Fitbit teste une IA générative qui examine vos nuits afin d’améliorer votre sommeil.
Fitbit, la prestigieuse société spécialisée dans les dispositifs connectés, introduit un programme d’expérimentation prometteur. Nommé « Sleep Labs », son but est clair : vous aider à mieux appréhender et optimiser votre sommeil.
Sleep Labs propose une évaluation détaillée de vos cycles de repos. Cette fonctionnalité, actuellement à l’essai, n’est pas encore ouverte à tous. Fitbit a intégré un outil d’analyse baptisé « Sleep Insights and Tips », qui est facultatif pour les utilisateurs. En visitant l’onglet « Vous », les utilisateurs peuvent examiner les diverses options disponibles dans les Fitbit Labs. Une autre fonctionnalité, dénommée « Insights Explorer », devient également plus accessible.
Les Sleep Labs incluent un journal du sommeil quotidien. Ce journal nécessite de répondre à un questionnaire de deux minutes. Vous y trouverez des questions à choix multiples ainsi qu’une question ouverte. Cela permet de consigner tout élément susceptible d’affecter votre sommeil, tel que le stress, la dépression ou les habitudes alimentaires.
Des résumés quotidiens
Après avoir complété l’enquête, une IA générative examine vos réponses. Elle utilise un modèle de langage sophistiqué pour générer un « résumé quotidien ». Ce dernier est consultable sur l’écran dédié aux statistiques du jour. Il révèle des tendances clés pour améliorer vos habitudes de sommeil. L’IA vous signale également les comportements à éviter pour garantir un sommeil de qualité.
Si vous tenez quatre journaux quotidiens, Fitbit vous fournira un récapitulatif hebdomadaire. Ce résumé met en évidence les tendances de votre sommeil sur une période de sept jours. Vous recevrez également des recommandations personnalisées pour perfectionner votre repos. En outre, Fitbit propose des missions spécifiques à réaliser. Ces conseils sont basés sur les données de votre journal, afin de favoriser de meilleures pratiques nocturnes.
Une option en phase de test
Pour le moment, Sleep Labs demeure une fonctionnalité expérimentale. Fitbit n’a pas encore communiqué sur sa disponibilité à grande échelle. Toutefois, l’idée d’un suivi du sommeil assisté par l’IA suscite déjà un vif intérêt. Les montres intelligentes fournissent des informations précieuses, et l’analyse générée enrichit l’expérience utilisateur.
Des fonctionnalités de ce type soulignent l’importance cruciale du sommeil. Un sommeil de qualité affecte directement votre productivité et votre bien-être. Être en mesure d’identifier les facteurs qui altèrent le sommeil grâce à l’IA constitue une avancée significative.
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Arrêts de travail : le resserrement du gouvernement pourrait aggraver les inégalités
Dans sa quête incessante d’économies, le gouvernement Barnier – suivant les traces de son prédécesseur – s’attaque aux arrêts maladie. En d’autres termes, à « l’absentéisme » au sein des entreprises et des administrations, pour reprendre le jargon des ministres.
Les sommes reversées par l’Etat au titre des indemnités journalières (IJ) perçues par les personnes absentes pour des motifs de santé ont atteint 15,8 milliards d’euros en 2023. Ce qui représente une hausse de 5,4 milliards d’euros par rapport à 2015.
C’est bien trop pour le gouvernement, qui refuse d’admettre les facteurs structurels derrière l’augmentation des arrêts maladie et le coût associé pour les finances publiques. La liste est cependant longue : le vieillissement de la population, la dégradation des conditions de travail et l’allongement de la durée de travail entraînent des arrêts, mais l’augmentation du Smic, qui sert de base au calcul des indemnités journalières, ainsi que l’intégration des travailleurs indépendants et des professions libérales au régime général contribuent également à alourdir la note.
Une étude de la Dares met d’ailleurs en avant l’un de ces éléments. Elle souligne le lien entre une exposition accrue aux risques physiques et psychosociaux (RPS) et les absences pour maladie. Entre 2013 et 2016, le nombre de jours d’arrêt maladie pour une personne soumise à toujours plus de RPS a par exemple triplé.
Mais pour l’exécutif, l’augmentation des arrêts maladie est forcément due à des abus. Du moins en grande partie.
C’est pourquoi pour mettre un terme à cette « dérive », exprimée par Guillaume Kasbarian, le ministre de la Fonction publique, plusieurs options sont envisagées dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), débattu cette semaine au Parlement. Et il n’est pas question de faire de jaloux, les propositions de l’exécutif concernent aussi bien les agents du secteur public que les employés du privé.
Augmentation des jours de carence
La première mesure défendue par le gouvernement consiste à étendre le délai de carence en cas d’arrêt maladie des fonctionnaires à trois jours, contre un seul jour actuellement. Comme nous l’évoquions déjà dans cet article, cet allongement repose sur une comparaison entre le public et le privé qui ne prend pas en compte les spécificités des fonctionnaires, qui comptent plus de femmes et de seniors et qui sont davantage exposés aux métiers difficiles. A caractéristiques équivalentes, cet écart entre le taux d’absentéisme du privé et celui du public se réduit quasiment à néant.
Malheureusement pour le gouvernement, le rapport sur la fonction publique, publié la semaine dernière, révèle que le nombre d’absences pour raison de santé en 2023 chez les agents… est en baisse (12 jours en moyenne en 2023, contre 14,5 en 2022).
Cependant, ces résultats ne ralentissent pas l’exécutif, qui souhaite mener son projet à terme. Même si cette mesure pourrait se révéler contre-productive et coûter plus cher à la Sécurité sociale. Les recherches menées par divers experts (comme nous l’expliquions ici) montrent que l’ajout de jours de carence peut certes réduire le nombre d’arrêts de courte durée, mais accroître ceux de longue durée. Ces derniers étant les plus coûteux pour l’assurance maladie.
« De plus, une telle mesure pourrait encourager le présentéisme, soit le fait de travailler tout en étant malade, met en garde Thomas Coutrot, économiste du travail. Cela aurait des effets négatifs sur la santé à long terme. »
Diminution des rémunérations
Du côté du secteur public, le gouvernement ne prévoit pas de s’arrêter là. Guillaume Kasbarian a également annoncé son intention de diminuer la rémunération versée aux agents en cas d’arrêt de travail : « Aujourd’hui, dans le public, cela est pris en charge à 100 %. Cela passera à 90 %. »
Comme pour le délai de carence, établi à trois jours dans le secteur privé, le ministre justifie son assertion en comparant les règles du secteur public à celles du secteur privé, plaidant pour un alignement. Toutefois, il omet certains détails : près de 70 % des salariés du privé ont accès à un accord de branche ou d’entreprise qui maintient leur salaire à 100 % dès le premier jour d’arrêt maladie.
Ces deux mesures entraîneraient également une perte de pouvoir d’achat significative pour les agents publics. En tenant compte de l’augmentation du nombre de jours de carence et de la réduction à 90 % du taux de remplacement, le think tank Sens public a calculé qu’un arrêt maladie de 5 jours, par exemple pour une grippe, engendrerait une perte de 215 euros (pour un agent de catégorie C) et de 320 euros (pour un agent de catégorie A).
Ces deux changements affecteraient en particulier les femmes, qui représentent 63 % des effectifs de la fonction publique, ainsi que les seniors, 36 % étant âgés de plus de 50 ans. De plus, cela réduirait l’attractivité de la fonction publique, déjà compromise ces dernières années.
Pourtant, le gouvernement espère économiser 1,2 milliard d’euros (289 millions d’euros pour les jours de carence et 900 millions pour la diminution de la prise en charge). Cette décision est inacceptable pour les syndicats (CGT, CFDT, Unsa, FSU, Solidaires, CFE-CGC, FA-FP), qui ont appelé à une grève le 5 décembre.
Le secteur privé aussi affecté
Les employés du privé peuvent se « rassurer », le gouvernement Barnier ne les oublie pas. Dans sa lutte contre les arrêts maladie, l’exécutif a annoncé vouloir réduire le plafond des indemnités journalières. Ce dernier devrait passer de 1,8 Smic (3 180 euros bruts mensuels) à 1,4 Smic (2 473 euros bruts mensuels) en 2025.
Pour rappel, actuellement, la Sécu couvre 50 % de la rémunération d’un individu arrêté pour des raisons de santé, dans la limite de 1,8 fois le Smic mensuel. Son employeur complète alors pour un maintien de salaire d’au moins 90 %. Souvent, la prise en charge est même plus élevée, grâce à des accords internes ou des conventions collectives.
Cependant, réduire le plafond des IJ versées par la Sécu pénalisera ceux qui ne bénéficient pas de cette couverture.
« Cette mesure pourrait donc exacerber les inégalités, reprend Thomas Coutrot. Les personnes avec une santé plus fragile et celles travaillant dans des conditions plus difficiles seraient les plus affectées. »
Ce point est également dénoncé par la CGT, qui détaille dans un communiqué :
« Une telle réforme affectera de manière significative les salarié·es des TPE-PME qui ne sont que très rarement protégés par des accords, de même que les salarié·es de particuliers employeurs tels que les aides à domicile et les assistantes maternelles, certains intérimaires, les intermittents ou encore les demandeurs d’emploi. »
Cependant, cette proposition ferait principalement économiser 600 millions d’euros à la branche maladie. Mais ce qui est le plus choquant, selon Thomas Coutrot :
« C’est que toutes ces initiatives sont une façon de refuser d’aborder les conditions de travail et de s’attaquer aux véritables causes des arrêts maladie. On impose aux individus ce qui relève de la responsabilité des dirigeants tout en restant à la surface des choses. C’est un peu comme administrer de l’aspirine à un patient atteint d’un cancer. »
Les arnaques liées à l’IA bondissent pour le Black Friday, découvrez comment les contourner !
Il ne reste que quelques jours avant le Black Friday et il est temps de dénicher des offres intéressantes sur internet. Cela va sans aucun doute accroître les risques de cyberattaques, car les fraudeurs vont tirer parti de cet événement pour piéger les acheteurs les plus naïfs. D’autant plus en cette époque où l’IA offre aux délinquants de nombreuses opportunités pour réussir leurs plans. Mais pas de panique, je vais partager quelques conseils pour vous prémunir contre les attaques liées à l’IA avant, pendant et après le Black Friday.
Si ce n’est pas déjà fait, sachez que l’ANSSI ou l’Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information nous a alertés sur la complexité des tactiques utilisées par les cybercriminels.
En d’autres termes, grâce à l’intelligence artificielle, le nombre de sites frauduleux et de publicités nuisibles va exploser.
Voici quelques types d’escroqueries par IA nouvellement découvertes
Étant donné que notre article se concentre sur le Black Friday qui se déroulera le 29 novembre prochain, il est crucial de vous informer sur les nouvelles escroqueries alimentées par l’IA en lien avec cet événement.
En plus de générer des images et des vidéos, l’IA permet également de concevoir divers types d’escroqueries en ligne.
Ainsi, en premier lieu, les cybercriminels créeront, comme mentionné plus haut, de faux sites web qui ressemblent parfaitement à de véritables boutiques en ligne.
Vous pourriez également recevoir des courriels de phishing ou des offres promotionnelles très convaincantes, qui, dans la plupart des cas, semblent trop belles pour être vraies.
Dans d’autres situations, les escrocs pourraient développer des applications de shopping imitant parfaitement celles des détaillants les plus connus.
À cela s’ajoutent les faux chatbots IA de service client dont le seul but est de dérober des informations personnelles sensibles, notamment vos mots de passe, votre numéro de carte bancaire, etc.
Cependant, ce n’est là qu’une liste non exhaustive des diverses formes d’escroqueries alimentées par l’IA que vous pourriez rencontrer durant le Black Friday.
Il est essentiel de rester vigilant à l’approche d’un événement comme le Black Friday. Les arnaqueurs trouveront toujours des opportunités pour faire preuve de créativité dans leurs tentatives d’escroqueries basées sur l’IA.
Pour éviter de vous faire avoir, privilégiez les sites sécurisés identifiables par leur URL en « https ».
Je vous conseille aussi de privilégier les paiements via des solutions numériques comme les portefeuilles électroniques, tout en maintenant une vigilance constante sur vos relevés bancaires, qui sont parmi les réflexes essentiels.
Rappelez-vous que les consommateurs avertis savent très bien qu’une offre exceptionnellement intéressante doit éveiller leur méfiance plutôt que leur enthousiasme.
Remember the #TakeFive advice to avoid purchase fraud:
⚠️Watch out for too good to be true offers/prices
⚠️Use the secure payment method recommended by reputable online retailers and auction sites
⚠️Do plenty of your own research#BlackFriday #StopChallengeProtect✋☝️👊 pic.twitter.com/5tkfenknOu— Regional Organised Crime Unit (West Midlands) (@ROCUWM) November 18, 2024
La sécurité en ligne durant le Black Friday repose ainsi sur une gestion minutieuse de vos accès numériques.
L’utilisation de mots de passe solides et uniques pour chaque compte, associée à un suivi régulier de vos transactions, peut par exemple réduire de manière significative les dangers liés au vol d’identité et à la fraude.
Face à l’augmentation des attaques en cette période festive, la prudence demeure le meilleur moyen de défense contre les cybercriminels.
Autrement, vous pouvez également activer l’authentification à deux facteurs (2FA) pour ajouter une couche de protection supplémentaire à tous vos comptes.
Le Black Friday est une occasion en or pour faire de bonnes affaires, mais cela nécessite une attention particulière pour éviter les pièges.
Il est donc crucial de rester attentif aux offres qui semblent trop alléchantes. En outre, sachez que les vendeurs fiables n’usent jamais de pressions ni de méthodes de paiement douteuses.
Votre intuition pourra néanmoins vous aider à identifier les situations suspectes.
Dans un environnement où l’intelligence artificielle perfectionne les stratagèmes d’escroquerie, la meilleure défense passe par une approche organisée lors de vos achats.
Commencez par définir un budget clair et identifiez précisément vos besoins avant de faire vos emplettes. Orientez vos recherches vers les enseignes fiables qui ont déjà prouvé leur valeur.
Souvenez-vous qu’il est toujours préférable de laisser passer une offre que de céder à une proposition frauduleuse.
Et voilà ! Il est tout à fait possible d’économiser en toute sécurité même face aux escroqueries liées à l’IA.
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La Poste embauche 56 CDD dans l’Hérault pour prendre en charge les célébrations de fin d’année
À chaque clôture d’année, La Poste fait face à une importante hausse du nombre de colis à traiter. Entre le Black Friday et les célébrations de Noël, le volume quotidien des colis à livrer peut atteindre jusqu’à 3 millions de paquets par jour, contre 1,5 million habituellement. Pour gérer cette situation, elle recrute 56 CDD dans l’Hérault, pour des postes de facteurs, opérateurs de livraison, de tri de colis, etc. à pourvoir dans l’ensemble du département
L’entreprise indique qu’elle est à la recherche de personnes ayant un sens du service, rigoureuses, ponctuelles, autonomes, avec un esprit d’équipe et de solides compétences interpersonnelles. Pour les postes de facteur, le Permis B est requis.
Pour soumettre une candidature, les personnes intéressées sont invitées à se rendre sur www.laposterecrute.fr ou à contacter dès maintenant les agences d’intérim1 du département
Vous pouvez maintenant acheter du foie gras cultivé en laboratoire
Une alternative cultivée en laboratoire au foie de canard engraissé offre un avenir controversé pour l’industrie de la viande cultivée : comme un produit de luxe pour quelques-uns.
How Donald Trump a donné aux démocrates le blues de la classe ouvrière
Kamala Harris a parlé de la création d’une « économie d’opportunité », une idée vague qui est plus susceptible de séduire les entrepreneurs que les travailleurs en difficulté.
Laurent Layet, spécialiste au procès Mazan : «Ce n’est pas parce qu’on a subi qu’on devient...
LesLes 51 défendants du procès lié aux agressions sexuelles de Mazan ont presque tous été questionnés sur les infractions qui leur sont attribuées. Les derniers témoins seront entendus lundi 19 novembre par la cour criminelle du Vaucluse, concernant des viols infligés à Gisèle Pelicot, fortement sous l’emprise de stupéfiants par son ancien époux. Les deux enfants du couple devraient ensuite venir témoigner à la barre, suivis d’une potentielle ultime déclaration de la victime. S’ensuivront les réquisitions et les plaidoiries des avocat·es. Le jugement est attendu pour la mi-décembre.
Le créateur de la Silk Road, Ross Ulbricht, attend que Trump tienne sa promesse—et le libère.
Sur le terrain de la campagne, le président américain entrant Donald Trump a promis de libérer le créateur de Silk Road, Ross Ulbricht, de prison s’il est réélu. Tiendra-t-il sa promesse ?
L’échec prévisible de la politique anti-drogue de Bruno Retailleau
En cas d’échec, il ne faut surtout pas se remettre en cause. C’est l’attitude téméraire du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, concernant la lutte contre le trafic de drogue. Ou plutôt contre la drogue, car il semble faire peu de distinction.
Après plusieurs règlements de comptes et faits de violence mortels liés au narcotrafic, le ministre a annoncé un « plan d’action » qui intensifie la politique répressive de la France concernant les stupéfiants.
Lors de son déplacement à Marseille le 8 novembre, Bruno Retailleau a déclaré son intention de mettre en place des « interdictions de paraître » pour les dealeurs dans les zones où ils opèrent et souhaite leur couper leurs aides sociales.
Il désire également « donner au préfet le pouvoir de fermer des établissements de blanchiment » d’argent lié à la drogue. Et, comme si cela ne suffisait pas, « il faut que le délinquant qui trafique puisse être expulsé de son logement », a insisté l’ancien sénateur de droite.
La série des propositions, énoncée aux côtés du ministre de la Justice Didier Migaud, paraît tout aussi longue qu’incantatoire. En ce milieu de novembre, il est difficile de savoir ce qui pourra être concrétisé et ce qui relève de la communication politique destinée aux médias. Une partie de ces suggestions devrait figurer dans un projet de loi qui sera soumis au Parlement au début de l’année 2025.
Avant Bruno Retailleau, Gérald Darmanin avait mené une « guerre contre la drogue » (ses propres mots) sans relâche, à travers des « actions coups de poing », suivies d’opérations « place nette », qui sont devenues « place nette XXL », en avril 2024.
Ces opérations mobilisent des dizaines de policiers et d’agents de la police judiciaire pendant des heures, voire des jours. Pourtant, avec des résultats plutôt maigres au regard des ressources allouées : quelques kilos de drogue, des milliers d’euros en cash, et parfois quelques armes à feu.
« Ces opérations médiatiques s’inscrivent dans une logique à court terme, au détriment de la lutte contre les réseaux de narcotrafic élaborés qui nécessitent des mois d’investigation », dénonce Nelly Bertrand, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature.
Le coût de la répression augmente…
En poursuivant l’œuvre de son prédécesseur, Bruno Retailleau continue une surenchère sécuritaire qui pèse sur les finances publiques sans engendrer les effets positifs attendus, à savoir la baisse des trafics et de la consommation.
Ainsi, depuis 2009, le budget annuel consacré à la répression des utilisateurs et des trafiquants de drogue est passé d’un demi-milliard à près de 2 milliards d’euros en 2024, d’après l’annexe du projet de loi de finances (PLF) dédiée à la politique antidrogue.
« Cependant, les crédits accordés aux forces de l’ordre [mentionnés dans les annexes du PLF, NDLR] sont généralement en coût moyen et souvent évalués de manière approximative. Ils n’intègrent pas l’ensemble de l’activité policière dédiée aux stupéfiants », analyse Yann Bisiou, maître de conférences en droit privé à l’université de Montpellier, et expert des politiques publiques relatives aux drogues.
De plus, ce montant n’inclut pas « les primes ni les indemnités spécifiques, pour les interventions nocturnes par exemple », ce qui signifie que la politique de répression coûte, selon lui, bien au-delà de 2 milliards d’euros à l’État.
Ces ressources conséquentes financent une législation d’exception, avec des méthodes d’enquête très intrusives, par exemple en utilisant, pour intercepter les communications téléphoniques, des dispositifs puissants tels que les IMSI-catchers, souvent accusés de porter atteinte à la vie privée.
L’introduction de l’amende forfaitaire délictuelle en septembre 2020 a provoqué une explosion du nombre de personnes mises en cause pour usage de stupéfiants à partir de l’année suivante.
« Cela revient à sanctionner environ un joint sur 2 500, a calculé Yann Bisiou, qui rappelle que la majorité des amendes concernent les consommateurs de cannabis. Ainsi, il n’y a pas de dimension pédagogique, le fumeur ressent de l’injustice en constatant que d’autres ont pu consommer sans être pénalisés. »
Dans cette quête de résultats, le taux de recouvrement des amendes forfaitaires est peu reluisant. Seules 35 % sont réglées, a reconnu Emmanuel Macron, président de la République, en juin 2023. Qu’en a déduit Bruno Retailleau ? Qu’il fallait accroître leur délivrance et alourdir les sanctions contre les consommateurs.
… la consommation aussi
Le futur projet de loi viendrait s’ajouter à une déjà longue liste de textes antidrogue. Yann Bisiou a compté pas moins de 21 lois et ordonnances adoptées sur ce sujet depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017.
« Cette inflation législative, qui sert principalement à la communication gouvernementale, est souvent contre-productive. Chaque nouvelle loi exige un temps d’adaptation et, par conséquent, renforce l’engorgement des tribunaux », signale Nelly Bertrand, du Syndicat de la magistrature.
En outre, la surenchère répressive n’a pas occasionné de baisse significative de la consommation. La France figure systématiquement parmi les pays européens les plus consommateurs de cannabis, quels que soient les critères utilisés.
D’après les dernières informations de l’EMCDDA (Centre européen de surveillance des drogues et de la toxicomanie), la France présente la plus forte prévalence de consommation de marijuana en Europe durant l’année passée.
« L’objectif de la pénalisation des drogues est d’amenuiser, voire d’éliminer l’usage. Or, le chercheur Alex Stevens a démontré qu’il n’existe pas de corrélation entre le modèle politique choisi concernant la gestion des drogues (pénalisation, dépénalisation ou légalisation) et le taux de consommation », explique Marie Jauffret-Roustide, sociologue à l’Inserm.
Pour la directrice du programme Drogues, sciences sociales et sociétés de l’EHESS, « ce sont plutôt les facteurs culturels ou d’accessibilité qui jouent un rôle majeur ».
Ainsi, bien que nombreux soient les Français à consommer du cannabis, leur usage de cocaïne, de nouvelles substances psychoactives ou d’héroïne reste inférieur à celui du Royaume-Uni ou de certains pays scandinaves. Le niveau de consommation ne constitue donc pas un indicateur pertinent pour évaluer une politique de gestion des stupéfiants, estime Yann Bisiou :
« Les critères à considérer sont le prix et la qualité. Dans un marché illégal, plus un produit est pur, plus il est accessible : il n’est pas nécessaire de le couper. Cela s’applique également si le prix est bas. »
Les données du ministère de l’Intérieur mettent justement en lumière que les principales drogues saisies (cannabis, cocaïne, amphétamine, héroïne) sont de plus en plus pures, à l’exception d’une seule, l’ecstasy, dont la teneur moyenne en principe actif diminue depuis 2015.
Parallèlement, leur prix au détail est demeuré stable depuis 2018, malgré l’inflation. Ce qui prouve que ces drogues sont de plus en plus accessibles et que les trafiquants n’éprouvent aucune difficulté à alimenter le marché.
Prohibition contre prévention
De surcroît, la politique de prohibition en France, qui pénalise principalement les consommateurs, est largement discriminatoire. Le Collectif pour une nouvelle politique des drogues (CNPD) souligne ainsi que les individus en situation de grande précarité ont 3,3 fois plus de chance d’être emprisonnés pour des infractions à la législation sur les stupéfiants.
Les jeunes hommes racisés sont surreprésentés parmi les individus incriminés pour infractions relatives aux stupéfiants, conséquence directe de la concentration des interpellations et des arrestations sur cette population, décalée par rapport à la répartition démographique des consommateurs, affirme le CNPD.
« Il y a une confusion entre la lutte contre la drogue et la lutte contre les consommateurs de drogues. La politique de prohibition stigmatise ces derniers, les éloigne des systèmes de soins et nuit à l’élaboration de programmes de prévention », déplore Catherine Delorme, présidente de Fédération Addiction, qui fait partie du CNPD.
La répression est particulièrement nuisible en prison. Selon les données du ministère de la Justice, plus de 13 % des détenus le sont pour des infractions liées aux stupéfiants, en faisant la troisième cause d’incarcération, après les violences et les vols. Pourtant, la prison est un lieu où la consommation de drogues est plus répandue qu’en milieu ouvert, en particulier le cannabis, comme le constatent de nombreuses études.
« S’il existe une tolérance dans beaucoup d’établissements pénitentiaires face à la consommation de drogues, pour maintenir un environnement carcéral calme, la répression limite les opportunités d’accompagnement en cas d’addiction et de politiques de réduction des risques. Les usagers préfèrent se cacher, conscients qu’ils s’exposent à des sanctions disciplinaires ou pénales », décrit Prune Missoffe, responsable des analyses de la section française de l’Organisation internationale des prisons.
« Une politique efficace sur les drogues doit pouvoir prévenir les usages parmi les populations les plus vulnérables, notamment les jeunes, et réduire les risques pour ceux qui consomment déjà », estime Marie Jauffret-Roustide. Pour y parvenir, il est primordial d’investir financièrement dans des programmes de prévention, de soin et de réduction des risques.
« En revanche, dans les pays où la consommation de drogues est pénalisée, les initiatives de prévention et de soin sont moins efficaces. Les consommateurs se sentent plus stigmatisés et moins légitimes pour en parler ou demander de l’aide », souligne la sociologue.
Constatant cette réalité, le Collectif pour une nouvelle politique des drogues a appelé en novembre 2023 à la dépénalisation de la consommation. « Une première réponse nécessaire, urgente et simple, écrit le CNPD, sans préjuger d’autres débats, comme celui sur la légalisation du cannabis ».
A l’heure où la dépénalisation est soutenue même par le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, les gouvernements macronistes persistent dans une politique ultra-répressive, qui rappelle les années 1970 et l’échec. Malheureusement pour les victimes du narcotrafic, la position idéologique du nouvel exécutif est vouée à produire les mêmes résultats.
Cet article est une version mise à jour du premier article de notre série publiée en juillet 2024 « Face à la drogue, la France coincée dans ses contradictions ».
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