Un Commissariat au Plan est inapproprié dans la France du XXIe siècle
REGIS DUVIGNAU via Getty ImagesEmmanuel Macron et le maire de Pau François Bayrou assistent à une présentation du nouveau bus à hydrogène, “Febus”, à Pau, le 14 janvier 2020. (Photo REGIS DUVIGNAU / POOL / AFP via Getty Images) L’annonce de recréer un Commissariat au Plan avec un poste de haut-commissaire offert à une personnalité politique, de surcroît maire en exercice, a beaucoup surpris. On rappellera que le Commissariat au Plan, tel qu’on l’a connu dans les années 1960 sous le vocable d’ardente obligation, était parfaitement justifié par la nécessité de reconstruire la France d’après-guerre. À l’époque, les dirigeants savaient parfaitement ce qu’ils voulaient faire mais avaient besoin de planifier les investissements, ce qui justifiait des périodes quinquennales se succédant les unes aux autres. La suppression du Commissariat au Plan, partiellement remplacé par une forme de think-thank, a correspondu à une triple convergence entre la décentralisation en 1982, la perte de capacités de l’État sur le plan économique et l’envahissement du néolibéralisme et de l’hyper-financiarisation de l’économie. Alors pourquoi recréer un Commissariat au Plan? Il est indéniable que la France a besoin d’un projet solide de construction de la transition économique, écologique, sociale et sociétale. Le gouvernement navigue à vue et personne n’est capable de définir ce qu’est aujourd’hui le projet pour la France -en espérant qu’il n’y ait pas un projet secret de financiarisation croissante de notre économie. Dans ces conditions, un Commissariat au Plan est totalement inapproprié puisque pour qu’il y ait plan, encore faut-il que l’on sache où on veut aller avec un projet précis. Ce n’est évidemment pas le cas et cela pour deux raisons majeures: la situation d’incertitude qui est beaucoup plus grande que celle que nous avons connue par le passé est un premier frein; de même qu’il y a nécessité d’inventer pour construire…