Ça se passe comment, l’accès aux livres dans les prisons belges ?
« En prison, les bibliothèques sont souvent remplies de vieux livres qui servent à caler les lits ou à rehausser les armoires », me lance François Troukens. Aujourd’hui auteur et réalisateur, François a passé plusieurs années au ballon pour divers braquages, notamment à la Prison de la Santé à Paris où il s’est investi dans la bibliothèque : « Je demandais à ce qu’on nous envoie des éditions presse et je m’amusais à faire des petits présentoirs avec les nouveaux livres. Les gens se les arrachaient parce qu’on en parlait à la télé, chez Ruquier ou ailleurs. Ils pouvaient en parler à leurs proches, faire l’étalage de leur culture quelque part, avoir le sentiment de ne pas être oubliés. C’est différent que de recevoir des fonds de grenier. » Quand on connaît les problèmes majeurs causés par la prison, on peut légitimement se dire qu’on a autre chose à foutre que se focaliser sur la question des livres. On devine bien que l’offre ne doit pas être folle. Mais l’impossibilité d’avoir accès à des livres est aussi une forme de rupture avec la société, un élément supplémentaire d’exclusion. La « culture » peut être un sérieux canal de violence envers les personnes qui n’y ont pas accès. « On ne pense généralement pas beaucoup aux droits des personnes détenues et à ce que dit la loi, constate Mélanie Bertrand, chargée de mission à l’asbl bruxelloise de la Coordination des Associations Actives en Prison (CAAP). L’accès aux livres va toujours venir en dernier. C’est selon nous un droit essentiel mais d’autres vont le voir comme un privilège donné aux détenu·es. Ça se ressent au niveau des associations et des intervenant·es qui doivent toujours justifier leur présence à l’administration pénitentiaire. » « Ils n’avaient même pas accès à la loi qui a fondé…