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Qu’est-ce qui fait un bon reportage aujourd’hui ?

Lorsque les temps sont troubles et que la réalité semble un peu plus chaque jour dépasser la fiction, on plaint les écrivains qui doivent trouver des récits aussi alambiqués que ce que l’actualité nous offre. Et disons que les événements de l’année 2020 – dont chaque jour semblait être un épisode d’une série télé catastrophe – ne font que renforcer ce sentiment. Et l’année 2021, qui vient seulement de débuter, semble partie sur de bonnes bases. Alors, à quoi bon inventer des histoires quand le monde réel produit autant de récits ébouriffants ? Voilà un sujet que Tom Wolfe adressait déjà en 1973 dans sa préface de The New Journalism. Pour le mythique journaliste et écrivain, la non-fiction était devenue « la plus importante littérature écrite aux États-Unis », consacrant ainsi le journalisme comme « évènement majeur de la littérature. » Et plus ou moins au même moment, commençait déjà à se dessiner une nouvelle génération d’auteurs qui dépasseront les préceptes de Wolfe et finiront par former ce que Robert S. Boynton, professeur de journalisme littéraire à la New York University, désignera comme le « Nouveau Nouveau Journalisme ». Alors que Wolfe et autres représentants du Nouveau Journalisme avaient tendance à se lancer sur des histoires aux scénarios étranges composés de personnages extravagants, leurs héritiers, les Nouveaux Nouveaux Journalistes, choisissent eux de creuser le quotidien, les expériences ordinaires pour traiter des préoccupations sociales et politiques contemporaines – toujours par le biais du reportage au long court et retranscris comme un récit littéraire.  Dans Le Temps du reportage (sorti en 2005 et enfin publié en français), Boynton interroge alors 19 de ces Nouveaux Nouveaux Journalistes pour discuter de leurs méthodes de travail dans le détail. De Michael Lewis (Moneyball notamment) à William Langewiesche (notamment spécialiste des crashs aériens) en passant par les légendaires Gay Talese et Jane…