Les agents publics exploitent-ils les congés de maladie de manière abusive ?

ECONOMIE

Les agents publics exploitent-ils les congés de maladie de manière abusive ?

Guillaume Kasbarian n’aura pas tardé après sa prise de fonction au ministère de la Fonction publique, fin septembre, pour s’attirer les foudres des fonctionnaires. « J’accepte de ne pas dissimuler la dérive de l’absentéisme que nous pouvons constater dans les chiffres, a-t-il affirmé. Aujourd’hui, nous observons une hausse significative de la moyenne de jours d’absence par agent [de la fonction publique]. »

Le ministre a proposé au Parlement de prolonger le délai de carence en cas d’arrêt maladie des fonctionnaires, le faisant passer d’un jour actuellement à trois, comme c’est le cas dans le secteur privé. En théorie tout au moins, car les jours de carence sont, pour deux tiers des employés du privé, pris en charge par leur employeur.

Pour soutenir ses dires, Guillaume Kasbarian s’appuie sur diverses statistiques : le nombre de jours d’absence pour des raisons de santé par agent est monté à 14,5 en 2022. Cela représente, en termes d’indemnités journalières versées par l’Etat pour les arrêts maladie, 15 milliards d’euros uniquement pour la fonction publique. Toutefois, « il y a quelques années, la moyenne se situait à 8 jours », fait remarquer le ministre. Pour un salarié du privé, la moyenne s’établit à 11,7 jours, selon la revue des dépenses effectuée cet été par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’Inspection générale des finances (IGF).

Peut-on en conclure, comme le suggère Guillaume Kasbarian, que les fonctionnaires abusent des arrêts maladie ?

Des profils spécifiques à la fonction publique

Avant de répondre à cette question, il est nécessaire de rappeler un point qui peut sembler évident : un arrêt maladie est prescrit par un médecin. « Si celui-ci ne souhaite pas en prescrire, s’il ne juge pas cela nécessaire, il ne le fait pas, souligne l’économiste Nicolas Da Silva. Or, dans le débat public, il est souvent question du “patient fraudeur”. » Que ce soit un salarié du privé ou, en l’occurrence, un agent de la fonction publique. « La manière d’aborder la question n’est donc pas vraiment conforme à la réalité », ajoute-t-il.

Revenons aux chiffres sur lesquels s’appuie Guillaume Kasbarian; il est primordial de les relativiser. « Pour comparer le public et le privé, il faudrait que les caractéristiques des travailleurs soient identiques », explique Nicolas Da Silva. Cependant, cela est loin d’être le cas, comme le montre le rapport de l’Igas et de l’IGF.

Dans le secteur public, les agents sont effectivement plus âgés que les employés du privé. Ils sont souvent davantage des femmes ou des personnes souffrant de maladies chroniques. Le statut, la catégorie socioprofessionnelle, le niveau d’études ou la composition familiale influencent aussi la propension à l’absence. « Tous autres facteurs égaux, les agents titulaires ont par exemple un taux d’absence supérieur de 2 points de pourcentage à celui des agents sous contrat. », peut-on lire dans le rapport.

« [Toutes] ces caractéristiques rendent la fonction publique plus vulnérable à l’absentéisme que le secteur privé. »

Dit autrement : « S’il existe des différences entre le nombre d’arrêts maladie des agents et des salariés, c’est en premier lieu parce que les personnes travaillant dans le secteur public sont plus exposées à la maladie », explique Nicolas Da Silva.

Après avoir pris en compte ces caractéristiques, l’écart entre les absences pour raisons de santé dans le privé et le public se réduit presque entièrement, à l’exception de la fonction publique territoriale (FPT).

« Les caractéristiques des agents et des emplois expliquent 95  % des écarts de taux d’absence par rapport au secteur privé pour la fonction publique d’Etat et la fonction publique hospitalière, et 53  % pour la fonction publique territoriale », précise l’Igas et l’IGF.

Concernant la fonction publique territoriale, ce chiffre doit encore une fois être pris avec précaution : elle ne compte que 34 % des agents, pas la totalité de la fonction publique. L’écart du nombre d’absences, à l’aune du secteur privé, est également moins significatif lorsque l’on prend en compte les caractéristiques des fonctionnaires (âge, genre, état de santé, diplôme, etc.).

Enfin, le fait qu’une différence ne soit pas expliquée par le modèle statistique ne signifie pas qu’elle soit illégitime, autrement dit, qu’elle représente un abus ou une fraude. Même l’Igas et l’IGF le soulignent :

« L’écart inexpliqué signifie que la différence […] entre les absences [FPT et privé] n’est pas expliquée par les variables pouvant être contrôlées par le biais de l’enquête Emploi [dont se basent les données de l’étude, NDRL.]. Une partie de cet écart pourrait être justifiée par d’autres caractéristiques non incluses dans l’enquête. »

A commencer, par exemple, par la pandémie de coronavirus. « Le rapport indique qu’il n’existe pas de données sur l’impact du Covid sur les arrêts maladie des agents des trois versants de la fonction publique, alors qu’il y en a pour le régime général », souligne Nicolas Da Silva.

Une mesure contre-productive

Quoiqu’il en soit, le gouvernement est déterminé à étendre les délais de carence. Peu importe que le rapport de l’Igas et de l’IGF révèle l’absence d’abus chez les fonctionnaires en arrêt maladie. Ou que cette mesure nuise à tous les agents, et particulièrement aux femmes, aux seniors et aux personnes ayant des problèmes de santé.

Peu importe également si cette mesure s’avère finalement contre-productive, comme l’ont démontré plusieurs chercheurs en se fondant sur des expériences antérieures.

Cazenave-Lacroutz et Godzinski se sont, par exemple, penchés sur l’instauration en 2012 d’un jour de carence dans la fonction publique. Ils ont observé une réduction des absences de moins d’une semaine et une hausse des absences de plus d’une semaine.

Dans une autre recherche, l’économiste Catherine Pollak compare des employés bénéficiant d’une couverture du délai de carence par leur employeur à ceux n’en ayant pas. Elle conclut que les employés couverts s’arrêtent moins souvent et pour une durée plus courte.

<pAinsi, comme le résument Thomas Breda et Léa Toulemon dans leur revue de littérature sur la question pour l'institut des politiques publiques (IPP) :

« La mise en place d’un délai de carence n’augmente pas le total des jours d’arrêts maladie pris dans l’année, mais elle influence la répartition des arrêts. Grâce à un délai de carence, les employés prennent moins d’arrêts courts et davantage d’arrêts longs. »

Or, les arrêts longs engendrent des dépenses plus élevées pour la Sécurité sociale. Cela a également des conséquences sanitaires, soulignent les chercheurs de l’IPP :

« Il est possible que l’évitement des arrêts courts influence la santé des employés, dont les pathologies empirent et se transmettent à d’autres qui pourraient à leur tour décider de continuer à travailler pour éviter une perte de revenus. »

Les recherches sur le sujet montrent effectivement que l’allongement des délais de carence favorise le présentéisme, un phénomène déjà en hausse en France.

Et ce mal, en plus d’être nuisible pour la santé des individus, affecte également la productivité. « La performance au travail des employés qui se présentent malades diminue inévitablement, ainsi que celle de leur organisation », explique le sociologue Jean-François Amadieu, spécialiste du présentéisme.

Cet argument ne pèse cependant pas lourd face à un gouvernement qui ne cherche qu’à gratter les fonds de tiroir pour réaliser des économies : en augmentant à trois jours le délai de carence des fonctionnaires en arrêt maladie, et en abaissant à 90 % les remboursements de ceux-ci (contre 100 % aujourd’hui), l’exécutif espère économiser 1,2 milliard d’euros. Mais il ne prend pas en compte le coût des effets pervers de sa réforme, dont l’intention politique est par contre très claire : stigmatiser les fonctionnaires, une fois de plus.

Au cœur des nuisibles et des déjections, le Collectif féministe contre le viol reste constamment disponible pour les victimes.

CULTURE

Au cœur des nuisibles et des déjections, le Collectif féministe contre le viol reste constamment disponible pour les...

Casque audio placé sur les oreilles, Louise est plongée dans le récit d’une personne ayant subi des violences sexuelles, qui s’exprime pour la première fois. « Vous n’êtes pas en faute. Le fait de ne pas être capable de dire non ne signifie pas que vous ayez donné votre consentement », lui affirme calmement l’écoutante du Collectif féministe contre le viol (CFCV). De manière automatique, Louise écrase un cafard qui grimpe sur son bureau avec un cahier, tout en continuant de rassurer la personne en détresse au bout du fil. À la fin de l’appel, la travailleuse sociale fait un débriefing :

« Les cafards sont devenus si quotidien qu’on n’y prête plus attention. On les retrouve même dans le café. »

Basé dans des bureaux au sud de Paris, le Collectif féministe contre le viol écoute les témoignages de victimes et leur offre un soutien à travers sa ligne d’écoute anonyme et gratuite (1) – le 0 800 05 95 95, la seule spécifiquement consacrée aux violences sexuelles. Une mission de service public que l’État transfère aux associations, sans toutefois leur fournir un soutien proportionné à l’ampleur de la tâche, alertent les organisations par divers moyens. Ces derniers mois, les infiltrations d’eau et la dégradation progressive des locaux du CFCV ont altéré leurs conditions de travail, déplore Sophie Lacombes, responsable de mission :

« Notre travail sauve des milliers de femmes, mais il se fait au milieu des cafards, des fuites d’eaux usées et des odeurs insupportables… »

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Le Collectif féministe contre le viol écoute la parole des victimes. /
Crédits : Pauline Gauer

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Des morceaux de scotch ont été utilisés pour limiter la propagation accrue des cafards. /
Crédits : Pauline Gauer

Que se passe-t-il ?

Depuis sa fondation en 1985, le collectif loue ses bureaux à la mairie de Paris : quelques pièces dans un immeuble datant des années 1960, dont l’état s’est détérioré au fil des ans. « Il y avait quelques cafards avant, mais c’était supportable », juge Sophie Lacombes. « Aujourd’hui, ce n’est plus supportable. » Fréquemment, les toilettes de l’immeuble débordent à l’étage du CFCV à cause d’une des cuvettes du palier, entraînant des inondations désagréables.

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Le Collectif féministe contre le viol souffre de problèmes d’inondation depuis plusieurs mois. /
Crédits : Pauline Gauer

Les sols sont abîmés, les plinthes sont déformées. « Nous avons dû ajuster les portes gonflées puisqu’elles devenaient difficiles à ouvrir », indique la responsable de mission. Des morceaux de scotch ont été utilisés pour calfeutrer l’ancien vide-ordures et réduire la prolifération des cafards, à cause des déjections. « Avec le temps, on sait où placer nos affaires pour ne pas ramener de cafards à la maison ! » Elle ajoute, sérieuse :

« Il arrive qu’on se retrouve les pieds dans l’inondation et qu’on soit même obligées de réorganiser rapidement nos activités. »

Quatre fois depuis cet été, les toilettes ont tellement débordé que le personnel a dû quitter les locaux. Si les écoutantes continuent leurs appels, le reste de l’équipe tente de gérer les dégâts des eaux pour protéger les archives précieuses. Elles compilent tous les témoignages reçus depuis la création du collectif. « Les victimes peuvent nous les demander afin de les utiliser comme preuve lors de procès », précise Sophie Lacombe. « Nous avons rapidement écrit sur un post-it aux collègues en ligne de ne pas accepter d’appels supplémentaires », s’émeut Louise, l’écoutante :

« C’est déchirant : pendant plusieurs heures, le temps de passer au télétravail ou d’appeler une entreprise en urgence, la ligne d’écoute reste muette et des victimes demeurent sans réponse. »

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Sophie Lacombes, responsable de mission au Collectif féministe contre le viol. /
Crédits : Pauline Gauer

Continuer le travail

Depuis 2017 et le mouvement MeToo, le CFCV a enregistré une augmentation de 10 % à 20 % des appels chaque année. « Nous parvenons encore à répondre à toutes les demandes des victimes, mais la ligne est débordée », s’inquiète Sophie Lacombes. Malgré des subventions de l’État jugées insuffisantes par le collectif, il a réussi à établir trois nouveaux postes ainsi qu’une nouvelle ligne d’écoute en 2021 : celle consacrée aux violences sexuelles dans l’enfance (2), en plus des deux équipes de six écoutantes pour le service historique dédié aux victimes de violences sexuelles. « Nous les avons placées dans la salle où nous mangions auparavant », s’indigne Sophie Lacombes. « La seule pièce inutilisée reste dans l’obscurité, ses volets électriques ne fonctionnant plus… »

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En 2021, le collectif a lancé une ligne d’écoute pour les violences sexuelles dans l’enfance. /
Crédits : Pauline Gauer

Pour le plus grand soulagement de l’équipe, aucune inondation ne s’est produite en présence de femmes venues participer à un groupe de parole ou à un entretien individuel avant un procès. Cependant, la dégradation des bureaux et des conditions de travail requiert une énergie additionnelle de la part des salariées, en plus de leur mission d’assistance aux victimes.

Consciente de la situation, la direction du Logement de la Mairie de Paris a assuré par email qu’elle « était activement à la recherche d’une solution de relogement au sein de son patrimoine ». Mais, elle se dégage de sa responsabilité :

« Minoritaire dans cette copropriété, la mairie de Paris sollicite régulièrement le syndic pour résoudre les problèmes. »

Quelques propositions de relogement ont été faites au CFCV depuis l’été. « Soit elles dépassaient notre budget, soit elles ne répondaient pas aux exigences de notre mission, telles qu’un accès discret et sécurisé pour accueillir les victimes », précise Sophie Lacombes. En attendant, le CFCV fait appel aux dons pour assurer sa pérennité financière (3) et continue de répondre aux appels entrants. « Aider les victimes à sortir de la violence vaut bien tous les cafards du monde », tente de minimiser Louise.

(1) « Viol Femmes Informations », ligne gratuite et anonyme, disponible du lundi au vendredi de 10h à 19h : 0 800 05 95 95

(2) « Violences Sexuelles dans l’Enfance », ligne gratuite et anonyme, accessible du lundi au vendredi de 10h à 19h : 0 805 802 804

(3) Une cagnotte en ligne est présente ici

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Ces coopératives qui font face à l’ubérisation de l’emploi

ECONOMIE

Ces coopératives qui font face à l’ubérisation de l’emploi

En dépit de l’opposition de la France, une directive européenne qui prévoit une présomption de salariat pour les travailleurs des plateformes est en voie d’être adoptée. Reste à déterminer comment elle sera intégrée dans les législations nationales. En attendant, la résistance continue de s’organiser sur le terrain.

Dans le domaine de la livraison à vélo, de nombreuses coopératives de cyclistes ont vu le jour çà et là : en France, Sicklo à Grenoble, Fast and Curious au Havre, Les Coursiers de Metz dans la ville éponyme… Au total, on dénombre environ quarante coopératives de cyclistes livreurs et logisticiens dans le pays, toutes affiliées à la fédération CoopCycle.

Le principe : ces coopératives embauchent les livreurs et ont collaboré au développement d’une application de mise en relation. « Nous sommes à la fois livreurs, logisticiens, gestionnaires et mécaniciens (…) Nous ne désirons pas travailler dans une économie ubérisée, nous créons nos propres coopératives », souligne le site de CoopCycle.

En Seine-Saint-Denis, la démarche des chauffeurs VTC est différente. Plus de 500 d’entre eux se sont regroupés au sein d’une société coopérative d’intérêt collectif (Scic), Maze. L’objectif : offrir « une alternative à l’entrepreneuriat fictif des plateformes », précise Brahim Ben Ali, le fondateur et directeur général. Contrairement aux livreurs à vélo, les chauffeurs de Maze ne sont pas salariés de la Scic. Ils demeurent indépendants, étant chacun propriétaires de leur véhicule.

Quels sont alors les atouts de la coopérative ? « Elle négocie des protections sociales, les tarifs des assurances des véhicules et les véhicules eux-mêmes », énumère Brahim Ben Ali. Il s’agit donc d’assurances individuelles, mais négociées collectivement. L’idée est malgré tout de garantir une uniformité dans le service fourni : par exemple, un code vestimentaire sur lequel les chauffeurs se sont mis d’accord.

Des décisions prises collectivement

De manière générale, fini le lien de subordination : les décisions sont prises de manière collective. Maze est constitué de cinq collèges regroupant différentes catégories d’associés, qui participent aux votes : deux collèges « chauffeurs », selon qu’ils comptent plus ou moins de trois ans d’ancienneté, un collège d’utilisateurs bénéficiaires (la part sociale s’élève à 50 euros), un collège d’institutions publiques, incluant l’intercommunalité Plaine Commune et le département de Seine-Saint-Denis, et enfin, un collège « bénévoles ».

Comme pour les VTC des grandes plateformes, et en accord avec la loi Thévenoud de 2014, il est interdit pour les chauffeurs de Maze de proposer des courses « à la volée ». Les clients doivent s’inscrire via une plateforme de réservation, qui a coûté à la jeune entreprise un investissement de 300 000 euros.

Pour une nuit « normale » dans la métropole parisienne, il faut compter environ 3 000 chauffeurs. Avec ses quelque 500 « chauffeurs-sociétaires », Maze est encore loin du nombre requis. C’est pourquoi l’idée est de se lancer d’abord sur le marché professionnel, le B2B, à Lille et Paris. L’entreprise vise également les collectivités. « Il faut roder la bécane », résume Brahim Ben Ali.

Pour un trajet Lille centre-aéroport, un chauffeur Maze percevra 29 euros, auxquels s’ajoute une commission (15 % sur la gamme économique, 20 % sur les berlines et vans) qui va au pot commun et est redistribuée sous forme de bénéfices.

Sur le plan économique, l’incertitude demeure. L’argent reste un enjeu crucial. « Nous n’avons bénéficié d’aucune aide de l’Etat », déplore le PDG. Mi-octobre, Maze a lancé un financement participatif, espérant collecter entre 1,5 et 2 millions d’euros d’ici février prochain. Avis aux intéressés !

Une approche différente du nettoyage

Une autre ville, un autre secteur, un autre modèle. À Nantes, Véry’fiable offre depuis douze ans des services de nettoyage et de ménage pour les entreprises et les particuliers. Bien qu’il n’y ait pas de plateforme d’intermédiation dans ce domaine, la précarité y est omniprésente.

« À l’origine, il y a un groupe de cinq personnes travaillant pour une grande entreprise qui ont décidé de fonder leur propre société », résume Anne Chauchat, qui vient de devenir sociétaire après un parcours d’intégration de deux ans. La Scop compte 35 employés, dont seuls 9 ont été transformés en sociétaires après avoir suivi le célèbre parcours.

Véry’fiable emploie de nombreuses personnes initialement éloignées de l’emploi. « Nous collaborons avec des structures d’insertion et des organismes d’accompagnement pour les personnes étrangères », ajoute encore Anne Chauchat.

Le choix de la coopérative répond à plusieurs objectifs : valoriser des métiers souvent dévalorisés ; offrir des perspectives d’évolution professionnelle, avec l’apprentissage de compétences entrepreneuriales, puisque les sociétaires d’une Scop doivent superviser la gestion ; améliorer les conditions de travail ; et répondre à une demande de clients prêts à payer davantage pour des salariés traités avec plus de considération.

« Lors d’une première visite chez les clients, nous examinons le matériel proposé », explique Anne Chauchat. Nous recommandons d’utiliser uniquement du vinaigre blanc et du liquide vaisselle. Un client qui voudrait imposer de l’eau de javel par exemple, c’est non. »

Idem pour les aspirateurs muraux légers : « À l’usage, ils entraînent des tendinites. »

Les employés sont rémunérés au Smic ou au-dessus, en fonction de leur expérience. Le salaire est annualisé, avec un nombre d’heures fixes comptées dans le mois, afin d’assurer une sécurité tout en tenant compte des annulations de dernière minute. Sur le marché des particuliers, la prestation est facturée 33 euros de l’heure + 4 euros de frais de déplacement. « C’est la fourchette haute, mais nous l’assumons », souligne Anne Chauchat.

Sur le plan financier, la Scop se porte bien, même si elle ne génère pas « des marges énormes », précise encore la sociétaire. Elle investit beaucoup dans la formation aux métiers et les parcours d’intégration pour devenir associé. Tout cela sans bénéficier des aides d’une association ou celles d’une structure d’insertion par l’activité économique. Toutefois, elle est en partie soumise à la convention des services à la personne, ce qui permet à sa clientèle de particuliers de profiter d’un crédit d’impôt de 50 %.

Véry’fiable a reçu en 2021 le prix national de la Fondation du crédit coopératif et, en 2023, le prix régional Pays-de-la-Loire de l’économie sociale et solidaire.

POUR ALLER PLUS LOIN :

Le débat « A-t-on renoncé à lutter contre la pauvreté ? », le samedi 30 novembre à 9 h 45 aux Journées de l’économie autrement, à Dijon. Consultez le programme complet de cet événement organisé par Alternatives Economiques.

Fin des artistes musicaux ? De quelle manière l’IA pourrait transformer la création musicale

Intelligence Artificielle

Fin des artistes musicaux ? De quelle manière l’IA pourrait transformer la création musicale

La création musicale assistée par IA annonce-t-elle la fin des artistes ? Quel sera l’effet de ces outils d’IA sur le secteur ? Tentons de décoder ce phénomène qui gagne en ampleur dans ce qui suit !

Qu’il s’agisse de notre bien-être, de nos maisons intelligentes, de nos habitudes alimentaires ou même de la qualité de notre sommeil, tous les aspects de notre vie quotidienne sont désormais influencés par l’IA. Parmi les secteurs récemment touchés par cette technologie, il convient de souligner l’industrie musicale.

Certainement, la composition assistée par ordinateur existe depuis les années 70. Toutefois, les progrès récents en matière d’IA, notamment avec l’arrivée de ChatGPT, suscitent des interrogations. Comment l’industrie musicale de demain réagira-t-elle face aux générateurs de musique par IA ? Est-ce une paranoïa ou une inquiétude légitime ? Analysons cette tendance dans les lignes suivantes !

La création musicale par IA : un cadeau empoisonné ?

YouTube video

Bien que l’on considère que la création musicale par IA est récente, il est important de noter qu’aux années 80, des précurseurs comme Brian Eno avaient déjà fait appel à des algorithmes pour concevoir des musiques ambiantes.

Il a néanmoins fallu attendre 2009 pour découvrir la musique générée par ordinateur. Pourquoi donc les artistes sont-ils si inquiets vis-à-vis de l’IA dans le secteur musical ? Simplement parce que l’intelligence artificielle utilisée pour composer des morceaux transcende le cadre des algorithmes traditionnels.

Des systèmes comme Google’s MusicLM, formés sur 280 000 heures de musique, peuvent aujourd’hui produire des compositions entières à partir de simples instructions textuelles. Cette accessibilité a explosé avec l’émergence de l’IA générative destinées au grand public.

Désormais, imaginez l’ampleur de l’impact de cela sur l’univers musical. Nous faisons face à des machines capables de créer des mélodies envoûtantes en un rien de temps. La création musicale via l’IA est à présent à la portée de tous, même de ceux qui n’ont pas reçu de formation musicale…

L’IA menace-t-elle la diversité et l’authenticité musicales ?

Interviewée par des journalistes, la compositrice Caitlin Yeo a exprimé ses craintes concernant l’avenir des musiciens. Pour elle, le développement de l’IA musicale pourrait entraîner la disparition de métiers musicaux fondés sur des années d’expérience et de formation. Mais ce n’est pas seulement la question de l’emploi qui préoccupent les créateurs. L’IA pourrait standardiser les œuvres, mettant en péril la diversité culturelle et personnelle qui enrichit la musique.

Yeo mentionne son propre projet pour le film New Gold Mountain, où elle a utilisé des instruments traditionnels occidentaux pour dépeindre des scènes du point de vue chinois, une décision artistique significative que l’IA ne serait pas en mesure de comprendre ni de répliquer.

Le manque de discernement de l’IA face aux distinctions culturelles et émotionnelles pourrait transformer la musique en « un produit uniforme », voire entraîner des malentendus culturels. Pour certains compositeurs, la richesse musicale repose sur la subjectivité de l’artiste, ses émotions et ses vécus. Ces facteurs échappent néanmoins aux algorithmes d’apprentissage automatique.

https://twitter.com/raplume/status/1728374988259127755

Je pense que l’intégration de l’IA dans la création musicale n’est pas une fatalité. Cependant, l’avenir de cette technologie dépendra des décisions que prendra la communauté musicale.

Il est beaucoup plus facile de demander à ChatGPT d’expliquer les principes des racines carrées en mathématiques, mais la génération musicale par IA devra être encadrée.

Cela permettra, entre autres, de sauvegarder les œuvres humaines et d’encourager une transparence éthique. Je suis convaincu que l’IA pourrait agir comme un outil d’assistance, plutôt qu’un substitut nuisible pour les compositeurs. C’est à la communauté musicale de s’assurer que cette technologie enrichisse la diversité musicale au lieu de l’uniformiser. Qu’en pensez-vous ?

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Trump déclare qu'Elon Musk dirigera le bureau 'DOGE' pour réduire les dépenses gouvernementales 'inutilement' élevées

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Trump déclare qu’Elon Musk dirigera le bureau ‘DOGE’ pour réduire les dépenses gouvernementales...

Image : Cath Virginia / The Verge | Photo par STR / NurPhoto, Getty Images Le président élu Donald Trump a nommé Elon Musk et Vivek Ramaswamy pour diriger ce qu'il appelle le Département de l'Efficacité du Gouvernement — oui, l'acronyme est DOGE — pour « frayer le chemin » à son administration pour « démonter la bureaucratie gouvernementale, réduire les régulations excessives, couper les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales. » Le département fonctionnera d'une manière ou d'une autre « en dehors du gouvernement » et travaillera avec la Maison Blanche et le Bureau de la gestion et du budget, selon le communiqué posté sur Truth Social. Musk et Ramaswamy ont jusqu'au 4 juillet 2026 pour mener à bien leur travail, indique le communiqué.Trump avait déclaré lors de sa campagne présidentielle qu'il nommerait Musk pour diriger une commission d'efficacité gouvernementale s'il était élu. Musk a proposé de réduire d'au moins 2 trillions de dollars, ce que le Washington Post qualifie de « pratiquement impossible » à moins qu'il ne touche au budget de la défense ou à des programmes comme la sécurité sociale. Musk a reconnu que ces coupes pourraient avoir des impacts financiers graves à court terme.Musk semble avoir confirmé la nouvelle sur X, écrivant : « Le merch sera 🔥🔥🔥. » Pendant ce temps, le prix de Dogecoin a doublé depuis l'élection. Musk a soutenu la campagne de Trump dans des publications sur X et à travers l'America PAC, qui aurait dépensé environ 200 millions de dollars pour faire élire Trump. Voici le texte complet de la déclaration de Trump :J'ai le plaisir d'annoncer que le Grand Elon Musk, travaillant en conjonction avec le Patriote Américain Vivek Ramaswamy, dirigera le Département de l'Efficacité du Gouvernement (« DOGE »). Ensemble, ces deux merveilleux Américains frayeront le chemin...
National Guard Discord leaker condamné à 15 ans de prison

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National Guard Discord leaker condamné à 15 ans de prison

Image : Cath Virginia / The Verge Après avoir plaidé coupable en mars de six chefs d'accusation de rétention et de transmission intentionnelle d'informations en matière de défense nationale en vertu de la loi sur l'espionnage, l'ancien membre de la Garde nationale aérienne Jack Teixeira a été condamné aujourd'hui à 15 ans de prison pour avoir publié "des centaines de pages" de documents militaires classifiés sur Discord.Certaines des informations divulguées comprenaient des détails sensibles sur les mouvements de troupes en Ukraine et des informations précédemment inconnues concernant la collecte de renseignements par les États-Unis sur d'autres pays comme la Chine, la Russie et la Corée du Sud.Alors qu'il était stationné dans une base aérienne à Cape Cod, Massachusetts, Teixeira a obtenu une autorisation de sécurité Top-Secret//Informations Sensibles Compartimentées nécessaire pour "la maintenance et le dépannage" des postes de travail classifiés dans l'aile du renseignement. Selon le DOJ, il "a utilisé un poste de travail sécurisé à la base USANG d'Otis pour effectuer des centaines de recherches de documents classifiés contenant des NDI qui n'étaient pas liés à ses fonctions."Le jeune Teixeira, âgé de 22 ans, a été arrêté l'année dernière après que les autorités ont découvert qu'il avait publié des informations classifiées sur un serveur Discord privé appelé "Thug Shaker Central" avec environ 20 utilisateurs actifs, selon Bellingcat.Au début, il a partagé des versions tapuscrites des documents classifiés mais a par la suite publié de véritables photographies des matériaux - y compris certains étiquetés "Top Secret" - après que d'autres membres de la communauté n'ont pas prêté suffisamment attention à ses publications. Le New York Times a rapporté qu'une trace d'éléments de preuve numériques, y compris un motif distinctif sur un plan de travail en granit dans sa maison d'enfance, a lié Teixeira au matériel divulgué."M. Teixeira est responsable de...