvel objectif chiffré collectif à partir d’un niveau de base de 100 milliards de dollars par an, tenant compte des besoins et des priorités des pays en développement ».

En dix ans, ce sujet n’a toujours pas trouvé de solution et Bakou est le dernier round avant le verdict. Comme l’indique Mark Tuddenham, responsable veille et information climat international au Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), l’instauration d’un nouvel objectif de financement climatique (NCQG selon l’acronyme anglais) est un « sujet de blocage probable ».

Contexte peu favorable

Les pays développés et en développement continuent en effet de s’opposer sur presque tous les aspects du dossier, en commençant par le « combien ? »

Selon le rapport de l’économiste britannique Nicholas Stern présenté en 2022, l’objectif de neutralité climatique exigera environ 1 000 milliards de dollars par an des pays développés vers les pays en développement et émergents, excluant la Chine. C’est cet ordre de grandeur que réclament les pays du Sud, soit dix fois plus que ce que les pays riches ont jusqu’à présent timidement accepté.

Les divergences entre le Nord et le Sud demeurent également totales sur les questions « qui paie ? » (inclure ou non les pays émergents dans le financement et considérer ou non les fonds privés), « qui reçoit ? » (limiter ou non le financement aux seuls pays en développement vulnérables), « pour quels objectifs ? » (financer exclusivement les actions d’atténuation et d’adaptation ? Inclure des compensations pour les pertes et dommages liés à des chocs climatiques ?), sans oublier les détails concernant la part de dons et de prêts parmi ces flux financiers ainsi que les règles de transparence.

En dehors des discussions interminables sur le financement entre le Nord et le Sud, Bakou est censé permettre des avancées sur d’autres thématiques, y compris celle des crédits carbone, qui est complètement bloquée. Cependant, le contexte général est très compliqué.

Mark Tuddenham souligne donc l’absence de progrès significatif dans les négociations préparatoires de la COP 29, qui se sont tenues à Bonn en juin dernier, ainsi que les tensions géopolitiques résultant des conflits en Ukraine et à Gaza, l’influence croissante de l’extrême droite, la polarisation du débat politique sur les questions migratoires et des sujets régaliens, sans oublier le retour à des politiques d’austérité budgétaire.

Sans oublier, bien sûr, la probabilité d’une éventuelle victoire de Donald Trump et les conséquences néfastes sur le climat lors de l’élection présidentielle américaine du 5 novembre.

Apple vous permettra de partager des informations sur les AirTag perdus avec une compagnie aérienne.

TECHNOLOGIES

Apple vous permettra de partager des informations sur les AirTag perdus avec une compagnie aérienne.

Apple introduira une nouvelle fonctionnalité dans son application Localiser qui vous permet de partager temporairement la localisation d’un AirTag perdu avec « une compagnie aérienne ou une personne de confiance », selon MacRumors, qui teste la deuxième version bêta pour développeurs d’iOS 18.2. Cette fonctionnalité pourrait faciliter la tâche au personnel de l’aéroport pour localiser un bagage manquant si Localiser indique qu’il est à proximité. Dans iOS 18.2, l’application Localiser dispose désormais d’une option « Partager la localisation de l’objet » qui crée un lien pouvant être envoyé à n’importe qui, pas seulement à vos contacts de confiance. Sur les appareils Apple, le lien ouvrira l’application Localiser, permettant à quelqu’un d’autre de voir la localisation de l’objet étiqueté avec un AirTag. Sur les appareils non-Apple, le lien ouvrira plutôt une page web avec une carte montrant la dernière localisation connue de l’objet. Le lien expire automatiquement après une semaine, ou lorsque votre objet manquant vous a été restitué. Vous pouvez également voir combien de personnes ont visité le lien que vous avez créé, tandis qu’une option supplémentaire « Afficher les informations de contact » vous permet de partager votre numéro de téléphone et votre adresse e-mail afin que la personne qui trouve votre objet manquant puisse vous contacter. Apple a introduit l’option de partager continuellement la localisation d’un AirTag avec jusqu’à cinq personnes supplémentaires en septembre 2023, afin d permettre à une famille entière de suivre les emplacements des animaux de compagnie, des véhicules ou d’autres objets partagés. Cette dernière fonctionnalité étend cette fonctionnalité, vous permettant de recruter temporairement plus de personnes pour vous aider à retrouver quelque chose, sans avoir à vous souvenir de révoquer plus tard leur accès à la localisation de l’AirTag.

Au tribunal, le jugement de la fraternité policière

CULTURE

Au tribunal, le jugement de la fraternité policière

Paris, Cour de justice, 29 octobre 2024 – Lors d’un procès pour violences policières, il est inhabituel qu’un représentant légal d’un agent décide de blâmer l’ensemble du service dans sa défense. Pourtant, maître Grégory Hania a choisi cette approche en milieu d’après-midi : « Tous ont vu, tous auraient pu être poursuivis pour non-assistance à personne en danger. » Ce « tous », c’est notamment son client Clément B., ancien chef de poste du commissariat des 5e et 6e arrondissements de Paris, assis sur le banc des accusés pour avoir ignoré les faits et ensuite menti pour couvrir les agissements de ses collègues Maxime D. et Matthieu D. Ces derniers, en garde à vue, ont asséné des coups violents à Mario (1), un homme péruvien d’une quarantaine d’années, dans la nuit du 24 juillet 2024, juste avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, sous le regard d’autres policiers et des caméras de surveillance.

Les enregistrements, dévoilés par Libération, retracent une nuit marquée par des agressions et des humiliations successives. L’homme, sous l’emprise de l’alcool et arrêté pour outrage à gendarmes, est giflé dès son arrivée au commissariat par Maxime D. pour un prétendu manque de rapidité à remettre un objet personnel. Dans la salle de fouille, ce même policier utilise une matraque télescopique pour le frapper avant de lui infliger un coup de clef pendant son envoi en cellule, provoquant une importante blessure à l’arcade. Les violences atteignent un paroxysme avec Matthieu D., qui, pendant que Mario, le bras fracturé, attend son transfert à l’hôpital, le frappe à répétition. Face à cette nuit où il a cru mourir, la victime est allée jusqu’à écrire avec son propre sang « à l’aide » en espagnol sur le sol de sa cellule, signant son prénom dans l’espoir que quelqu’un chercherait à comprendre ce qui s’était passé.

Des « sourires complices » et des « jeux de ping-pong » tout proche

Aujourd’hui encore, des plaisanteries circulaient entre anciens collègues. Mais face aux vidéos diffusées à grande échelle au-dessus des juges, les trois accusés baissent les yeux. À chaque gifle retransmise, un silence assourdissant emplit la salle. Un mélange de désarroi et de révolte se propage devant l’inaction totale de la plupart des autres agents présents.

Ces violences, qualifiées de « stupéfiantes » par le procureur, se sont déroulées en partie au centre même du commissariat. « Devant tous, sans la moindre opposition, avec des sourires complices et des jeux de ping-pong à côté », s’indigne-t-il. Pourtant, parmi l’ensemble des fonctionnaires présents lors des faits, seul Clément B. est poursuivi pour non-assistance à personne en danger, qui, en tant que chef de poste, est accusé de ne pas être intervenu pour protéger le détenu. Le juge questionne :

« Vous ne vous êtes pas dit : “Il faut protéger Mario, stop et l’isoler ?” »

À la barre, vêtu d’un col roulé, l’homme évoque un « état de sidération », affirmant avoir été « choqué » par les coups de matraque dans la salle de fouille. Cependant, une autre vidéo, filmée après ces violences, montre Clément B. arborant un sourire complice, comme les autres policiers. « Un mécanisme pour évacuer la tension », tente-t-il d’expliquer sous le regard perplexe du président. Un autre policier présent lors des événements a avoué qu’il ne savait « pas réagir, alors [il a] rigolé avec [ses] collègues ». Un autre encore a admis qu’il aurait dû intervenir :

« J’ai vu mes collègues rester immobiles. Il n’y avait aucune raison pour que Matthieu le frappe. »

Jugé aussi dans cette session pour un autre incident, Maxime D. prétend que ses actions étaient justifiées. Selon lui, la gifle était une réaction à une insulte supposée de Mario. Concernant le coup de clef, il explique que c’était pour l’empêcher de « quitter sa cellule ». Quant aux coups de matraque ayant causé la fracture, il indique que Mario s’était levé de manière « provocante ». « Ce n’était pas : “Ah, je vais me défouler sur lui aujourd’hui” », ironise-t-il. Vêtu d’élégance mais visiblement sous pression, Matthieu D. s’excuse de « s’être laissé emporter ». Son avocat Jérôme Andrei renvoie cependant la faute au groupe, déclarant que ses collègues n’ont rien fait pour « le stopper ou l’aider ». « Ils l’ont laissé s’enfoncer », plaide-t-il.

Pas un agent n’a pourtant averti la hiérarchie des événements. C’est Mario, depuis son lit d’hôpital, qui informe un cadre des violences subies. Devant le tribunal, le procureur fustige :

« C’est comme ces trois singes : “Je n’ai rien vu, rien capté, rien dit.” »

Une accusation contre la victime

Inversant les rôles, Maxime D. dépose une plainte accusant Mario de tentative de « coup de tête » et comportement indécent, sans mentionner les coups de matraque infligés précédemment. Clément B. et un autre policier appuient son récit. Cependant, un troisième policier, pris de remords, les dénonce et accuse Maxime D. d’avoir voulu « masquer la vérité ». Cette plainte mensongère conduit les agents à être également jugés pour dénonciation calomnieuse, une qualification « très rare », d’après le procureur, soulignant la suppression de messages compromettants entre les trois policiers.

Grégory Hania, défenseur de Clément B. et fervent soutien des forces de l’ordre, décrit les commissariats comme « des écosystèmes isolés ». « Il est difficile de s’opposer à un collègue. Vous exposez tout le monde, y compris vous-même », explique-t-il. Quelques instants plus tard, il critique cependant le policier dénonciateur pour son absence à l’audience – celui-ci ayant déjà opté pour une procédure de plaider-coupable.

Durant sa plaidoirie, Julie Fragonas, l’avocate de Mario, dénonce avec véhémence un « système » et le corporatisme au sein de la police. « Sauver la face passe par le rire », condamne-t-elle. Sa consœur Juliette Chapelle appuie : « C’est une banalité pour eux, un autre jour, une autre personne subissant la même chose ». Elle affirme que ces violences ne sont ni nouvelles ni isolées. Les avocates rappellent enfin que Mario, conseillé par son psychiatre, n’a pas pu se présenter à l’audience. Outre les 30 jours d’ITT, Mario souffre encore de séquelles physiques et psychologiques lourdes.

Pour répondre à ces actes, le procureur a requis des peines de sursis : 24 et 30 mois pour Maxime D. et Matthieu D. avec interdiction permanente d’exercer. Concernant Clément B., il a proposé 12 mois avec sursis et six mois d’interdiction temporaire. Quant aux autres policiers impliqués en périphérie, aucune poursuite n’a été engagée. Le verdict sera rendu le 15 janvier 2025.

(1) Mario est un prénom d’emprunt utilisé par Libération pour préserver l’anonymat de la victime. Nous suivons cette démarche.

Illustration réalisée par Vincent Victor pour la Une.