Pourquoi l'accord de libre-échange avec le Mercosur suscite tant de divisions au sein de l'Union européenne

ECONOMIE

Pourquoi l’accord de libre-échange avec le Mercosur suscite tant de divisions au sein de l’Union...

Face à la pression constante exercée par les agriculteurs mobilisés contre l’accord entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (union regroupant le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay et la Bolivie), l’exécutif français, opposé de longue date à ce traité mais relativement discret au niveau européen, s’efforce maintenant de rallier des alliés pour contrer le texte.

Ce dernier, qui éliminerait presque entièrement les droits de douane sur les échanges commerciaux entre les deux blocs, représenterait l’accord de libre-échange le plus ambitieux jamais signé par l’UE. Mais comment en est-on arrivé là, à cette situation qui reflète des divisions profondes parmi les membres de l’Union ?

Les négociations commerciales entre l’UE et le Mercosur, amorcées en 1999, se sont conclues en juin 2019 par l’annonce d’un accord de principe. Toutefois, depuis l’été 2019, marqué par une série d’incendies frappant l’Amazonie, plusieurs pays, dont la France, ont exprimé une opposition ou d’importantes réserves, notamment en raison des préoccupations environnementales et sanitaires attendues, ainsi que des implications pour les agriculteurs européens.

Depuis cinq ans, l’UE semble hésiter quant au sort de cet accord tout en évitant de rouvrir les discussions sur son contenu. Bruxelles évoque désormais une possible finalisation des débats pour la fin de l’année 2024. Deux échéances avaient été envisagées par les partisans pour cette annonce : le sommet du G20 à Brasilia (Brésil), les 18 et 19 novembre, ou celui des Etats du Mercosur, du 5 au 7 décembre à Montevideo (Uruguay).

Cependant, les récentes discussions peinent à aboutir, donnant lieu à un regain de mobilisation au sein du monde agricole en France, accentué par les rivalités entre syndicats de producteurs à quelques semaines des élections dans les chambres d’agriculture prévues pour janvier 2025.

Quels sont les points encore débattus ?

Depuis juin 2019, le contenu du texte n’a que peu changé, et cela uniquement à la marge sur les marchés publics, l’ouverture de ces derniers ayant suscité des réticences côté brésilien.

Pour apaiser les Etats membres de l’UE, la Commission a proposé, comme pour le CETA (accord entre l’UE et le Canada), d’intégrer un instrument visant à réaffirmer l’engagement des parties à mettre en œuvre les éléments non contraignants du chapitre consacré au commerce et au développement durable. Les discussions se poursuivent concernant cet instrument, dont la version consolidée reste confidentielle.

Des experts mandatés par le gouvernement français avaient toutefois alerté sur les enjeux climatiques et de biodiversité liés au texte, envisageant une aggravation potentielle de la déforestation à un rythme de 5 à 25 % par an durant les six premières années d’application, et ce pour le seul secteur de la viande bovine.

L’adoption en 2023 d’un règlement européen sur la déforestation importée visait à limiter ce risque. Mais, sans surprise, les pays du Mercosur, comme d’autres partenaires commerciaux de l’UE concernés, ont exercé des pressions pour dissuader celle-ci de mettre en place ce règlement.

Un report d’un an minimum dans son application a déjà été suggéré par la Commission européenne. Par ailleurs, la droite et l’extrême droite se sont coalisées au Parlement européen pour tenter de démanteler une partie de ce dispositif, dont l’avenir reste incertain. L’UE semble également avoir modifié sa stratégie vis-à-vis des dirigeants politiques climatosceptiques.

La finalisation de l’accord avait été suspendue en juin 2019, en partie parce que l’UE semblait unanime sur le refus d’accorder des avantages commerciaux au Brésil sous la présidence de Jair Bolsonaro, période où la déforestation avait atteint des sommets historiques.

Bruxelles avait repris les discussions politiques après le retour au pouvoir de Lula. Mais la situation actuelle, marquée par l’élection de Javier Milei en Argentine, ne suscite pas le même émoi. Le président argentin ne cache pourtant pas son intention de se retirer prochainement de l’accord de Paris, à l’instar des États-Unis.

Les Etats peuvent-ils encore s’opposer à la ratification ?

Etant donné que l’accord englobe un volet commercial et un autre plus politique et coopératif, il requiert en principe une ratification unanime des Etats au Conseil, une approbation par le Parlement européen, ainsi que par tous les Etats membres selon leurs processus nationaux.

Néanmoins, face aux embûches rencontrées avec le CETA (appliqué provisoirement depuis 2017 mais toujours pas entièrement ratifié), la Commission européenne a décidé depuis 2016 de scinder les accords, évitant ainsi le droit de veto des Etats membres et l’interférence des Parlements nationaux.

Le volet commercial, par conséquent, pourrait être activé par le biais d’un accord intérimaire ratifié à la majorité qualifiée (au moins quinze Etats membres représentant 65 % de la population totale de l’UE) au Conseil et par le Parlement européen. Bien qu’une majorité d’eurodéputés s’opposaient au texte en 2020, la recomposition du Parlement après les élections de juin semble favoriser cet accord.

Ainsi, un rejet hypothétique de l’accord global dans un Etat membre n’affecterait pas la partie commerciale. Ce schéma a déjà été appliqué pour l’accord avec le Chili, approuvé par le Conseil en mars 2024. Cependant, les Etats membres avaient convenu en 2018 que cette méthode resterait exceptionnelle, et avaient insisté pour que l’accord avec le Mercosur demeure mixte.

En théorie, chaque Etat membre conserve donc son droit de veto. En cas de forcing de la Commission, une minorité de blocage (au moins quatre Etats représentants 35 % de la population de l’UE) pourrait freiner la ratification.

Quels sont les rapports de force au sein de l’UE ?

En septembre, onze Etats ont adressé une lettre à la présidente de la Commission, l’invitant à trouver un compromis politique. Parmi eux figurent l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, la Suède, le Danemark, la Finlande, la Croatie, l’Estonie, la Lettonie, le Luxembourg et la République tchèque.

Pour l’Allemagne, confrontée à une crise industrielle majeure, cet accord revêt une importance particulière pour des secteurs comme l’automobile, la chimie et la machinerie. L’Espagne et le Portugal, quant à eux, misent sur leurs affinités culturelles et linguistiques avec l’Amérique du Sud pour renforcer leurs liens économiques.

De leur côté, les pays d’Europe du Nord, fervents défenseurs du libre-échange, considèrent cet accord comme un test de la crédibilité de l’UE à conclure des partenariats commerciaux. Ils soulignent également l’enjeu géopolitique : diversifier les sources d’approvisionnement européennes tout en contrant l’influence grandissante de la Chine en Amérique latine.

Malgré cela, ce groupe d’Etats ne dispose pas encore d’une majorité qualifiée. La France s’efforce (bien que tardivement) de constituer une minorité de blocage. Les Pays-Bas, l’Autriche, la Belgique, l’Irlande, l’Italie et la Pologne ont également exprimé leurs inquiétudes, notamment concernant l’agriculture. D’autres pays restent indécis.

En France, le rejet de l’accord avec le Mercosur fait l’objet d’un consensus transpartisan : agriculteurs, ONG, syndicats de travailleurs et associations de consommateurs y sont opposés, tout comme plus de 600 parlementaires français de tout bord politique.

Si ce refus ne résout pas directement la crise agricole actuelle, il incarne néanmoins le flou persistant de l’UE concernant l’avenir de sa politique agricole et alimentaire.

Deux visions concurrentes émergent, entre le modèle proposé par le Green Deal européen et celui des accords commerciaux, avec un enjeu clé : offrir des perspectives pour la nouvelle génération d’agriculteurs, appelée à remplacer la moitié des exploitants qui prendront leur retraite d’ici 2030.

Réinjecter des fonds dans les services publics, c’est faisable !

ECONOMIE

Réinjecter des fonds dans les services publics, c’est faisable !

« L’obsession » envers la dépense publique, voici l’adversaire. Ce reproche aura guidé les débats lors des discussions budgétaires d’automne. Les auteurs de ces accusations font semblant d’ignorer que les allègements de cotisations et les réductions d’impôts sont les principaux responsables de l’amplification du déficit depuis 2017 – 62 milliards d’euros par an, selon la Cour des comptes.

Pourtant, ces dépenses publiques, que l’on souhaite diminuer aujourd’hui, financent en grande partie les services publics. Mais à quel niveau ? La réponse n’est pas évidente. Contrairement à la protection sociale (710 milliards d’euros en 2023), dont le financement est clairement identifié, il est difficile de déterminer précisément la part destinée aux services publics dans le budget général des administrations publiques (1 578 milliards d’euros en 2023, incluant également les aides aux acteurs privés et le coût de la dette).

« Il n’existe pas de recettes spécifiques pour l’hôpital, l’école, la justice…, déclare l’économiste Elise Huillery. Les impôts et taxes collectés (impôt sur le revenu, TVA, taxes sur le tabac) vont dans un même pot, qui sert à financer les services publics mais aussi les soutiens aux entreprises. »

Dans une analyse réalisée par l’Institut La Boétie , les économistes Sylvain Billot et Vincent Drezet suggèrent d’estimer les dépenses pour les services publics en additionnant les consommations intermédiaires, les rémunérations des employés, les impôts sur la production et les investissements. Cela aboutit à une somme proche des dépenses de production des administrations publiques : 608 milliards d’euros en 2023.

Un projet sociétal

« Les dirigeants successifs, désireux de réduire les dépenses publiques et alléger la bureaucratie, sont incapables de préciser quels services publics ils envisagent d’abandonner », observe Johan Theuret, du think tank Sens du service public. En vérité, les écoles, hôpitaux, tribunaux ou forces de sécurité souffrent beaucoup. Réduire leur financement ne fera qu’exacerber les problèmes, avec des impacts négatifs notables.

D’abord parce que les services publics ne représentent pas uniquement des prestations offertes à la population. Ils incarnent un projet collectif visant à mutualiser les ressources pour produire des biens et services bénéfiques à tous. Ils jouent un rôle essentiel dans la cohésion sociale : chacun contribue via ses impôts et bénéficie selon ses besoins (éduquer ses enfants, recevoir des soins, résoudre des litiges…).

Les services publics sont également des instruments de redistribution, comme l’a mis en lumière l’Insee . Hormis la redistribution financière (prélèvements et prestations), l’Institut a étudié la « redistribution élargie », incluant la valeur monétaire des services publics. Ce calcul part « du principe qu’un impôt prélevé a, à terme, une contrepartie directe ou indirecte pour les ménages », explique l’Insee.

Quelles conclusions en ressortent ? En intégrant les services publics, la redistribution double. Avant transferts, les ménages les plus riches ont des revenus 18 fois supérieurs à ceux des plus pauvres. Après redistribution, cet écart tombe à 3. Les services en nature, notamment grâce à la taille des dépenses en santé et éducation, en représentent 53 % et les aides monétaires 40 %.

« Supprimer un service public ne fait pas disparaître le besoin qu’il remplit », rappelle l’économiste Elvire Guillaud. On le remplace généralement par un service privé marchand, qui ne possède pas cet effet redistributif, comme une assurance santé complémentaire prenant la place de l’assurance maladie.

Les services publics ont également une fonction économique. D’après l’Insee, en 2023, ils contribuaient à hauteur d’un cinquième (18 %, soit 466 milliards d’euros) à la valeur ajoutée nationale ou produit intérieur brut (PIB). Les fonctions régaliennes en représentent 37 %, l’éducation 24 % et la santé 16 % . La dépense publique n’est donc pas uniquement une redistribution ou des transferts entre foyers. De plus, pour prospérer, les entreprises ont intérêt à disposer de services publics performants : infrastructures routières, éducation qualifiée, système de santé robuste, etc.

Pourquoi augmenter les dépenses

Malgré une forte réduction depuis les années 1970, la France compte encore de nombreux jeunes quittant le système scolaire sans diplôme. Alors même que ce précieux sésame pour trouver un emploi et éviter le chômage n’a jamais été aussi crucial. En 2022, l’Insee recense 7,6 % de décrocheurs parmi les 18-24 ans.

Dans la santé, chaque année voit des patients décéder seuls dans les couloirs d’hôpitaux. Une nuit aux urgences sur un brancard accroît de 40 % le risque de mortalité hospitalière . En 2018, bien avant la pandémie de Covid, plus de 100 000 patients avaient passé une nuit dans ces conditions. La situation s’est depuis aggravée, et le fonctionnement en « mode dégradé » se diffuse peu à peu.

Dans le domaine de la justice, ce n’est guère mieux : en 2023, les affaires civiles mettent en moyenne plus de huit mois pour être jugées en première instance, selon le ministère de la Justice. En appel, cela grimpe à près de quatorze mois. Cela va à l’encontre du droit à un « délai raisonnable », garanti par la Convention européenne des droits de l’homme.

Côté protection sociale et accès aux droits, le tableau est tout aussi préoccupant : le non-recours au minimum vieillesse atteint 50 %, 34 % pour le RSA et 30 % pour l’assurance chômage, selon la Drees et la Dares. Ces taux reflètent la complexité de l’accès aux droits en France aujourd’hui.

Afin de remédier à ces constats, il est impératif de débloquer des ressources pour des services publics dignes, universels et ambitieux. Mais comment procéder et jusqu’où aller ?

Un chiffrage a été mené uniquement par la commission économique du Parti communiste français (PCF) lors des élections de 2022 : 124 milliards sur cinq ans, soit environ 25 milliards par an, pour revaloriser les salaires des fonctionnaires et recruter et former de nouveaux agents.

Un choix politique

Les économistes interrogés évitent de suggérer un montant global. Fixer le « bon » niveau des dépenses n’est pas une démarche technique, mais un choix politique qui devrait être débattu démocratiquement.

Des priorités pressantes existent, telle l’urgence climatique. En avril, un rapport de Jean-Pisani-Ferry et Selma Mahfouz estimait à 30 milliards d’euros annuels les sommes nécessaires pour rénover bâtiments, infrastructures et logements. Toutefois, il s’agit ici de dépenses publiques au sens strict, non spécifiquement de services publics.

« Les services publics doivent répondre aux besoins d’une population », commente Elvire Guillaud. Avec le vieillissement démographique et les maladies chroniques à gérer, des dépenses de 10 milliards par an ont été estimées pour la dépendance.

Pour l’éducation, Elise Huillery voit des besoins de financement chiffrés à 15 milliards : rendre le métier d’enseignant attractif, une École réellement gratuite avec prise en charge par les collectivités des fournitures scolaires, transports, restaurants, internats, et activités péri-éducatives, en plus d’axer sur le bien-être et de nouvelles approches pédagogiques stimulant la motivation des élèves.

Les moyens existent

Où trouver l’argent ? Le PCF, comme le Parti de la gauche européenne, propose un fonds européen pour financer les services publics, alimenté par la création monétaire de la Banque centrale européenne. Cette solution semble toutefois difficile à court terme.

« Des marges de manœuvre existent pour accroître les recettes et réparer les services publics, même en réduisant le déficit », fait remarquer Elvire Guillaud.

Anne-Laure Delatte préfère « améliorer l’existant plutôt que créer de nouveaux impôts ». Un contre-budget du Nouveau Front populaire (NFP) prévoit 49 milliards de recettes fiscales annuelles supplémentaires, en associant ISF vert, taxation des multinationales et réformes des niches fiscales. Une partie de ces recettes comblerait le déficit (18 milliards), tandis que l’autre (31 milliards) serait investie dans les services publics.

Les assurances sociales ont aussi un appui fort de la population, démontre Elvire Guillaud . Ce financement, s’il est bien programmé et prévisible, peut être mis en place efficacement, avec un large soutien.

Au-delà des limites actuelles, les leviers pour investir dans des services publics rénovés sont bel et bien disponibles, à condition de s’engager dans cette voie.

Découvrez ici notre dossier « Manuel de défense des services publics »

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La peur et la sympathie : petite ville irlandaise divisée sur un camp de demandeurs d'asile

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La peur et la sympathie : petite ville irlandaise divisée sur un camp de demandeurs d’asile

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John Prescott, ancien vice-premier ministre britannique, est décédé à l'âge de 86 ans.

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John Prescott, ancien vice-premier ministre britannique, est décédé à l’âge de 86 ans.

L’ancien activiste syndical, qui souffrait d’Alzheimer, est décédé paisiblement dans une maison de soins, déclare la familleJohn Prescott : une vie en imagesPolitique britannique en direct – dernières mises à jourJohn Prescott, l’ancien vice-premier ministre britannique et pilier du mouvement New Labour, est décédé à l’âge de 86 ans.Tony Blair et Gordon Brown ont rendu hommage jeudi à Prescott, qui souffrait d’Alzheimer, après que sa famille a annoncé qu’il était décédé paisiblement dans une maison de soins. Continuer la lecture…

À Paimpol, un accès aux services publics devenu plus complexe

ECONOMIE

À Paimpol, un accès aux services publics devenu plus complexe

Killian est en avance. Ce mercredi, il a rendez-vous avec son conseiller France travail, qui assure une permanence dans l’espace France services, installé au rez-de-­chaussée de la mairie de Paimpol. Cette fois, c’est tout près de chez lui. Cependant, comme il suit un « parcours emploi santé », il doit également se rendre une fois par mois à Lannion, à 45 minutes en voiture, pour rencontrer le psychologue du travail. Quant aux entretiens collectifs, ils ont lieu à l’agence la plus proche, située à Guingamp, à une demi-heure de route.

« C’est un peu compliqué, surtout que je ne conduis pas. Je fais tout à pied, en transports en commun ou bien ma mère m’emmène, si elle est disponible », explique le jeune homme.

A Paimpol, une petite ville de 7 200 habitants située à la pointe des Côtes-d’Armor, le bureau dédié aux demandeurs d’emploi a fermé il y a des années, remplacé par une permanence hebdomadaire. Ce n’est pas le seul service public à avoir réduit ses activités : La Poste ne compte désormais qu’une seule agence fonctionnant à plein régime, les villages alentour n’ayant plus qu’une agence communale.

La greffière qui gérait notamment les dossiers de tutelle est partie en retraite, et tout a été transféré à Saint-Brieuc. Le Centre des finances publiques a également été fermé en 2021 ; il comptait alors une vingtaine d’agents, remplacés aujourd’hui par seulement deux jours et demi de permanence à France services chaque semaine. Sans oublier la fermeture de deux classes dans l’école publique lors des deux dernières rentrées scolaires.

L’hôpital « démantelé »

L’hôpital a été « démantelé », selon les mots de la maire socialiste Fanny Chappé : la maternité a cessé ses activités en 2003, le bloc opératoire en 2010… Les urgences ont à plusieurs reprises risqué la fermeture, et les régulations qui frappent souvent les établissements voisins depuis l’année dernière font redouter un sort similaire à moyen terme.

Cela s’ajoute à la suspension des accouchements depuis avril 2023 à la maternité de Guingamp, vers laquelle de nombreuses femmes de Paimpol s’étaient tournées. Désormais, elles doivent parcourir 45 minutes en voiture jusqu’à Lannion ou Saint-Brieuc. « Les maternités deviennent surchargées, ça déshumanise », déplore Yves Ballini, président du comité de soutien à l’hôpital de Paimpol.

Concernant la chirurgie, « aujourd’hui, une fracture au bras, ce n’est plus considérée comme une urgence vitale. Donc, s’il n’y a pas de place au bloc à Saint-Brieuc, vous pouvez rester deux ou trois jours ici sous antidouleurs avant d’être transféré. Avant, vous étiez pris en charge dans la journée », raconte Céline Le Doré, de la section CGT de l’hôpital.

« Il y a deux ans, j’ai dû me battre parce qu’il n’y avait plus de radiologue pour réaliser les échographies et les mammographies. On n’a jamais l’esprit tranquille, surtout concernant la santé », confie une nouvelle fois Fanny Chappé. Elle raconte aussi devoir « sans cesse se battre pour maintenir des permanences, de la Caisse d’allocations familiales, de France travail… La numérisation peut être un atout pour certains, mais d’autres ont besoin d’un contact humain », insiste-t-elle.

Une population vieillissante

Ces fermetures de services publics entraînent également « le départ d’actifs et de familles, alors qu’on essaye justement de les retenir, de proposer des logements pour eux… Cela va à l’encontre de tout ce qu’on met en œuvre », regrette la maire.

Après la suppression du centre des impôts, elle a dû ouvrir un France services, financé à hauteur de 30 000 euros par l’Etat, alors que son coût total s’élève à 170 000 euros. Très apprécié, ce dispositif est même « victime de son succès », selon Hélène, l’une des conseillères. Pour elle, le principal atout, en dehors du lien humain, réside dans la facilité d’accès :

« Ici, la mobilité, c’est un vrai problème. Certains n’ont pas le permis, et la population vieillit  [20 % des habitants ont plus de 75 ans, la moitié plus de 60, NDLR]. Quand on leur demande d’aller à Guingamp pour une démarche, on les perd. »

Retrouvez ici notre dossier : « Manuel de défense des services publics »

Les Simpsons : L'actrice voix de Milhouse, Pamela Hayden, prend sa retraite de l'émission après 35 ans

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Les Simpsons : L’actrice voix de Milhouse, Pamela Hayden, prend sa retraite de l’émission après 35 ans

Après presque 700 épisodes à jouer le meilleur ami bespectacle et accablé de Bart, le doubleur passe à d’autres opportunitésPamela Hayden, l’actrice derrière le personnage bien-aimé des Simpsons, Milhouse, a annoncé sa retraite du spectacle après 35 ans et presque 700 épisodes.“Le temps est venu pour moi de raccrocher mon microphone,” a déclaré Hayden, 70 ans, dans un communiqué mercredi. “Cela a été un honneur et une joie d’avoir travaillé sur une émission aussi drôle, spirituelle et innovante … J’aurai toujours une place spéciale dans mon cœur pour ce garçon de 10 ans aux cheveux bleus et portant des lunettes.” Continue reading…

« Semaine de choix » : j’ai laissé l’IA prendre en main ma vie pendant une semaine

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

« Semaine de choix » : j’ai laissé l’IA prendre en main ma vie pendant une semaine

Pensez à un moment où vous n’avez plus à faire de choix, appelons cela « des vacances décisionnelles »

Durant une semaine, l’intelligence artificielle générative a pris en main ma vie. Que ce soit pour mes repas ou mes messages familiaux, tout était orchestré par des chatbots. Au final, cela a donné lieu à un ensemble d’efficacité, de décisions discutables et de situations inattendues.

Lorsque l’intelligence artificielle s’implique dans vos choix quotidiens, l’efficacité devient captivante, mais il y a un manque flagrant d’authenticité humaine.

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[youtube https://www.youtube.com/watch?v=ytvZV0FSaSk?feature=oembed&w=662&h=372]

Des débuts captivants

L’IA a débuté par l’organisation de mes repas et la création d’une liste de courses structurée. ChatGPT a préparé un menu équilibré en un clin d’œil. Avec une patience sans fin, il a également vérifié que mon caddie contenait tout ce qu’il fallait.

— Moi : « Tu prendras les décisions concernant les repas de ma famille cette semaine. Que dois-je acquérir ? Classe la liste par section, en commençant par les fruits et légumes. »

— ChatGPT : « Voici ta liste de courses, classée par section. »

Mes enfants étaient fascinés par cette voix à la fois amusante et réconfortante, que nous avons surnommée Spark. Spark ne se limitait pas à être un assistant culinaire, il a également structuré mes journées de vacances décisionnelles avec des rappels pour faire des pauses d’étirement et suggérer des jeux familiaux en soirée.

vacances de décisionvacances de décision

La vie orchestrée par l’IA ressemblait à une retraite de bien-être parfaite. Mes enfants ont pris plaisir aux jeux proposés par Spark, comme Pass the Story. Néanmoins, cette perfection perpétuelle a commencé à devenir lourde : tout était trop optimisé, et cela manquait de chaleur humaine.

— Spark : « Que diriez-vous de débuter une histoire sur un arbre enchanté dans une forêt magique ? »

Décorer avec l’aide de l’IA

Un projet que j’avais depuis longtemps était de repeindre mon bureau. J’ai recouru à des applications d’IA pour déterminer la couleur parfaite. Après avoir pesé le pour et le contre entre taupe, sauge et terre cuite, ChatGPT m’a orienté vers une teinte olive.

— Moi : « Laquelle de ces couleurs ressemble le plus à celle que nous avions choisie ? »

— ChatGPT : « Sur la base de la teinte olive, Secluded Woods semble être le choix idéal. »

Bien que pratique, cette recommandation avait quelque chose d’inquiétant, comme si je confiais une décision cruciale à un étranger. Pourtant, la couleur choisie, Secluded Woods, a été plutôt réussie.

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Des choix vestimentaires peu flatteurs

L’expérience a pris une tournure inattendue lorsque l’IA a évalué ma garde-robe. Style DNA a scruté mon style et suggéré de nouvelles tenues. Lors de mes essayages, presque tout a été rejeté, sauf un débardeur en tricot olive et un jean taille haute.

— Style DNA : « Je te conseille un débardeur en tricot olive et un jean à taille haute. Correspondance : 100 %. »

Mes collègues ont ri de mes selfies en vêtements approuvés par l’IA. Ils ont fait des comparaisons avec le look d’un mannequin d’un autre temps. C’était adapté, mais manquait d’inspiration.

La voix clonée

Cloner ma voix et élaborer un avatar vidéo ont été des expériences déroutantes. L’IA a conçu des messages qui, bien que chaleureux, paraissaient inquiétants et légèrement artificiels. Lorsque j’ai envoyé un message vidéo à ma mère, elle a été déconcertée. Elle a trouvé mon avatar effrayant et inauthentique. Même mes proches ont remarqué le manque de sincérité dans les messages que l’IA avait préparés pour eux.

— Moi : « Envoie-moi ce message vidéo chaleureux à ma mère. »

— Maman : « Tu avais l’air tellement faux ! Je pensais que tu étais en colère contre moi ! »

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Le dilemme de l’authenticité

Malgré son efficacité, l’IA n’a souvent pas affiché de personnalité. Viktor Mayer-Schönberger, éminent professeur à l’Oxford Internet Institute, a tout à fait raison : l’IA doit améliorer l’efficacité, mais elle ne garantit pas l’innovation. Les chatbots étaient rapides et compétents mais aucun d’eux ne pouvait réellement saisir ou exprimer ma singularité.

Après cette semaine de « vacances décisionnelles », j’étais contente de retrouver le contrôle. Les assistants IA avaient géré ma vie de manière fluide, mais sans un brin de charme. Bien que l’IA puisse accroître notre productivité, elle ne peut encore remplacer le jugement ou la spontanéité d’un être humain.

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