La pêche dans les jeux vidéo, une ode absurde à l’ennui
Qu’elle soit compétitive dans la simulation de vie préférée des jeunes adultes Animal Crossing, complètement hasardeuse dans Hadès ou technique et mouvementée dans Assassin’s Creed, la pêche est devenue un passage obligatoire dans les jeux vidéo. Depuis quelques années, le moindre point d’eau se transforme presque systématiquement en bassin de pêche aux canards, où de mystérieuses bestioles aquatiques apparaissent pour se repaître de nos appâts. Plus qu’une amusante coïncidence, ce mini-jeu s’est très largement imposé dans la grammaire vidéoludique comme un moment de pause dans nos aventures. Quand certains joueurs y trouvent d’ailleurs un répit salvateur, d’autres envisagent la pratique comme une véritable perte de temps, voire même une activité visant à gonfler artificiellement la durée de vie. Le mini-jeux de pêche étant rarement très utile au développement d’une intrigue ; les bars, merlus et multiples barracuda sont au mieux des objets de faible valeur marchande et au pire de simples créatures écaillées dont le seul intérêt est de compléter notre catalogue de découvertes. « C’est vrai que c’est très intriguant, m’explique Mathieu Triclot, philosophe spécialiste des jeux vidéo. Il y a cinq minutes j’étais en train de me battre contre des hordes de monstres et là, je me retrouve à attendre, ligne dans l’eau, qu’un poisson morde à l’hameçon. C’est une situation si triviale et si peu héroïque, que ça en devient presque absurde. » Mais alors, d’où peut bien venir cette étonnante obsession pour la pêche ? Les développeurs de jeux vidéo se retrouveraient-ils secrètement tous les week-end pour aller taquiner le goujon ? Un secret caché au fond du jardin Aussi étrange que cela puisse paraître, la pêche a toujours eu une place confortable au sein de l’industrie du jeu vidéo. En 1977, l’année de lancement de la célèbre console Atari 2600, sort le premier jeu de…