Un pied dans le précipice
Emmanuel Macron offre une fusée vers le pouvoir au RN
Emmanuel Macron a fait son choix. Un pari stupide qui risque de transformer le marchepied, qu’il met en place pour l’extrême-droite depuis des années, en fusée. La dissolution de l’Assemblée nationale peut porter le RN à Matignon et lui assurer une victoire en 2027 grâce à un accès à des outils de surveillance numérique que nous dénonçons depuis 2011.
Il flotte sur le pays ce lundi 10 juin comme cette impression désagréable que l’on peut ressentir après une nuit de cuite mémorable. Cette soirée très arrosée qui fait que l’on ne souvient pas bien de tout et où l’on se pose des questions sur ce que l’on a fait ou pas. Peut-être des choses inavouables. Et là…
La France se réveille avec 31,4 % de 51,83 % des inscrits qui ont voté pour un parti fondé par d’anciens SS et nostalgiques de l’OAS. Ils ont voté pour un parti opposé à l’objet même du scrutin (l’Europe) et dont les liens avec les groupuscules les plus violents de l’extrême-droite ne sont plus à démontrer tant la presse les a documentés (lire par exemple ici, ici, ici, ici, ici et là). Donc un parti qui ne rechigne pas à fréquenter des groupes totalement anti-démocratiques et parfois adeptes du nazisme. Comme si ce n’était pas suffisant, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer des élections dans un délai extrêmement court. Ceci ouvre un certain nombre de perspectives.
Vidéo détaillant le CV peu glorieux des fondateurs du FN. Entre anciens SS, collaborationnistes et OAS…
Première solution, on assiste à un sursaut démocratique et les partis allant de LFI à LR surpassent les élus RN. Deuxième possibilité, le RN remporte une majorité ou presque et Emmanuel Macron se voit contraint de nommer un dirigeant du RN à Matignon.
C’est ce sur quoi mise notre Docteur Folamour national. Il espère probablement qu’en trois ans, un représentant de l’extrême-droite se sera totalement grillé avant l’élection présidentielle de 2027. C’est faire bien peu de cas d’un certain nombre de réalités que de miser sur cette issue.
Il y a peu d’explication à ce vote massif pour le parti extrémiste qu’est le RN.
Soit les Français sont racistes, islamophobes et antisémites dans les proportions du vote de dimanche 9 juin. Soit les Français n’ont aucune culture politique et ne savent pas qui a fondé le Front National, n’ont pas lu les dizaines d’articles qui documentent les liens entre Marine Le Pen et des nostalgiques du troisième Reich. Soit une proportion des votants pour le RN a voté par réaction. Contre des partis et des hommes et femmes politiques qui ont inlassablement déçu. Qui ont, soit trahi les idéaux qui leur ont permis d’être élus, soit se sont laissé corrompre, soit encore ont été les acteurs d’une répression sauvage contre le peuple lorsque ce dernier manifestait son opposition à une politique. Soit pour toutes ces raisons… Dans tous les cas, leur vote ne changera pas pour les législatives à venir.
Dans cette vidéo, l’ancienne épouse de Jean-Marie Le Pen donne quelques clefs essentielles pour cerner la personnalité de Marine Le Pen. Elle évoque le fait que ses enfants « ont été élevés dans le racisme pur et dur »
Comment sortir de l’ornière ? Seul un vote de rejet du RN pourrait éviter le pire en juillet. Mais au-delà ? Il y a une nécessité de retrouver les fondamentaux qui permettent de « faire société ». De mettre un terme à la fracturation permanente via des micro-polémiques aussi inutiles qu’hystérisées. De combattre la stupidité, la bêtise crasse, de s’entendre collectivement pour désarmer cette connerie ambiante qui se trompe de combat, de cibles, d’intérêt, de camps… Pour cela, il faudrait mille choses. En finir avec les ego et la professionnalisation de la politique, réinventer un enseignement d’un savoir universel, humaniste. Bref… Faire de la politique. Ce n’est pas gagné.
Dans tous les cas, nous sommes désormais au bord du précipice. L’extrême-droite ne rend pas le pouvoir lorsqu’elle le gagne par les voies démocratiques. Elle tente de le garder par tous les moyens. Si elle excelle à utiliser les outils mis à disposition par la Démocratie pour conquérir le pouvoir, elle la détruit une fois le pouvoir pris. C’est d’ailleurs une question récurrente en philosophie du droit : jusqu’où la Démocratie peut-elle laisser ses ennemis l’utiliser pour parvenir à leurs fins et la détruire ?
Le précipice, c’est un gouvernement, dès le mois de juillet, qui serait raciste, islamophobe, antisémite claniste et qui aurait entre les mains à la fois tous les pouvoirs et tous les outils que les gouvernements de droite et de gauche ont mis en place depuis le milieu des années 2000 pour surveiller massivement la population.
Nous avons alerté inlassablement, et comme un prêcheur dans le désert, sur le risque évident de la mise en place de tels outils. Si un parti extrémiste accédait au pouvoir, il serait en mesure de sortir mille affaires sur ses opposants politiques qui continueraient à utiliser Internet et la téléphonie. Il serait en mesure de savoir à l’avance sur quelles affaires travaillent les journalistes. Il pourrait connaître l’avancement de procédures judiciaires sans que personne ne sache comment. Depuis 2011, Reflets.info s’époumone pour mettre en garde contre les mauvaises utilisations des technologies numériques. Sur le mésusage qui en est fait par des politiques paranoïaques et sur ce qu’en ferait l’extrême-droite si elle parvenait au pouvoir.
C’est ce qui va se passer en juillet. L’avenir n’est plus sombre, il est noir comme le recoin le plus éloigné de l’univers.
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