Ces abeilles extrêmement rares s'opposent au projet nucléaire de Meta !

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Ces abeilles extrêmement rares s’opposent au projet nucléaire de Meta !

Apprenez comment ces abeilles ont entravé le projet nucléaire de Meta destiné à alimenter ses centres de données en IA. Une situation incroyable qui soulève des interrogations, notamment sur les répercussions de la technologie sur l’environnement !

Meta, la société mère de Facebook, a mis en pause son projet audacieux de centre de données IA fonctionnant avec de l’énergie nucléaire. La raison ? La découverte inattendue d’une espèce rare d’abeilles sur le site sélectionné. Voici comment cet événement pourrait véritablement freiner les ambitions de Meta en matière d’énergie propre et de capacité de calcul.

https://twitter.com/FT/status/1853394726289801272

Les exigences énergétiques de Meta pour ses modèles d’IA connaissent une forte augmentation, nécessitant des solutions toujours plus puissantes. La société avait envisagé l’énergie nucléaire comme une alternative propre et fiable pour diminuer son empreinte carbone. Cependant, avec la découverte de cette espèce protégée, l’IA se heurte à une impasse environnementale.

Bien que petite, la présence de cette abeille constitue un enjeu de taille. Les abeilles rares comme celles-ci jouent un rôle essentiel dans la pollinisation, qui est vitale pour la biodiversité et la production alimentaire. Ce projet pourrait donc perturber leur habitat et déséquilibrer les écosystèmes locaux. Meta ne pourra pas faire abstraction de ce dilemme !

L’énergie nucléaire, incontournable pour soutenir les projets IA ?

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Meta n’est pas la seule firme technologique à se tourner vers le nucléaire. Google fait des investissements dans des réacteurs nucléaires modulaires (SMR), et Microsoft vient de conclure un contrat pour gérer une centrale nucléaire inactive. La course à l’énergie nucléaire démontre une quête intense pour des solutions énergétiques durables pour des technologies consommatrices d’énergie.

Le cas de Meta illustre le défi croissant du secteur technologique : créer des infrastructures de plus en plus sophistiquées tout en respectant les exigences de préservation de la biodiversité. Je me demande si Meta envisage d’autres sources d’énergie ou si elle va simplement déplacer ses projets futurs.

En attendant, cet incident met en avant la complexité de l’expansion technologique dans un monde de plus en plus conscient des problématiques environnementales. La question demeure : les entreprises du secteur technologique vont-elles s’ajuster aux besoins de la planète, ou envisager d’autres moyens pour contourner ces obstacles ?

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Archer Aviation reçoit une autre grande commande pour ses taxis aériens futuristes

TECHNOLOGIES

Archer Aviation reçoit une autre grande commande pour ses taxis aériens futuristes

Archer Aviation, une entreprise leader dans le domaine du vol électrique basée à San Jose, en Californie, amène ses taxis aériens futuristes au Japon. L’entreprise vendra 100 de ses avions Midnight alimentés par batterie à Soracle, une coentreprise entre Japan Airlines et Sumitomo Corporation, dans un contrat d’une valeur d’environ 500 millions de dollars. Archer déclare que Soracle prévoit de déployer ses avions — qui ressemblent à un croisement entre un drone et un hélicoptère — « dans des villes où les moyens de transport terrestres existants sont contraints par le trafic ou des barrières géographiques », a déclaré l’entreprise. Cependant, Archer devra atteindre « certains jalons dans la livraison avancée d’avions » avant que Soracle n’approuve les paiements préalables à la livraison. « dans des villes où les moyens de transport terrestres existants sont contraints par le trafic ou des barrières géographiques » Ce contrat est le dernier à renforcer les perspectives d’Archer pour lancer des services de taxis aériens commerciaux dans des villes à travers le monde, ce que l’entreprise prévoit de faire dans les années à venir. Midnight est un avion de quatre places plus un pilote, avec une portée de jusqu’à 100 miles (près de 160 km), bien qu’il soit conçu pour des vols consécutifs de 20 à 50 miles avec un temps de charge minimal entre. Il peut voyager à des vitesses allant jusqu’à 150 mph (241 km/h) en mode batterie pure. Et grâce à des rotors inclinables, Midnight est conçu pour décoller et atterrir verticalement comme un hélicoptère avant de passer au vol horizontal comme un avion. Archer déclare qu’il travaillera avec Soracle et le Bureau japonais de l’aviation civile pour obtenir les autorisations et certifications nécessaires. Archer affirme avoir déjà entamé des discussions et « a l’intention de demander officiellement une validation de…

Jericho Security remporte le jackpot avec un contrat significatif en cybersécurité auprès du Pentagone

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Jericho Security remporte le jackpot avec un contrat significatif en cybersécurité auprès du Pentagone

Le Pentagone a récemment signé un accord historique d’une valeur de 1,8 million de dollars avec Jericho Security. Cette start-up a pour ambition de révolutionner la cybersécurité militaire grâce à l’IA générative, en fournissant des protections avancées adaptées aux menaces émergentes.

Un accord stratégique pour une protection accrue

Jericho Security, une entreprise de cybersécurité établie à New York, réalise un exploit avec ce contrat octroyé par l’US Air Force. Cette coopération, pilotée par AFWERX, constitue une avancée majeure dans le domaine de la cybersécurité militaire. Forte de son savoir-faire en IA générative, Jericho se projette dans la simulation d’attaques sophistiquées, notamment à travers des exercices de phishing de haut niveau pour former le personnel militaire.

La complexité de la cybersécurité militaire augmente, avec une recrudescence des stratégies de phishing sur plusieurs plateformes. L’approche de Jericho est donc d’offrir une protection efficace contre des menaces de plus en plus subtiles. Comme l’indique Sage Wohns, le PDG de Jericho Security, les tactiques de phishing d’aujourd’hui exploitent des SMS, des appels, et même des vidéos pour duper leurs victimes. Ce type de simulation réaliste prépare les équipes à affronter les scénarios les plus périlleux.

Une technologie orientée vers une formation sur mesure

Au-delà de la simulation des cyberattaques, Jericho offre une approche novatrice de la formation fondée sur l’IA générative. Cette technologie se conforme aux vulnérabilités humaines, vues comme la plus grande faille en cybersécurité. Jericho affirme que 95 % des violations de données proviennent d’erreurs humaines, un aspect clé que l’IA est maintenant en mesure de corriger.

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La solution de Jericho développe des programmes de formation sur mesure, conçus en fonction du profil de risque de chaque individu. Cela permet aux forces armées de se préparer face aux attaques de deepfake et aux usurpations d’identité, en utilisant des simulations basées sur des scénarios concrets. Pour l’armée américaine, cet accord représente l’avenir de la cybersécurité en cherchant à protéger son personnel contre des menaces ciblées toujours plus élaborées.

Une avancée pour la cybersécurité militaire

Avec ce contrat, Jericho Security renforce sa position dans le domaine de la défense. Pour une start-up, cette validation par le Pentagone est une reconnaissance significative, ouvrant la voie à de nouvelles opportunités. Jusqu’à présent orientée vers le secteur privé, Jericho exploite cette avancée pour s’installer durablement dans le domaine de la cybersécurité gouvernementale, où les investissements continuent de croître face aux menaces informatiques.

Les exigences militaires impliquent des normes de sécurité strictes. Ainsi, Jericho assure un cryptage total et des environnements protégés pour le traitement de données sensibles. Cet accord illustre aussi la stratégie de l’Air Force qui, à travers AFWERX, accélère l’intégration de technologies innovantes pour assurer la sécurité nationale. Depuis 2019, AFWERX a investi plus de 4,7 milliards de dollars dans des start-ups pour moderniser les technologies militaires.

Une défense proactive grâce à un modèle d’IA distinctif

Jericho ne se limite pas à répondre aux dangers : son modèle prédateur-proie permet d’anticiper et d’évoluer face aux menaces potentielles. Nos systèmes s’adaptent plutôt que de simplement réagir, précise Wohns. Grâce à des simulations offensives, les systèmes d’IA de Jericho recueillent des connaissances en temps réel, leur permettant de contrer les menaces avant qu’elles n’atteignent un point critique.

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Ce contrat constitue ainsi un tournant pour l’IA dans le secteur militaire. Avec l’intégration de Jericho Security, le Pentagone renforce ses capacités pour prévoir et contrer les cybermenaces, en établissant une vision proactive de la sécurité pour les années à venir.

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Meta AI est préparé pour le conflit

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Meta AI est préparé pour le conflit

Meta va désormais permettre aux agences gouvernementales américaines et à leurs partenaires de recourir à son modèle d’IA open-source Llama pour des « applications de sécurité nationale ». Dans une annonce faite lundi, la société a indiqué collaborer avec Amazon, Microsoft, IBM, Lockheed Martin, Oracle et d’autres pour faciliter l’accès à Llama pour le gouvernement. Comme l’indique la « politique d’utilisation acceptable » de Meta, les individus ne peuvent pas utiliser le tout dernier modèle Llama 3 pour des « applications militaires, de guerre, nucléaires ou d’espionnage ». Toutefois, comme l’a précisé Meta, cette mise à jour permet à l’armée américaine d’utiliser Llama pour des missions telles que « optimiser la logistique complexe et la planification, surveiller le financement du terrorisme ou renforcer nos défenses cybernétiques ». Meta a déclaré qu’Oracle a déjà commencé à utiliser Llama pour « synthétiser » des documents techniques afin d’assister les techniciens en aviation dans leurs réparations, tandis que Lockheed Martin se sert du modèle pour produire du code et analyser des données. La société a mentionné qu’elle pourrait envisager de rendre son modèle d’IA accessible au gouvernement lors de sa conférence téléphonique pour les résultats du troisième trimestre. La semaine précédente, une enquête de Reuters a révélé que des chercheurs chinois avaient utilisé le modèle Llama 2 de Meta pour développer un système d’IA destiné à l’armée de leur pays. À cette période, un représentant de Meta avait déclaré à Reuters que « l’implication d’une version unique, et désormais dépassée, d’un modèle open-source américain ne devrait pas être prise en compte face à l’investissement d’un trillion de dollars de la Chine pour surpasser les États-Unis en matière d’IA ». Dans sa déclaration, Meta a souligné l’importance pour les États-Unis de devancer dans la compétition de l’IA, affirmant qu’il est primordial « pour l’intérêt…

Violence, omission d'assistance à personne en danger… En Moselle, l'inaction face aux dérives d'un foyer pour l'enfance

CULTURE

Violence, omission d’assistance à personne en danger… En Moselle, l’inaction face aux dérives...

Sonia se souvient bien de ce 13 juin 2024. Comme chaque jour, cette mère de famille se rend à la maison d’enfants à caractère social (MECS) de Saint-Avold (57), où elle exerce depuis quelques mois en tant qu’éducatrice. Ouvert en 2022, le centre accueille des mineurs et jeunes adultes encadrés par l’aide sociale à l’enfance. Alors qu’elle est en service l’après-midi, Sonia voit arriver dans la soirée Marie (1), une jeune fille du foyer, en pleurs. « J’essaye de la consoler, mais rien ne fonctionne », confie Sonia. Marie lui confie avoir été enfermée durant plusieurs heures dans un véhicule par son éducateur, qui jouait au football avec d’autres adolescents, se remémore Sonia :

« Elle aurait réussi à sortir du véhicule et à marcher plusieurs kilomètres jusqu’au foyer. »

Quelques jours plus tard, Sonia relate les événements dans des emails adressés à la directrice de l’aide sociale à l’enfance (ASE) de Moselle ainsi qu’à la directrice générale de l’association Moissons Nouvelles, gestionnaire du lieu. Elle décrit une « scène de violence », où un éducateur serait revenu précipitamment au centre avant de « balayer » Marie. « Je n’ai pas pu dormir pendant des jours. J’en ai parlé à ma supérieure, mais elle n’a rien fait », se lamente Sonia. Dans une lettre écrite quelques jours après ces faits et signée par Marie, on dénonce à nouveau la conduite de cet éducateur. « Je ne me sens vraiment pas à l’aise lorsqu’il est en service », écrit-elle. Ces propos sont confirmés par une personne proche, contactée par StreetPress. Début 2024, une autre éducatrice s’interrogeait déjà auprès de sa direction sur les méthodes de travail pratiquées par le même éducateur.

Cette MECS, baptisée So Green, est spécialisée dans la protection et le secours des enfants et adolescents. L’association Moissons Nouvelles emploie plus de 1.000 personnes en France pour un budget de 68 millions d’euros. Sa structure comprend six pôles régionaux, le plus important situé dans le Grand-Est, avec un budget de 18 millions d’euros en 2023 et dix services. Plusieurs structures se trouvent dans l’Est de la Moselle : à Saint-Avold, Petite-Rosselle et Folschviller. Durant notre enquête, nous avons recueilli les témoignages de huit salariés, passés ou actuels, complétés par des échanges d’emails et de messages. Ces récits décrivent un foyer où les mineurs sont parfois mis en danger en raison d’un sous-effectif chronique ou de conflits entre encadrants.

Non-assistance envers un mineur vulnérable

Début 2024, Lysalia Schreiber assiste à la crise d’un adolescent face à laquelle deux responsables restent insensibles. « Cet adolescent avait déjà tenté de se défenestrer en novembre 2023 », relate cette ancienne éducatrice à la MECS de Saint-Avold. « J’ai demandé à intervenir pour le calmer, mais mon supérieur m’en a empêchée, affirmant qu’il devait se calmer tout seul. » Quelques instants après, elle entend des bruits de verre, se tourne vers l’extérieur et « voit des éclats au sol et un grand trou dans le vitrage de la chambre ». Lysalia poursuit :

« J’ai de nouveau interpellé mon supérieur, qui observait la scène et m’a ordonné de nettoyer les débris. Lorsque je suis entrée dans la chambre, j’ai trouvé l’adolescent avec un gros éclat de verre à la main, tentant de se blesser. »

Le supérieur, contacté, affirme être intervenu dans la chambre après Lysalia et avoir demandé au jeune de lâcher le morceau de verre. Ce dernier aurait obéi, non sans s’écorcher légèrement. Lui aussi critique alors directement la gestion de Moissons Nouvelles :

« J’ai signalé à maintes reprises à la direction que ce garçon, parfois violent, nécessitait un accompagnement thérapeutique. Je n’ai jamais été entendu. »

Lors de notre investigation, six anciens collaborateurs, principalement de So Green, ont rapporté des expériences comparables : des dysfonctionnements signalés à la direction, souvent sans suite. Presque tous ont depuis quitté leur poste, que ce soit par démission ou licenciement, comme Sonia, ou encore à travers le non-renouvellement de contrat, comme Lysalia. Après avoir tenté de sensibiliser une autre direction proche, cette dernière a vécu une fin de CDD « tendue ». Sonia regrette, quant à elle, de ne plus pouvoir travailler avec les adolescents « avec qui elle avait tissé de bons liens » et d’avoir dû abandonner un emploi « dans lequel elle se sentait utile ».

Un foyer en crise et en sous-effectif

« Ce qu’il se passe depuis plusieurs mois est préoccupant », affirme Sophie Weber. Assistante de direction à la MECS So Green, elle a été licenciée début 2024 tandis qu’elle traversait des difficultés personnelles dues à son travail. De mai à septembre, elle avait signalé plusieurs situations – dont celle de Sonia – à la direction de la protection de l’enfance, mais aussi au président du département, Patrick Weiten. Dans divers échanges consultés par StreetPress, elle expose le quotidien d’une MECS fracturée, en sous-effectifs, où les rivalités entre employés impactent directement les mineurs. Un cadre où les moyens manquent :

« Depuis des années, les responsables de services se succèdent, les éducateurs partent en arrêts-maladie fréquents, et le recours aux intérimaires ne cesse d’augmenter », note un ancien employé sous anonymat. Une ex-collègue corrobore :

« On évolue dans un environnement chaotique : un éducateur se retrouve parfois seul face à une quinzaine d’adolescents, et les absences ne sont pas comblées à temps. Ce sont les enfants qui subissent ces violences institutionnelles. »

Un autre ancien de So Green, parti il y a plusieurs mois, estime la situation hautement alarmante et suggère que la MECS « devrait fermer » :

« Les enfants et les équipes éducatives sont constamment mis en danger à cause de l’inaction et du désintérêt de la direction. J’ai assisté à plusieurs incidents impliquant adolescents ou éducateurs, et j’ai moi-même été visé. »

Ce manque criant de ressources a des conséquences dramatiques. En décembre 2023, plusieurs jeunes réussissent à fuguer. Quelques mois plus tard, c’est un adolescent de Folschviller qui vole un véhicule de service, provoquant un accident à quelques kilomètres. Dans des correspondances, un chef de service dénonce le comportement de certaines éducatrices, qui manipuleraient des adolescents pour « exercer une pression sur eux, les forçant à se soumettre ».

Face à cette réalité qui touche tout le département, un collectif baptisé Protect 57 est créé début 2024. Composé majoritairement de travailleurs sociaux, il revendique davantage de moyens humains et financiers pour protéger l’enfance. « Dans le domaine social, le turn-over de 50 % et l’absentéisme avoisinant 15 % sont généralisés », déplore Éric Florindi, membre du collectif et syndicaliste Sud santé-sociaux Moselle. Il souligne :

« Les appels d’offres privilégient la rigueur budgétaire au détriment de l’accompagnement qualitatif des enfants. À la tête de ces structures, on retrouve des gestionnaires, non des personnes à valeurs humanistes. »

En décembre 2023, Éric Florindi relatait cette situation lors d’un entretien avec Patrick Weiten. Un document relatant les difficultés au sein de la MECS So Green lui avait été remis. Toutefois, les discussions promises n’ont pas eu lieu.

Multiples plaintes déposées en 2024

Les graves dysfonctionnements des foyers mosellans dirigés par Moissons Nouvelles, notamment So Green, sont également dans le collimateur de la justice. Un groupe d’ex-employés a engagé une procédure pour licenciements abusifs aux prud’hommes. Parallèlement, plusieurs plaintes ont été déposées début 2024 auprès des tribunaux de Metz et Sarreguemines pour divers motifs, dont non-assistance à mineurs vulnérables en danger.

L’une de ces plaintes, déposée par Lysalia Schreiber en mars 2024, relate son expérience durant la crise de l’adolescent face à l’inaction de sa hiérarchie. Le Parquet de Sarreguemines confirme qu’une enquête est actuellement menée par les forces de Freyming-Merlebach (57).

(1) Le prénom a été changé.

Le 8 novembre, le département de la Moselle a adressé ce droit de réponse à notre rédaction, publié ci-dessous :

« Le département affirme que l’article intitulé “Violences, non-assistance à personne en danger… En Moselle, le silence face aux dysfonctionnements d’un foyer de l’enfance” ne reflète pas la réalité de la protection de l’enfance. La Moselle place la protection des enfants au cœur de ses priorités, augmentant son budget de 28 % entre 2020 et 2024 (+32 M€). Aujourd’hui, 144,3 M€ y sont consacrés. Nous réfutons les accusations de “rigueur budgétaire” mentionnées. Chaque enfant est évalué après chaque incident, et des contrôles surprise ont été diligentés. Le Président Patrick Weiten s’est engagé pour sécuriser la prise en charge des jeunes. Des signalements judicaires ont été émis, mais face à une enquête en cours, nous ne commenterons pas davantage pour respecter le travail des autorités. Notre action quotidienne vise à offrir aux enfants un environnement sécurisé et bienveillant. »

Contactés, ni l’éducateur concerné ni les directrices responsables n’ont répondu.

Karine Legrand, directrice ASE Moselle, n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Illustration : Léa Taillefert.

Fin du marché des transferts : pour le football, cela marquera une révolution ou un effondrement

ECONOMIE

Fin du marché des transferts : pour le football, cela marquera une révolution ou un effondrement

Ce juge intervient peu dans le match, cependant ses décisions créent un impact semblable à un « séisme » ou préfigurent une « révolution ». Près de trois décennies après le jugement Bosman, qui avait abruptement déréglementé le « marché » des footballeurs professionnels, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a signalé la fin du jeu.

Sa décision du 4 octobre, destinée à marquer l’histoire sous le nom de « l’arrêt Diarra », remet en question en profondeur non seulement le système des transferts, mais également l’intégralité de l’économie du football professionnel européen, contraignant les organismes sportifs à une réforme significative.

« On ne peut pas garantir que l’arrêt Diarra mettra fin une fois pour toutes à l’ensemble du système des transferts, mais l’ancien système est révolu », résume Antoine Duval, juriste au Centre de droit international et européen du sport de l’Institut Asser.

Pour saisir les enjeux de cette affaire, il est essentiel de revenir à l’arrêt Bosman de décembre 1995. À la suite d’un conflit entre le joueur Jean-Marc Bosman et le club de Liège (Belgique), la CJUE a décidé de rendre les règles entourant les contrats des joueurs moins restrictives, interdisant notamment les quotas de nationalités au sein des équipes au nom de la libre circulation des travailleurs au sein de l’Union.

En l’absence de nouvelles régulations, les conséquences de cet arrêt sont renversantes : il provoque une flambée du nombre et des montants des transferts, une concentration des joueurs les plus talentueux dans les clubs les plus riches, et leur transformation en actifs financiers spéculatifs.

Dès lors, les transferts deviennent un enjeu crucial dans un football à plusieurs vitesses. Certains clubs, modestes mais spécialistes de la formation de joueurs, se concentrent sur l’élevage et la vente de jeunes talents, sachant qu’ils ne peuvent pas se permettre de les conserver. Parmi eux, de nombreux clubs français (Le Havre, Auxerre…).

D’autres clubs, avec un statut intermédiaire, se spécialisent dans l’acquisition et la revente de joueurs prometteurs, comme Lille ou Monaco en France. Enfin, les clubs les plus riches tirent parti de la dérégulation pour attirer à prix d’or les prospects provenant des clubs et championnats moins prospères.

Par conséquent, les montants des transferts deviennent un aspect fondamental pour les finances des clubs. Ces montants sont déterminés par les négociations entre les clubs, et dépendent, au-delà de la valeur sportive perçue du joueur, des critères comme son âge, son poste, sa nationalité, et surtout la durée restante de son contrat. En effet, le montant d’un transfert correspond au « rachat » par le club acquéreur de la durée du contrat non réalisée au sein du club cédant.

Le droit de rompre son contrat, comme tout salarié 

Malgré la dérégulation, les acteurs du football ont gardé certaines contraintes pour assurer un minimum de stabilité des effectifs et le bon déroulement des compétitions. Le système actuel, établi par un règlement de la Fifa (la fédération mondiale du football) en 2001, reste donc largement en décalage avec le droit européen. Par exemple, les joueurs professionnels ne peuvent changer de club en dehors des périodes autorisées (les « mercatos » d’été et d’hiver).

Mais ce que la CJUE a récemment invalidé, c’est que, contrairement aux autres travailleurs, la Fifa leur interdit de rompre unilatéralement leur contrat, sous peine d’une suspension et de lourdes sanctions pécuniaires pour eux et leur nouveau club.

Cette interdiction de rompre leur contrat a été illustrée par le milieu de terrain français Lassana Diarra lorsqu’il a décidé de quitter le Lokomotiv Moscou, qui lui avait notifié une réduction de salaire, au terme de la première année de son contrat, pour rejoindre le Sporting de Charleroi en Belgique.

S’appuyant sur le règlement de la Fifa, le Lokomotiv a obtenu la condamnation de Lassana Diarra à une suspension de quinze mois et à lui verser 10,5 millions d’euros. Craignant de devoir régler ce montant solidairement et d’encourir des sanctions sportives, Charleroi a renoncé à recruter le joueur, qui a alors saisi la justice belge, soutenu par les syndicats de footballeurs.

La CJUE, saisie à son tour par la Cour d’appel de Mons, a donc donné raison au joueur, estimant que le règlement de la Fifa contesté, en imposant des risques juridiques, financiers et sportifs « de nature à entraver le transfert international des joueurs », est incompatible avec les principes de la libre concurrence et de la libre circulation des travailleurs.

En résumé, si un joueur souhaite rompre son contrat, il ne devrait payer qu’une indemnité sans lien avec le montant de l’indemnité de transfert antérieurement versée par le club pour l’acquérir (ni avec le montant escompté pour un futur transfert).

Un système de redistribution aux paradoxes

Or, si les joueurs peuvent rompre leurs contrats plus simplement et à moindre coût, les valeurs des transferts sont vouées à chuter. Problème : bien que l’élimination de ce cynique « marché des footballeurs » se justifie, elle nuirait aux recettes de nombreux clubs et championnats dont le modèle économique repose sur la formation et la valorisation des footballeurs, c’est-à-dire sur la perception d’indemnités de transfert.

« Les clubs portugais, néerlandais, belges, par exemple, dépendent de ces revenus, leur droit de diffusion télévisée national étant beaucoup plus faible », rappelle Antoine Duval. Les clubs français, très vendeurs (hors PSG) et déjà en grande difficulté économique, seraient eux aussi fortement touchés.

« Le système actuel des indemnités de transfert a paradoxalement pour avantage de jouer un rôle de redistribution que les instances régulatrices du sport n’ont pas assumé, explique Loïc Ravenel, chercheur au Centre international d’étude du sport  (CIES). Sans lui, de nombreux clubs feraient faillite. »

Au sommet de la pyramide, les clubs et championnats les plus riches, notamment la domineante Premier League anglaise, qui investissent massivement dans les talents sportifs, affichent des balances de transferts largement déficitaires : leurs autres ressources (droits de diffusion, revenus commerciaux, de sponsoring et de marketing) compensent ces pertes.

Ces investissements « ruissellent » ainsi vers les clubs moins favorisés, complétés par des mécanismes de solidarité qui redistribuent une partie des montants des transferts aux clubs ayant contribué à la formation du joueur – jusqu’au niveau amateur.

« Le marché des transferts ne fait pas entrer d’argent dans l’économie du football, il en fait sortir au profit d’intermédiaires et d’investisseurs, et crée une dynamique incontrôlée. Ce système est arbitraire, pénalise les joueurs, génère une bulle spéculative et a des effets extrêmement néfastes : évasion fiscale, opacité, corruption, etc. Pourtant, malgré tout, il constitue un système redistributif », ajoute Antoine Duval.

« Une opportunité de réinventer l’économie du football »

Le juriste s’élève contre « l’idée totalement erronée selon laquelle l’Union européenne aurait “néolibéralisé” le football » :

« L’arrêt Bosman a été accusé de tous les torts, alors qu’il prônait beaucoup plus de solidarité et de redistribution… mais pas sur la base d’un marché des transferts. Aujourd’hui, nous revenons à cette injonction, jamais concrétisée par les autorités sportives : comment organiser la redistribution entre les clubs et ligues riches et ceux qui le sont moins ? »

La Fifa a lancé un round de négociations avec divers acteurs concernés, notamment les représentants des joueurs, qui souhaitent repenser le système à leur avantage. Que pourrait en découler ?

« L’arrêt Diarra implique a minima qu’il faut établir un cadre, une méthode pour définir de manière plus objective le montant d’une indemnité de transfert. Toutes les parties ont trop à perdre si le système des transferts disparaît, ce qui les incite à mettre en place des règles communes, une sorte de nouvelle convention collective. Et si l’on veut préserver les principes du sport européen, il faudra bien organiser la redistribution des ressources », prédit Loïc Ravenel.

Pour l’instant, la Fifa estime qu’il lui suffit de modifier l’article 17 de son règlement, mis en cause par la CJUE, afin de se conformer et de permettre le bon déroulement des prochaines « mercatos ». « Les négociations pourraient viser à apporter le minimum de changements possibles, en établissant un système de transferts “light” », admet Antoine Duval.

« Il est également possible de plaider pour un système de redistribution plus équitable, mieux organisé avec des contributions mieux répertoriées entre tous les clubs ayant formé un joueur, et des prélèvements sur les droits TV redistribués par les ligues nationales ou par la Fifa via une sorte de fonds de réserve », propose Loïc Ravenel.

« Nous avons une opportunité de réinventer l’économie du football, espère Antoine Duval. L’enjeu consiste à convaincre les organisations sportives de trouver une autre voie pour réduire les inégalités en assurant solidarité et redistribution. »

Sur le plan économique et juridique, le débat est également politique. Le jeu est lancé et son issue est d’autant plus incertaine que les règles du jeu ne sont pas encore définies. Une chose est sûre : depuis Bruxelles, le juge observait la situation d’un œil attentif.

Microsoft et OpenAI annoncent la conclusion ? Trahisons, rivalités et révélations surprenantes !

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Microsoft et OpenAI annoncent la conclusion ? Trahisons, rivalités et révélations surprenantes !

C’est le chapitre final de la bromance entre Microsoft et OpenAI ! Découvrez les coulisses de cette séparation entre deux titans technologiques et quelles en seront les répercussions dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Microsoft et OpenAI ont été des pionniers dans le monde de l’IA pendant de nombreuses années en raison de leur collaboration. Ce partenariat a permis à OpenAI de développer des outils IA novateurs comme ChatGPT. De son côté, cela a propulsé Microsoft vers des niveaux de revenus exceptionnels.

En effet, après avoir injecté un milliard de dollars dans OpenAI, le géant technologique a rapidement observé son investissement dépasser les 13 milliards de dollars. Cependant, cette alliance autrefois robuste a commencé à se fissurer. Entre luttes de pouvoir stratégiques et ambitions différentes, il n’est pas surprenant de se demander pourquoi Microsoft et OpenAI ont décidé de mettre un terme à leur coopération? La réponse se trouve dans les paragraphes suivants !

Microsoft et OpenAI la fin : une rivalité teintée de pouvoir et d’autonomie

Alors que l’IA devient un atout majeur pour les entreprises, Microsoft et OpenAI se retrouvent en compétition frontale pour s’imposer sur le marché. Il convient de noter qu’OpenAI a essayé d’attirer des entreprises vers sa version professionnelle de ChatGPT, au lieu de les diriger vers les offres Copilot de Microsoft.

Cette approche a provoqué la colère de Microsoft, qui y voit une tentative d’OpenAI de se libérer de son emprise. Satya Nadella, le PDG de Microsoft, a même affirmé : « Si OpenAI venait à disparaître demain, nous avons tout ce qu’il nous faut pour avancer seuls ». Malgré cette tension, les deux parties ont continué à donner l’impression de collaborer, du moins en apparence.

Quelle est la source des conflits entre les deux géants de la technologie ?

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La principale raison des discordes entre Microsoft et OpenAI réside principalement dans la gestion des ressources technologiques, en plus de la concurrence pour attirer un maximum de clients. OpenAI requiert une quantité énorme de puissance de traitement pour faire fonctionner ses modèles d’intelligence artificielle, et bien que Microsoft en fournisse une grande part, OpenAI considère cela comme encore insuffisant pour répondre à ses aspirations.

OpenAI a même établi un accord avec Oracle pour accroître sa capacité informatique, interprété comme un signal de rupture significatif avec Microsoft. Cette décision n’a fait qu’exacerber les tensions. En réaction à ce geste, Microsoft a commencé à diversifier ses ressources en matière d’IA, en recrutant des talents de la société concurrente, Inflection.

Cette tension mènera-t-elle à un conflit judiciaire ?

Je m’attends à ce que la conclusion de ces conflits entre Microsoft et OpenAI se fasse devant les tribunaux. OpenAI, qui était autrefois une organisation à but non lucratif, a évolué vers une entreprise à objectif lucratif, ce qui complique les questions entourant la valorisation de l’investissement de Microsoft. Pour clarifier cette situation, les deux géants se sont tournés vers des banques d’investissement, exacerbant ainsi le conflit.

Malgré l’évaluation d’OpenAI à 157 milliards de dollars, Microsoft, avec ses 3 190 milliards de dollars, a les ressources pour engager un combat judiciaire et défendre ses intérêts, annonçant ainsi une lutte acharnée.

Alors que les tensions entre les deux entreprises continuent de croître, il est évident que Microsoft et OpenAI pourraient transformer l’ensemble du paysage de l’intelligence artificielle. La bataille pour la suprématie dans ce domaine est lancée, et seul le temps éclairera lequel des deux géants sortira victorieux de ce défi technologique.

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Jean-Denis Combrexelle : « L'abondance de normes encourage le questionnement de l'Etat de droit »

ECONOMIE

Jean-Denis Combrexelle : « L’abondance de normes encourage le questionnement de l’Etat de droit »

« Il y a trop de règles ! » Combien de fois avons-nous entendu ce constat de la part d’un segment de la classe politique, et encore plus fréquemment de la part des syndicats patronaux ?

À travers ses nombreuses fonctions, comme directeur général du Travail, juge au Conseil d’Etat, et directeur de cabinet de la Première ministre Elisabeth Borne, Jean-Denis Combrexelle a occupé une place centrale dans la haute administration française, celle qui génère des normes.

Dans son livre Les normes à l’assaut de la démocratie (Odile Jacob), il aborde l’inflation normative en France et souligne les multiples mécanismes par lesquels la technocratie a tendance à engendrer trop de normes.

Cependant, il ne perd pas de vue que sur ce marché, la demande de normes variées, en particulier de la part des entreprises, est cruciale ! Sans oublier l’influence des juges et des régulations européennes. Un panorama de la machine à générer des normes et ses répercussions sur l’économie française.

Quel est le positionnement de la France concernant l’encadrement normatif de l’économie ?

Jean-Denis Combrexelle : La France se situe dans la moyenne supérieure des pays européens : notre tradition étatique de production de normes est significative. Cependant, si l’on additionne les règles des gouvernements fédéraux et des cantons en Allemagne ou en Suisse, on arrive à des niveaux similaires.

Le véritable enjeu en France réside davantage dans l’inflation normative, car notre rythme de création de nouvelles normes est élevé. Ce phénomène est en partie dû à notre tradition d’État. Par exemple, lors de la canicule de 2006, c’était le ministre du Travail qui se rendait sur les sites de construction pour ordonner la distribution de bouteilles d’eau ! Dans de nombreux pays, cela relèverait de la responsabilité des entreprises.

Est-il possible de dire si ce haut niveau de normes constitue un problème pour la France, et peut-on en évaluer le coût ?

J.-D. C. : Je ne suis pas ici pour affirmer que les normes sont superflues. L’État de droit requiert des normes pour éviter que les rapports de force ne dominent. Montesquieu l’a exprimé de manière plus éloquente. Nous manquons d’éléments pour évaluer précisément le coût d’un excès de normes. Certaines sont indispensables, d’autres superflues voire nuisibles, mais il est complexe de déterminer leur répartition. Des avancées sont nécessaires à cet égard.

L’État est le principal producteur de normes en France. Passons en revue les éléments qui le poussent à générer une inflation normative, en commençant par sa volonté d’exhaustivité.

J.-D. C. : C’est une question de culture. La haute fonction publique regroupe de jeunes professionnels compétents, qui ne comptent pas leurs heures et qui veulent tellement bien faire qu’ils tombent dans le syndrome du Pont de la rivière Kwaï, un roman de Pierre Boule où un officier anglais prisonnier s’efforce tant d’être à la hauteur qu’il construit un splendide pont pour l’ennemi ! La technocratie aspire à produire des normes tellement parfaites qu’elle cherche à couvrir tous les cas imaginable. Il faudrait parvenir à accepter l’idée que tout ne peut pas être parfait.

Prenons l’exemple des 35 heures. En simplifiant, dans les anciennes lois, on aurait pu simplement substituer 39 heures par 35 heures. Au lieu de cela, toutes les compétences mobilisées ont entraîné l’élaboration d’une structure complexe du temps de travail, incluant jusque dans le détail le temps de déshabillage. Je ne remets pas en cause le choix politique, mais techniquement, nous avons été trop loin : il aurait été préférable d’établir des principes et de laisser la négociation collective trancher les détails, comme cela a été fait ultérieurement en 2016, car ce qui est applicable à une entreprise d’un secteur ne s’adapte pas nécessairement à une autre.

Autre illustration : lorsqu’on a instauré l’interdiction de fumer dans les lieux de travail. Alors que j’étais directeur du Travail, aussi bien les médias que les représentants des entreprises me réclamaient des précisions sur la procédure à suivre si un employé descendait fumer et se faisait percuter par une voiture !

Il y a aussi la volonté de contrecarrer l’optimisation et les situations abusives…

J.-D. C. : La mise en place d’un dispositif implique des coûts, donc les services cherchent légitimement à éviter l’optimisation fiscale et l’abus social. Dans la pratique, cependant, les fonctionnaires passent la plupart de leur temps à créer des normes anti-fraude, et beaucoup moins à établir les principes des dispositifs. En fin de compte, en encadrant excessivement, on alourdit la contrainte administrative pour les citoyens honnêtes, sans entraver les fraudeurs qui trouveront toujours des moyens de contourner les règles : un excès de paperasse ne changera rien.

La norme étatique devrait définir des principes et laisser leur application à des instances comme le préfet, le directeur régional d’administration, ou le maire. Cela implique, par exemple, que si vous introduisez une nouvelle prime pour les entreprises, il faut accepter que son application ne soit pas interprétée de la même manière à Dunkerque qu’à Marseille. On n’est pas encore prêt à l’accepter en France tant notre attachement au principe d’égalité est fort.

Un autre problème est que chaque législation évolue dans son propre « couloire »…

J.-D. C. : Cela découle d’une logique administrative : chaque administration suit sa propre logique et ne prend pas suffisamment en compte, malgré de nombreuses réunions interministérielles, les effets combinés de « sa » loi et des autres lois gérées par d’autres ministères sur les entreprises et les particuliers. Par exemple, les régulations concernant les travailleurs étrangers touchent plusieurs ministères – Travail, Intérieur, Justice – et chacun opère selon sa propre logique.

Le plus inquiétant, c’est que tout cela a été théorisé par ce qu’on appelle le principe de l’indépendance des législations. Si une entreprise déclare : « Ce que exige votre norme m’impose des difficultés par rapport à une autre norme », la réponse sera que son argument est « inopérante », qu’il existe peut-être d’autres législations, mais que cela ne remet pas en cause l’injonction contradictoire à laquelle l’entreprise est soumise.

Vous décrivez un processus long alors qu’on a souvent l’impression que les lois sont faites rapidement et maladroitement.

J.-D. C. : Après avoir traversé le bureau administratif, la loi se rend à l’Assemblée, et il est possible de se retrouver avec des centaines, voire des milliers d’amendements. J’ai passé beaucoup de temps au Parlement, et il arrive un moment où l’on perd la vision d’ensemble. Entre le dépôt d’une loi et sa promulgation, le nombre d’articles peut augmenter d’environ 2,5, et dans des cas exceptionnels, cela peut grimper jusqu’à 10 !

Lorsque vous étiez directeur du Travail, vous avez participé à une recodification du Code du travail et ensuite à sa révision suite à votre rapport sur la négociation collective : le nombre d’articles a doublé…

J.-D. C. : Il y a une explication technique à cela : le principe d’« incompétence négative ». Si la loi détermine, par exemple, le taux de rémunération des heures supplémentaires, elle ne peut pas simplement affirmer : « Dorénavant, je laisse l’application aux partenaires sociaux. » La loi doit encadrer la négociation, fixer des minima et d’autres paramètres, etc. Cela a permis d’améliorer le contenu du code sans nécessairement réduire le volume.

Vous avez beaucoup œuvré sur ce sujet : quel état des lieux faites-vous du dialogue social actuel ?

J.-D. C. : Lorsque la direction des ressources humaines et les syndicats sont de bonne volonté, cela se passe bien au niveau de l’entreprise. Pour les branches, les organisations professionnelles n’ont pas toujours les ressources nécessaires pour négocier, ce qui souligne l’importance de restructurer les branches, tout en évitant de tomber dans une logique bureaucratique.

Le niveau le plus compliqué est celui des négociations interprofessionnelles. Il est ardu de concilier les syndicats, les organisations professionnelles et l’État. Ce dernier peut affirmer : « Ce n’est pas parce que les deux autres acteurs sont d’accord que je l’accepte, car un intérêt général que je considère non respecté prédomine. » Or, comme je l’ai constaté, les organisations professionnelles peuvent faire preuve d’une certaine méconnaissance vis-à-vis de l’État et qualifier ses demandes d’illégitimes. Il est impératif que tous les acteurs communiquent et se respectent mutuellement.

De manière concrète, le Code qui contient le plus d’articles est celui de la santé publique, suivi du Code du travail : sont-ils pleins de normes superflues ?

J.-D. C. : Il sera difficile de réduire l’ensemble de normes existant. Je propose de commencer par diminuer le flux. Il faut en finir avec l’habitude de créer une loi après chaque actualité. Pour un ministre, il est paradoxalement plus facile de répondre à un événement en déclarant : « Je vais légiférer. »

Les communicants, qui occupent une part disproportionnée, encouragent d’ailleurs cette idée. Pour le système politico-médiatique, si aucune loi n’est adoptée, c’est comme si rien n’était fait ! Si l’on mobilisait l’expertise de l’administration pour évaluer les résultats des lois passées dans le but de réduire les normes, cela bénéficierait au pays.

Beaucoup de politiques vous rejoignent sur ce point, plaidant pour des « chocs de simplification », des « comités de la hache ». Agissent-ils avec de vraies intentions politiques ?

J.-D. C. : Tous les politiques ne sont pas cohérents, ni même sincères, dans ce discours… Les chocs de simplification ne sont jamais apolitiques, car il y a toujours des choix importants à faire. Les politiques laissent entendre que seule l’administration est responsable des problèmes, et qu’il suffit de l’exposer à la réalité pour qu’elle change. Ils souhaitent agir sur l’offre de normes plutôt que sur la demande de normes, mais cela ne fonctionne pas ainsi ! Il existe également une forte demande pour des normes.

Quel rôle faudrait-il assigner aux garde-fous contre l’inflation normative : études d’impact en amont et évaluation des politiques publiques en aval ?

J.-D. C. : Les études d’impact sont là pour évaluer ex ante l’efficacité potentielle d’une loi, mais elles sont réalisées par les services qui conçoivent le texte. Ces études sont également influencées par le politique. Ainsi, pour un candidat élu démocratiquement avec l’objectif de créer un contrat de génération entre jeunes et seniors, il n’ira pas dire que l’étude d’impact montre des résultats peu probants : il veut que sa mesure soit mise en œuvre.

La France s’appuie peu sur l’évaluation des politiques publiques. Je plaide pour que les chercheurs s’engagent davantage dans ce domaine, même si cela représente un exercice délicat et que beaucoup d’entre eux craignent, à tort, de se compromettre avec le pouvoir.

Les acteurs de la société civile expriment une forte demande pour des normes. Première raison : chaque groupe souhaite faire reconnaître ses spécificités.

J.-D. C. : L’expression que j’ai le plus souvent entendue durant ma carrière, c’est : « Nous sommes spécifiques » ! Et chacun désire que l’État traduise cette spécificité à travers les normes. L’administration commence par repousser ces demandes, mais dès qu’une porte s’ouvre, d’autres acteurs dans des situations similaires formulent la même requête. Cela alimente l’inflation normative. Par exemple, durant la pandémie de Covid, lorsque certaines contraintes ont été assouplies pour les théâtres ou les cinémas afin de soutenir la culture, les libraires ont rapidement demandé un traitement identique.

Deuxième raison : les acteurs économiques recherchent une sécurité juridique.

J.-D. C. : C’est un point fondamental, car cela concerne les relations avec la justice. Les chefs d’entreprise doivent savoir où se situe clairement la limite entre ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire. En cas de dépassement, ils risquent des sanctions administratives, pénales, et des atteintes à leur réputation – les fraudeurs volontaires étant l’exception. Les organisations patronales réclament constamment une simplification des normes tout en souhaitant parallèlement l’ajout de règles pour garantir leur sécurité juridique.

Elles tentent ainsi de répondre à l’énorme pouvoir des juges administratifs, civils et commerciaux, qui exercent leur influence à partir d’une certaine vision sociétale. La frontière est donc définie par la loi et la jurisprudence, et elle reste floue. Les organisations patronales estiment que plus la loi est précise, plus elle les protégera des jugements, ce qui est une vue simpliste : le pouvoir d’interprétation de ces juges est large et indépendant.

En contrepartie, il est essentiel que les juges soient plus en phase avec la société, en acceptant, tout en respectant leur indépendance, de dialoguer « à froid » avec les entreprises, les syndicats de travailleurs, les maires, etc., afin d’évaluer les impacts de leurs décisions et de considérer des enjeux au-delà du cadre purement juridique.

Le Premier ministre Michel Barnier a suggéré que la France surtransposa les directives européennes, est-ce une réalité ?

J.-D. C. : Cela résulte de plusieurs facteurs. Lorsque l’on introduce une directive européenne, la réaction initiale de l’administration française est souvent de la juger mal conçue et de chercher à la réécrire lors de sa transposition. Par la suite, si cette nouvelle loi est acceptable, on tend à considérer que l’ancienne loi nationale était de meilleure qualité… Ainsi, on se retrouve avec les deux qui coexistent, sur le fond et l’application.

De plus, si une directive indique, par exemple, qu’il doit y avoir une valeur limite de 10 pour une substance chimique, alors qu’une agence française d’évaluation du risque préconise 8, le fonctionnaire qui valide le passage de 8 à 10 prend des risques sur le plan pénal en cas de problème. Par conséquent, il cherchera à conserver le 8. Cela dit, d’importants progrès ont été réalisés ces dernières années, et la surtransposition a diminué. Il faut également reconnaître que la surtransposition n’est pas toujours synonyme de négativité, elle peut revêtir un intérêt.

Comment réduire effectivement l’inflation normative ?

J.-D. C. : Il faut reconstruire des espaces de dialogue où les gens peuvent échanger et parvenir à des compromis, à l’image de ce qui se faisait dans les commissions du Plan. Pour cela, il est nécessaire que les organisations professionnelles deviennent plus conceptuelles, en développant une vision au lieu de se limiter à des postures, notamment antiétatiques.

Il n’existe pas de solution miracle. Toutefois, si nous ne parvenons pas à gérer cette situation, en produisant plus de normes que de résultats, les citoyens auront une impression encore plus forte d’écart entre la création des normes par l’État et l’amélioration de leur quotidien. Cela peut conduire à des constats selon lesquels la démocratie n’est pas efficace et qu’il faudrait réduire le cadre de l’État de droit. C’est là un véritable danger politique associé à l’inflation normative.