Red Panda : ce créateur d'images va-t-il surpasser DALL-E ?

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Red Panda : ce créateur d’images va-t-il surpasser DALL-E ?

Chaque journée réserve son lot de nouveautés dans le monde de l’intelligence artificielle. Cette fois, c’est Red Panda qui suscite l’excitation.

Ce générateur d’images IA énigmatique est apparu inopinément dans l’Artificial Analysis Image Arena, un classement prisé pour évaluer les nouveaux modèles d’IA. Red Panda a rapidement conquis la première place, surpassant des géants tels que Flux, Midjourney et StableDiffusion.

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Dans cette arène, les créations générées par les modèles sont anonymes et sont soumises au jugement du public. Les utilisateurs ignorent quel modèle ils notent, garantissant ainsi une appréciation strictement esthétique. Les résultats sont mis à jour en temps réel, permettant aux modèles les plus votés de se démarquer naturellement. Cette arène sert également de plateforme idéale pour les entreprises, qui y testent et optimisent leurs technologies avant leur lancement au public.

Un modèle IA en provenance de l’Extrême-Orient ?

L’émergence inattendue de Red Panda alimente les conjectures. Certains y perçoivent une variation inédite de Midjourney ou un projet d’OpenAI. Cependant, une autre hypothèse semble plausible : Red Panda pourrait être le fruit d’un développement en Extrême-Orient. Des géants chinois tels que Baidu ou Tencent se concentrent déjà sur des solutions IA avancées, en particulier dans le secteur de la vidéo. L’intégration d’un générateur d’images renforcerait leur présence sur ce marché.

Pour ma part, j’ai testé Red Panda et le modèle a rapidement dépassé mes anticipations. En tant qu’utilisateur régulier de Flux et d’Ideogram, je recherche la précision et une bonne gestion du texte. Ces caractéristiques semblent être parfaitement maîtrisées par Red Panda. À titre de comparaison, Flux 1.1 Pro avait également créé un engouement similaire lors de son lancement.

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La venue de Red Panda pourrait signaler un tournant majeur dans la qualité et les fonctionnalités des modèles d’IA. Si ce modèle s’avère aussi performant qu’il n’y paraît, une question cruciale demeure : s’agira-t-il d’un modèle open source ou fermé ? Cette différence jouera un rôle crucial dans l’influence du modèle sur le marché et sa diffusion auprès du grand public.

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iOS 18.2 : ChatGPT arrive sur Siri, découvrez comment l'activer facilement

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iOS 18.2 : ChatGPT arrive sur Siri, découvrez comment l’activer facilement

Genmoji, Image Playground, plusieurs fonctionnalités IA innovantes arrivent sur les produits Apple après la révélation de l’Apple Intelligence. Pourtant, l’intégration de ChatGPT à l’iPhone semble susciter le plus d’enthousiasme actuellement. Une simple demande, sous forme de prompt, est suffisante pour que l’assistant vocal d’Apple sollicite celui d’OpenAI afin d’obtenir des réponses à vos questions. Cela dit, il est crucial de savoir comment utiliser ChatGPT avec Siri.

Pour la France, l’Apple Intelligence ne sera opérationnelle qu’à partir de 2025. Nous avons donc amplement le temps d’apprendre à utiliser ChatGPT dans Siri.

Sans plus attendre, voici les étapes à suivre pour activer l’intégration de ChatGPT à Siri sur iOS 18.2.

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Est-il vraiment nécessaire d’associer ChatGPT à Siri ?

Si vous êtes utilisateur d’un iPhone, vous aurez sans doute remarqué que Siri n’atteint pas son plein potentiel.

Consciente de cette limite, Apple a décidé d’établir un partenariat avec OpenAI pour marier les capacités de ChatGPT à celles de Siri.

De cette manière, son assistant vocal pourra répondre à nos requêtes, y compris les plus complexes, surpassant ainsi ses capacités actuelles.

En parallèle, avec l’intégration de ChatGPT, les réponses fournies par Siri seront plus précises et plus naturelles.

Il est évident que ChatGPT, étant alimenté par un modèle multimodal, dépassera le simple traitement textuel.

Il est maintenant capable d’adapter plusieurs formats de fichiers : images, vidéos et audios, entre autres.

Pour activer ChatGPT dans Siri, Apple a veillé à ce que la configuration avant utilisation soit simple et intuitive.

Gardez à l’esprit que l’utilisation de ChatGPT dans Siri nécessite une mise à jour vers iOS 18.2.

Il est à noter que vous n’aurez pas besoin d’installer la version mobile de ChatGPT sur votre appareil.

Il n’est même pas nécessaire de créer un compte OpenAI comme vous le feriez avec la version web de ChatGPT.

Pour commencer, vérifiez que votre iPhone fonctionne bien sur iOS 18.2 ou une version ultérieure. Ensuite, accédez à « Paramètres ».

Un peu plus bas, entre « Caméra » et « Action Bouton », vous devez repérer « Apple Intelligence & Siri ».

Cliquez dessus et défilez jusqu’à la section « Étendre Apple Intelligence et Siri ».

Maintenant, sélectionnez l’option « ChatGPT » et recherchez « Configurer » ou « Set Up » pour ceux utilisant l’anglais comme langue d’appareil (cette option apparaît généralement en haut à droite de votre écran).

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Un affichage contextuel va s’afficher. À ce moment, il vous suffit d’appuyer sur « Suivant » (Next) puis sur « Activer ChatGPT » (Enable ChatGPT en anglais) dans la deuxième fenêtre.

PS : depuis les paramètres de ChatGPT, vous avez également la possibilité d’activer le bouton « Confirmer les demandes ChatGPT ».

De cette façon, Siri vous interrogera si vous souhaitez utiliser ChatGPT pour des requêtes qu’il ne peut pas traiter lui-même.

Une fois les réglages effectués, l’interaction entre ChatGPT et Siri se déroulera de manière fluide.

Il vous suffira de poser vos questions comme d’habitude, et Siri identifiera automatiquement les demandes nécessitant l’intervention de ChatGPT.

Ce qui est le plus impressionnant, c’est que l’intégration se réalise avec aisance et ergonomie. Grâce à ses vastes connaissances, ChatGPT s’avère capable de formuler et d’adapter ses réponses selon le ton que vous employez dans votre question.

En résumé, Siri dispose maintenant de la capacité de traiter vos demandes, quel que soit leur format, comme s’il s’agissait d’un véritable chatbot IA.

Je vous laisse configurer votre iPhone, et n’hésitez pas à partager vos impressions en commentaire.

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Dans le Nord, le récit des travailleuses sacrifiées de Camaïeu

CULTURE

Dans le Nord, le récit des travailleuses sacrifiées de Camaïeu

Roubaix, Nord (59) – Cela fait déjà deux ans que les machines de l’entrepôt de la marque de vêtements Camaïeu, située sur l’avenue Jules Brame, ne résonnent plus. La vaste allée de platanes, autrefois empruntée par les ouvriers pour se rendre au parking, est aujourd’hui oubliée et encombrée de déchets emportés par le vent. Les stocks et les murs ont été cédés à bas prix aux opportunistes tandis que « les employés se retrouvent en difficulté », déplore Sophie (1), les yeux plissés par le vent. Elle a consacré plus de trois ans de sa vie à cette usine textile, recevant la marchandise avant de l’expédier vers les magasins à travers la France. Mais le fleuron roubaisien de la mode féminine, qu’elle a tant chérie, est désormais disparu:

« Ce ne sont pas seulement 2.600 employés qu’ils ont licenciés, mais aussi toutes leurs familles. »

Derrière elle, son compagnon Christophe (1) l’écoute sans l’interrompre. « Pourquoi ressasser le passé ? Mon destin est déjà scellé », semble indiquer son visage triste. Le quinquagénaire laisse sa femme narrer à sa place son parcours en tant qu’employé logistique dans le quartier des Trois-Ponts à Roubaix, son licenciement inattendu en septembre 2022 et, depuis, les multiples rendez-vous à France Travail, où se multiplient les entretiens d’embauche infructueux :

« Nous sommes désormais deux au chômage. Ils ont plongé mon mari dans la galère et nos enfants aussi. »

Les heures de gloire des usines textiles de Roubaix semblent révolues. La Redoute, les 3 Suisses, Damart, et Phildar font partie de ces marques de prêt-à-porter emblématiques de la région. Aujourd’hui, les célèbres « mille cheminées » des manufactures ne fument plus et les enseignes en lettres capitales disparaissent peu à peu des façades de briques rouges. La liquidation judiciaire de Camaïeu marque la fin d’une ère. Les ouvrières – pour la plupart des femmes attirées par cette marque qui leur ressemblait – estiment que cette chute a été précipitée par les manigances irresponsables d’un seul actionnaire : Michel Ohayon, l’ex-propriétaire de l’enseigne, classé 104ème fortune de France en 2022. « Nous étions ses petits playmobils. Le jour où il ne souhaitait plus jouer, il s’est débarrassé de nous pour passer à une autre marque », s’insurge Cathy (1), l’une des leaders de la contestation qui a amené le milliardaire devant les prud’hommes.

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La liquidation judiciaire de Camaïeu marque la fin d’une ère. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix

« Une faillite orchestrée »

« J’espère que chacun d’entre nous réussira à retrouver un travail dans lequel il se sentira bien. Car pour nous, la retraite, ce n’est pas encore pour maintenant », écrit une ancienne employée dans le groupe Facebook « des anciens de Camaïeu ». Ce groupe réunit environ 800 salariés nostalgiques. Depuis la fermeture, les messages de soutien affluent, accompagnés d’offres d’emploi et de conseils juridiques dénichés sur Internet. Cathy a quant à elle transformé son appartement en permanence administrative pour ses collègues aux prises avec les nombreuses démarches suite à leurs licenciements : demandes d’aides au reclassement, inscriptions aux formations et contrats de sécurisation professionnelle, calcul des indemnités… « Pour ma part, je me suis vite relevée. J’avais l’intérim dans le sang. Mais les plus expérimentés ont eu plus de mal à tourner la page », explique la syndicaliste de 40 ans, tirant distraitement sur sa cigarette électronique :

« Certains avaient 30 ans de boîte et ne savaient plus comment rédiger un CV ou une lettre de motivation. »

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Aujourd’hui, les célèbres « mille cheminées » des manufactures ne fument plus et les lettres capitales des enseignes ont disparu des façades de briques rouges. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix

Cette solidarité a débuté bien plus tôt, se remémore Louisa, une autre ancienne de l’usine Camaïeu. « Nous avons tenu deux mois ensemble devant le siège après l’annonce de la liquidation en 2022. Ceux qui se sont retrouvés seuls chez eux ont sombré dans la dépression. » La sexagénaire a été licenciée après 28 années de service. « Un soir, un ancien collègue m’a même appelés pour dire qu’il envisageait de mettre fin à ses jours », s’émeut-elle.

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Plus de la moitié des ouvriers licenciés en 2022 n’auraient pas retrouvé d’emploi. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA

Un plan de sauvegarde de l’emploi a été mis en place lors de la fermeture de l’enseigne. Une procédure légale, à la charge des mandataires judiciaires, pour éviter de laisser des centaines d’ouvriers sur le carreau. « Dans ce plan, ils souhaitaient absolument me former aux métiers de l’aide à domicile ou de la main-d’œuvre. Ils ne pensaient pas un instant que je pourrais vouloir faire autre chose », se souvient Louisa avec amertume, qui a finalement réussi à obtenir une formation dans le domaine administratif. « Les postes pour le reclassement étaient situés à Toulouse (31), Bordeaux (33), Paris (75) ou Lyon (69) », ajoute Cathy, qui a rejeté les diverses offres qu’elle considère déconnectées de la réalité :

« On nous a demandé de tout quitter pour devenir femmes de ménage ou serveuses dans les hôtels d’Ohayon. »

Elle a finalement décroché un emploi de caissière dans la grande distribution de la ville. Selon la syndicaliste, plus de la moitié des employés licenciés en 2022 n’ont pas retrouvé d’emploi depuis.

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Cela fait déjà deux ans que les machines de l’entrepôt de la marque de vêtements Camaïeu ne résonnent plus. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA

Made in Roubaix

1993. Louisa enchaîne plusieurs petits boulots précaires lorsque son grand-frère lui suggère de tenter sa chance chez Camaïeu. Née en 1984, l’entreprise locale est alors en pleine expansion. « La marque ouvrait sans cesse de nouveaux magasins et jouissait d’une excellente réputation. J’habitais à proximité de l’entreprise, c’était idéal », se remémore l’ancienne employée. Embauchée dès son premier entretien, elle garde de sa carrière les plus beaux souvenirs :

« Nous étions tous solidaires et sur un même pied d’égalité. Quand de nouvelles personnes arrivaient, nous faisions tout pour les accueillir. »

Jean-Pierre Torck, PDG de l’époque, mise sur le circuit court pour contrer les délocalisations, devenues monnaie courante dans le domaine textile. Il résume sa stratégie avec la formule « 80 % de la production dans un périmètre de 300 km autour de Roubaix » – soutenu par les subventions de la municipalité et de la préfecture du Nord. L’homme d’affaires fonde Camaïeu avec trois autres dirigeants de l’empire Mulliez, une famille influente dans le Nord qui possédait déjà plus d’une centaine de magasins Auchan à l’époque. Les quatre jeunes entrepreneurs des années suivant la récession souhaitaient également profiter de la success-story roubaisienne et entendaient « relancer une nouvelle industrie textile » en s’adressant aux femmes de la classe moyenne. Une collection tendance mais accessible, promettant à la clientèle de se vêtir de la tête aux pieds. « Le vrai bonheur est fait de petits bonheurs », résume leur slogan.

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En 2008, la marque ouvre 116 nouveaux magasins et enregistre un chiffre d’affaire de 709 millions d’euros. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA

Les jours heureux

Le concept fonctionne et Camaïeu connaît son heure de gloire. Rien qu’en 2008, la marque ouvre 116 nouveaux magasins et affiche un chiffre d’affaires de 709 millions d’euros. C’est durant cette période de succès que Cathy rejoint avec fierté la « famille Camaïeu », devenue une icône du prêt-à-porter féminin en Europe. Après un divorce difficile et de nombreuses missions intérimaires, elle signe son premier CDI en tant qu’employée logistique. Avec les 200 salariés de Roubaix, elle est chargée de réceptionner les marchandises, d’emballer les vêtements, de les étiqueter, avant de les envoyer aux magasins. « Je ne souhaitais pas porter des charges jusqu’à ma retraite, mais j’ai rapidement compris que mon poste n’était pas figé. Il n’y avait aucune limite si l’on souhaitait s’investir », se souvient-elle, charmée par cette organisation du travail fondée sur la participation des ouvriers.

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Jean-Pierre Torck a fondé Camaïeu avec trois autres cadres de l’empire Mulliez. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix

Le début du nouveau millénaire coïncide avec la montée de l’e-commerce. Les dirigeants manquent le coche et le marché est grignoté par Primark, Zalando et d’autres précurseurs de la vente en ligne. Camaïeu accumule les dettes aussi vite que les conditions de travail de ses employés se détériorent. « Lors de chaque réunion mensuelle, nous étions traités comme des lapins de six semaines : un directeur nous assénait des informations tirées du JT pour expliquer les soucis de l’entreprise, avant de nous rassurer », s’énerve encore Cathy :

« Nous aurions pu sauver notre peau en cherchant du travail ailleurs. Mais ils nous ont laissés poireauter jusqu’à la dernière minute. »

En 2012, une grève éclate au siège de Roubaix. Les employés logistiques, souvent obligés de recourir aux compléments RSA pour atteindre le SMIC, exigent une augmentation de salaire. Ils sont soutenus par Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon, qui dénonce alors « des prédateurs qui s’enrichissent au détriment de la misère des autres ». Le député fait référence aux 23 millions d’euros de stock-options attribuées en 2008 à l’ancien PDG sortant, Jean-François Duprez. Les salariés obtiennent enfin satisfaction, mais les exigences de rendement demeurent croissantes et la gestion devient agressive. Cathy évoque « des méthodes militaires » :

« Alors, nous mettions ces managers aux machines, les laissions patauger et nous leur demandions : “Alors, c’est qui les patrons maintenant ?” Les terminators, c’est nous qui les avons mis à genoux. »

La combattante se souvient des noms donnés aux anciennes machines de l’entrepôt : Océane, Corail, Calypso, Atlantis… Elle avait même la responsabilité de leur entretien parfois. Pour réaliser des économies, les budgets de maintenance avaient été supprimés…

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Le début du nouveau millénaire correspond à l’essor du e-commerce. Les dirigeants voient leur marché grignoté par la vente en ligne. Camaïeu s’endette, les conditions de travail des ouvriers se détériorent. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA et archives municipales de Roubaix.

2016, Camaïeu cumule une dette d’un milliard d’euros. En 2018, l’entreprise est mise sous sauvegarde par le tribunal du commerce et un mandataire judiciaire est désigné. L’entreprise parvient tout de même à tenir le coup, et les actionnaires continuent à investir, parfois de manière hasardeuse. Camaïeu maintient son image face aux tempêtes : elle est élue en 2017 et 2018 « enseigne de vêtements préférée des Françaises », puis « meilleure chaîne de magasins de la catégorie Mode Femmes ». Les ouvriers de Roubaix refusent de croire en l’effondrement et s’accrochent. « Personne ne s’imaginait que cela puisse vraiment se produire. Jusqu’au bout, les collègues étaient dans le déni », se désole Louisa.

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Née en 1984, l’entreprise Camaïeu est à ses débuts en plein essor. /

La chute

En mai 2020, Camaïeu est placé en redressement judiciaire : 450 employés sont licenciés, parfois privés d’indemnités pendant plusieurs mois. Au tribunal du commerce, le patron Ohayon se manifeste. Il assure qu’il embauchera tous les salariés et investira 84 millions d’euros pour sauver l’enseigne. Le juge le sélectionne pour le rachat. Un nouvel espoir germe chez les ouvriers. « Au début, nous souhaitions lui accorder notre confiance, il avait mille projets. Et puis, nous avons commencé à ressentir que quelque chose n’allait pas », se remémore Cathy. Louisa ajoute :

« Dès la première réunion, il nous assénait de grands discours. Nous le surnommions : “La vérité si je mens”. »

Le prêt de l’État qu’Ohayon espérait pour relancer l’activité lui est refusé, et les factures continuent à s’accumuler. L’entreprise tente un ultime coup de com’ début 2022 avec une campagne en ligne représentant des femmes victimes de violences conjugales. Accusée de « glamouriser les violences », le bad buzz est immédiat.

La pandémie de Covid-19 aggrave la situation, comme partout ailleurs : jugés comme secteur non essentiel, les 511 magasins du réseau ferment durant le premier confinement. Cependant, les ouvriers de Roubaix ne cessent de lutter, raconte Cathy :

« Dès que nous avons eu la permission de reprendre le travail sur une base volontaire pendant le confinement, nous sommes retournés à l’entrepôt avec des visières et des masques. Nous faisions des journées de 10 heures non-stop. Nous ne voulions pas couler ! »

De son côté, Thierry Siwik, délégué CGT de Camaïeu, tente de solliciter de l’aide auprès du ministre du Travail de l’époque, Roland Lescure. En vain. « Nous avons même présenté un projet de sauvetage de la société avec de nouveaux fonds. Nous avons mis 30 millions sur la table qui auraient pu préserver 1.800 emplois. Ils ont refusé d’en entendre parler », soupire le syndicaliste, qui dénonce une « faillite orchestrée par les actionnaires ». Le 28 septembre 2022, l’alarme retentit. Ohayon fait son apparition au tribunal du commerce avec un plan de continuité bâclé sur une feuille A4. L’entreprise est placée en liquidation judiciaire et les 2.600 employés sont licenciés sur le champ. « On nous a laissé une demi-heure pour vider nos vestiaires. Je n’oublierai jamais les cris de désespoir de mes collègues », s’attriste Louisa.

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Le patron Sébastien Bismuth a acquis la marque pour une bouchée de pain. 11 nouveaux magasins consacrés aux collections femmes ouvrent sous une nouvelle identité : « Be Camaïeu ». /
Crédits : Archives municipales de Roubaix et Jeremie Rochas

« Un Phoenix ne renaît pas de ses cendres »

« Camaïeu va rouvrir ses portes. Un symbole de la France, quoi ! Ils visent à devenir une marque cool, créative, inclusive et surtout moderne », s’enthousiasme Léna Situation dans une vidéo sponsorisée. L’influenceuse aux 4,7 millions d’abonnés sur Instagram a été engagée par le groupe Célio, tout récent propriétaire de Camaïeu, pour annoncer la résurrection de la marque. Le patron Sébastien Bismuth a acquis la marque à bas prix, récupérant les murs et tout le reste. 11 nouveaux magasins dédiés aux collections féminines ouvrent sous une nouvelle identité : « Be Camaïeu ». Mais les centaines d’ouvrières remerciées en 2022 ne font pas partie de l’aventure. Bien que quelques postes aient été proposés dans le nouveau magasin du centre commercial de Lille (59) inauguré fin août, les recruteurs ont rapidement été recalés. « Camaïeu est mort en 2022 avec ses 2.600 salariés, laissez-nous tranquilles », rugit Cathy :

«Aujourd’hui, aucune d’entre nous ne souhaite postuler. Ce sont les valeurs de Camaïeu qui nous attiraient et elles ont disparu. »

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Des ouvrières licenciées de Camaïeu racontent la lente mort de la marque, jusqu’à sa résurrection sous la bannière de Célio… sans elles. /

Les anciennes ouvrières ont intenté plusieurs recours aux Prud’hommes pour licenciement abusif. Au tribunal de Roubaix, un petit groupe d’anciens salariés de l’entrepôt est rassemblé derrière Maître Fiodor Rilov, avocat renommé des laissés-pour-compte par les multinationales. Fidèle à son poste, il fait résonner sa voix rauque dans la petite salle d’audience des Prud’hommes :

« Nous sommes là pour faire payer les responsables de cette catastrophe sociale ! »

En février dernier, Cathy et Louisa ont également déposé plainte contre Michel Ohayon pour « abus de biens sociaux », avec 200 autres anciens employés de Camaïeu. Le propriétaire de la holding Financière immobilière bordelaise, qui regroupe plus de 150 sociétés, est accusé d’« un certain nombre d’opérations opaques, anormales et injustifiées » et d’« agissements fautifs », considérés comme « la cause première et déterminante de la faillite de l’entreprise ». En septembre 2021, un trou de 26 millions d’euros dans les comptes de la société avait été mis au jour. « Nous avons compris qu’il utilisait notre travail pour régler les factures de ses autres sociétés pendant que nous travaillions d’arrache-pied pour sauver la boîte », fulmine Cathy. Contactée par StreetPress, la société de Michel Ohayon n’a pas répondu à nos questions. Elle lutte néanmoins pour faire renvoyer l’affaire. Une situation éprouvante pour les ouvrières. Mais Cathy, pleine de détermination, ne compte rien laisser passer :

« Même si ça dure 15 ans, je serai toujours présente. Et si nous perdons, nous lui aurons au moins fait payer les frais d’avocats. »

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Les anciennes ouvrières ont engagé plusieurs recours aux Prud’hommes pour licenciement abusif. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix

Les prénoms ont été modifiés.

Illustration de Une de Timothée Moreau.

Brillez dans l'interaction avec les clients en intégrant l'IA générative : 3 conseils efficaces

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Brillez dans l’interaction avec les clients en intégrant l’IA générative : 3 conseils efficaces

Intégrez l’IA générative pour personnaliser vos interactions, anticiper les désirs des clients et devancer vos compétiteurs.

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J’ai débuté dans la vente avec un téléphone et les Pages Jaunes, chargé de vendre des modems à des avocats. N’ayant reçu aucune formation ni script de vente, je répétais invariablement le même discours gênant à chaque appel. Les refus perpétuels ont rapidement alimenté mon découragement. J’ai donc fini par penser que le métier de vendeur n’était pas fait pour moi. Je n’avais pas réalisé une chose primordiale : l’importance d’ajuster mon discours à chaque interlocuteur.

Ce n’est que bien plus tard que j’ai saisi l’importance de la personnalisation. Chaque client est unique et des outils tels que le profilage DISC nous enseignent à peaufiner nos approches. Aujourd’hui, l’IA générative élève cette personnalisation à un autre niveau. Elle rend ces pratiques plus accessibles et automatisées.

Personnalisez vos interactions grâce à l’IA

La personnalisation des interactions est un fondement crucial pour établir des relations solides avec vos clients. Des outils d’IA comme Crystal Knows scrutent les profils LinkedIn et vous indiquent le type de communication à privilégier.

Par exemple, si l’outil détecte qu’un client préfère une approche directe, vous saurez qu’il faut éviter les présentations trop longues. Ces informations vous permettent de construire une communication sur-mesure. Cela augmente l’efficacité des interactions et favorise une connexion plus profonde avec vos interlocuteurs.

L’IA ne remplace pas votre rôle, mais elle vous procure un avantage considérable en vous offrant des insights précieux en amont. Imaginez entrer dans une réunion de présentation en connaissant à l’avance le style de communication favori de votre prospect. Vous pourrez instaurer la confiance immédiatement et mieux répondre à ses attentes. Dans un marché concurrentiel, cette aptitude à personnaliser vos échanges peut être déterminante pour réussir une vente ou passer à côté d’une opportunité.

IA générative et clientIA générative et client

Exploitez l’IA pour scruter les avis clients

Les retours clients constituent une source d’informations inestimable, mais les examiner manuellement peut rapidement devenir une lourde tâche. Avec des outils tels que ChatGPT ou Claude, vous pouvez automatiser cette analyse en insérant vos avis dans l’outil. L’IA détecte rapidement les forces et les axes d’amélioration. Par exemple, si vos clients apprécient votre rapidité mais pointent du doigt votre maîtrise du marché, vous saurez précisément sur quel point concentrer vos efforts.

Vous avez également la possibilité de scruter les avis de vos concurrents avec cette même méthode. Cela vous donnera l’occasion d’identifier de nouvelles opportunités de distinction. En comparant les retours sur vos services avec ceux de la concurrence, vous obtiendrez une vision plus claire des attentes du marché. Ces informations pratiques vous aideront à affiner vos stratégies et à offrir une expérience client de haut niveau. De cette manière, vous augmenterez rapidement votre compétitivité.

Automatisez les réponses via des assistants IA

Automatiser certaines interactions permet de gagner du temps et d’améliorer la qualité du service client. Des assistants IA tels que Lucy, conçue par Curious Thing, prennent les appels en votre absence et proposent plusieurs alternatives : laisser un message, fournir un e-mail, ou obtenir immédiatement des réponses à des questions fréquentes.

Cependant, l’IA ne se limite pas à des tâches simples. Par exemple, Lucy peut fournir des renseignements détaillés sur un produit ou proposer de planifier un rendez-vous. En automatisant ces tâches répétitives, vous libérez du temps pour vous consacrer à des interactions plus précieuses, telles que la négociation ou la conclusion de ventes majeures. Cette agilité accrue améliore aussi la perception de votre entreprise comme innovante et à l’écoute de ses clients.

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Ces trois astuces illustrent comment l’IA générative peut révolutionner la gestion de l’engagement client. En mettant l’accent sur la personnalisation des échanges, l’analyse efficace des avis et l’automatisation des réponses, vous perfectionnez vos processus tout en offrant un service supérieur à vos clients. L’adoption de ces technologies vous permettra non seulement de rester concurrentiel, mais aussi de vous distinguer dans un contexte de plus en plus exigeant.

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Vote RN : la conclusion de la citadelle éducative

ECONOMIE

Vote RN : la conclusion de la citadelle éducative

Les élections semblent remonter à une époque lointaine, et le résultat du scrutin est presque oublié, tant la vie politique paraît immuable. Cependant, il est essentiel de se pencher sur un phénomène qui mérite notre attention. Plus de 20 % des enseignants auraient opté pour le rassemblement national (RN) lors des dernières élections. Pourquoi cet électorat, habituellement de gauche, paraît-il également en train de changer de cap ?

Selon les études menées par le politologue Luc Rouban, alors que la moitié des enseignants continuent de voter à gauche, près d’un enseignant sur cinq glisserait aujourd’hui un bulletin d’extrême droite dans l’urne.

Ce chiffre de 20 % est globalement équivalent à celui observé lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2022. En revanche, en 2012, le RN, désigné alors sous le nom de Front national, ne recueillait que 3 % des intentions de vote des enseignants.

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Encore plus à gauche que les autres fonctionnaires

Luc Rouban a néanmoins souligné que « le vote des enseignants dans le secteur public demeure toujours plus à gauche que celui des autres agents de la fonction publique ». Pour lui, ce chiffre de 20 % d’enseignants ayant voté pour des candidats de la droite radicale « paraît faible comparé aux 47 % que rassemble cette droite auprès des policiers et militaires. » Cependant, « cela témoigne d’un changement majeur dans le milieu enseignant, qui, jusqu’à présent, était considéré comme un bastion de résistance contre l’extrême droite ».

Une partie significative des enseignants de droite a désormais basculé vers le RN. De plus, il existe également une convergence : les enseignants commencent à adopter des comportements de plus en plus similaires au reste de la population. Bien que le vote pour le RN ne soit plus aussi tabou qu’auparavant, il reste encore discret dans les salles des professeurs.

Le chercheur Benjamin Chevalier, étudiant les enseignants affiliés au RN, met en lumière les stratégies de « gestion du stigmate », qui poussent souvent à s’éloigner des espaces de sociabilité que représentent les salles des profs. Cependant, les choses évoluent et les préférences politiques deviennent de plus en plus visibles. Quelles sont donc les motivations derrière cette droitisation (relative) du corps enseignant ? Qu’est-ce qui, dans le discours du RN, pourrait séduire les enseignants ?

Le discours du FN, longtemps anti-fonctionnaires, a évolué sous le RN, qui présente les enseignants comme des victimes d’un système et d’un excès de réformes. La question de la violence est également mise en avant, soutenue par les médias.

Dans son programme pour les législatives, Jordan Bardella évoquait le « dévouement des enseignants victimes d’une bureaucratie invasive et souvent lâche face aux agressions dont ils souffrent », en proposant leur revalorisation et la « restauration de l’excellence ». Ce discours pourrait séduire un milieu enseignant où le sentiment d’abandon côtoie la dépolitisation et une confusion grandissante.

Érosion de la culture commune

Les enseignants forment-ils toujours un « bastion de gauche » ? En 2021, l’Observatoire de l’éducation de la Fondation Jean-Jaurès, en partenariat avec l’Ifop, a souhaité dresser un portrait des enseignants. L’étude réalisée par Jérôme Fourquet dépeignait « une population culturellement moins homogène et électoralement plus variée ».

L’expression, souvent employée, de « forteresse enseignante » montre ainsi ses limites et ne reflète pas la réalité d’un groupe qui n’a jamais été homogène. Comme évoqué, il existe toujours eu des enseignants de droite, voire d’extrême droite, mais auparavant, ils étaient peu visibles et leur voix inaudible en raison de la culture dominante et du contrôle social en salle des profs.

L’homogénéité n’était qu’apparente. La « matrice enseignante » (Jérôme Fourquet) est remise en question et n’arrive plus à garantir une culture commune. La sociologue Géraldine Farges évoque même les « mondes enseignants ».

Ce qui structurait cette supposée « forteresse » (déjà bien fragilisée) est en train de disparaître. Le triptyque FEN-MGEN-Maif, c’est du passé ! Autrement dit, les instances de socialisation secondaire ne font plus leur office, ou beaucoup moins efficacement.

En premier lieu, les voies d’entrée dans le métier se diversifient. Le parcours par l’école normale, devenue ensuite IUFM/Espé/Inspé, ne va plus de soi. Complètement tourné vers la préparation aux concours, le parcours de formation a perdu sa fonction socialisatrice.

Par ailleurs, la part des emplois précaires (« vacataires », contractuels et autres termes désignant ces postes) s’élève désormais à près de 25 % des emplois actuels. Cela risque de s’aggraver. Quelle identité professionnelle peuvent-ils se construire ? On sait que la précarité et le déclassement sont deux éléments marquants du vote RN.

Il convient également de noter qu’une part importante des enseignants ont exercé une activité professionnelle avant d’intégrer l’Éducation nationale, et qu’ils ont déjà forgé une identité, des normes et des valeurs qui ne seront pas fondamentalement modifiées par leur intégration dans le monde enseignant.

Bien que le taux de syndicalisation des enseignants demeure relativement élevé par rapport à la moyenne générale, cela peut parfois se révéler illusoire. Actuellement, 30 % d’entre eux sont syndiqués (contre 7 % dans la population active), mais ce chiffre était de 45 % dans les années 1990. De plus, la syndicalisation ne signifie pas nécessairement engagement. Les raisons d’adhérer à un syndicat sont souvent utilitaires et liées à la gestion des mutations. Le syndicat joue un rôle socialisateur moindre qu’auparavant, surtout auprès de personnes ayant des statuts et des revendications variés.

Des conditions de vie hétérogènes

L’endogamie parmi les enseignants (le fait de s’unir avec quelqu’un du même groupe social) a diminué dans le premier degré, alors qu’elle s’accroît dans le second, où elle concerne un quart des couples. Néanmoins, cette baisse cache principalement la forte féminisation du corps enseignant.

Or, la socialisation politique est influencée par le milieu social du partenaire, et les conditions de vie peuvent varier considérablement chez les enseignants. Entre une professeure à la tête d’une famille monoparentale et celle qui partage la vie d’un cadre supérieur, le niveau de vie, tout comme les normes et valeurs, diffèrent grandement.

Le rapport au travail n’est pas le même. J’ai souvent évoqué combien le terme « vocation » devrait être écarté, tant pour ce qu’il implique que parce qu’il ne reflète plus la réalité de l’entrée et de la carrière dans ce métier. La profession n’est plus forcément perçue comme une longue traversée qui façonne toute une existence.

Évidemment, on ne choisit pas ce métier « par hasard », il existe nécessairement des valeurs qui lui sont associées. Toutefois, la notion de « vocation » – ou ce que l’on pourrait appeler le « sens du service public » ou « l’intérêt des enfants » – n’est plus une justification pour supporter le poids de l’autorité, la détérioration des conditions de travail et un déclassement connexe largement documenté.

De ce fait, les opinions politiques des enseignants deviennent de plus en plus sensibles aux idées conservatrices et même réactionnaires, surtout qu’elles les renvoient à une époque idéalisée où l’école fonctionnait (mais pour quels élèves ?) et où leur profession était respectée.

Pour mieux appréhender le conservatisme enseignant, il convient de rappeler que les enseignants sont souvent d’anciens « bons élèves » (et de moins en moins issus des classes populaires, malgré quelques « exceptions »). Pourquoi souhaiter changer un système qui vous a permis de « réussir » et qui vous a conféré un statut ?

« Si j’y suis parvenu avec du dévouement, pourquoi d’autres n’y arriveraient-ils pas ? C’est une question de volonté ! », « Il y en a qui sont “talentueux” et d’autres non. Il faut sélectionner en fonction du mérite » : ce sont des déclarations que l’on peut entendre en salle des profs. Elles peuvent paraître banales, mais elles méconnaissent les enseignements de la sociologie de l’éducation et constituent les bases du maintien d’un ordre inégalitaire.

C’est sur ce terreau de la détérioration des conditions de travail et d’une culture commune en déclin que s’épanouit un vote enseignant qui, à l’instar du reste de la société, devient de plus en plus réceptif aux idées réactionnaires et d’extrême droite.

Le vote RN des enseignants ne doit donc pas être uniquement évalué par une perspective morale. Il doit également être perçu comme un indicateur de l’état actuel du système éducatif et de ses personnels.