Le quotidien d’un journaliste à Gaza
Cette interview a été réalisée le 23 octobre, avant que les bombardements israéliens ne perturbent les connexions téléphoniques et Internet. Bâtiments effondrés, décombres, visages désespérés et sacs mortuaires. « La vie quotidienne ici est effrayante et difficile », lance Hamza Chalan, 27 ans, photographe, cinéaste et journaliste basé à Gaza. « Je peux pas vraiment décrire ce qui se passe, mais le mot “désastre” est celui qui résume le mieux la situation. » Hamza rapporte quotidiennement ce qu’il voit sur le terrain. Le monde extérieur dépend surtout des reporters locaux et des journalistes civil·es pour sa couverture de Gaza, vu que les organes de presse ne sont pas autorisés à envoyer des correspondant·es sur le territoire. Il y a deux semaines, Reuters et l’AFP ont reçu une lettre des Forces de défense israéliennes (l’IDF) après leur demande de ne pas prendre pour cible leurs journalistes à Gaza lors des frappes aériennes et des opérations militaires. Cette lettre de réponse de l’IDF indiquait qu’elle ne pouvait pas garantir la sécurité des journalistes qui travaillent dans la bande de Gaza, tant que le Hamas mène délibérément ses activités « à proximité des journalistes et des civil·es ». Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), au 5 novembre, au moins 36 journalistes (31 Palestinien·nes, quatre Israéliens et un Libanais) ont été tué·es depuis l’escalade de la crise le 7 octobre. J’ai pris contact avec Hamza pour lui demander comment il travaillait dans ces conditions. Pour être honnête, je ne m’attendais pas vraiment à une réponse – je n’étais probablement pas la seule à avoir essayé de le contacter. Deux heures plus tard, j’ai reçu une réponse : « Salut, pas de problème. Ce serait bien si tu pouvais m’appeler, parce que j’ai pas Internet là. » J’ai immédiatement essayé d’appeler Hamza,…