Un an après l’attaque du Capitole du 6 janvier, comment l’enquête avance-t-elle?
À la mi-journée, l’ex-président républicain commençait un discours devant cette foule survoltée et, assurant qu’il ne “reconnaîtrait jamais sa défaite”, l’encourageait à marcher vers le Capitole non loin pour faire entendre son mécontentement.
Deux heures plus tard, les premières barrières qui entouraient le temple de la démocratie américaine étaient tombées, son service de sécurité était pris d’assaut (vidéo ci-dessous) et les parlementaires qui y travaillaient étaient précipités en lieux sûrs.
Si le FBI s’était immédiatement mis sur l’affaire, tout est encore loin d’être tiré au clair ce jeudi, exactement un an après ce qui a depuis été régulièrement qualifié de tentative de coup d’État. Le HuffPost s’est donc penché sur l’avancée de l’enquête autour de cet événement qui a fait cinq morts, plus de 100 blessés et sérieusement mis à mal la stabilité politique du pays.
Arrestations par centaines
L’immense travail du FBI mobilise une foule d’agents fédéraux qui épluchent les réseaux sociaux, analysant des milliers de comptes Twitter et Facebook, passent au crible des vidéos prises ce jour-là, convoquent et interviewent des suspects. Sans compter le tri à faire dans les plus de 250.000 informations reçus depuis l’attaque.
Selon le “Programme sur l’extrémisme” de l’Université George Washington, qui compile et analyse toutes les poursuites engagées à la suite de l’assaut, cette entreprise massive représente “l’une des plus grosses enquêtes de l’histoire du FBI”. Et porte ses fruits. Pour l’heure, plus de 700 soutiens de Donald Trump ont été arrêtés et inculpés, et la liste s’allonge chaque semaine. Alors que la police fédérale évoquait initialement 800 participants, il est aujourd’hui envisagé qu’au moins 2000 personnes ont été “impliquées” dans ce siège.
Peines mineures pour le moment
La majorité des personnes mises en cause sont poursuivies pour des délits mineurs, comme violation d’une interdiction d’entrée ou troubles à l’ordre public pour s’être a priori contentées de déambuler dans le bâtiment. Des cas que la justice tente de régler rapidement en passant des accords si les accusés plaident coupables.
Comme le note l’AFP, la plupart des peines prononcées pour ces individus sont légères: un jeune homme, qui a reconnu avoir volé une bière dans le bureau de la cheffe démocrate Nancy Pelosi, a ainsi écopé de 20 jours de prison, à purger sur les weekends pour qu’il puisse garder son travail.
D’autres ont dû faire face à plus de sévérité. Jacob Chansley, qui a fait le tour des réseaux sociaux torse nu, armé d’une lance et portant des cornes de bison sur la tête, a écopé d’une peine de trois ans et demi de rétention. L’homme de 34 ans, “chaman” autoproclamé et adhérent aux théories du complot de la nébuleuse QAnon, était devenu l’une des figures emblématiques de cette attaque.
via Associated Press
Politiquement, il y a des militants d’extrême droite, des habitués des théories du complot comme Jacob Chansley, mais aussi des partisans ordinaires de Donald Trump convaincus que l’élection du 3 novembre 2020 ne s’est pas déroulée dans les règles.
Les cas les plus graves à venir
Après un an d’enquête, la justice se concentre désormais sur les cas les plus graves, notamment les 225 personnes accusées d’avoir commis des violences, notamment contre les agents de police du Capitole (vidéo ci-dessous). De lourdes peines de plusieurs années de prison commencent ainsi seulement à tomber.
Reste aussi une quarantaine de personnes, dont certaines en détention préventive depuis des mois, poursuivies pour “association de malfaiteurs”. Un chef d’accusation pourrait mener à des procès avec jurés populaires dès le mois de février. Personne n’a encore été inculpé pour “sédition” ou “insurrection”, deux motifs plus difficiles à prouver.
La plus importante des questions n’est donc pas encore élucidée: qui a incité ou organisé l’assaut? Le FBI continue ses recherches, mais les procureurs laissent aussi aux élus du Congrès le soin d’enquêter à leur sujet à travers la commission parlementaire qui y est dédiée.
Donald Trump pas tiré d’affaire
Si les sénateurs républicains ont permis à Donald Trump d’être acquitté de toute responsabilité à l’issue d’un procès en destitution organisé dès février 2021, l’ancien président n’est pas tiré d’affaire.
Cette commission d’enquête créée à la Chambre des représentants tente en effet de faire la lumière sur son rôle et celui de ses proches, et convoque à tour de bras divers témoins. Si elle parvient à compiler des éléments à charge, rien n’interdira aux procureurs de s’en saisir. Un nouveau volet de cette enquête tentaculaire pourra alors s’ouvrir.
Dans une allocution ce mercredi 5 janvier, le ministre américain de la Justice s’est engagé à “faire rendre des comptes devant la justice à tous les assaillants du 6 janvier, quel que soit leur statut” sans citer Trump directement, mais a appelé à la patience face à la plus grande enquête de l’histoire du ministère qui se déroule, en plus, en plein Covid-19.
Joe Biden, qui prendra la parole ce jeudi pour commémorer l’événement, devrait lui s’attaquer pour une fois plus frontalement au républicain: sa porte-parole a prévenu qu’il exposerait “la portée de ce qui s’est passé au Capitole et la responsabilité particulière du président Trump dans ce chaos”.
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