Se balader dans un jeu-vidéo et prendre des photos
Alors qu’une grande partie du monde regarde encore d’un œil lointain un virus qui se diffuse vitesse grand V à travers la Chine, le photographe et cinéaste suisse Pascal Greco prépare un périple en Islande. Au début de cette année 2020, Greco planifie son troisième voyage dans le pays insulaire pour saisir sur papier glacé l’architecture singulière de l’île. Puis, en quelques semaines tout s’écroule, le monde se retrouve confiné entre quatre murs. Pour palier l’ennui, Greco profite d’une sortie au MediaMarkt (l’équivalent de la Fnac en Suisse) du coin pour acheter une PlayStation 4 accompagné d’un jeu, Death Stranding d’Hideo Kojima. « Dès la démo au début du jeu, je me dis “Mais c’est l’Islande ça !” », se rappelle Greco en observant les paysages qui composent le jeu. « Je retrouvais le même sable noir, les mêmes roches, la même mousse, les mêmes cours d’eau, les mêmes chutes. » Dans ce jeu, où on incarne l’équivalent d’un livreur, le parallèle avec la période Covid est troublant, où les « essential workers » sont mis dans la lumière. Pris par le jeu, et n’ayant de toute façon pas grand chose d’autre à faire, Greco continue de se balader dans ce paysage fictif – censé représenter les immensités américaines après un cataclysme – qui lui rappelle tant sa destination de voyage avortée. « Puis, à un moment, j’ai ripé sur la manette et j’ai enclenché le mode photo du jeu sans faire exprès. » Curieux, Greco commence à fouiller les modalités de ce nouveau mode qui permet de figer le jeu et de prendre des photos. « En plus, il y avait une fonction Polaroid, format avec lequel je photographie en règle générale. » Le voilà lancé dans un voyage photographique dans une Islande fantasmée, où Greco balade son curseur sur les pavés de basaltes, sur la mousse, les dégagements de…