La piraterie moderne existe mais personne n’en parle
Un matin de novembre, le MV Cheung Son, un cargo reliant Shanghai à Port Klang en Malaisie, a été attaqué par une bande de pirates. Les 23 membres de l’équipage ont été pris au dépourvu par leurs agresseurs. En quelques minutes, ils ont perdu le contrôle du navire et ont été enfermés dans la cale. Après avoir fouillé le MV Cheung Son à la recherche d’objets de valeur, les pirates ont ordonné aux marins de sortir sur le pont. Un rapport publié dans The Guardian en août 2000 suggère que « leurs corps ont été lestés, ligotés et bâillonnés, puis jetés par-dessus bord ». Ni le navire ni sa cargaison n’ont été retrouvés. « On soupçonne qu’on lui a donné une nouvelle identité, avec la complicité de fonctionnaires corrompus », indique le rapport. Voici une histoire de piraterie qui n’implique ni boucaniers, ni cache-œil, ni jambes de bois. Le détournement, ou le piratage du navire si vous préférez, a eu lieu en 1998 et constitue l’un des premiers incidents de piraterie moderne enregistrés en mer de Chine méridionale. Il s’agit d’une version contemporaine d’un crime que l’humanité commet depuis l’époque où les Grecs régnaient sur les vagues. La vision du pirate dans la culture populaire ne ressemble en rien à la réalité contemporaine. Pas de Jack Sparrow qui navigue à travers les sept mers à la recherche d’un trésor enfoui en se gargarisant de rhum et en beuglant « AHOY THERE » à intervalles réguliers. La piraterie ne relève pas de la fiction et n’appartient certainement pas au passé. Une étude publiée par le Bureau maritime international de la CCI au début de l’année 2021 a révélé que 195 incidents de ce type ont été signalés au centre de signalement des actes de piraterie de l’IMB. La majorité d’entre eux ont eu lieu dans le golfe…