Les écueils de l'indépendance au travail, ainsi que trois autres recommandations de lecture

ECONOMIE

Les écueils de l’indépendance au travail, ainsi que trois autres recommandations de lecture

Chaque samedi, Alternatives Economiques vous propose une sélection de livres essentiels à découvrir. Cette semaine, nous mettons en avant : Salariés, libres… et heureux, par Pascal Lokiec ; Les ressorts dissimulés du vote RN, par Luc Rouban ; Résister, par Salomé Saqué ; et Les classes sociales en France, par Gérard Mauger.

1/ « Salariés, libres… et heureux », par Pascal Lokiec

De nombreuses études le révèlent, les travailleurs aspirent à plus d’autonomie dans leur environnement professionnel. Plusieurs recherches mettent en lumière l’importance de satisfaire cette aspiration, bénéfique pour les individus, les entreprises et la société dans son ensemble. Cependant, attention aux illusions, met en garde Pascal Lokiec, expert en droit social et enseignant à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Par exemple, la notion d’entreprise libérée. Chaque individu devrait pouvoir organiser son travail et ses périodes de congé selon ses propres souhaits. De prime abord, on pourrait croire qu’il n’y a pas mieux en termes d’autonomie ! Sauf que cela se traduit souvent par une préférence pour « la flexibilité des règles du jeu plutôt que la rigueur des lois » ! Pourquoi se soucier des droits du travail lorsque chacun peut s’organiser à sa guise ? Le droit du travail et les syndicats deviennent alors des « rigidités » superflues.

Cependant, le dirigeant oublie qu’il reste légalement responsable si ses employés dépassent les heures de travail légales sans compensation. Le fait que les travailleurs acceptent des rythmes effrénés ne tient pas sur le plan juridique. En réalité, pour que cela fonctionne pour tous, il est nécessaire d’avoir une confiance absolue entre tous les membres de la société, sans rapport de force, et un intérêt commun partagé. L’oiseau rare.

Les employés peuvent également se voir accorder formellement davantage d’autonomie, mais avec des conditions peu attrayantes. Par exemple, une surveillance accrue. Sanofi a intégré des puces dans les porte-badges pour surveiller chaque mouvement des employés. Les déplacements des chauffeurs et des livreurs sont minutieusement surveillés, mais bien sûr, uniquement pour des raisons d’efficacité, et si on enregistre les échanges entre les employés et les clients, c’est seulement pour améliorer la qualité de la communication. La promesse d’autonomie se transforme en un renforcement du contrôle disciplinaire exercé par l’employeur.

Une autre contrepartie peut être la mise en place d’objectifs ambitieux, voire très exigeants, dont l’atteinte peut conditionner la rémunération. L’utilisation de l’intelligence artificielle permet d’ailleurs d’aller assez loin à ce sujet : elle peut être employée pour définir les objectifs, superviser le travail et recommander des sanctions en cas de manquements. Toutes ces pratiques de fausse autonomie se reflètent dans les statistiques de la santé au travail, entre fatigue physique et détresse mentale. La performance individuelle devient la pierre angulaire du « bon travail », encouragée par des activités de team building, la ludification (es-tu capable d’atteindre la vitesse d’un jeu vidéo ?), le tout sous l’obligation d’un bonheur au travail orchestré par le chief happiness officer

Pour réconcilier salariat et autonomie, pourquoi ne pas créer un cadre légal d’autonomie, propose le professeur de droit ? Le salarié établit ses conditions de travail, l’employeur peut refuser, à condition de motiver sa décision. Cela pourrait par exemple bénéficier à ceux désireux d’une semaine de quatre jours. Plus largement, les salariés devraient avoir voix au chapitre dans les décisions de l’entreprise et gagner plus de place au sein des conseils d’administration. Un livre enrichissant et très clair sur un sujet crucial.


Christian Chavagneux

Salariés, libres… et heureux ? La vérité sur l’autonomie au travail, par Pascal Lokiec, Odile Jacob, 2024, 217 p., 20,90 €.

2/ « Les ressorts dissimulés du vote RN », par Luc Rouban

La compréhension de la montée de l’extrême droite, en France et ailleurs, est un processus complexe. En réponse à l’excellente étude ethnographique de Félicien Faury, le politologue Luc Rouban propose une analyse fondée sur des enquêtes d’opinion, notamment à travers le Baromètre de la confiance politique de Sciences Po.

Bien que l’on ne doive pas nécessairement suivre toutes ses interprétations, comme celle qui déclare désuète l’analyse en termes de classes, ses chiffres offrent une multitude de leçons précieuses, parfois inattendues ou contraire aux idées reçues. Par exemple, cet électorat rejette la valorisation excessive des diplômes, tandis que l’insécurité, le souverainisme ou la demande d’autorité ne le différencient pas réellement.

L’auteur souligne aussi l’importance de distinguer deux formes de libéralisme économique : le premier, « budgétaire », qui prône la réduction des dépenses publiques, et le second, « entrepreneurial », qui appelle à une plus grande confiance dans le marché. Alors que le premier est généralement rejeté, le second connaît un soutien particulier parmi l’électorat du RN, un point que la gauche devrait impérativement considérer.

Igor Martinache

Les ressorts dissimulés du vote RN, par Luc Rouban, Les Presses de Sciences Po, 2024, 192 p., 14 €

3/ « Résister », par Salomé Saqué

La journaliste Salomé Saqué propose un ouvrage réconfortant contre l’extrême droite. Elle débute en évoquant l’histoire du Front national (FN), affirmant que le Rassemblement national (RN) n’a pas réellement rompu avec son prédécesseur. Elle rappelle notamment qu’en 2017, Marine Le Pen avait refusé de reconnaître la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv. Propos racistes, antisémites et théories du complot sont listés, avant de souligner que le parti ne vote quasi jamais en faveur de textes destinés à protéger les personnes LGBTQIA+ au niveau européen.

Enfin, elle évoque l’augmentation des violences d’extrême droite (Oslo en 2011, Pittsburgh en 2019, etc.). Son manifeste vise à contrecarrer la stratégie de dédiabolisation et de banalisation adoptée par Marine Le Pen au sein du RN. Après ce constat, elle propose ses pistes de résistance, citant l’exemple wallon où les médias se sont engagés à ne pas offrir de plateforme aux partis défendant des idées racistes ou discriminatoires. Elle souligne l’importance de défendre l’audiovisuel public en France, actuellement sous la menace du RN.


Naïri Nahapétian

Résister, par Salomé Saqué, Payot, 2024, 144 p., 5 €

4/ « Les classes sociales en France », par Gérard Mauger

Tandis que certains croient avoir mis fin à l’analyse des classes sociales, celles-ci font un retour en force dans le paysage. Plusieurs mobilisations récentes, à commencer par celle des gilets jaunes, ont souligné leur présence persistante. Voilà pourquoi il est pertinent de tenter de les dessiner dans la France contemporaine en s’appuyant sur des statistiques et des recherches existantes. C’est la mission que s’est donnée le sociologue Gérard Mauger dans ce petit ouvrage au titre en clin d’œil à Marx, que l’on aurait tort de réserver uniquement aux étudiants.

L’auteur aborde ainsi les enjeux théoriques liés aux classes sociales, même s’il survole quelque peu les débats contemporains. Il examine ensuite les tensions entre différentes formes de classement (scientifiques, ordinaires et administratifs), avant de définir les contours de ce qu’il appelle la bourgeoisie, la petite bourgeoisie et les classes populaires actuelles en France. Une synthèse précieuse tout en contribuant au débat public.


Igor Martinache

Les classes sociales en France, par Gérard Mauger, Coll. Repères, La Découverte, 2024, 123 p., 11 €.

Le cinéma du Média #8. Justice pour Clint

MEDIA

Le cinéma du Média #8. Justice pour Clint

Il n’est pas encore confirmé si Juré n° 2 marquera la fin de la carrière de réalisateur de Clint Eastwood. Les nouvelles à ce sujet restent floues et pourraient changer. En revanche, il est avéré qu’Eastwood a célébré son 94e anniversaire au printemps, qu’il s’agit de son quarantième film en tant que réalisateur, que Warner l’a distribué de manière chaotique, que c’est un succès modeste mais indéniable, et que le type de récit dépeint dans Juré n° 2, basé sur un scénario complexe de Jonathan Abrams, est familier au maître américain. C’est moins une histoire qu’une série de questions. Que s’est-il réellement passé ? Peut-on vraiment le savoir ? Y a-t-il eu quelque chose de tangible ?Ces questions hantent l’acteur et réalisateur depuis environ trente ans. Et durant cette période, sa réponse a très peu varié, même si sa tonalité devient progressivement plus sombre : non, il est impossible de savoir ce qui s’est produit. Peut-être qu’un jour, nous l’aurons su. Mais pour l’instant, il semble que ce ne soit pas le cas, et nous risquons d’en savoir encore moins demain. La raison en est simple, bien que les résultats soient plus complexes : le film débute alors que tout a déjà eu lieu ; il est narré après les faits ; et ce retour en arrière est une arène où diverses versions s’affrontent sans parvenir à un consensus. La vérité existe, assurément, mais elle reste insaisissable ; et de toute façon, il est probable que cette vérité soit moins importante que les tentatives de la s’approprier. Le point de vue est tout, dans les sens cinématographique, narratif et moral du terme.Considérons Sur la route de Madison (1995) : la ménagère de l’Iowa (Meryl Streep), dans ses lettres et son journal, déclare que les quelques jours passés avec le photographe (Clint Eastwood) sont les plus heureux…

CULTURE

Barbès Blues : Histoire de l’immigration Maghrébine à Paris

Hajer Ben Boubaker est une chercheuse indépendante et documentariste, reconnue pour ses travaux primés par l’UNESCO. En septembre, elle a publié son premier livre, intitulé “Barbès Blues – Une histoire de l’immigration Maghrébine à Paris”. Cet ouvrage se penche sur l’histoire des immigrés maghrébins à Paris, de leur arrivée au début du XXe siècle jusqu’à la fin des années 1980, tout en explorant les rues de la capitale. Dans une interview, elle a évoqué l’impact culturel de cette immigration, son attachement au quartier de Barbès, la fermeture du célèbre Tati, symbole du lieu, et les transformations profondes de la ville de Paris.

Hajer Ben Boubaker a expliqué comment elle est passée d’une étude sur la musique à une exploration sociologique de l’immigration maghrébine. Après avoir travaillé sur l’histoire et la diffusion des musiques arabes en France, elle a constaté des interactions avec la sociologie quotidienne de cette communauté. Ses recherches à l’échelle locale l’ont amenée à créer une cartographie plus complète de Barbès, et elle a pu élargir son étude grâce à un documentaire réalisé pour France Culture sur le Mouvement des Travailleurs Arabes, qui a mis en lumière les luttes pour les droits des immigrés.

Pour la collecte des témoignages, elle a exploré une grande diversité de sources, allant des archives policières aux archives militantes, en passant par les musiques et les archives sonores de l’INA. Sa démarche a été riche et minutieuse, impliquant des années de recherche pour retrouver des militants et les convaincre de partager leur expérience.

Dans “Barbès Blues”, l’auteure fait preuve d’une grande capacité à mélanger les genres littéraires, créant une narration qui, bien que fondée sur des faits vérifiés, témoigne également d’une dimension romanesque. Elle a tenu à préserver les voix des personnes interviewées, en leur laissant la liberté de s’exprimer sans correction, ce qui illustre leur authenticité et leur vécu.

En discutant des cafés, elle souligne leur importance pour les immigrés maghrébins, évoquant comment certains ouvriers ont pu acheter et gérer des cafés, souvent en reprenant ceux laissés par des Auvergnats. Des Kabyles ont eu un rôle significatif dans la gestion de ces établissements, transmettant ce savoir à leurs enfants.

Hajer Ben Boubaker note que le paysage parisien a drastiquement changé au fil du temps, et même si elle reconnaît qu’il n’est pas forcément négatif que les quartiers soient moins prolétaires qu’auparavant, elle critique la spéculation immobilière qui a chassé les personnes moins favorisées de la ville. Paris, autrefois un bastion ouvrier, est désormais devenue une ville de plus en plus chère et bourgeoise.

Elle choisit d’intituler son livre “Barbès Blues” car ce quartier est intimement associé à la communauté maghrébine, qui s’y est fortement implantée sur les plans commercial, politique et culturel. Barbès est reconnu bien au-delà de ses frontières, et cet ouvrage lui rend hommage.

Enfin, concernant le Tati de Barbès, elle évoque son rôle historique dans la mémoire collective des immigrés et sa signification dans le cadre des responsabilités familiales, tout en notant une baisse de fréquentation de cet établissement face à l’augmentation des prix et à la réduction des offres disponibles.

La Hongrie invite Netanyahu à visiter alors que les dirigeants mondiaux se divisent sur le mandat d'arrêt de la CPI

ACTUALITÉS

La Hongrie invite Netanyahu à visiter alors que les dirigeants mondiaux se divisent sur le mandat d’arrêt de la...

Viktor Orbán déclare qu’il n’appliquera pas la décision de la CPI exigeant que les membres de la cour arrêtent le Premier ministre israélien s’il entre dans leur paysCrise au Moyen-Orient – mises à jour en directPolitique britannique en direct – dernières mises à jourLe Premier ministre illibéral de Hongrie, Viktor Orbán, a déclaré qu’il inviterait son homologue israélien, Benjamin Netanyahu, à visiter en défiance d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, alors que les dirigeants mondiaux se divisent sur la décision capitale de la CPI.La plus haute cour pénale du monde a émis jeudi des mandats contre Netanyahu, son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et le commandant du Hamas Ibrahim al-Masri, communément appelé Mohammed Deif, qui est supposé être mort, pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité présumés. Continue reading…

Pourquoi l'accord de libre-échange avec le Mercosur suscite tant de divisions au sein de l'Union européenne

ECONOMIE

Pourquoi l’accord de libre-échange avec le Mercosur suscite tant de divisions au sein de l’Union...

Face à la pression constante exercée par les agriculteurs mobilisés contre l’accord entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (union regroupant le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie), l’exécutif français, opposé de longue date à ce traité mais relativement discret au niveau européen, s’efforce maintenant de rallier des alliés pour contrer le texte.

Ce dernier, qui éliminerait presque entièrement les droits de douane sur les échanges commerciaux entre les deux blocs, représenterait l’accord de libre-échange le plus ambitieux jamais signé par l’UE. Mais comment en est-on arrivé là, à cette situation qui reflète des divisions profondes parmi les membres de l’Union ?

Les négociations commerciales entre l’UE et le Mercosur, amorcées en 1999, se sont conclues en juin 2019 par l’annonce d’un accord de principe. Toutefois, depuis l’été 2019, marqué par une série d’incendies frappant l’Amazonie, plusieurs pays, dont la France, ont exprimé une opposition ou d’importantes réserves, notamment en raison des préoccupations environnementales et sanitaires attendues, ainsi que des implications pour les agriculteurs européens.

Depuis cinq ans, l’UE semble hésiter quant au sort de cet accord tout en évitant de rouvrir les discussions sur son contenu. Bruxelles évoque désormais une possible finalisation des débats pour la fin de l’année 2024. Deux échéances avaient été envisagées par les partisans pour cette annonce : le sommet du G20 à Brasilia (Brésil), les 18 et 19 novembre, ou celui des Etats du Mercosur, du 5 au 7 décembre à Montevideo (Uruguay).

Cependant, les récentes discussions peinent à aboutir, donnant lieu à un regain de mobilisation au sein du monde agricole en France, accentué par les rivalités entre syndicats de producteurs à quelques semaines des élections dans les chambres d’agriculture prévues pour janvier 2025.

Quels sont les points encore débattus ?

Depuis juin 2019, le contenu du texte n’a que peu changé, et cela uniquement à la marge sur les marchés publics, l’ouverture de ces derniers ayant suscité des réticences côté brésilien.

Pour apaiser les Etats membres de l’UE, la Commission a proposé, comme pour le CETA (accord entre l’UE et le Canada), d’intégrer un instrument visant à réaffirmer l’engagement des parties à mettre en œuvre les éléments non contraignants du chapitre consacré au commerce et au développement durable. Les discussions se poursuivent concernant cet instrument, dont la version consolidée reste confidentielle.

Des experts mandatés par le gouvernement français avaient toutefois alerté sur les enjeux climatiques et de biodiversité liés au texte, envisageant une aggravation potentielle de la déforestation à un rythme de 5 à 25 % par an durant les six premières années d’application, et ce pour le seul secteur de la viande bovine.

L’adoption en 2023 d’un règlement européen sur la déforestation importée visait à limiter ce risque. Mais, sans surprise, les pays du Mercosur, comme d’autres partenaires commerciaux de l’UE concernés, ont exercé des pressions pour dissuader celle-ci de mettre en place ce règlement.

Un report d’un an minimum dans son application a déjà été suggéré par la Commission européenne. Par ailleurs, la droite et l’extrême droite se sont coalisées au Parlement européen pour tenter de démanteler une partie de ce dispositif, dont l’avenir reste incertain. L’UE semble également avoir modifié sa stratégie vis-à-vis des dirigeants politiques climatosceptiques.

La finalisation de l’accord avait été suspendue en juin 2019, en partie parce que l’UE semblait unanime sur le refus d’accorder des avantages commerciaux au Brésil sous la présidence de Jair Bolsonaro, période où la déforestation avait atteint des sommets historiques.

Bruxelles avait repris les discussions politiques après le retour au pouvoir de Lula. Mais la situation actuelle, marquée par l’élection de Javier Milei en Argentine, ne suscite pas le même émoi. Le président argentin ne cache pourtant pas son intention de se retirer prochainement de l’accord de Paris, à l’instar des États-Unis.

Les Etats peuvent-ils encore s’opposer à la ratification ?

Etant donné que l’accord englobe un volet commercial et un autre plus politique et coopératif, il requiert en principe une ratification unanime des Etats au Conseil, une approbation par le Parlement européen, ainsi que par tous les Etats membres selon leurs processus nationaux.

Néanmoins, face aux embûches rencontrées avec le CETA (appliqué provisoirement depuis 2017 mais toujours pas entièrement ratifié), la Commission européenne a décidé depuis 2016 de scinder les accords, évitant ainsi le droit de veto des Etats membres et l’interférence des Parlements nationaux.

Le volet commercial, par conséquent, pourrait être activé par le biais d’un accord intérimaire ratifié à la majorité qualifiée (au moins quinze Etats membres représentant 65 % de la population totale de l’UE) au Conseil et par le Parlement européen. Bien qu’une majorité d’eurodéputés s’opposaient au texte en 2020, la recomposition du Parlement après les élections de juin semble favoriser cet accord.

Ainsi, un rejet hypothétique de l’accord global dans un Etat membre n’affecterait pas la partie commerciale. Ce schéma a déjà été appliqué pour l’accord avec le Chili, approuvé par le Conseil en mars 2024. Cependant, les Etats membres avaient convenu en 2018 que cette méthode resterait exceptionnelle, et avaient insisté pour que l’accord avec le Mercosur demeure mixte.

En théorie, chaque Etat membre conserve donc son droit de veto. En cas de forcing de la Commission, une minorité de blocage (au moins quatre Etats représentants 35 % de la population de l’UE) pourrait freiner la ratification.

Quels sont les rapports de force au sein de l’UE ?

En septembre, onze Etats ont adressé une lettre à la présidente de la Commission, l’invitant à trouver un compromis politique. Parmi eux figurent l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, la Suède, le Danemark, la Finlande, la Croatie, l’Estonie, la Lettonie, le Luxembourg et la République tchèque.

Pour l’Allemagne, confrontée à une crise industrielle majeure, cet accord revêt une importance particulière pour des secteurs comme l’automobile, la chimie et la machinerie. L’Espagne et le Portugal, quant à eux, misent sur leurs affinités culturelles et linguistiques avec l’Amérique du Sud pour renforcer leurs liens économiques.

De leur côté, les pays d’Europe du Nord, fervents défenseurs du libre-échange, considèrent cet accord comme un test de la crédibilité de l’UE à conclure des partenariats commerciaux. Ils soulignent également l’enjeu géopolitique : diversifier les sources d’approvisionnement européennes tout en contrant l’influence grandissante de la Chine en Amérique latine.

Malgré cela, ce groupe d’Etats ne dispose pas encore d’une majorité qualifiée. La France s’efforce (bien que tardivement) de constituer une minorité de blocage. Les Pays-Bas, l’Autriche, la Belgique, l’Irlande, l’Italie et la Pologne ont également exprimé leurs inquiétudes, notamment concernant l’agriculture. D’autres pays restent indécis.

En France, le rejet de l’accord avec le Mercosur fait l’objet d’un consensus transpartisan : agriculteurs, ONG, syndicats de travailleurs et associations de consommateurs y sont opposés, tout comme plus de 600 parlementaires français de tout bord politique.

Si ce refus ne résout pas directement la crise agricole actuelle, il incarne néanmoins le flou persistant de l’UE concernant l’avenir de sa politique agricole et alimentaire.

Deux visions concurrentes émergent, entre le modèle proposé par le Green Deal européen et celui des accords commerciaux, avec un enjeu clé : offrir des perspectives pour la nouvelle génération d’agriculteurs, appelée à remplacer la moitié des exploitants qui prendront leur retraite d’ici 2030.

La chanteuse malienne Rokia Traoré sera extradée d'Italie vers la Belgique

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La chanteuse malienne Rokia Traoré sera extradée d’Italie vers la Belgique

La plus haute cour d’Italie a rejeté l’appel de la musicienne après son arrestation à Rome en juin dans le cadre d’un différend international concernant la garde d’un enfant.La musicienne malienne Rokia Traoré, arrêtée à Rome en juin dernier dans le cadre d’un différend international concernant la garde d’un enfant, sera remise à la Belgique dans les prochains jours après que la plus haute cour d’Italie a rejeté son appel, a déclaré son avocat mercredi.Traoré, 50 ans, qui est également ambassadrice de bonne volonté pour l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a été arrêtée le 20 juin à l’aéroport de Fiumicino à Rome en vertu d’un mandat d’arrêt européen. Elle avait auparavant été condamnée à deux ans de prison en Belgique en octobre 2023 en lien avec la garde de sa fille. Un tribunal belge avait ordonné qu’elle remette sa fille de neuf ans au père de l’enfant, Jan Goossens, qui est de nationalité belge. Continue reading…

Merkel : J'ai pris Trump pour « quelqu'un de complètement normal »

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Le mémoire de l’ancienne chancelière allemande évoque le penchant du président américain pour les tyrans et sa fascination apparente pour PoutineLe premier erreur d’Angela Merkel avec Donald Trump, dit-elle dans son très attendu nouveau mémoire, a été de le traiter comme s’il était “complètement normal”, mais elle a rapidement découvert sa nature “émotionnelle” et son penchant pour les autoritaires et les tyrans.Dans des extraits de son ouvrage de plus de 700 pages, Liberté, publiés dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit, l’ancienne chancelière allemande raconte qu’elle a initialement mal interprété Trump lors de leur première rencontre en 2017 dans le bureau ovale, où il a tenté de l’humilier en refusant de lui serrer la main devant les caméras. Continue reading…

Florent Pagny parle de son lien étroit avec sa femme Azucena

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Florent Pagny parle de son lien étroit avec sa femme Azucena

Florent Pagny semble avoir trouvé sa compagne idéale. Le chanteur de Savoir aimer a évoqué sa relation avec Azucena Caamaño, qu’il a commencée à fréquenter au début des années 1990. Ils sont parents de deux enfants, Inca, 28 ans, et Ael, 25 ans, et leur union a perduré grâce, selon l’artiste, à leur parfaite harmonie.

« Avec Azu, j’ai eu la chance de rencontrer quelqu’un qui me correspond sur tous les aspects. Je pense que nous sommes partis pour un long chemin ensemble », a indiqué Florent Pagny lors d’un entretien avec Marc Lavoine pour Paris Match. Après plus de 18 ans de mariage, le chanteur demeure follement amoureux : « Quand je la contemple, je me rends compte qu’elle représente un fantasme. Elle est si belle, elle a un petit côté prétentieux et une allure presque masculine. »

« C’est l’amour incarné »

Ces traits font de son épouse la figure autoritaire de leur famille, selon ses dires. « C’est elle qui commande. Et moi, en tant qu’esthète, cela crée une véritable synergie entre nous, nous sommes un couple karmique et fusionnel », a-t-il partagé. Le couple partage sa vie entre la France, les États-Unis et la Patagonie, en Amérique du Sud, qu’ils ont rapidement adoptée comme leur maison.

Récemment, leur fille, Ael, a également pris la parole sur ses parents à l’occasion de la publication de son livre de photos dédié à son père, Pagny par Ael. La photographe, qui y documente la carrière et le récent combat de son père contre le cancer, a récemment décrit dans Le Parisien son père comme « franc, attentif et présent » pour ses enfants, tout en leur permettant de « vivre (leur) vie ».

Peu après, lors de sa participation à Quelle époque !, la jeune femme a commenté la belle relation de ses parents. « Je les trouve adorables, ils ne se quittent jamais. Ils forment vraiment une équipe, ils sont très unis. C’est vrai que c’est un exemple », a-t-elle admis. « C’est l’amour incarné ! »

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À la rentrée, Nora Nidam, syndicaliste Force ouvrière (FO), s’est engagée dans une quête singulière. Celle de nouveaux collègues de la Caisse primaire d’assurance-maladie de Paris, jamais présentés officiellement, mais dont les noms figuraient dans certains dossiers d’assuré·es.

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