Les journalistes correspondants : Tintin au pays de la désillusion
Ils vous informent un micro à la main dans des zones de conflit, vous racontent une catastrophe naturelle à la radio ou une élection présidentielle dans un article. Eux, ce sont les correspondants, les vrais Tintin du journalisme. Sauf que contrairement à Tintin qui, avouons-le, ne fait pas grand-chose et n’est jamais harcelé par ses rédacteurs en chefs, les correspondants ne vivent pas d’aventures et d’eau fraiche. Ils sont de plus en plus nombreux à faire le choix de partir à l’étranger. S’envoler vers un autre pays, c’est se mettre en danger dans l’espoir de trouver mieux qu’en France. Alors que les perspectives ne sont pas forcément très réjouissantes pour les journalistes dans l’Hexagone, les correspondants qui réussissent peuvent gravir les échelons beaucoup plus rapidement. Travailler pour de grands médias, faire du terrain, des reportages et ce depuis l’étranger en fait rêver plus d’un. Mais une fois sur place, le rêve peut vite se transformer en cauchemar. Non-respect du droit du travail, absence de cotisations et de fiches de paie ou encore pressions exercées par les médias pour faire jouer la concurrence… Si tout ne se résume pas à la précarité, le quotidien de correspondant peut vite s’avérer usant. En France, la loi Cressard permet de protéger les journalistes et garantit même aux pigistes le statut de salarié. Pour les Français qui ne résident pas en France, cette loi ne s’applique malheureusement pas. Dernièrement, de nombreux médias jouent sur le fait que la loi Cressard ne s’applique pas à leurs correspondants pour les licencier sans justification ni indemnité et les payer autrement qu’en salaire. Les deux tiers des correspondants gagnent au mieux le Smic, tous revenus confondus. Alors qu’ils s’attendaient à cette précarité, la plupart se retrouvent à présent en insécurité en matière de droits sociaux, mis sous pression et…