Dans un contexte de tensions sans précédent entre Moscou et l’Occident, le diplomate russe Sergueï Lavrov a ainsi mis en garde contre ce risque de nouvelle Guerre mondiale: “Le danger est grave, il est réel, on ne peut pas le sous-estimer”.
Depuis cette déclaration forte, la télévision russe a pris le relais, mettant plus que jamais en avant l’utilisation potentielle d’armes nucléaires. Comme l’a partagé le journaliste de Challenges Vincent Lamigeon sur Twitter, la chaîne de télévision publique russe Rossiya 1 a par exemple publié jeudi 28 avril, lors de son émission 60 minutes, une infographie avec les temps de vol d’un missile Sarmat tiré depuis l’enclave de Kaliningrad vers Paris, Londres ou Berlin.
Sur la télévision publique russe Rossiya 1, on dégaine une infographie sur le temps que mettrait un missile russe Sarmat à atteindre Paris ou Londres depuis l’enclave russe de Kaliningrad. Pour Paris, 200 secondes pic.twitter.com/Dnw3wz4kO5
— Vincent Lamigeon (@VincentLamigeon) April 29, 2022
Ce missile de nouvelle génération de très longue portée que Vladimir Poutine a récemment salué comme “sans équivalent”, mettrait environ 3 minutes et 20 secondes pour toucher les capitales française et anglaise, et 1 minute et 45 secondes pour atteindre la capitale allemande, selon la présentatrice.
Au cours de la même émission, un analyste n’y va pas par quatre chemins pour expliquer lui “très sérieusement” qu’“un missile Sarmat et c’est réglé, il n’y a plus d’îles britanniques”.
« Un Sarmat et le Royaume Uni n’existe plus », hurle notre expert. Un autre invité tente de tempérer : « Le UK a aussi des armes nucléaires. Personne ne survivrait à cette guerre ». Mais le faucon poursuit sa philippique
— Vincent Lamigeon (@VincentLamigeon) April 29, 2022
Russian TV keeps threatening nuclear strikes against Western nations, desperately trying to deter them from continuing to help Ukraine. On a side note, this is the first state TV host who doesn’t seem to be eager to die for the Motherland, arguing with a trigger-happy lawmaker. pic.twitter.com/PBvBP5V1lk
— Julia Davis (@JuliaDavisNews) April 28, 2022
“La télévision russe continue de menacer de frappes nucléaires les nations occidentales, essayant désespérément de les dissuader de continuer à aider l’Ukraine. (…)”
La veille, c’est la journaliste Margarita Simonian, à la tête de la chaîne d’information Russia Today –média banni dans l’Union européenne depuis le 27 février-, qui avait fait un coup d’éclat en déclarant que “soit nous perdons en Ukraine, soit la Troisième Guerre mondiale commence”. “Je pense que la possibilité d’une Troisième Guerre mondiale est plus réaliste”, avait-elle conclu, comme le rapporte BFMTV.
“L’idée que tout se termine par une attaque nucléaire me semble être le scénario le plus probable, à mon grand désarroi, mais c’est inévitable”, avançait encore cette journaliste pro-Kremlin, considérée comme l’une des chantres de la propagande russe à la télévision.
“Aveu de faiblesse”
Comme l’explique TF1info, ces propos de journalistes et analystes russes à la télévision publique, prônant tous azimuts une escalade du conflit en Ukraine et la possibilité d’une nouvelle Guerre mondiale, sont fréquents depuis plusieurs jours. Dans des émissions et débats parfois longs de trois heures, l’idée de recourir à l’arme nucléaire y est évoquée sans crainte, et parfois même présentée comme souhaitable – alors que pendant ce temps-là, chaque déclaration de Vladimir Poutine est scrutée, alors que son armée connaît de sévères déconvenues en Ukraine.
“C’est (…) une manière d’intimider l’Occident. Comme la Russie n’atteint pas ses objectifs militaires en Ukraine, elle cherche à empêcher les livraisons d’armes qui changent fortement le rapport de force sur le front”, traduit Olivier Schmitt, directeur d’études et professeur à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN), dans L’Express. “L’objectif est de mettre la pression sur les dirigeants occidentaux en faisant planer dans les opinions publiques la menace d’une escalade.”
Pour Pierre Servent, spécialiste des questions de défense et de stratégie militaire, les dernières menaces de Moscou illustrent les difficultés auxquelles sont confrontés les états-majors russes. “Je considère que c’est un aveu de faiblesse de la part de la structure du Kremlin”, expliquait-il sur France Inter mercredi. “Quand on regarde la séquence sur les 60 jours, chaque fois qu’il (Vladimir Poutine, NDLR) prend un coup dur, paf, vous avez une déclaration sur le nucléaire, sur la Troisième Guerre mondiale…”
.@PierreServent : “Le fait qu’assez régulièrement, après des coups durs, Poutine sorte une déclaration sur le nucléaire ou un essai balistique terrible, je pense que c’est plutôt un aveu de faiblesse de la part de la structure du Kremlin.” #le79interpic.twitter.com/BSz7zmXWLX
— France Inter (@franceinter) April 27, 2022
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