L’étrange passion de Giorgia Meloni pour le « Seigneur des anneaux »
L’Italie vient d’élire le parti d’extrême droite Frères d’Italie à la tête de son futur gouvernement. Sa leadeuse charismatique, Giorgia Meloni, est une jeune politicienne qui a redynamisé les messages du mouvement conservateur, en empruntant souvent à des sources plutôt inattendues. L’un des auteurs qu’elle aime citer – souvent – n’est autre que le romancier fantastique J. R. R. Tolkien, qui a écrit la saga du Seigneur des anneaux entre 1937 et 1949. Sa fascination pour ces livres peut sembler bizarre, mais Tolkien est une icône de l’extrême droite italienne depuis 50 ans. Tout a commencé dans les années 70, avec la publication de la traduction italienne du Seigneur des anneaux. La préface de cette première édition a été écrite par Elémire Zolla, expert en histoire des religions et de l’ésotérisme et philosophe de grande influence au sein de la droite italienne. Selon Zolla, le roman doit être compris comme un hymne à la tradition, au christianisme et à la pureté. Cette interprétation a apparemment été confirmée par Tolkien lui-même, qui a décrit son livre comme une « œuvre fondamentalement religieuse et catholique » dans une lettre adressée au prêtre jésuite et ami proche Robert Murray. Selon cette interprétation, Frodon pourrait être considéré comme une figure christique dont la pureté ultime de l’âme lui permet de se sacrifier pour détruire le mal absolu (l’anneau) pour le bien de l’humanité. L’histoire des hobbits et de leurs alliés protégeant une patrie idyllique contre les hordes d’envahisseurs orcs a été adoptée comme métaphore de la lutte contre l’immigration de masse. L’arrivée du livre en Italie a coïncidé avec une profonde crise identitaire dans les milieux d’extrême droite du pays. Le Front de la jeunesse italienne, un mouvement de jeunes d’extrême droite, s’éloignait de plus en plus de son parti affilié, le Mouvement social italien…