Une nouvelle résistance à la police, les forces de l'ordre tirent à nouveau à Béziers sur un conducteur imprudent.

HERAULT NEWS

Une nouvelle résistance à la police, les forces de l’ordre tirent à nouveau à Béziers sur un conducteur...

Un conducteur de 24 ans a été arrêté ce samedi 9 novembre 2024 à Villeneuve-lès-Béziers, alors qu’il venait de se diriger intentionnellement vers des policiers, dans la zone de la Méridienne. Une patrouille intervenait, à la suite d’une concentration importante de véhicules. Il n’est pas rare que des “runs” y soient organisés. Une course nocturne se déroulant dans l’illégalité.

À son arrivée sur les lieux, les forces de l’ordre cherchent à appréhender les contrevenants. Certains conducteurs se montrent coopératifs, mais l’un d’eux, en état d’ébriété, choisit de fuir peu avant une heure du matin. Cet homme, venant de Bessan, se précipite alors délibérément vers un agent de police qui était sorti de son véhicule pour effectuer un contrôle.

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Se sentant menacé, l’agent de police sort son arme et fait feu une fois sur le véhicule, touchant un des pneus avant et stoppant ainsi son avancée. Fort heureusement, aucune blessure n’est à déplorer. Dans sa fuite, le conducteur heurte une voiture de police. Ce acte imprévisible aurait pu entraîner des conséquences désastreuses.

Depuis un certain temps, le syndicat Unité SGP Police FO signale une augmentation des refus d’obtempérer. Son représentant dans le Biterrois, Fabrice Aebi, demande une plus grande sévérité. “Si les policiers utilisent leur arme comme cela a été le cas le week-end dernier, c’est que le niveau de violence s’accroît face à des individus inactifs, prêts à courir tous les risques pour se soustraire à la justice.”

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Mise en danger d’autrui

Le jeune homme, qui avait consommé de l’alcool, sera jugé en comparution immédiate ce mercredi 13 novembre devant le tribunal judiciaire de Béziers. Il est inculpé pour refus d’obtempérer avec mise en danger intentionnelle d’un policier, dégradation d’un véhicule de police, récidive de conduite en état d’ivresse et défaut d’assurance.

Le conducteur a été placé en détention provisoire par le juge des libertés de la détention à l’issue de sa garde à vue le 11 novembre.

C’est la seconde fois qu’un policier utilise son arme en se sentant en danger. “Mon parquet continuera à montrer une grande sévérité envers de tels conducteurs dangereux et irresponsables” souligne Raphaël Balland, le Procureur de la République de Béziers.

Le 28 septembre 2024, un policier du commissariat de Béziers, se croyant en légitime défense après une course-poursuite risquée, avait également tiré dans le quartier de la Devèze. Le conducteur a été condamné à quatre ans de prison ferme.

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70 refus d’obtempérer enregistrés chaque jour en France

D’après les données de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, plus de 770.000 conducteurs circulent sans permis en France. Un chiffre très impressionnant, d’autant plus qu’il ne cesse d’augmenter depuis dix ans. En outre, le nombre de conducteurs sans assurance a grimpé de 202% depuis 2017, avec 240.000 cas de défaut d’assurance en 2023. Les jeunes de 18 à 25 ans sont les plus concernés.

Entre 2016 et 2023, les services de sécurité ont constaté 25.700 délits de refus d’obtempérer routiers en moyenne chaque année. Ceux-ci ont légèrement diminué sur cette période (-5%), avec une hausse entre 2016 et 2021, suivie d’une baisse entre 2021 et 2023. Près d’un refus d’obtempérer routier sur cinq est un délit aggravé, qui, dans neuf cas sur dix, met en danger d’autres usagers de la route. La proportion de ces délits aggravés est passée de 16% en 2016 à 21% en 2023.

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L'échec prévisible de la politique anti-drogue de Bruno Retailleau

ECONOMIE

L’échec prévisible de la politique anti-drogue de Bruno Retailleau

En cas d’échec, il ne faut surtout pas se remettre en cause. C’est l’attitude téméraire du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, concernant la lutte contre le trafic de drogue. Ou plutôt contre la drogue, car il semble faire peu de distinction.

Après plusieurs règlements de comptes et faits de violence mortels liés au narcotrafic, le ministre a annoncé un « plan d’action » qui intensifie la politique répressive de la France concernant les stupéfiants.

Lors de son déplacement à Marseille le 8 novembre, Bruno Retailleau a déclaré son intention de mettre en place des « interdictions de paraître » pour les dealeurs dans les zones où ils opèrent et souhaite leur couper leurs aides sociales.

Il désire également « donner au préfet le pouvoir de fermer des établissements de blanchiment » d’argent lié à la drogue. Et, comme si cela ne suffisait pas, « il faut que le délinquant qui trafique puisse être expulsé de son logement », a insisté l’ancien sénateur de droite.

La série des propositions, énoncée aux côtés du ministre de la Justice Didier Migaud, paraît tout aussi longue qu’incantatoire. En ce milieu de novembre, il est difficile de savoir ce qui pourra être concrétisé et ce qui relève de la communication politique destinée aux médias. Une partie de ces suggestions devrait figurer dans un projet de loi qui sera soumis au Parlement au début de l’année 2025.

Avant Bruno Retailleau, Gérald Darmanin avait mené une « guerre contre la drogue » (ses propres mots) sans relâche, à travers des « actions coups de poing », suivies d’opérations « place nette », qui sont devenues « place nette XXL », en avril 2024.

Ces opérations mobilisent des dizaines de policiers et d’agents de la police judiciaire pendant des heures, voire des jours. Pourtant, avec des résultats plutôt maigres au regard des ressources allouées : quelques kilos de drogue, des milliers d’euros en cash, et parfois quelques armes à feu.

« Ces opérations médiatiques s’inscrivent dans une logique à court terme, au détriment de la lutte contre les réseaux de narcotrafic élaborés qui nécessitent des mois d’investigation », dénonce Nelly Bertrand, secrétaire générale du Syndicat de la magistrature.

Le coût de la répression augmente…

En poursuivant l’œuvre de son prédécesseur, Bruno Retailleau continue une surenchère sécuritaire qui pèse sur les finances publiques sans engendrer les effets positifs attendus, à savoir la baisse des trafics et de la consommation.

Ainsi, depuis 2009, le budget annuel consacré à la répression des utilisateurs et des trafiquants de drogue est passé d’un demi-milliard à près de 2 milliards d’euros en 2024, d’après l’annexe du projet de loi de finances (PLF) dédiée à la politique antidrogue.

« Cependant, les crédits accordés aux forces de l’ordre [mentionnés dans les annexes du PLF, NDLR] sont généralement en coût moyen et souvent évalués de manière approximative. Ils n’intègrent pas l’ensemble de l’activité policière dédiée aux stupéfiants », analyse Yann Bisiou, maître de conférences en droit privé à l’université de Montpellier, et expert des politiques publiques relatives aux drogues.

De plus, ce montant n’inclut pas « les primes ni les indemnités spécifiques, pour les interventions nocturnes par exemple », ce qui signifie que la politique de répression coûte, selon lui, bien au-delà de 2 milliards d’euros à l’État.

Ces ressources conséquentes financent une législation d’exception, avec des méthodes d’enquête très intrusives, par exemple en utilisant, pour intercepter les communications téléphoniques, des dispositifs puissants tels que les IMSI-catchers, souvent accusés de porter atteinte à la vie privée.

L’introduction de l’amende forfaitaire délictuelle en septembre 2020 a provoqué une explosion du nombre de personnes mises en cause pour usage de stupéfiants à partir de l’année suivante.

« Cela revient à sanctionner environ un joint sur 2 500,  a calculé Yann Bisiou, qui rappelle que la majorité des amendes concernent les consommateurs de cannabis. Ainsi, il n’y a pas de dimension pédagogique, le fumeur ressent de l’injustice en constatant que d’autres ont pu consommer sans être pénalisés. »

Dans cette quête de résultats, le taux de recouvrement des amendes forfaitaires est peu reluisant. Seules 35 % sont réglées, a reconnu Emmanuel Macron, président de la République, en juin 2023. Qu’en a déduit Bruno Retailleau ? Qu’il fallait accroître leur délivrance et alourdir les sanctions contre les consommateurs.

… la consommation aussi

Le futur projet de loi viendrait s’ajouter à une déjà longue liste de textes antidrogue. Yann Bisiou a compté pas moins de 21 lois et ordonnances adoptées sur ce sujet depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017.

« Cette inflation législative, qui sert principalement à la communication gouvernementale, est souvent contre-productive. Chaque nouvelle loi exige un temps d’adaptation et, par conséquent, renforce l’engorgement des tribunaux », signale Nelly Bertrand, du Syndicat de la magistrature.

En outre, la surenchère répressive n’a pas occasionné de baisse significative de la consommation. La France figure systématiquement parmi les pays européens les plus consommateurs de cannabis, quels que soient les critères utilisés.

D’après les dernières informations de l’EMCDDA (Centre européen de surveillance des drogues et de la toxicomanie), la France présente la plus forte prévalence de consommation de marijuana en Europe durant l’année passée.

« L’objectif de la pénalisation des drogues est d’amenuiser, voire d’éliminer l’usage. Or, le chercheur Alex Stevens a démontré qu’il n’existe pas de corrélation entre le modèle politique choisi concernant la gestion des drogues (pénalisation, dépénalisation ou légalisation) et le taux de consommation », explique Marie Jauffret-Roustide, sociologue à l’Inserm.

Pour la directrice du programme Drogues, sciences sociales et sociétés de l’EHESS, « ce sont plutôt les facteurs culturels ou d’accessibilité qui jouent un rôle majeur ».

Ainsi, bien que nombreux soient les Français à consommer du cannabis, leur usage de cocaïne, de nouvelles substances psychoactives ou d’héroïne reste inférieur à celui du Royaume-Uni ou de certains pays scandinaves. Le niveau de consommation ne constitue donc pas un indicateur pertinent pour évaluer une politique de gestion des stupéfiants, estime Yann Bisiou :

« Les critères à considérer sont le prix et la qualité. Dans un marché illégal, plus un produit est pur, plus il est accessible : il n’est pas nécessaire de le couper. Cela s’applique également si le prix est bas. »

Les données du ministère de l’Intérieur mettent justement en lumière que les principales drogues saisies (cannabis, cocaïne, amphétamine, héroïne) sont de plus en plus pures, à l’exception d’une seule, l’ecstasy, dont la teneur moyenne en principe actif diminue depuis 2015.

Parallèlement, leur prix au détail est demeuré stable depuis 2018, malgré l’inflation. Ce qui prouve que ces drogues sont de plus en plus accessibles et que les trafiquants n’éprouvent aucune difficulté à alimenter le marché.

Prohibition contre prévention

De surcroît, la politique de prohibition en France, qui pénalise principalement les consommateurs, est largement discriminatoire. Le Collectif pour une nouvelle politique des drogues (CNPD) souligne ainsi que les individus en situation de grande précarité ont 3,3 fois plus de chance d’être emprisonnés pour des infractions à la législation sur les stupéfiants.

Les jeunes hommes racisés sont surreprésentés parmi les individus incriminés pour infractions relatives aux stupéfiants, conséquence directe de la concentration des interpellations et des arrestations sur cette population, décalée par rapport à la répartition démographique des consommateurs, affirme le CNPD.

« Il y a une confusion entre la lutte contre la drogue et la lutte contre les consommateurs de drogues. La politique de prohibition stigmatise ces derniers, les éloigne des systèmes de soins et nuit à l’élaboration de programmes de prévention », déplore Catherine Delorme, présidente de Fédération Addiction, qui fait partie du CNPD.

La répression est particulièrement nuisible en prison. Selon les données du ministère de la Justice, plus de 13 % des détenus le sont pour des infractions liées aux stupéfiants, en faisant la troisième cause d’incarcération, après les violences et les vols. Pourtant, la prison est un lieu où la consommation de drogues est plus répandue qu’en milieu ouvert, en particulier le cannabis, comme le constatent de nombreuses études.

« S’il existe une tolérance dans beaucoup d’établissements pénitentiaires face à la consommation de drogues, pour maintenir un environnement carcéral calme, la répression limite les opportunités d’accompagnement en cas d’addiction et de politiques de réduction des risques. Les usagers préfèrent se cacher, conscients qu’ils s’exposent à des sanctions disciplinaires ou pénales », décrit Prune Missoffe, responsable des analyses de la section française de l’Organisation internationale des prisons.

« Une politique efficace sur les drogues doit pouvoir prévenir les usages parmi les populations les plus vulnérables, notamment les jeunes, et réduire les risques pour ceux qui consomment déjà », estime Marie Jauffret-Roustide. Pour y parvenir, il est primordial d’investir financièrement dans des programmes de prévention, de soin et de réduction des risques.

« En revanche, dans les pays où la consommation de drogues est pénalisée, les initiatives de prévention et de soin sont moins efficaces. Les consommateurs se sentent plus stigmatisés et moins légitimes pour en parler ou demander de l’aide », souligne la sociologue.

Constatant cette réalité, le Collectif pour une nouvelle politique des drogues a appelé en novembre 2023 à la dépénalisation de la consommation. « Une première réponse nécessaire, urgente et simple, écrit le CNPD, sans préjuger d’autres débats, comme celui sur la légalisation du cannabis ».

A l’heure où la dépénalisation est soutenue même par le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, les gouvernements macronistes persistent dans une politique ultra-répressive, qui rappelle les années 1970 et l’échec. Malheureusement pour les victimes du narcotrafic, la position idéologique du nouvel exécutif est vouée à produire les mêmes résultats.

Cet article est une version mise à jour du premier article de notre série publiée en juillet 2024 « Face à la drogue, la France coincée dans ses contradictions ».

Au tribunal, le jugement de la fraternité policière

CULTURE

Au tribunal, le jugement de la fraternité policière

Paris, Cour de justice, 29 octobre 2024 – Lors d’un procès pour violences policières, il est inhabituel qu’un représentant légal d’un agent décide de blâmer l’ensemble du service dans sa défense. Pourtant, maître Grégory Hania a choisi cette approche en milieu d’après-midi : « Tous ont vu, tous auraient pu être poursuivis pour non-assistance à personne en danger. » Ce « tous », c’est notamment son client Clément B., ancien chef de poste du commissariat des 5e et 6e arrondissements de Paris, assis sur le banc des accusés pour avoir ignoré les faits et ensuite menti pour couvrir les agissements de ses collègues Maxime D. et Matthieu D. Ces derniers, en garde à vue, ont asséné des coups violents à Mario (1), un homme péruvien d’une quarantaine d’années, dans la nuit du 24 juillet 2024, juste avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, sous le regard d’autres policiers et des caméras de surveillance.

Les enregistrements, dévoilés par Libération, retracent une nuit marquée par des agressions et des humiliations successives. L’homme, sous l’emprise de l’alcool et arrêté pour outrage à gendarmes, est giflé dès son arrivée au commissariat par Maxime D. pour un prétendu manque de rapidité à remettre un objet personnel. Dans la salle de fouille, ce même policier utilise une matraque télescopique pour le frapper avant de lui infliger un coup de clef pendant son envoi en cellule, provoquant une importante blessure à l’arcade. Les violences atteignent un paroxysme avec Matthieu D., qui, pendant que Mario, le bras fracturé, attend son transfert à l’hôpital, le frappe à répétition. Face à cette nuit où il a cru mourir, la victime est allée jusqu’à écrire avec son propre sang « à l’aide » en espagnol sur le sol de sa cellule, signant son prénom dans l’espoir que quelqu’un chercherait à comprendre ce qui s’était passé.

Des « sourires complices » et des « jeux de ping-pong » tout proche

Aujourd’hui encore, des plaisanteries circulaient entre anciens collègues. Mais face aux vidéos diffusées à grande échelle au-dessus des juges, les trois accusés baissent les yeux. À chaque gifle retransmise, un silence assourdissant emplit la salle. Un mélange de désarroi et de révolte se propage devant l’inaction totale de la plupart des autres agents présents.

Ces violences, qualifiées de « stupéfiantes » par le procureur, se sont déroulées en partie au centre même du commissariat. « Devant tous, sans la moindre opposition, avec des sourires complices et des jeux de ping-pong à côté », s’indigne-t-il. Pourtant, parmi l’ensemble des fonctionnaires présents lors des faits, seul Clément B. est poursuivi pour non-assistance à personne en danger, qui, en tant que chef de poste, est accusé de ne pas être intervenu pour protéger le détenu. Le juge questionne :

« Vous ne vous êtes pas dit : “Il faut protéger Mario, stop et l’isoler ?” »

À la barre, vêtu d’un col roulé, l’homme évoque un « état de sidération », affirmant avoir été « choqué » par les coups de matraque dans la salle de fouille. Cependant, une autre vidéo, filmée après ces violences, montre Clément B. arborant un sourire complice, comme les autres policiers. « Un mécanisme pour évacuer la tension », tente-t-il d’expliquer sous le regard perplexe du président. Un autre policier présent lors des événements a avoué qu’il ne savait « pas réagir, alors [il a] rigolé avec [ses] collègues ». Un autre encore a admis qu’il aurait dû intervenir :

« J’ai vu mes collègues rester immobiles. Il n’y avait aucune raison pour que Matthieu le frappe. »

Jugé aussi dans cette session pour un autre incident, Maxime D. prétend que ses actions étaient justifiées. Selon lui, la gifle était une réaction à une insulte supposée de Mario. Concernant le coup de clef, il explique que c’était pour l’empêcher de « quitter sa cellule ». Quant aux coups de matraque ayant causé la fracture, il indique que Mario s’était levé de manière « provocante ». « Ce n’était pas : “Ah, je vais me défouler sur lui aujourd’hui” », ironise-t-il. Vêtu d’élégance mais visiblement sous pression, Matthieu D. s’excuse de « s’être laissé emporter ». Son avocat Jérôme Andrei renvoie cependant la faute au groupe, déclarant que ses collègues n’ont rien fait pour « le stopper ou l’aider ». « Ils l’ont laissé s’enfoncer », plaide-t-il.

Pas un agent n’a pourtant averti la hiérarchie des événements. C’est Mario, depuis son lit d’hôpital, qui informe un cadre des violences subies. Devant le tribunal, le procureur fustige :

« C’est comme ces trois singes : “Je n’ai rien vu, rien capté, rien dit.” »

Une accusation contre la victime

Inversant les rôles, Maxime D. dépose une plainte accusant Mario de tentative de « coup de tête » et comportement indécent, sans mentionner les coups de matraque infligés précédemment. Clément B. et un autre policier appuient son récit. Cependant, un troisième policier, pris de remords, les dénonce et accuse Maxime D. d’avoir voulu « masquer la vérité ». Cette plainte mensongère conduit les agents à être également jugés pour dénonciation calomnieuse, une qualification « très rare », d’après le procureur, soulignant la suppression de messages compromettants entre les trois policiers.

Grégory Hania, défenseur de Clément B. et fervent soutien des forces de l’ordre, décrit les commissariats comme « des écosystèmes isolés ». « Il est difficile de s’opposer à un collègue. Vous exposez tout le monde, y compris vous-même », explique-t-il. Quelques instants plus tard, il critique cependant le policier dénonciateur pour son absence à l’audience – celui-ci ayant déjà opté pour une procédure de plaider-coupable.

Durant sa plaidoirie, Julie Fragonas, l’avocate de Mario, dénonce avec véhémence un « système » et le corporatisme au sein de la police. « Sauver la face passe par le rire », condamne-t-elle. Sa consœur Juliette Chapelle appuie : « C’est une banalité pour eux, un autre jour, une autre personne subissant la même chose ». Elle affirme que ces violences ne sont ni nouvelles ni isolées. Les avocates rappellent enfin que Mario, conseillé par son psychiatre, n’a pas pu se présenter à l’audience. Outre les 30 jours d’ITT, Mario souffre encore de séquelles physiques et psychologiques lourdes.

Pour répondre à ces actes, le procureur a requis des peines de sursis : 24 et 30 mois pour Maxime D. et Matthieu D. avec interdiction permanente d’exercer. Concernant Clément B., il a proposé 12 mois avec sursis et six mois d’interdiction temporaire. Quant aux autres policiers impliqués en périphérie, aucune poursuite n’a été engagée. Le verdict sera rendu le 15 janvier 2025.

(1) Mario est un prénom d’emprunt utilisé par Libération pour préserver l’anonymat de la victime. Nous suivons cette démarche.

Illustration réalisée par Vincent Victor pour la Une.

La limite de vitesse fixée à 30 km/h dans l'intégralité du village de Loupian, situé dans l'Hérault

HERAULT NEWS

La limite de vitesse fixée à 30 km/h dans l’intégralité du village de Loupian, situé dans l’Hérault

En conduisant à Loupian, n’oubliez pas de ralentir ! Dès ce lundi 4 novembre 2024, l’ensemble du village héraultais sera soumis à une limite de 30 km/h. Choix du maire, cela fait quatre ans que ce projet est en cours. C’est une initiative pour diminuer les accidents et les nuisances sonores, surtout près de la D158 qui traverse la localité. Mais qu’en pensent les résidents ? Nous sommes allés le leur demander ce samedi 2 novembre.

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“Certains traversent le village comme des fous !”

Dans un des PMU de Loupian, seul ce sujet occupe les esprits. “Chouchou, tu as entendu que la vitesse dans tout le village est limitée à 30 km/h ?” interroge la gérante à une de ses clientes. “Non, mais ils ont totalement raison !”  réplique Danielle, une retraitée qui vit ici depuis toujours. Les voitures roulent trop vite dans notre commune : certains traversent le village comme des dingues alors qu’il y a une école et des personnes âgées. Un jour, je marchais sur le trottoir, et j’ai eu l’impression qu’une voiture allait me renverser alors que je restais sur le trottoir. Certains sont prudents et nous laissent passer, mais d’autres sont imprudents !”

D’ailleurs, Catherine a été témoin d’un accident. “Une personne à vélo a déjà été renversée, un homme, c’était rue des logis, je crois. Nous autres, piétons, avons peur quand nous devons traverser ! Ça roule vraiment vite. Limiter la vitesse à 30 km/h, ça va être bénéfique.”

Cela va également alléger la situation pour Enzo, qui tient dans ses bras sa fille, Valentina. “Regardez ma fille, elle est petite. Certains vont à toute allure et un jour, un enfant va se faire frapper, c’est inévitable. Il y a beaucoup d’enfants ici, ne vous y trompez pas, ainsi que de nombreuses personnes âgées. Un jour, quelqu’un sera percuté.”

Quand Danielle traverse la rue, certaines voitures arrivent parfois très vite
Quand Danielle traverse la rue, certaines voitures arrivent parfois très vite © Radio France
Léonie Cornet

Comment sanctionner efficacement ?

La plupart des habitants de Loupian que nous avons rencontrés ce samedi 2 novembre semblent soutenir la décision de limiter la vitesse à 30 km/h, néanmoins Claude reste sceptique. “C’est inutile, tant qu’il n’y a personne pour appliquer les sanctions, vous pouvez installer autant de panneaux que vous le désirez, ça ne suffira pas. Il faudrait que des agents de police s’en chargent et qu’ils soient rigoureux à ce sujet. Mais si c’est pour ne rien faire, ça ne sert à rien.”

Pascal Musenger, l’adjoint au maire de Loupian responsable de l’urbanisme et de la police, travaille sur ce dossier depuis quatre ans dans sa commune. “Pour être franc, je sais que les gens ne respecteront pas cette limitation, confie-t-il. La majorité de ceux qui sont conscients de la problématique vont en tenir compte, c’est déjà le cas. Mais j’ai peur que l’incivisme croissant en France ait également son impact ici. La seule solution qu’on envisage est la répression, mais dans un petit village comme le nôtre, nous n’avons pas les ressources pour avoir un radar. Nous n’avons qu’un seul agent de police municipal et il ne peut pas surveiller tout le monde. Si nous constatons qu’il y a toujours des personnes qui ne respectent pas, nous envisagerons des sanctions, car maintenant, malheureusement, c’est la seule chose qui fonctionne.”

Le coût total de la mise en place de la zone 30 s’élève à 1.000 euros pour la commune de Loupian.

Pascal Musenger, adjoint au maire de Loupian en charge de l'urbanisme et de la police
Pascal Musenger, adjoint au maire de Loupian en charge de l’urbanisme et de la police © Radio France
Léonie Cornet

Au Brésil, les meurtriers de Marielle Franco ont été jugés, en attendant les instigateurs.

INVESTIGATIONS

Au Brésil, les meurtriers de Marielle Franco ont été jugés, en attendant les instigateurs.

Rio de Janeiro (Brésil).– « La justice peut être parfois lente, insensée et inéquitable, cependant elle finit par triompher, même pour ceux, comme les prévenus, qui croient qu’ils échapperont toujours à la punition », ajoute la juge Lucia Glioche, en poursuivant : « Vous écopez de 78 ans et 9 mois de détention pour l’accusé Ronnie, et 59 ans et 8 mois pour l’accusé Elcio ».

Maroc - Chine - Aubervilliers : immersion dans la multinationale de la criminalité et des narcotiques

MEDIA

Maroc – Chine – Aubervilliers : immersion dans la multinationale de la criminalité et des narcotiques

Les cols blancs, en plein cœur du commerce de stupéfiants En France, le trafic de drogues génère près de trois milliards d’euros de revenus annuels et représente 0,1 point du produit intérieur brut. 240 000 individus dépendent directement ou indirectement de ce trafic de stupéfiants en France. C’est une multinationale du crime qui influence l’économie légale. Le trafic de stupéfiants est une activité illégale qui produit une immense quantité d’argent liquide, mais qui ne peut pas être réutilisée directement. Il est donc nécessaire d’accompagner ce trafic de dispositifs de blanchiment pour réintroduire ces fonds dans les circuits légaux, permettant ainsi aux trafiquants de s’enrichir vraiment et de consolider leur pouvoir. Alors que les inquiétudes grandissent en France sur l’influence de ces groupes criminels sur notre démocratie, une affaire judiciaire vient mettre en lumière ces mécanismes sophistiqués. Cette affaire a nécessité plus de cinq ans d’investigation, dix ans de poursuites judiciaires et l’intervention de plusieurs dizaines de policiers, gendarmes et magistrats spécialisés à travers toute la France, ainsi que des coopérations internationales avec plusieurs pays. Le 16 mai 2024, dix-neuf individus ont été condamnés pour le blanchiment de plusieurs millions d’euros en quelques mois. Une affaire représentative où tout un réseau s’est retrouvé sur le banc des accusés, des trafiquants aux cols blancs qui les enrichissent, sans qui rien ne serait possible. Bienvenue au cœur du blanchiment d’argent sale où trafiquants, commerçants et chefs d’entreprise convergent vers un seul et même objectif : la richesse.

Impunité des forces de l'ordre : l'avocat de Cédric Chouviat critique - Au sein de l'Assemblée : le RN échoue dans son objectif

MEDIA

Impunité des forces de l’ordre : l’avocat de Cédric Chouviat critique – Au sein de...

Nous sommes le jeudi 31 octobre, voici le programme de “Toujours Debout”, animé par Fabrice Wuimo : Le résumé de l’actualité du jour, préparé par Aude Cazorla. Puis, dans la première partie de l’émission, nous accueillerons Sofia Chouviat, la fille de Cédric Chouviat, ainsi que Vincent Brengarth, avocat au barreau de Paris. Il fait partie des trois avocats représentant la famille de Cédric Chouviat, décédé par asphyxie sous le poids de policiers, le 3 janvier 2020, lors d’un contrôle routier. Le mardi 29 octobre, le parquet de Paris a demandé un procès pour “homicide involontaire” à l’encontre de trois des quatre agents présents lors de l’arrestation. Une qualification légale contestée par la famille Chouviat qui continue de se battre pour faire reconnaître le caractère intentionnel de l’homicide. Dans la seconde partie de l’émission, nous aurons la rubrique “le fond de l’info”, avec Elsa Marcel, avocate et militante de Révolution permanente, ainsi que Mathieu Slama, essayiste et auteur de “Adieu la liberté”. Nous aborderons deux sujets : l’abrogation de la réforme des retraites qui devait théoriquement être au cœur de la niche parlementaire du Rassemblement national, mais qui a entraîné beaucoup de confusion ; ainsi que les expulsions d’étrangers considérées comme une « menace pour l’ordre public » que le RN souhaite faciliter, et le retour des “peines plancher”, que le RN inclut également dans son package parlementaire – cette fois-ci pour inciter la droite et certains membres de la Macronie à le rejoindre.