Gilles Garnier, dernier loup-garou français
« Dans les territoires d’Espagny, Salvange, Courchapon, et les villages voisins, a souvent été vu et rencontré, pendant un certain temps passé, un loup-garou, qui, dit-on a déjà saisi et emporté plusieurs petits enfants, afin qu’ils n’ont pas été revus depuis ». C’est en ces termes que la Cour de parlement de Dole officialise solennellement le 13 septembre 1573 la présence dans la région d’un lycanthrope. Tous ceux désireux de « prévenir danger plus grand » et « en dépit de tous les décrets concernant la chasse, à piques, hallebardes, arquebuses et bâtons » sont autorisés à poursuivre la créature « dans chaque endroit où ils peuvent trouver ou saisir lui, à nouer et à tuer, sans encourir de peines ou sanctions. » À l’époque, la France croit encore aux monstres, à la sorcellerie et au Diable. L’hypothèse qu’un homme puisse se changer en loup pour commettre des crimes est loin d’être la plus farfelue. On en retrouve même la trace chez les auteurs anciens, comme Hérodote et Pline, ou dans un poème médical rédigé par Marcellus de Side, chirurgien grec du premier siècle après J-C, dans lequel il soutient que la lycanthropie est un dérèglement des « humeurs » et une manifestation d’un état mélancolique. Jean-Marc Mauriceau, grand historien de la ruralité, explique que la « lycanthrophobie » atteint son pinacle après la publication en 1486 du Malleus Maleficarum, ouvrage écrit par deux inquisiteurs allemands qui finit de ranger définitivement le loup-garou dans la famille des serviteurs de Satan sur terre. « Pendant les troubles religieux et politiques du XVIe siècle, la présence de bêtes extraordinaires qui sèment la terreur, est récurrente (…) la croyance populaire qu’un homme est susceptible de se transformer en loup s’amplifie lors de la grande chasse aux sorcières. Des centaines de prétendus loups-garous montent sur le bûcher. » Quelques décennies avant que le Parlement de Dole ne…