Quelle est la différence entre une foule enragée et un mouvement de protestation légitime ?
De la Révolution française au 6 janvier, les foules ont été héroïsées et vilipendées. Maintenant, elles constituent un champ d’étude.
De la Révolution française au 6 janvier, les foules ont été héroïsées et vilipendées. Maintenant, elles constituent un champ d’étude.
Chaque samedi, Alternatives Economiques vous présente une sélection de livres dignes d’intérêt. Cette semaine, nous vous recommandons : Les valeurs du travail, par Olivier Galland ; Le service public empêché, par Nadège Vezinat ; et Vieux cons. Pistes de conversations pour les générations en transition, par Luc Gwiazdzinski et Gilles Rabin.
Il s’agit d’un thème récurrent de notre époque : évoquer la prétendue crise de la valeur travail sans jamais préciser ce qu’elle impliquerait. Cependant, il existe de nombreuses enquêtes sur les valeurs, incluant plusieurs questions touchant précisément à l’importance que les individus donnent à tel ou tel aspect du travail. En s’appuyant sur ces éléments, le sociologue Olivier Galland propose une réflexion plus approfondie sur nos relations au travail.
Il souligne notamment des relations nationales variées, en classant les pays en trois groupes selon l’importance que leurs citoyens attribuent au travail dans leur vie, à sa dimension vocationnelle et à sa normativité. Ainsi, contre les idées reçues, les citoyens des pays anglo-saxons et asiatiques entretiennent généralement une relation distanciée au travail, ceux de certains pays méditerranéens ou d’Europe de l’Est le perçoivent d’abord comme un investissement matériel, tandis que les Français et les Scandinaves l’envisagent comme une vocation.
De nombreuses autres variables sont examinées, avec un accent particulier sur la situation en France, où l’auteur déconstruit également l’idée reçue d’un désintérêt supposé des jeunes à l’égard du travail.
Igor Martinache
Les valeurs du travail, par Olivier Galland, Coll. Sécuriser l’emploi, Presses de Sciences Po, 2024, 150 p., 9 €.
La demande sociale pour le service public semble plus forte que jamais, mais l’acceptation de le financer semble affaiblie. Pour mieux comprendre la situation, la sociologue Nadège Vezinat commence par définir la notion de service public, soulignant les zones d’incertitude qui persistent concernant son périmètre et sa nature.
Ensuite, elle explique comment le service public est entravé, limité et contesté, du point de vue de ses bénéficiaires, de son personnel et de ses décideurs. Sous l’effet d’un mouvement triple d’européanisation, de marchandisation et de privatisation, qui est lui-même plus complexe qu’il n’y paraît, le service public, malgré la diversité de ses secteurs, est pris dans un cercle vicieux dont il semble urgent de sortir.
Car c’est effectivement la cohésion sociale qui est en jeu. Ce diagnostic précis constitue un bon point de départ pour alimenter le débat public nécessaire.
I. M.
Le service public empêché, par Nadège Vezinat, PUF, 2024, 368 p., 24 €.
Devenir considéré comme de vieux cons aux yeux des jeunes générations : c’est le risque qui nous guette en vieillissant ! Conscients de cette réalité, les deux auteurs, un géographe et un docteur en économie, ne se résignent pas pour autant à renier leur passé d’enfance et d’adolescence vécu entre les années 1960-80, bien avant l’ère d’Internet et des smartphones.
À la manière d’un catalogue à la Prévert, ils partagent leurs souvenirs. Tout y est : des événements marquants (Coupe du monde de football, sécheresse de 1976…), l’impact des pratiques religieuses, les longs repas familiaux, les séries télévisées, les objets iconiques, la R5 et compagnie.
Bien que l’un soit originaire de Lorraine et l’autre de Bretagne, c’est d’une France commune qu’ils parlent. Un sentiment renforcé par leur choix de passer sans transition d’un « je » à l’autre. Si tout cela évoque des images d’Épinal et de la nostalgie, ils ne tombent pas pour autant dans le « c’était mieux avant ». C’était simplement différent, estiment-ils. À tel point qu’il est possible de mesurer de manière implicite les bouleversements causés par la mondialisation, l’expansion de la société de consommation, l’urbanisation, etc.
Sylvain Allemand
Vieux cons. Pistes de conversations pour les générations en transition, par Luc Gwiazdzinski et Gilles Rabin, Fyp, 2024, 224 p., 21 €.
Le projet de loi de finances pour 2025 prévoit de diminuer de 1,3 milliard d’euros le budget alloué à l’aide publique au développement. Les ONG humanitaires pourraient être les premières touchées.
CANICULE – De véritables pièges à chaleur. Dans son dernier rapport publié lundi 9 août, le GIEC alerte sur l’évolution des conditions de vie en ville, très sensibles aux canicules. “Les villes intensifient localement le réchauffement induit par l’homme, et la poursuite de l’urbanisation, conjuguée à la fréquence accrue des épisodes de chaleur extrême, augmentera la gravité des vagues de chaleur”, concluent les scientifiques du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat La crise climatique est déjà là: le mois de juillet 2021 a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur Terre, a indiqué vendredi l’Agence nationale océanique et atmosphérique américaine (NOAA). Changer la configuration des villes Ainsi, alors que la population mondiale s’urbanise de plus en plus, nos villes présent un défaut majeur: elles surchauffent en été, à cause de sols trop artificiels et de matériaux peu adaptés. Ces dernières années, de nombreuses initiatives ont été lancées pour s’adapter aux canicules, comme le montre la vidéo ci-contre. Si l’arrosage des sols (en extérieur) ou la climatisation par réseaux de froid (en intérieur) permettent ponctuellement de réduire de quelques degrés les chaleurs, de véritables reconfigurations des espaces urbains sont à l’étude. Changer la couleur ou la nature des revêtements et mieux organiser la circulation de l’air pourraient avoir un véritable impact, selon l’ADEME. Mais la véritable solution se trouve dans la végétalisation de ces espaces. À voir également sur Le HuffPost: Incendies en Algérie: les Canadair français déjà en action Source
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