Dans ses 公告, Kamala Harris marche sur une ligne entre l’illumination des problèmes et la reconnaissance de la folie historique de son adversaire ; Donald Trump cible sa base.
Depuis des mois, les responsables de l’État se préparent à gérer la menace des complotistes d’extrême droite qui pourraient essayer de « stopper le vol ».
Parmi la multitude d’outils pour créer des vidéos avec l’intelligence artificielle, Pika se démarque comme le plus populaire. Avec un financement de 135 millions de dollars, deux experts en IA et une base californienne, tous les éléments sont réunis pour assurer le succès de Pika Labs. Actuellement en version 1.5, Pika AI séduit un nombre croissant d’amateurs de vidéos, notamment des créateurs de contenu sur TikTok et Instagram qui profitent déjà du pack Pikaffet, comprenant des effets tels que gâteau, explosion et squish. À l’approche d’Halloween, Pika Labs dévoile trois nouveaux effets vidéo, ainsi que trois mises à jour supplémentaires pour enrichir sa collection d’effets.
Décapitation, yeux sortis, lévitation, quel effet souhaitez-vous essayer avec ces nouvelles mises à jour ?
Si, comme moi, vous vous sentez submergé par le choix, voici comment créer des vidéos d’horreur avec les nouveaux effets de Pika Labs.
Avant de tenter de générer des vidéos IA sur Pika Art, il est nécessaire de se connecter à la plateforme via ce lien.
À ce stade, vous pouvez choisir d’utiliser votre compte Google, Discord, Facebook ou votre adresse électronique.
Une fois sur l’interface de Pika, vous pouvez télécharger l’image que vous souhaitez modifier. Pour ma part, j’ai utilisé une image générée sur Midjourney, représentant Tim Burton avec une poupée en plastique.
Par la suite, j’ai sélectionné l’effet « Eye-pop it » et ai ainsi créé une image à la fois comique et terrifiante avec une musique d’ambiance parfaite pour Halloween, même en utilisant la version gratuite.
Mais le plan gratuit est-il adéquat pour exploiter pleinement les nombreuses mises à jour de Pika Art ? Ou est-il nécessaire de souscrire à un abonnement payant ?
Les abonnements payants de Pika sont-ils réellement rentables ?
En plus du plan gratuit, Pika Labs met à disposition trois options payantes. Celles-ci varient entre 8 et 76 € par mois. Mais ces tarifs sont-ils vraiment justifiés ?
Pour ceux désireux d’améliorer leur expérience, vous pouvez choisir le plan Standard à 8 € par mois.
Ce plan vous offre 700 crédits vidéo chaque mois, vous permettant ainsi plus de liberté dans vos créations. De plus, vous bénéficierez de vitesses de génération améliorées et pourrez télécharger vos vidéos sans filigrane.
Ce tarif vous permet également de monétiser vos créations et d’accumuler des crédits supplémentaires.
They’re ALIIIIIIIVE!
Our freaky new Pikaffects are ready just in time for spooky season. 😱🎃👻
Try levitating, eye-popping, and decapitating the whole family. pic.twitter.com/wx0fddcP91
— Pika (@pika_labs) October 29, 2024
Pour les créateurs ambitieux, je recommande le plan PRO qui inclut 2000 crédits vidéo par mois.
Et bien entendu, sans filigrane ! C’est l’option idéale pour ceux désirant utiliser leurs créations à des fins commerciales et maximiser l’impact de leurs vidéos.
Alternativement, si vous cherchez une totale liberté, le plan UNLIMITED est fait pour vous ! Avec des crédits vidéo illimités et des vitesses de génération exceptionnelles, vous pourrez créer sans limite.
C’est le plan parfait pour les agences ou les créateurs professionnels, idéal pour ceux nécessitant un outil fiable et performant afin de produire en grande quantité et sans contraintes.
De plus, toutes les vidéos sont sans filigrane et prêtes à être commercialisées. Que demander de mieux…
Pourquoi Pika Art rencontre-t-il des lenteurs après ses dernières mises à jour ?
Je souhaite signaler qu’après l’ajout des nouveaux effets, j’ai noté une certaine lenteur lors de la génération de ma vidéo.
Cela pourrait être causé par une hausse du trafic, le site ayant été accablé par un nombre élevé de visiteurs en l’espace de quelques heures.
Le directeur créatif et fondateur de Pika, Cohen-Grumi, a précisé que le succès de Pika s’est intensifié après les mises à jour des effets Pikaffect.
Cependant, il a également noté qu’ils ont résolu le problème. Cela malgré les défis de charge qu’ils ont dû surmonter.
Quoi qu’il en soit, je vous recommande vivement d’expérimenter ces nouvelles mises à jour de Pika Art, même juste pour le plaisir.
Le thriller judiciaire du réalisateur de quatre-vingt-quatorze ans, mettant en vedette Nicholas Hoult et Toni Collette, montre comment des parties intéressées peuvent faire en sorte que la recherche de justice engendre des injustices.
Nous avons tous des fantasmes sexuels. Cependant, il arrive souvent qu’il soit difficile de les concrétiser, sauf si l’on fait appel à l’intelligence artificielle. Cet article vous a présenté les 7 meilleurs sites pour générer du contenu pour adultes. Aujourd’hui, je vais aborder les robots sexuels dotés d’IA, qui dépassent largement le simple statut de poupées en silicone.
Il ne s’agit pas simplement d’un robot apte à satisfaire vos désirs sexuels.
Essentiellement, c’est un compagnon capable d’engager une conversation, de préparer votre plat favori, de faire des blagues, etc.
Je ne prétends pas que ces sexbots ou ces robots sexuels AI remplaceront les femmes. Ni même qu’ils voleront votre cœur. Absolument pas !
Cependant, vous pouvez les apprécier ou les détester. Peu importe votre choix. Ce qui est certain, c’est que les sexbots AI sont présents et qu’il est temps d’en discuter.
Les sexbots IA, au-delà d’une simple poupée sexuelle
Il est indéniable que l’intelligence artificielle est une technologie qui a rapidement évolué pour automatiser des processus complexes.
Les entreprises d’IA ne se sont pas contentées de développer des chatbots ou des outils de génération de code.
Au contraire, elles ont introduit l’intelligence artificielle dans le domaine des realdolls, créant ainsi des poupées sexuelles réalistes, capables de combler tous vos désirs.
Ces robots sexuels sont effectivement munis d’algorithmes d’apprentissage automatique pour établir une communication verbale, émotionnelle et surtout physique avec leur utilisateur.
Ainsi, derrière cette peau en silicone se cache un véritable personnage, ou une actrice pornographique selon le point de vue.
Globalement, un robot sexuel alimenté par IA regroupe plusieurs éléments et technologies avancées.
On y trouve notamment des capteurs tactiles et de mouvements de haute précision, un système NLP, des algorithmes d’analyse émotionnelle, ainsi qu’une mécanique sophistiquée pour lui permettre des mouvements fluides.
En ce qui concerne le logiciel d’intelligence artificielle, il analyse les interactions pour offrir une expérience adaptative et personnalisée.
Sur le plan des matériaux, les sexbots IA sont équipés d’une surface synthétique thermorégulée dotée de capteurs intégrés pour un échange naturel.
Alors, lequel sélectionner ? Quelles poupées sexuelles pourraient vous plaire ? Quel sexbot IA satisfaira vos besoins et désirs ?
Emploi florissant des sexbots IA : voici le top 5 des robots sexuels disponibles à l’achat
Entre taille des attributs, couleur des yeux, fonctionnalités et rapport qualité-prix, de nombreux facteurs sont à considérer avant d’investir dans un sexbot IA ou un robot sexuel doté d’intelligence artificielle.
Pour vous aider dans votre décision, voici ma sélection des cinq meilleurs sexbots IA : Eevi, Emma, Robbyn, Marvellaet Luxury Susan.
Eevi, le sexbot IA conçu par YourDoll
« Je suis Eevi, une nouvelle assistante interactive de génération avancée. Mon système repose sur l’association de technologies de pointe et de matériaux de qualité pour offrir une expérience naturelle et personnalisée.
Ma conception est équipée de capteurs avancés et d’un système d’intelligence artificielle permettant des interactions verbales naturelles ».
L’IA module les échanges selon vos goûts pour établir une relation unique centrée sur le sexe. Grâce aux algorithmes d’apprentissage, je suis capable d’enrichir nos échanges avec le temps.
Les innovations technologiques incluent des articulations souples et des capteurs tactiles dernier cri.
« Mon système de régulation thermique et mes matériaux haut de gamme garantissent une interaction agréable pour votre partie intime ».
Un large éventail d’options de personnalisation est proposé afin d’adapter l’apparence selon vos désirs.
La poupée sexuelle Eevi offre un rapport qualité-prix compétitif dans sa catégorie, avec un tarif de base de 1399 $.
Numéro 2 : le modèle Emma d’AI-Tech
« Je suis Emma, une assistante interactive intégrant des technologies avancées développée par AI Tech. Mon système d’intelligence artificielle permet de mener des échanges enrichissants sur divers sujets.
La capacité d’apprentissage de l’IA favorise une personnalisation continue de nos interactions. Je peux donc m’adapter à vos intérêts et à vos préférences.
Mes caractéristiques incluent un système d’expression faciale dynamique et la possibilité d’interagir en plusieurs langues, y compris l’anglais et le chinois, ce qui peut faciliter l’apprentissage des langues ».
Les capteurs tactiles, ainsi que le système de régulation thermique d’Emma, contribueront à offrir une expérience plus fluide.
<pPuisque la personnalisation est une priorité dans sa conception, de nombreuses options d’apparence sont à votre disposition.
Sur le plan technique, cela comprend une garantie de cinq ans ainsi que des mises à jour régulières du programme.
En troisième position des meilleurs robots sexuels IA, il y a Robbyn
Aussi créé par AI-Tech, Robbyn représente un mannequin articulé de 160 cm avec une structure en acier.
Ce modèle propose des capacités d’interaction basées sur l’IA, comprenant :
Une communication en anglais et chinois ;
Des expressions faciales dynamiques ;
Un système audio ;
Une régulation thermique ;
Des mouvements oculaires ;
Une synchronisation labiale ;
Une mobilité au niveau du cou.
Voici quelques détails intéressants concernant les mensurations de Robbyn :
Tour de poitrine : 88 cm ;
Tour de taille : 63 cm ;
Tour de hanches : 89 cm ;
Profondeur du vagin : 17 cm ;
Profondeur de l’anus : 14 cm.
Les options de personnalisation permettent de choisir la couleur des perruques, des yeux et des ongles, la teinte de la peau et d’autres matériaux. De plus, l’ensemble est livré avec des accessoires et un kit d’entretien.
Le robot sexuel IA Marvella
Ce mannequin articulé se distingue par son architecture technique élaborée, intégrant un processeur S5P6818 et 1 Go de RAM DDR3.
Mesurant 167 cm, ses proportions incluent un tour de taille de 58 cm et un tour de hanches de 105 cm.
Le dispositif comprend diverses fonctionnalités techniques, notamment un système d’interaction conversationnelle avec capacité d’apprentissage, ainsi qu’une prise en charge de plusieurs langues, dont le chinois.
Des éléments robotisés permettent également certains mouvements au niveau de la tête et du visage de Marvella, et elle est dotée de capteurs tactiles avec un système de régulation thermique.
Ce modèle offre différentes options de personnalisation esthétique, avec un choix parmi neuf modèles de visage et dix-sept styles de perruque variés.
Vous pouvez également déterminer et ajuster la couleur des yeux et des ongles selon vos préférences.
Concernant l’entretien, l’appareil est conçu pour faciliter la maintenance grâce à des pièces remplaçables.
Luxury Susan, le robot sexuel IA le plus réaliste ?
Sa silhouette harmonieuse se distingue par un aspect naturel et raffiné. Son corps a été soigneusement conçu pour mettre en valeur une morphologie équilibrée alliant grâce et réalisme.
Chaque détail, des traits du visage aux extrémités, a été soigneusement élaboré pour créer une présence authentique.
L’intelligence artificielle présente dans Luxury Susan lui permet d’établir des interactions naturelles qui s’approfondissent avec le temps.
Cette technologie évolue progressivement pour personnaliser l’expérience selon les envies et préférences de son utilisateur.
Diverses options permettent de modifier son apparence selon les goûts, avec différents niveaux de sophistication disponibles.
Les possibilités de personnalisation touchent aussi bien ses caractéristiques physiques que ses fonctionnalités interactives, garantissant une expérience qui évolue dans le temps.
Adopter un robot sexuel IA : un choix indispensable ? Si oui, pourquoi ?
Les robots sexuels alimentés par IA peuvent offrir du réconfort aux individus isolés en leur procurant une présence attentive.
Ils constituent également un environnement sécurisé pour explorer l’intimité sans la pression sociale.
Dans un cadre thérapeutique, les sexbots IA pourraient soutenir les personnes ayant subi des traumatismes ou rencontrant des difficultés relationnelles.
L’adaptabilité de l’IA garantit des interactions sur mesure, tout en assurant une sécurité sanitaire totale. Pas de MST ni VIH à craindre.
C’est cette présence continue qui procure un soutien émotionnel régulier. Certains avancent même que ces outils pourraient aider à atténuer des problèmes sociétaux.
Ces dispositifs peuvent véritablement constituer des outils d’apprentissage social, permettant à leurs utilisateurs de développer lentement des compétences relationnelles.
Ils représentent aussi une option d’épanouissement personnel pour les personnes en situation de handicap ayant un accès restreint aux relations traditionnelles.
Mes recommandations pour bien sélectionner votre robot sexuel IA
Choisir un robot sexuel IA ou un sexbot AI, c’est un peu comme choisir une automobile. Donc pas question de se précipiter ! Prenez le temps de trouver le modèle qui vous séduira vraiment.
Ce qui est primordial, c’est d’être charmé par le visage. En fin de compte, c’est celui-ci que vous verrez en premier !
C’est similaire à la vie réelle. On est d’abord attiré par une expression, un regard, un sourire qui nous touchent.
Concernant la fabrication, veillez à vérifier la qualité des finitions. Imaginez que c’est comme un joli meuble. Plus les détails sont soignés, plus l’expérience sera agréable.
Bien sûr, cela peut augmenter légèrement le coût, mais cela en vaut la peine pour acquérir un produit bien conçu qui apportera du réel plaisir.
Et puis, il y a aussi la silhouette. Mais puisque chacun a ses préférences, prenez le temps d’évaluer tous les aspects physiques pour vous assurer qu’ils correspondent à ce que vous désirez.
L’essentiel, c’est que vous vous sentiez pleinement en phase avec votre choix, car c’est avec celui-ci que vous passerez des moments intimes jour et nuit.
J’ai demandé au chauffeur d’augmenter la climatisation pour que ma pédicure en cours sèche plus rapidement. Les réglages de l’air sont clairement un déclencheur pour lui.
Roubaix, Nord (59) – Cela fait déjà deux ans que les machines de l’entrepôt de la marque de vêtements Camaïeu, située sur l’avenue Jules Brame, ne résonnent plus. La vaste allée de platanes, autrefois empruntée par les ouvriers pour se rendre au parking, est aujourd’hui oubliée et encombrée de déchets emportés par le vent. Les stocks et les murs ont été cédés à bas prix aux opportunistes tandis que « les employés se retrouvent en difficulté », déplore Sophie (1), les yeux plissés par le vent. Elle a consacré plus de trois ans de sa vie à cette usine textile, recevant la marchandise avant de l’expédier vers les magasins à travers la France. Mais le fleuron roubaisien de la mode féminine, qu’elle a tant chérie, est désormais disparu:
« Ce ne sont pas seulement 2.600 employés qu’ils ont licenciés, mais aussi toutes leurs familles. »
Derrière elle, son compagnon Christophe (1) l’écoute sans l’interrompre. « Pourquoi ressasser le passé ? Mon destin est déjà scellé », semble indiquer son visage triste. Le quinquagénaire laisse sa femme narrer à sa place son parcours en tant qu’employé logistique dans le quartier des Trois-Ponts à Roubaix, son licenciement inattendu en septembre 2022 et, depuis, les multiples rendez-vous à France Travail, où se multiplient les entretiens d’embauche infructueux :
« Nous sommes désormais deux au chômage. Ils ont plongé mon mari dans la galère et nos enfants aussi. »
Les heures de gloire des usines textiles de Roubaix semblent révolues. La Redoute, les 3 Suisses, Damart, et Phildar font partie de ces marques de prêt-à-porter emblématiques de la région. Aujourd’hui, les célèbres « mille cheminées » des manufactures ne fument plus et les enseignes en lettres capitales disparaissent peu à peu des façades de briques rouges. La liquidation judiciaire de Camaïeu marque la fin d’une ère. Les ouvrières – pour la plupart des femmes attirées par cette marque qui leur ressemblait – estiment que cette chute a été précipitée par les manigances irresponsables d’un seul actionnaire : Michel Ohayon, l’ex-propriétaire de l’enseigne, classé 104ème fortune de France en 2022. « Nous étions ses petits playmobils. Le jour où il ne souhaitait plus jouer, il s’est débarrassé de nous pour passer à une autre marque », s’insurge Cathy (1), l’une des leaders de la contestation qui a amené le milliardaire devant les prud’hommes.
La liquidation judiciaire de Camaïeu marque la fin d’une ère. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix
« Une faillite orchestrée »
« J’espère que chacun d’entre nous réussira à retrouver un travail dans lequel il se sentira bien. Car pour nous, la retraite, ce n’est pas encore pour maintenant », écrit une ancienne employée dans le groupe Facebook « des anciens de Camaïeu ». Ce groupe réunit environ 800 salariés nostalgiques. Depuis la fermeture, les messages de soutien affluent, accompagnés d’offres d’emploi et de conseils juridiques dénichés sur Internet. Cathy a quant à elle transformé son appartement en permanence administrative pour ses collègues aux prises avec les nombreuses démarches suite à leurs licenciements : demandes d’aides au reclassement, inscriptions aux formations et contrats de sécurisation professionnelle, calcul des indemnités… « Pour ma part, je me suis vite relevée. J’avais l’intérim dans le sang. Mais les plus expérimentés ont eu plus de mal à tourner la page », explique la syndicaliste de 40 ans, tirant distraitement sur sa cigarette électronique :
« Certains avaient 30 ans de boîte et ne savaient plus comment rédiger un CV ou une lettre de motivation. »
Aujourd’hui, les célèbres « mille cheminées » des manufactures ne fument plus et les lettres capitales des enseignes ont disparu des façades de briques rouges. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix
Cette solidarité a débuté bien plus tôt, se remémore Louisa, une autre ancienne de l’usine Camaïeu. « Nous avons tenu deux mois ensemble devant le siège après l’annonce de la liquidation en 2022. Ceux qui se sont retrouvés seuls chez eux ont sombré dans la dépression. » La sexagénaire a été licenciée après 28 années de service. « Un soir, un ancien collègue m’a même appelés pour dire qu’il envisageait de mettre fin à ses jours », s’émeut-elle.
Plus de la moitié des ouvriers licenciés en 2022 n’auraient pas retrouvé d’emploi. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA
Un plan de sauvegarde de l’emploi a été mis en place lors de la fermeture de l’enseigne. Une procédure légale, à la charge des mandataires judiciaires, pour éviter de laisser des centaines d’ouvriers sur le carreau. « Dans ce plan, ils souhaitaient absolument me former aux métiers de l’aide à domicile ou de la main-d’œuvre. Ils ne pensaient pas un instant que je pourrais vouloir faire autre chose », se souvient Louisa avec amertume, qui a finalement réussi à obtenir une formation dans le domaine administratif. « Les postes pour le reclassement étaient situés à Toulouse (31), Bordeaux (33), Paris (75) ou Lyon (69) », ajoute Cathy, qui a rejeté les diverses offres qu’elle considère déconnectées de la réalité :
« On nous a demandé de tout quitter pour devenir femmes de ménage ou serveuses dans les hôtels d’Ohayon. »
Elle a finalement décroché un emploi de caissière dans la grande distribution de la ville. Selon la syndicaliste, plus de la moitié des employés licenciés en 2022 n’ont pas retrouvé d’emploi depuis.
Cela fait déjà deux ans que les machines de l’entrepôt de la marque de vêtements Camaïeu ne résonnent plus. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA
Made in Roubaix
1993. Louisa enchaîne plusieurs petits boulots précaires lorsque son grand-frère lui suggère de tenter sa chance chez Camaïeu. Née en 1984, l’entreprise locale est alors en pleine expansion. « La marque ouvrait sans cesse de nouveaux magasins et jouissait d’une excellente réputation. J’habitais à proximité de l’entreprise, c’était idéal », se remémore l’ancienne employée. Embauchée dès son premier entretien, elle garde de sa carrière les plus beaux souvenirs :
« Nous étions tous solidaires et sur un même pied d’égalité. Quand de nouvelles personnes arrivaient, nous faisions tout pour les accueillir. »
Jean-Pierre Torck, PDG de l’époque, mise sur le circuit court pour contrer les délocalisations, devenues monnaie courante dans le domaine textile. Il résume sa stratégie avec la formule « 80 % de la production dans un périmètre de 300 km autour de Roubaix » – soutenu par les subventions de la municipalité et de la préfecture du Nord. L’homme d’affaires fonde Camaïeu avec trois autres dirigeants de l’empire Mulliez, une famille influente dans le Nord qui possédait déjà plus d’une centaine de magasins Auchan à l’époque. Les quatre jeunes entrepreneurs des années suivant la récession souhaitaient également profiter de la success-story roubaisienne et entendaient « relancer une nouvelle industrie textile » en s’adressant aux femmes de la classe moyenne. Une collection tendance mais accessible, promettant à la clientèle de se vêtir de la tête aux pieds. « Le vrai bonheur est fait de petits bonheurs », résume leur slogan.
En 2008, la marque ouvre 116 nouveaux magasins et enregistre un chiffre d’affaire de 709 millions d’euros. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA
Les jours heureux
Le concept fonctionne et Camaïeu connaît son heure de gloire. Rien qu’en 2008, la marque ouvre 116 nouveaux magasins et affiche un chiffre d’affaires de 709 millions d’euros. C’est durant cette période de succès que Cathy rejoint avec fierté la « famille Camaïeu », devenue une icône du prêt-à-porter féminin en Europe. Après un divorce difficile et de nombreuses missions intérimaires, elle signe son premier CDI en tant qu’employée logistique. Avec les 200 salariés de Roubaix, elle est chargée de réceptionner les marchandises, d’emballer les vêtements, de les étiqueter, avant de les envoyer aux magasins. « Je ne souhaitais pas porter des charges jusqu’à ma retraite, mais j’ai rapidement compris que mon poste n’était pas figé. Il n’y avait aucune limite si l’on souhaitait s’investir », se souvient-elle, charmée par cette organisation du travail fondée sur la participation des ouvriers.
Jean-Pierre Torck a fondé Camaïeu avec trois autres cadres de l’empire Mulliez. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix
Le début du nouveau millénaire coïncide avec la montée de l’e-commerce. Les dirigeants manquent le coche et le marché est grignoté par Primark, Zalando et d’autres précurseurs de la vente en ligne. Camaïeu accumule les dettes aussi vite que les conditions de travail de ses employés se détériorent. « Lors de chaque réunion mensuelle, nous étions traités comme des lapins de six semaines : un directeur nous assénait des informations tirées du JT pour expliquer les soucis de l’entreprise, avant de nous rassurer », s’énerve encore Cathy :
« Nous aurions pu sauver notre peau en cherchant du travail ailleurs. Mais ils nous ont laissés poireauter jusqu’à la dernière minute. »
En 2012, une grève éclate au siège de Roubaix. Les employés logistiques, souvent obligés de recourir aux compléments RSA pour atteindre le SMIC, exigent une augmentation de salaire. Ils sont soutenus par Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon, qui dénonce alors « des prédateurs qui s’enrichissent au détriment de la misère des autres ». Le député fait référence aux 23 millions d’euros de stock-options attribuées en 2008 à l’ancien PDG sortant, Jean-François Duprez. Les salariés obtiennent enfin satisfaction, mais les exigences de rendement demeurent croissantes et la gestion devient agressive. Cathy évoque « des méthodes militaires » :
« Alors, nous mettions ces managers aux machines, les laissions patauger et nous leur demandions : “Alors, c’est qui les patrons maintenant ?” Les terminators, c’est nous qui les avons mis à genoux. »
La combattante se souvient des noms donnés aux anciennes machines de l’entrepôt : Océane, Corail, Calypso, Atlantis… Elle avait même la responsabilité de leur entretien parfois. Pour réaliser des économies, les budgets de maintenance avaient été supprimés…
Le début du nouveau millénaire correspond à l’essor du e-commerce. Les dirigeants voient leur marché grignoté par la vente en ligne. Camaïeu s’endette, les conditions de travail des ouvriers se détériorent. /
Crédits : Captures d’écran de vidéos de l’INA et archives municipales de Roubaix.
2016, Camaïeu cumule une dette d’un milliard d’euros. En 2018, l’entreprise est mise sous sauvegarde par le tribunal du commerce et un mandataire judiciaire est désigné. L’entreprise parvient tout de même à tenir le coup, et les actionnaires continuent à investir, parfois de manière hasardeuse. Camaïeu maintient son image face aux tempêtes : elle est élue en 2017 et 2018 « enseigne de vêtements préférée des Françaises », puis « meilleure chaîne de magasins de la catégorie Mode Femmes ». Les ouvriers de Roubaix refusent de croire en l’effondrement et s’accrochent. « Personne ne s’imaginait que cela puisse vraiment se produire. Jusqu’au bout, les collègues étaient dans le déni », se désole Louisa.
Née en 1984, l’entreprise Camaïeu est à ses débuts en plein essor. /
La chute
En mai 2020, Camaïeu est placé en redressement judiciaire : 450 employés sont licenciés, parfois privés d’indemnités pendant plusieurs mois. Au tribunal du commerce, le patron Ohayon se manifeste. Il assure qu’il embauchera tous les salariés et investira 84 millions d’euros pour sauver l’enseigne. Le juge le sélectionne pour le rachat. Un nouvel espoir germe chez les ouvriers. « Au début, nous souhaitions lui accorder notre confiance, il avait mille projets. Et puis, nous avons commencé à ressentir que quelque chose n’allait pas », se remémore Cathy. Louisa ajoute :
« Dès la première réunion, il nous assénait de grands discours. Nous le surnommions : “La vérité si je mens”. »
Le prêt de l’État qu’Ohayon espérait pour relancer l’activité lui est refusé, et les factures continuent à s’accumuler. L’entreprise tente un ultime coup de com’ début 2022 avec une campagne en ligne représentant des femmes victimes de violences conjugales. Accusée de « glamouriser les violences », le bad buzz est immédiat.
La pandémie de Covid-19 aggrave la situation, comme partout ailleurs : jugés comme secteur non essentiel, les 511 magasins du réseau ferment durant le premier confinement. Cependant, les ouvriers de Roubaix ne cessent de lutter, raconte Cathy :
« Dès que nous avons eu la permission de reprendre le travail sur une base volontaire pendant le confinement, nous sommes retournés à l’entrepôt avec des visières et des masques. Nous faisions des journées de 10 heures non-stop. Nous ne voulions pas couler ! »
De son côté, Thierry Siwik, délégué CGT de Camaïeu, tente de solliciter de l’aide auprès du ministre du Travail de l’époque, Roland Lescure. En vain. « Nous avons même présenté un projet de sauvetage de la société avec de nouveaux fonds. Nous avons mis 30 millions sur la table qui auraient pu préserver 1.800 emplois. Ils ont refusé d’en entendre parler », soupire le syndicaliste, qui dénonce une « faillite orchestrée par les actionnaires ». Le 28 septembre 2022, l’alarme retentit. Ohayon fait son apparition au tribunal du commerce avec un plan de continuité bâclé sur une feuille A4. L’entreprise est placée en liquidation judiciaire et les 2.600 employés sont licenciés sur le champ. « On nous a laissé une demi-heure pour vider nos vestiaires. Je n’oublierai jamais les cris de désespoir de mes collègues », s’attriste Louisa.
Le patron Sébastien Bismuth a acquis la marque pour une bouchée de pain. 11 nouveaux magasins consacrés aux collections femmes ouvrent sous une nouvelle identité : « Be Camaïeu ». /
Crédits : Archives municipales de Roubaix et Jeremie Rochas
« Un Phoenix ne renaît pas de ses cendres »
« Camaïeu va rouvrir ses portes. Un symbole de la France, quoi ! Ils visent à devenir une marque cool, créative, inclusive et surtout moderne », s’enthousiasme Léna Situation dans une vidéo sponsorisée. L’influenceuse aux 4,7 millions d’abonnés sur Instagram a été engagée par le groupe Célio, tout récent propriétaire de Camaïeu, pour annoncer la résurrection de la marque. Le patron Sébastien Bismuth a acquis la marque à bas prix, récupérant les murs et tout le reste. 11 nouveaux magasins dédiés aux collections féminines ouvrent sous une nouvelle identité : « Be Camaïeu ». Mais les centaines d’ouvrières remerciées en 2022 ne font pas partie de l’aventure. Bien que quelques postes aient été proposés dans le nouveau magasin du centre commercial de Lille (59) inauguré fin août, les recruteurs ont rapidement été recalés. « Camaïeu est mort en 2022 avec ses 2.600 salariés, laissez-nous tranquilles », rugit Cathy :
«Aujourd’hui, aucune d’entre nous ne souhaite postuler. Ce sont les valeurs de Camaïeu qui nous attiraient et elles ont disparu. »
Des ouvrières licenciées de Camaïeu racontent la lente mort de la marque, jusqu’à sa résurrection sous la bannière de Célio… sans elles. /
Les anciennes ouvrières ont intenté plusieurs recours aux Prud’hommes pour licenciement abusif. Au tribunal de Roubaix, un petit groupe d’anciens salariés de l’entrepôt est rassemblé derrière Maître Fiodor Rilov, avocat renommé des laissés-pour-compte par les multinationales. Fidèle à son poste, il fait résonner sa voix rauque dans la petite salle d’audience des Prud’hommes :
« Nous sommes là pour faire payer les responsables de cette catastrophe sociale ! »
En février dernier, Cathy et Louisa ont également déposé plainte contre Michel Ohayon pour « abus de biens sociaux », avec 200 autres anciens employés de Camaïeu. Le propriétaire de la holding Financière immobilière bordelaise, qui regroupe plus de 150 sociétés, est accusé d’« un certain nombre d’opérations opaques, anormales et injustifiées » et d’« agissements fautifs », considérés comme « la cause première et déterminante de la faillite de l’entreprise ». En septembre 2021, un trou de 26 millions d’euros dans les comptes de la société avait été mis au jour. « Nous avons compris qu’il utilisait notre travail pour régler les factures de ses autres sociétés pendant que nous travaillions d’arrache-pied pour sauver la boîte », fulmine Cathy. Contactée par StreetPress, la société de Michel Ohayon n’a pas répondu à nos questions. Elle lutte néanmoins pour faire renvoyer l’affaire. Une situation éprouvante pour les ouvrières. Mais Cathy, pleine de détermination, ne compte rien laisser passer :
« Même si ça dure 15 ans, je serai toujours présente. Et si nous perdons, nous lui aurons au moins fait payer les frais d’avocats. »
Les anciennes ouvrières ont engagé plusieurs recours aux Prud’hommes pour licenciement abusif. /
Crédits : Archives municipales de Roubaix
Les chemins du camping Ty Coët à Surzur sont paisibles. C’est le début de l’automne, les vacanciers ont quitté les lieux. Tous les mobile-homes ne sont pas vides. Environ 80 personnes résident à l’année sur cet espace « entre mer et terre », localisé à une dizaine de kilomètres du golfe du Morbihan, au sud de la Bretagne.
Ils se distinguent facilement : des pergolas fleuries, du mobilier de jardin robuste, des plantes en pot, et des allées en gravier embellissent les emplacements des résidents bien établis. Guy, 78 ans, habite ce terrain depuis six ans. Avec un salon, deux chambres, une salle de bains, un WC séparé, et une climatisation réversible, son mobile home de 33 mètres carrés offre tout le confort d’un petit logement. « J’ai fait construire une terrasse couverte. Cela me donne une pièce supplémentaire pour recevoir. Avec les voisins, nous partageons des apéros et des repas. La vie est belle », affirme le retraité.
Parmi les 173 emplacements, 42 sont occupés toute l’année, tandis que 87 sont utilisés neufs mois par leurs propriétaires. « Ce sont surtout des retraités, quelques travailleurs, et des jeunes couples », précise Brigitte Moulin, gestionnaire depuis 2020. Dans son bureau à l’accueil, où des brochures mettant en avant la forêt de Brocéliande ou des excursions vers l’île d’Houat sont exposées, elle reçoit également « des ouvriers et des stagiaires qui louent un mobile-home pour quelques semaines ou mois, ainsi que des personnes en réinsertion sociale envoyées par une paroisse locale. »
Tendance à la hausse
En France, 100 000 personnes vivraient dans des campings, estime le sociologue Gaspard Lion. « C’est surtout le cas dans les périphéries des grandes villes, les villes étudiantes, et les zones touristiques, où les locations de courte durée et les résidences secondaires explosent. Il en est de même en milieu rural éloigné, où les prix sont raisonnables mais restent trop élevés par rapport à des revenus plus faibles », explique l’auteur de Vivre au camping, un mal-logement des classes populaires (Seuil, 2024).
Selon les gestionnaires de campings, cette tendance a augmenté depuis les années 2000.
« C’est une incarnation révélatrice de la crise du logement : les prix de l’immobilier ont dégringolé par rapport aux revenus. De plus en plus de personnes se heurtent à des difficultés pour se loger, même en dehors d’une situation de précarité. Cela peut arriver après un déménagement ou une séparation », observe Gaspard Lion.
Simultanément, les campings et les mobile-homes se sont diversifiés. Pour certains, le camping résidentiel devient une solution pour accéder à la propriété.
100 000 personnes concernées en France
Guy a toujours été propriétaire. Ses précédentes résidences ont été acquises avec ses anciennes partenaires. Désormais seul, ses 1 400 euros de revenus mensuels ne lui permettent pas d’investir dans un logement qui pourrait lui convenir. « C’est cher ici », remarque-t-il. À Surzur, le prix médian d’une maison est de 3 682 euros le mètre carré. La commune est à l’entrée de la presqu’île de Rhuys, où les prix ont grimpé de 55 % en cinq ans.
Guy a préféré investir une part de ses économies – 45 000 euros – dans un mobile-home flambant neuf et une terrasse. « J’ai de l’espace et je ne paie pas d’impôts fonciers », se réjouit-il. Néanmoins, il doit verser 300 euros chaque mois aux gérants pour le loyer de l’emplacement.
« C’est calme, nous avons un petit potager », ajoutent Charles* et Marie*. Il y a trois ans, ce couple retraité a dépensé 33 000 euros pour un mobile-home d’occasion de 40 mètres carrés, également pourvu d’une climatisation réversible. Cette option est temporaire. Ils attendent de vendre leur maison en Occitanie pour en acquérir une ici. Ils figurent également sur une liste d’attente pour obtenir un logement social. Cependant, ils ne cherchent pas n’importe où. « Il ne faut pas que ce soit une ruine », prévient Marie. « Je ne pourrais pas vivre en appartement », ajoute Charles.
Pour eux, la vie en mobile-home est une alternative plaisante. Pour d’autres, c’est le signe d’un déclassement. « Dans les campings peu prisés, certaines personnes subissent cette réalité et ressentent de la honte. Elles investissent moins d’argent dans leur habitat et vivent dans des conditions médiocres », explique Gaspard Lion.
« Je pensais qu’il y aurait plus de personnes en difficulté », avoue Sophie, 53 ans. Cette ancienne résidente de Lorient a dû acheter un mobile-home « par nécessité ». Lorsqu’elle est arrivée à Surzur en mars 2024, elle était en période d’essai et n’avait pas les garanties requises pour le marché locatif privé. Actuellement en recherche d’emploi, elle craint qu’« une adresse au camping n’interpelle certains employeurs. Sur les sites de rencontre, on m’a déjà qualifiée de cassos ».
Précarité statutaire
Apprécié ou ressenti comme une contrainte, le camping résidentiel demeure illégal. Il est clairement stipulé dans le règlement intérieur de Ty Coët : « Nul ne peut y élire domicile ». « La législation précise que le camping est destiné à une occupation saisonnière ou temporaire pour des loisirs. Ce n’est pas explicitement formulé que “il ne faut pas y résider”, mais cela se comprend implicitement », explique Gaspard Lion. Brigitte Moulin hausse les épaules :
« Les autorités ferment les yeux car il y a une pénurie de logements, il faut bien trouver une solution. »
Contactée, la maire de Surzur préfère ne pas commenter ce sujet.
Hormis un rappel à l’ordre, les gérants n’encourent pas de grandes sanctions. Les résidents, pour leur part, se retrouvent dans une « précarité statutaire », souligne le sociologue :
« Ils tombent sous la réglementation du tourisme plutôt que celle du logement. Les protections sont bien moins robustes. Ils n’ont aucune durée garantie, pas de reconduction tacite, donc le gestionnaire peut rompre le contrat à tout moment sans justification. »
Les résidents ne peuvent bénéficier d’aides au logement et ne profitent pas de la trêve hivernale. En cas d’expulsion, ils ne reçoivent aucune indemnisation ni relogement.
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que la mise en vente imminente du camping Ty Coët suscite des préoccupations. Les tarifs vont-ils monter ? Les nouveaux propriétaires vont-ils annuler les contrats à l’année ? « Nos contrats de location devaient être renouvelés en septembre… C’est d’autant plus stressant que je suis au chômage », note Sophie. « On ne sait pas comment les choses vont tourner », conclut Guy. Avec quelques voisins, ils tentent de former un collectif pour s’entraider.
* Les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes.
De quelle manière les assurés seront-ils impactés en matière de santé ? Cette année, plus que les précédentes, leur attention est focalisée sur l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 qui devrait se terminer par un vote solennel le 5 novembre.
Le projet, qui propose de multiples mesures d’économies, semble mal engagé suite au rejet du texte par la commission des affaires sociales, vendredi 25 octobre. Il apparaît de plus en plus probable que le texte sera validé grâce à l’article 49-3, à condition d’intégrer quelques petits amendements pour éviter une motion de censure.
Lors des discussions en commission, les débats ont surtout porté sur l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam). Ce budget de dépenses alloué aux soins de ville, hospitaliers et aux établissements médico-sociaux ne devrait pas augmenter de plus de 2,8 % en 2025. Même le rapporteur de ce texte, le député LR Yannick Neuder, conteste cet objectif, le jugeant incompatible avec le désendettement des hôpitaux. Un point que ce cardiologue du CHU de Grenoble maîtrise bien.
En réalité, personne ne s’attend à ce que cet objectif soit respecté, étant donné qu’il n’a jamais été tenu au cours des dix dernières années. Par exemple, l’année 2024 devrait se clôturer par une augmentation de 4,7 % des dépenses d’assurance maladie alors que l’Ondam voté par le parlement n’était que de 3,2 %.
Pour 2025, un Ondam de 2,8 %, « très en-deçà de l’Ondam réalisé ces dernières années, implique un ralentissement significatif de la dynamique des dépenses », a déclaré l’Union nationale des organismes d’assurance maladie complémentaire (Unocam) dans sa position négative sur le PLFSS le 11 octobre.
Augmentation du ticket modérateur
Pour générer les 4,9 milliards d’euros d’économies nécessaires par un Ondam à + 2,8 %, le PLFSS prévoit une réduction du plafond de remboursement des indemnités journalières en cas d’arrêt maladie, un gel de six mois des retraites, la révision de certaines exonérations de cotisations sociales patronales… Il se projette également une hausse du ticket modérateur pour les consultations auprès des médecins généralistes et des sages-femmes : passant de 30 % actuellement, il devrait atteindre 40 %
Cela signifie que la sécurité sociale ne remboursera plus que 60 % du coût des consultations, le ticket modérateur étant couvert par les complémentaires santé qui estiment ce transfert à plus d’un milliard d’euros. Un milliard qui vient s’ajouter aux 500 millions d’euros de transferts prévus concernant les prestations dentaires.
La montée du ticket modérateur suscite des débats au sein même du gouvernement. Laurent Saint-Martin, ministre du Budget, considère qu’elle est « indispensable ». La ministre de la Santé et de l’accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, semble plus circonspecte :
«La décision n’est pas encore prise, a-t-elle affirmé au Sénat le 24 octobre. Je souhaite que la diminution [ndlr : de la part prise en charge par la sécurité sociale] soit la moins importante possible (…) et que l’accès aux soins demeure possible pour tous.»
Accès aux soins
La ministre soulève des inquiétudes sur l’accès aux soins, car ces transferts de charges impacteront indéniablement le coût des complémentaires santé, dont l’augmentation semble inéluctable : la hausse pour 2025 devrait être en moyenne de 5,5 %, avec des estimations allant de 4,5 % à 8,5 % en fonction des types de contrats (individuels ou collectifs) selon des experts tels que les cabinets d’actuariat Actélior, Addactis, Facts & Figures et Galea.
Pour 2024, les tarifs ont déjà connu une forte montée : entre 8 % et 12 % pour les contrats collectifs, 9 % et 11 % pour les particuliers. Selon le cabinet Addactis, sur les 6,2 % d’augmentation médiane prévue pour 2025, près de 60 % sont à attribuer à la hausse des dépenses de santé, en raison de l’inflation, du vieillissement de la population, et 40 % des transferts de charges.
À la fin de 2023, l’annonce des hausses pour 2024 a poussé la commission des affaires sociales du Sénat à demander une mission d’information dont les conclusions ont été remises le 26 septembre dernier. « Le niveau d’augmentation anticipé résultant de l’augmentation des dépenses de santé à prendre en charge est sans commune mesure avec celui présenté par les mutuelles », peut-on y lire.
Les sénateurs s’interrogent sur la possibilité que les complémentaires santé aient, à certains égards, pris une approche excessive en comptant les mêmes transferts de charge à deux reprises. Conscients de la complexité du sujet au regard des délais très serrés entre la présentation du PLFSS et l’annonce des tarifs des mutuelles, ils recommandent d’accorder au moins six mois aux organismes complémentaires (Ocam) entre l’annonce d’un transfert de charge et son application.
Pérennisation du contrat responsable
C’est l’aubaine pour les organismes complémentaires qui, cette année, ont dû établir leurs tarifs sans connaître les premières orientations d’un PLFSS publié tardivement. Quoi qu’il en soit, ils réalisent bien que ces augmentations de tarifs ne peuvent pas être soutenues sur le long terme.
Ils passent rapidement sur deux questions importantes soulevées par les sénateurs : le montantune refonte du contrat responsable pour garantir « l’accès de tous aux soins essentiels (…) sans devenir un frein en raison de son coût trop élevé pour certains. »
Les Ocam plaident principalement pour une réflexion profonde sur le financement de nos dépenses de santé :
« En 2024, elles ont représenté 315milliards d’euros sans satisfaire aucune partie et en ne garantissant pas l’accès aux soins », a expliqué Eric Chenut, président de la Mutualité française lors du congrès Reavie, le 17 octobre dernier.
«L’ascension des dépenses de santé est structurelle due au vieillissement de la population, à la chronicisation des affections de longue durée, à la flambée des coûts de certains traitements, estime Florence Lustman, présidente de France assureurs. Il est impératif d’abandonner les mesures à la va-vite [NDLR : les transferts de charges vers les Ocam pour équilibrer le budget de la sécurité sociale] et d’engager une réflexion à long terme sur la viabilité de ces dépenses et la coordination entre le régime obligatoire [la sécurité sociale] et les régimes complémentaires. »