HERAULT NEWS
La journée mondiale de la lutte contre le virus du sida se tient ce 1er décembre. Des associations organisent différentes animations de sensibilisation à Montpellier. “Tout le monde peut être touché, quel que soit l’âge”, indique Franck Marcé, le responsable Occitanie de Sida Info Service. “Dès lors qu’on a une activité sexuelle, en particulier des rapports avec plusieurs partenaires, on est exposé à un risque de transmission à tout âge”. France Bleu Hérault : À plus de 50 ans, est-on plus à l’abri des infections sexuellement transmissibles ?Franck Marcé : Les jeunes sont effectivement concernés, mais chacun peut l’être, quelle que soit sa tranche d’âge. S’imaginer que “j’ai plus de 50 ans donc cela ne me concerne pas ou moins” est erroné. On observe clairement aujourd’hui des diagnostics d’infections sexuellement transmissibles chez les plus de 50 ans, sachant que l’on reste sexuellement actif de plus en plus longtemps. C’est ce que révèle récemment l’étude sur la sexualité des Français. C’est plutôt une bonne nouvelle, mais cela implique aussi de se protéger contre les risques. Il y a des personnes de 50 ans qui ont vécu en couple, 15 ou 20 ans, qui se séparent, mais n’arrivent pas à retrouver les réflexes de protection et de dépistage qu’elles avaient peut-être à 20 ans.Une enquête sur la sexualité réalisée en 2006 indique que 90 % des femmes de plus de 50 ans en couple affirment avoir une vie sexuelle. Elles n’étaient que 50 % en 1970.Dans le domaine de la santé publique, on évoque la santé sexuelle. Celle-ci fait partie d’un équilibre de vie, d’un bien-être psychologique et relationnel. Par conséquent, maintenir une santé sexuelle en vieillissant est un indicateur de bonne santé et est souvent associé à une épanouissement et du plaisir, ainsi qu’à des relations enrichissantes. De nouvelles données publiées cette année montrent qu’en réalité, la sexualité en France, c’est moins, mais mieux. Les individus déclarent peut-être moins d’activité sexuelle qu’auparavant, mais, globalement, la proportion d’hommes et de femmes se disant très satisfaits de leur sexualité a considérablement augmenté par rapport aux résultats de l’enquête précédente.Toutefois, un sondage IFOP de 2022 indique que moins d’un quart des 50-79 ans affirment avoir utilisé un préservatif au cours des douze derniers mois, contre 63 % chez les jeunes. Les plus âgés sont-ils des élèves indisciplinés ?Ils n’ont pas les mêmes réflexes. On suppose que le dépistage concerne principalement les plus jeunes, qui sont souvent perçus comme “à risque”. C’est une erreur, une fois qu’on a une activité sexuelle, en particulier avec plusieurs partenaires, on court un risque de transmission à tout âge. Ainsi, le conseil que l’on peut donner à toutes les tranches d’âge est de se rappeler qu’il existe des préservatifs, des moyens de dépistage et des traitements.En ce qui concerne le dépistage du VIH pour la tranche d’âge des plus de 50 ans, où en sommes-nous ?Concrètement, le VIH affecte aussi et surtout les personnes de plus de 50 ans. Actuellement, la moitié des individus séropositifs en France ont plus de 50 ans. Dans moins d’une décennie, la moitié d’entre eux auront plus de 60 ans, ce qui est plutôt positif. Cela signifie que nous vivons plus vieux, même avec le VIH. Nous survivons, et nous ne mourons pas, ou beaucoup moins qu’auparavant. En revanche, il existe une prévalence des infections sexuellement transmissibles et du VIH chez les plus de 50 ans : soit parce que l’on contracte le virus après 50 ans, ce qui est possible, soit parce qu’on a négligé de passer des tests ou qu’on a arrêté d’en faire. Il arrive parfois que certains découvrent tard qu’ils sont porteurs du virus, ce qui est préoccupant. Plus on est informé tôt après la contamination, plus la prise en charge de l’infection est efficace.Est-il vrai qu’il y a une certaine honte à en parler après 50 ans ?Discuter de sa sexualité peut être délicat, on a souvent l’impression d’être jugé. L’idée que toute sexualité active pourrait être perçue comme déviante ou qu’à un certain âge, on devrait être “rangé des voitures” est courante. Cependant, il est tout à fait normal d’avoir une vie sexuelle quel que soit son âge. De plus, il existe des professionnels de santé totalement capables d’aborder ces sujets. La sexualité après 50 ans peut se compliquer car le corps fonctionne différemment. Je pense qu’il n’y a vraiment aucune honte à avoir.Il est donc crucial de toujours se protéger ?Protégez-vous, faites-vous vacciner et dépistez-vous régulièrement. Le téléphone est un outil précieux à cet égard. Les gens peuvent d’abord appeler un numéro vert gratuit et parler avec un professionnel. Pas de face-à-face, l’anonymat est respecté. Cela offre un cadre plus confortable pour aborder des questions liées à la sexualité avant d’en discuter dans un centre de dépistage ou avec son médecin.
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