Et ce personnage n’est pas sorti de l’imagination des scénaristes. Après plus d’un an et demi de recherches (de la lecture de lettres et mails à des entretiens avec des protagonistes concernés), les créateurs de la série ont imaginé leur propre version de cette histoire en donnant une large place au web sleuthing, ces communautés d’enquêteurs amateurs qui s’emparent de faits divers et mènent des recherches en parallèle de celles de la police.
Un hacker condamné
Le rôle d’Anna-Rose est ainsi inspiré du hackeur Chris la vérité, créateur de la page Facebook “Xavier Dupont de Ligonnès: Enquête et Débat” qui avait mené des investigations officieuses en 2011. C’est notamment lui qui “a trouvé la photo de XDDL dans le sud de la France”, précisent les notes de production. Il a ensuite été condamné à 1000 euros d’amende avec sursis pour “recel de violation du secret de l’instruction” au printemps 2016, pour avoir publié en ligne des documents de l’enquête transmis par un policier.
“Ce hackeur il s’appelle Christophe (…) et il fait ce qu’on appelle du web sleuthing. Le web sleuthing aux États-Unis ce sont des groupes de hackeurs qui s’occupent d’aller trouver les coupables”, explique Pierre Aknine, créateur et réalisateur de la minisérie “Un homme ordinaire”, à l’antenne d’Europe 1 ce lundi 14 septembre.
“En 2011, pour la première fois en France, un hackeur a commencé à ouvrir un compte sur Facebook qui s’appelait Christophe la vérité, et là ça a été la ruée”, rappelle-t-il. “Ils s’y sont tous mis, avec des choses abominables et des choses intéressantes. Et ils ont trouvé des choses”, parmi lesquelles des messages postés sous pseudo par l’épouse de Xavier, Agnès Dupont de Ligonnès, sur des forums en ligne où elle décrit sa détresse.
Policier et proches de XDDL impliqués
Christophe, alias Chris la vérité, à l’époque trentenaire vivant à Angers, s’est confié aux Inrocks en 2012. Il racontait comment il avait mené pendant plusieurs mois l’enquête avec l’aide d’autres internautes sur sa page Facebook puis au sein d’un groupe privé. “Des proches d’Agnès et Xavier”, une “amie des enfants” mais aussi “un enquêteur de l’office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC)” participaient à leurs recherches.
“Au début on stalkait [traquait, NDLR]. Il y a eu un peu de hacking aussi. On a trouvé plein de petites choses et puis ensuite ça a été donnant-donnant dans une sorte de triptyque internautes-famille-enquêteurs”, décrivait Chris la vérité. “Comme notre contact enquêteur n’avait pas accès à l’intégralité du dossier, il a été ravi qu’on lui transmette certains documents et comptes-rendus sur Xavier Dupont de Ligonnès et sur son entourage, qui provenaient de la famille. Du coup il nous a transmis dès le mois de juillet 2011 les fameuses ‘notes secrètes’ que Dupont de Ligonnès avait stockées sur ses serveurs, ainsi que plein d’autres informations.”
Pour Pierre Aknine, ces cyber-enquêteurs ont indéniablement “aidé l’enquête policière” quand d’autres ont soutenu qu’ils l’avaient entravée. Mais là où les deux hommes ne sont plus d’accord, c’est sur l’issue de ce fait divers non résolu. Si Chris la vérité a la conviction que XDDL s’est suicidé, confiait-il à Europe 1 après sa condamnation en 2016, le créateur d’“Un homme ordinaire” fait lui l’hypothèse que Xavier Dupont de Ligonnès est toujours en vie.
Après le docu-fiction “Dans la tête du suspect” sur M6, le téléfilm “La part du soupçon” avec Kad Merad sur TF1 ou le film “Paul Sanchez est revenu!” avec Laurent Lafitte, sans oublier le succès estival phénoménal rencontré par le magazine Society et ses deux volets d’une enquête-fleuve écoulée à 350.000 exemplaires, la “tuerie de Nantes” et le sort de Xavier Dupont de Ligonnès seront à nouveau au cœur de toutes les discussions ce mardi 15 septembre. De quoi relancer, aussi, la fougue des cyber-enquêteurs?
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