Scholz va diriger le SPD lors des élections anticipées en Allemagne après le retrait de Pistorius

ACTUALITÉS

Scholz va diriger le SPD lors des élections anticipées en Allemagne après le retrait de Pistorius

Le rival populaire du chancelier déclare qu’il n’est pas disponible pour se présenter, laissant Scholz comme le candidat par défautLe chancelier allemand, Olaf Scholz, sera nommé candidat pour diriger son parti social-démocrate (SPD) lors des élections générales de février après que son ministre de la Défense plus populaire, Boris Pistorius, s’est retiré de la course.Après des semaines d’appels à un changement en tête de liste, Pistorius a publié une vidéo jeudi dans laquelle il a déclaré qu’il n’était “pas disponible” pour se présenter comme porte-drapeau du SPD lors des élections anticipées déclenchées après que Scholz a limogé son ministre des Finances, Christian Lindner, faisant imploser la coalition au pouvoir vieille de trois ans. Continue reading…

Un précurseur de l'IA tire la sonnette d'alarme : l'humanité menacée ?

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Un précurseur de l’IA tire la sonnette d’alarme : l’humanité menacée ?

La puissance actuelle de l’IA, bien qu’impressionnante, présente des risques considérables. Les machines deviennent de plus en plus intelligentes, toutefois, l’AGI, ou Intelligence Artificielle Générale, n’est pas encore à notre portée. Pour Yoshua Bengio, professeur à l’Université de Montréal, si les choses continuent ainsi, les capacités cognitives des machines pourraient bientôt rivaliser avec les nôtres. Cela soulève la possibilité que l’IA se retourne contre nous.

Mais quelles en sont les implications pour la société ? Aujourd’hui, l’IA détient presque toutes les connaissances. Comme le renseignement confère le pouvoir, le contrôle par l’IA de ce pouvoir pourrait être encore plus préoccupant.

Quoi qu’il en soit, Bengio estime que le développement des machines alimentées par l’IA implique des investissements considérables. Très peu d’entreprises et de pays seront donc en mesure de le faire.

Ce qui entraîne une concentration de pouvoir à divers niveaux : économique, politique et militaire, entre autres.

Vidéo YouTube
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=IGmv-hQK-HI?feature=oembed&w=662&h=372]

« Il ne reste que 10 ans, il est impératif d’établir des garde-fous »

Selon Bengio, ces innovations technologiques pourraient devenir réalité dans quelques décennies.

Néanmoins, il souligne un risque majeur lié à une évolution accélérée de l’IA : le manque de protocoles garantissant la sécurité et la bienveillance de ces systèmes envers l’humanité.

« Actuellement, il est encore impossible d’assurer un tel contrôle », a-t-il précisé dans sa déclaration.

Ce pionnier de l’intelligence artificielle met également en garde sur les méthodes d’entraînement adoptées par les entreprises d’IA comme OpenAI, Google, Meta et Microsoft.

Il fait valoir que les techniques actuelles pourraient produire des systèmes potentiellement hostiles aux intérêts humains.

« J’ai identifié deux risques majeurs liés à la technologie d’intelligence artificielle. D’une part, le risque de détournement par des acteurs malveillants, déjà observé avec les attaques de phishing. D’autre part, la présence de groupes, bien que minoritaires, mais influents, désireux de remplacer l’humain par la machine ».

Face à ces défis, Bengio appelle à l’établissement immédiat de garde-fous appropriés pour encadrer le développement de ces technologies. Mais cela existe-t-il déjà ?

« Face à ce risque, je plaide pour un cadre réglementaire de l’IA avancée »

Un document signalant les dangers posés par les systèmes d’IA avancés a reçu le soutien de Bengio en juin dernier.

Intitulée « Le droit d’alerter sur l’intelligence artificielle avancée », cette initiative, soutenue par d’anciens et actuels collaborateurs d’OpenAI, la société derrière ChatGPT, avait pour but de sensibiliser les parties concernées par l’IA, y compris la communauté scientifique, les autorités et le grand public.

Les préoccupations concernant OpenAI se sont intensifiées après la dissolution de son équipe « AGI Readiness » le mois d’octobre dernier.

Pour aborder ces enjeux, Bengio préconise un cadre réglementaire obligatoire et urgent.

Il propose en particulier l’ instauration d’un enregistrement obligatoire pour les entreprises développant des modèles d’IA de grande envergure, notamment ceux nécessitant des investissements considérables.

Cette mesure permettrait aux autorités d’ avoir une meilleure visibilité sur les développements technologiques et leurs caractéristiques.

Face au rythme rapide d’évolution de l’IA, il souligne combien il est crucial pour les gouvernements d’adopter une approche novatrice dans la création de réglementations.

Le but est donc de développer un cadre législatif suffisamment adaptable pour suivre les transformations technologiques continues.

À l’exemple de l’AI Act qui est entré en vigueur le 1er août de cette année dans toute l’Europe.

L’IA représente-t-elle un réel danger pour l’humanité ? La perspective de Bengio

De toute cette discussion, la question de Bengio m’a particulièrement interpellé. « La création d’entités artificielles dépassant l’intelligence humaine pourrait-elle constituer une menace existentielle pour notre espèce ? ».

Ces interrogations, selon lui, représentent à la fois un défi philosophique et éthique sans réponse définitive.

Il appelle donc à une approche pragmatique et nuancée et insiste sur l’importance de continuer les recherches, tout comme de rester vigilant pour anticiper et réduire les risques liés à l’évolution des intelligences artificielles.

Sa vision appelle à l’action citoyenne et collective, rappelant que les sociétés humaines ont la possibilité de guider leur trajectoire technologique.

Vidéo YouTubeVidéo YouTube
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=uawLjkSI7Mo?feature=oembed&w=662&h=372]

Pour relever ce défi, il estime primordial de mobiliser un nombre suffisant de personnes conscientes des opportunités et des dangers liés à l’IA.

La stratégie devrait être multidimensionnelle, c’est-à-dire que les solutions devront être technologiques, politiques et sans doute hybrides.

L’essentiel, selon lui, est de débuter dès à présent un effort collectif réfléchi pour guider l’évolution de ces technologies de façon responsable et bénéfique pour l’humanité.

Mais quels défis se posent réellement ?

Le défi majeur réside dans la capacité des technologies d’IA à modifier la perception de la réalité.

La diffusion de fausses informations et la manipulation des opinions sont également des défis cruciaux qui s’accentueront avec le progrès des systèmes d’intelligence artificielle.

Cela semble logique, puisque les systèmes actuels sont déjà capables de créer des images très réalistes, ainsi que d’imiter notre voix tout en superposant les vidéos d’autres personnes.

Cette capacité à générer des images, des enregistrements sonores et des vidéos d’une précision troublante pourrait devenir un vecteur puissant de désinformation.

Par conséquent, cela pourrait miner l’intégrité des processus démocratiques et influencer la formation des opinions individuelles.

    Partager l’article :

Le plus grand fabricant de véhicules électriques au monde a la pire évaluation des droits de l'homme de l'industrie

ECONOMIE

Le plus grand fabricant de véhicules électriques au monde a la pire évaluation des droits de l’homme de...

Amnesty International a publié un rapport détaillant les chaînes d’approvisionnement et les politiques de diligence raisonnable en matière de droits humains de 13 grands fabricants de véhicules électriques. Les résultats sont bien loin de l’avenir propre et sûr promis par les véhicules électriques.

Pourquoi l'accord de libre-échange avec le Mercosur suscite tant de divisions au sein de l'Union européenne

ECONOMIE

Pourquoi l’accord de libre-échange avec le Mercosur suscite tant de divisions au sein de l’Union...

Face à la pression constante exercée par les agriculteurs mobilisés contre l’accord entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (union regroupant le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie), l’exécutif français, opposé de longue date à ce traité mais relativement discret au niveau européen, s’efforce maintenant de rallier des alliés pour contrer le texte.

Ce dernier, qui éliminerait presque entièrement les droits de douane sur les échanges commerciaux entre les deux blocs, représenterait l’accord de libre-échange le plus ambitieux jamais signé par l’UE. Mais comment en est-on arrivé là, à cette situation qui reflète des divisions profondes parmi les membres de l’Union ?

Les négociations commerciales entre l’UE et le Mercosur, amorcées en 1999, se sont conclues en juin 2019 par l’annonce d’un accord de principe. Toutefois, depuis l’été 2019, marqué par une série d’incendies frappant l’Amazonie, plusieurs pays, dont la France, ont exprimé une opposition ou d’importantes réserves, notamment en raison des préoccupations environnementales et sanitaires attendues, ainsi que des implications pour les agriculteurs européens.

Depuis cinq ans, l’UE semble hésiter quant au sort de cet accord tout en évitant de rouvrir les discussions sur son contenu. Bruxelles évoque désormais une possible finalisation des débats pour la fin de l’année 2024. Deux échéances avaient été envisagées par les partisans pour cette annonce : le sommet du G20 à Brasilia (Brésil), les 18 et 19 novembre, ou celui des Etats du Mercosur, du 5 au 7 décembre à Montevideo (Uruguay).

Cependant, les récentes discussions peinent à aboutir, donnant lieu à un regain de mobilisation au sein du monde agricole en France, accentué par les rivalités entre syndicats de producteurs à quelques semaines des élections dans les chambres d’agriculture prévues pour janvier 2025.

Quels sont les points encore débattus ?

Depuis juin 2019, le contenu du texte n’a que peu changé, et cela uniquement à la marge sur les marchés publics, l’ouverture de ces derniers ayant suscité des réticences côté brésilien.

Pour apaiser les Etats membres de l’UE, la Commission a proposé, comme pour le CETA (accord entre l’UE et le Canada), d’intégrer un instrument visant à réaffirmer l’engagement des parties à mettre en œuvre les éléments non contraignants du chapitre consacré au commerce et au développement durable. Les discussions se poursuivent concernant cet instrument, dont la version consolidée reste confidentielle.

Des experts mandatés par le gouvernement français avaient toutefois alerté sur les enjeux climatiques et de biodiversité liés au texte, envisageant une aggravation potentielle de la déforestation à un rythme de 5 à 25 % par an durant les six premières années d’application, et ce pour le seul secteur de la viande bovine.

L’adoption en 2023 d’un règlement européen sur la déforestation importée visait à limiter ce risque. Mais, sans surprise, les pays du Mercosur, comme d’autres partenaires commerciaux de l’UE concernés, ont exercé des pressions pour dissuader celle-ci de mettre en place ce règlement.

Un report d’un an minimum dans son application a déjà été suggéré par la Commission européenne. Par ailleurs, la droite et l’extrême droite se sont coalisées au Parlement européen pour tenter de démanteler une partie de ce dispositif, dont l’avenir reste incertain. L’UE semble également avoir modifié sa stratégie vis-à-vis des dirigeants politiques climatosceptiques.

La finalisation de l’accord avait été suspendue en juin 2019, en partie parce que l’UE semblait unanime sur le refus d’accorder des avantages commerciaux au Brésil sous la présidence de Jair Bolsonaro, période où la déforestation avait atteint des sommets historiques.

Bruxelles avait repris les discussions politiques après le retour au pouvoir de Lula. Mais la situation actuelle, marquée par l’élection de Javier Milei en Argentine, ne suscite pas le même émoi. Le président argentin ne cache pourtant pas son intention de se retirer prochainement de l’accord de Paris, à l’instar des États-Unis.

Les Etats peuvent-ils encore s’opposer à la ratification ?

Etant donné que l’accord englobe un volet commercial et un autre plus politique et coopératif, il requiert en principe une ratification unanime des Etats au Conseil, une approbation par le Parlement européen, ainsi que par tous les Etats membres selon leurs processus nationaux.

Néanmoins, face aux embûches rencontrées avec le CETA (appliqué provisoirement depuis 2017 mais toujours pas entièrement ratifié), la Commission européenne a décidé depuis 2016 de scinder les accords, évitant ainsi le droit de veto des Etats membres et l’interférence des Parlements nationaux.

Le volet commercial, par conséquent, pourrait être activé par le biais d’un accord intérimaire ratifié à la majorité qualifiée (au moins quinze Etats membres représentant 65 % de la population totale de l’UE) au Conseil et par le Parlement européen. Bien qu’une majorité d’eurodéputés s’opposaient au texte en 2020, la recomposition du Parlement après les élections de juin semble favoriser cet accord.

Ainsi, un rejet hypothétique de l’accord global dans un Etat membre n’affecterait pas la partie commerciale. Ce schéma a déjà été appliqué pour l’accord avec le Chili, approuvé par le Conseil en mars 2024. Cependant, les Etats membres avaient convenu en 2018 que cette méthode resterait exceptionnelle, et avaient insisté pour que l’accord avec le Mercosur demeure mixte.

En théorie, chaque Etat membre conserve donc son droit de veto. En cas de forcing de la Commission, une minorité de blocage (au moins quatre Etats représentants 35 % de la population de l’UE) pourrait freiner la ratification.

Quels sont les rapports de force au sein de l’UE ?

En septembre, onze Etats ont adressé une lettre à la présidente de la Commission, l’invitant à trouver un compromis politique. Parmi eux figurent l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, la Suède, le Danemark, la Finlande, la Croatie, l’Estonie, la Lettonie, le Luxembourg et la République tchèque.

Pour l’Allemagne, confrontée à une crise industrielle majeure, cet accord revêt une importance particulière pour des secteurs comme l’automobile, la chimie et la machinerie. L’Espagne et le Portugal, quant à eux, misent sur leurs affinités culturelles et linguistiques avec l’Amérique du Sud pour renforcer leurs liens économiques.

De leur côté, les pays d’Europe du Nord, fervents défenseurs du libre-échange, considèrent cet accord comme un test de la crédibilité de l’UE à conclure des partenariats commerciaux. Ils soulignent également l’enjeu géopolitique : diversifier les sources d’approvisionnement européennes tout en contrant l’influence grandissante de la Chine en Amérique latine.

Malgré cela, ce groupe d’Etats ne dispose pas encore d’une majorité qualifiée. La France s’efforce (bien que tardivement) de constituer une minorité de blocage. Les Pays-Bas, l’Autriche, la Belgique, l’Irlande, l’Italie et la Pologne ont également exprimé leurs inquiétudes, notamment concernant l’agriculture. D’autres pays restent indécis.

En France, le rejet de l’accord avec le Mercosur fait l’objet d’un consensus transpartisan : agriculteurs, ONG, syndicats de travailleurs et associations de consommateurs y sont opposés, tout comme plus de 600 parlementaires français de tout bord politique.

Si ce refus ne résout pas directement la crise agricole actuelle, il incarne néanmoins le flou persistant de l’UE concernant l’avenir de sa politique agricole et alimentaire.

Deux visions concurrentes émergent, entre le modèle proposé par le Green Deal européen et celui des accords commerciaux, avec un enjeu clé : offrir des perspectives pour la nouvelle génération d’agriculteurs, appelée à remplacer la moitié des exploitants qui prendront leur retraite d’ici 2030.

Réinjecter des fonds dans les services publics, c’est faisable !

ECONOMIE

Réinjecter des fonds dans les services publics, c’est faisable !

« L’obsession » envers la dépense publique, voici l’adversaire. Ce reproche aura guidé les débats lors des discussions budgétaires d’automne. Les auteurs de ces accusations font semblant d’ignorer que les allègements de cotisations et les réductions d’impôts sont les principaux responsables de l’amplification du déficit depuis 2017 – 62 milliards d’euros par an, selon la Cour des comptes.

Pourtant, ces dépenses publiques, que l’on souhaite diminuer aujourd’hui, financent en grande partie les services publics. Mais à quel niveau ? La réponse n’est pas évidente. Contrairement à la protection sociale (710 milliards d’euros en 2023), dont le financement est clairement identifié, il est difficile de déterminer précisément la part destinée aux services publics dans le budget général des administrations publiques (1 578 milliards d’euros en 2023, incluant également les aides aux acteurs privés et le coût de la dette).

« Il n’existe pas de recettes spécifiques pour l’hôpital, l’école, la justice…, déclare l’économiste Elise Huillery. Les impôts et taxes collectés (impôt sur le revenu, TVA, taxes sur le tabac) vont dans un même pot, qui sert à financer les services publics mais aussi les soutiens aux entreprises. »

Dans une analyse réalisée par l’Institut La Boétie , les économistes Sylvain Billot et Vincent Drezet suggèrent d’estimer les dépenses pour les services publics en additionnant les consommations intermédiaires, les rémunérations des employés, les impôts sur la production et les investissements. Cela aboutit à une somme proche des dépenses de production des administrations publiques : 608 milliards d’euros en 2023.

Un projet sociétal

« Les dirigeants successifs, désireux de réduire les dépenses publiques et alléger la bureaucratie, sont incapables de préciser quels services publics ils envisagent d’abandonner », observe Johan Theuret, du think tank Sens du service public. En vérité, les écoles, hôpitaux, tribunaux ou forces de sécurité souffrent beaucoup. Réduire leur financement ne fera qu’exacerber les problèmes, avec des impacts négatifs notables.

D’abord parce que les services publics ne représentent pas uniquement des prestations offertes à la population. Ils incarnent un projet collectif visant à mutualiser les ressources pour produire des biens et services bénéfiques à tous. Ils jouent un rôle essentiel dans la cohésion sociale : chacun contribue via ses impôts et bénéficie selon ses besoins (éduquer ses enfants, recevoir des soins, résoudre des litiges…).

Les services publics sont également des instruments de redistribution, comme l’a mis en lumière l’Insee . Hormis la redistribution financière (prélèvements et prestations), l’Institut a étudié la « redistribution élargie », incluant la valeur monétaire des services publics. Ce calcul part « du principe qu’un impôt prélevé a, à terme, une contrepartie directe ou indirecte pour les ménages », explique l’Insee.

Quelles conclusions en ressortent ? En intégrant les services publics, la redistribution double. Avant transferts, les ménages les plus riches ont des revenus 18 fois supérieurs à ceux des plus pauvres. Après redistribution, cet écart tombe à 3. Les services en nature, notamment grâce à la taille des dépenses en santé et éducation, en représentent 53 % et les aides monétaires 40 %.

« Supprimer un service public ne fait pas disparaître le besoin qu’il remplit », rappelle l’économiste Elvire Guillaud. On le remplace généralement par un service privé marchand, qui ne possède pas cet effet redistributif, comme une assurance santé complémentaire prenant la place de l’assurance maladie.

Les services publics ont également une fonction économique. D’après l’Insee, en 2023, ils contribuaient à hauteur d’un cinquième (18 %, soit 466 milliards d’euros) à la valeur ajoutée nationale ou produit intérieur brut (PIB). Les fonctions régaliennes en représentent 37 %, l’éducation 24 % et la santé 16 % . La dépense publique n’est donc pas uniquement une redistribution ou des transferts entre foyers. De plus, pour prospérer, les entreprises ont intérêt à disposer de services publics performants : infrastructures routières, éducation qualifiée, système de santé robuste, etc.

Pourquoi augmenter les dépenses

Malgré une forte réduction depuis les années 1970, la France compte encore de nombreux jeunes quittant le système scolaire sans diplôme. Alors même que ce précieux sésame pour trouver un emploi et éviter le chômage n’a jamais été aussi crucial. En 2022, l’Insee recense 7,6 % de décrocheurs parmi les 18-24 ans.

Dans la santé, chaque année voit des patients décéder seuls dans les couloirs d’hôpitaux. Une nuit aux urgences sur un brancard accroît de 40 % le risque de mortalité hospitalière . En 2018, bien avant la pandémie de Covid, plus de 100 000 patients avaient passé une nuit dans ces conditions. La situation s’est depuis aggravée, et le fonctionnement en « mode dégradé » se diffuse peu à peu.

Dans le domaine de la justice, ce n’est guère mieux : en 2023, les affaires civiles mettent en moyenne plus de huit mois pour être jugées en première instance, selon le ministère de la Justice. En appel, cela grimpe à près de quatorze mois. Cela va à l’encontre du droit à un « délai raisonnable », garanti par la Convention européenne des droits de l’homme.

Côté protection sociale et accès aux droits, le tableau est tout aussi préoccupant : le non-recours au minimum vieillesse atteint 50 %, 34 % pour le RSA et 30 % pour l’assurance chômage, selon la Drees et la Dares. Ces taux reflètent la complexité de l’accès aux droits en France aujourd’hui.

Afin de remédier à ces constats, il est impératif de débloquer des ressources pour des services publics dignes, universels et ambitieux. Mais comment procéder et jusqu’où aller ?

Un chiffrage a été mené uniquement par la commission économique du Parti communiste français (PCF) lors des élections de 2022 : 124 milliards sur cinq ans, soit environ 25 milliards par an, pour revaloriser les salaires des fonctionnaires et recruter et former de nouveaux agents.

Un choix politique

Les économistes interrogés évitent de suggérer un montant global. Fixer le « bon » niveau des dépenses n’est pas une démarche technique, mais un choix politique qui devrait être débattu démocratiquement.

Des priorités pressantes existent, telle l’urgence climatique. En avril, un rapport de Jean-Pisani-Ferry et Selma Mahfouz estimait à 30 milliards d’euros annuels les sommes nécessaires pour rénover bâtiments, infrastructures et logements. Toutefois, il s’agit ici de dépenses publiques au sens strict, non spécifiquement de services publics.

« Les services publics doivent répondre aux besoins d’une population », commente Elvire Guillaud. Avec le vieillissement démographique et les maladies chroniques à gérer, des dépenses de 10 milliards par an ont été estimées pour la dépendance.

Pour l’éducation, Elise Huillery voit des besoins de financement chiffrés à 15 milliards : rendre le métier d’enseignant attractif, une École réellement gratuite avec prise en charge par les collectivités des fournitures scolaires, transports, restaurants, internats, et activités péri-éducatives, en plus d’axer sur le bien-être et de nouvelles approches pédagogiques stimulant la motivation des élèves.

Les moyens existent

Où trouver l’argent ? Le PCF, comme le Parti de la gauche européenne, propose un fonds européen pour financer les services publics, alimenté par la création monétaire de la Banque centrale européenne. Cette solution semble toutefois difficile à court terme.

« Des marges de manœuvre existent pour accroître les recettes et réparer les services publics, même en réduisant le déficit », fait remarquer Elvire Guillaud.

Anne-Laure Delatte préfère « améliorer l’existant plutôt que créer de nouveaux impôts ». Un contre-budget du Nouveau Front populaire (NFP) prévoit 49 milliards de recettes fiscales annuelles supplémentaires, en associant ISF vert, taxation des multinationales et réformes des niches fiscales. Une partie de ces recettes comblerait le déficit (18 milliards), tandis que l’autre (31 milliards) serait investie dans les services publics.

Les assurances sociales ont aussi un appui fort de la population, démontre Elvire Guillaud . Ce financement, s’il est bien programmé et prévisible, peut être mis en place efficacement, avec un large soutien.

Au-delà des limites actuelles, les leviers pour investir dans des services publics rénovés sont bel et bien disponibles, à condition de s’engager dans cette voie.

Découvrez ici notre dossier « Manuel de défense des services publics »

Le chef de la migration de l'UE tire la sonnette d'alarme sur les visas russes face aux craintes pour la sécurité

ACTUALITÉS

Le chef de la migration de l’UE tire la sonnette d’alarme sur les visas russes face aux craintes pour la...

L’Union européenne pourrait devoir renforcer ses politiques de visa à la lumière des menaces croissantes sur la sécurité, avertit la chef de l’UELa principale responsable de la migration de l’UE a déclaré qu’elle s’inquiétait de la politique de visa du bloc qui a permis à près de 450 000 Russes de visiter l’Europe l’année dernière.Ylva Johansson, qui quittera ses fonctions de commissaire aux affaires intérieures et à la migration de l’UE à la fin du mois, a déclaré aux journalistes que les lignes directrices de l’UE sur les visas pour les Russes pourraient devoir devenir « un peu plus strictes ». Continue reading…

Merkel : J'ai pris Trump pour « quelqu'un de complètement normal »

ACTUALITÉS

Merkel : J’ai pris Trump pour « quelqu’un de complètement normal »

Le mémoire de l’ancienne chancelière allemande évoque le penchant du président américain pour les tyrans et sa fascination apparente pour PoutineLe premier erreur d’Angela Merkel avec Donald Trump, dit-elle dans son très attendu nouveau mémoire, a été de le traiter comme s’il était “complètement normal”, mais elle a rapidement découvert sa nature “émotionnelle” et son penchant pour les autoritaires et les tyrans.Dans des extraits de son ouvrage de plus de 700 pages, Liberté, publiés dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit, l’ancienne chancelière allemande raconte qu’elle a initialement mal interprété Trump lors de leur première rencontre en 2017 dans le bureau ovale, où il a tenté de l’humilier en refusant de lui serrer la main devant les caméras. Continue reading…