Vacances: ce que les guides touristiques disent des voyages de demain
En attendant le feu vert du gouvernement, les guides touristiques se préparent et adaptent leurs contenus à la crise, mais aussi aux nouveaux réflexes des voyageurs.
“On observe de réels changements dans la façon de voyager des Français, explique au HuffPost Philippe Gloaguen, directeur des guides du Routard. Entre redécouverte de la France à cause de la fermeture des frontières et prise de conscience écologique, les projets de voyage changent”.
Comme le Routard, les guides du Petit Fûté et les guides Verts Michelin expliquent également avoir dû changer leur fusil d’épaule dans leurs nouvelles éditions depuis 2020.
À la (re)découverte de la France
“Cette focalisation sur la France, cette redécouverte, a profité à des régions que nous n’avions pas l’habitude de voir monter dans nos classements, nous indique par ailleurs Philippe Orain Directeur des guides Verts Michelin. Certes, la Corse et la Bretagne sont toujours dans le top 3, mais on a vu un net intérêt se développer pour les régions rurales comme la Franche-Comté, les Alpes du Sud, le Berry-Limousin ou encore l’Auvergne. Ce dernier guide a été le plus vendu au mois d’août et nous avons dû le réimprimer pour cause de rupture de stock, c’était une première”, s’étonne-t-il encore aujourd’hui.
“Cet intérêt pour la France nous a sauvés”, confie pour sa part Philippe Gloaguen des Guides du Routard. Les rédacteurs du guide n’ont quasiment pas pu aller à l’étranger en un an. En revanche, les habituels 35 voyages effectués en France sont passés à 50 cette année pour pouvoir répondre au mieux à la curiosité des lecteurs. “On s’est focalisé sur notre territoire, on a par exemple créé un livre photo sur le Grand Est et un autre sur la Nouvelle-Aquitaine”, évoque le directeur du guide. Tout pour susciter la curiosité et donner envie aux lecteurs français de mieux connaître leur territoire.
Cet engouement, quelque peu forcé par la crise, sera-t-il amené à perdurer au-delà de la pandémie? Difficile à déterminer pour nos interlocuteurs, mais le fait de découvrir certaines régions peu touristiques -et parfois moins chères- pourrait amener les Français à y réfléchir à deux fois avant de prendre des billets pour l’étranger lors de prochaines vacances. “D’aucuns espèrent qu’à la fin de la crise la tendance à privilégier la France perdurera, je fais partie de ces optimistes-là, confie Philippe Gloaguen, mais il est probable qu’une fois libérés des contraintes sanitaires, les gens voudront se faire plaisir et voyager à l’étranger.”
Privilégier le voyage écologique
Une tendance que confirme une enquête menée par l’institut de sondage Ifop, publiée le 8 avril et relayée par le magazine de voyages Géo. Cette étude révèle notamment que, dans le cadre d’un prochain voyage, 44% des Français se disent prêts à payer leur séjour plus cher dans sa globalité pour voyager de manière respectueuse de l’environnement. En ce qui concerne l’hébergement et le moyen de transport, 40% sont disposés à débourser une somme plus importante pour une alternative durable. Cette prise de conscience écologique semble s’être accentuée durant la crise sanitaire puisque 61% des Français se sentent davantage préoccupés par la préservation de la nature et de l’environnement depuis la pandémie. Les Français se disent également disposés à choisir un vol ou une destination de voyage en fonction du taux d’émissions de carbone des avions (55%).
Dans les faits, cela s’illustre, par exemple, par le fait de préférer prendre le TGV au lieu de l’avion, très polluant, pour des trajets de moins de trois ou quatre heures. Philippe Gloaguen évoque également le vol Paris-Venise qui disparaîtrait au profit du train de nuit. Éviter les lieux qui pâtissent du trop-plein touristique, comme Venise en l’occurrence. Ou encore les voyages low cost de deux jours pour un week-end en Europe, qui se transforment en un séjour de quatre ou cinq jours. Il évoque également une forte demande pour les guides de cyclotourisme avec des parcours comme la Vélodyssée qui longe l’Atlantique ou le Flow Vélo aux portes du Sud-Ouest. “Ce sont des guides qui marchent de mieux en mieux”, nous assure-t-il.
Pour accompagner les voyageurs dans la mise en pratique de cette conscience écologique, les guides continuent de s’adapter et proposent différentes thématiques. Le Petit Fûté a publié cette année une édition des “Plus beaux circuits en train en Europe” ou encore le “Guide des randonnées à pieds” qui propose des circuits en France et à l’étranger.
L’avènement du “slow” voyage?
“Nous voulons mettre en avant trois idées directrices pour nos guides, qui correspondent aux observations que nous faisons auprès des acteurs du tourisme et des voyageurs: un meilleur respect de l’environnement, redonner du sens au voyage et que les voyageurs prennent leur temps. Nous voulons prôner le ‘slow voyage’, le voyage bienveillant”, nous explique le directeur des guides Verts.
Ce concept est “une façon de voyager plus ‘lentement’, en prenant le temps
de la découverte, de la contemplation et du partage”, précise le “Guide du Slow Tourisme”.
Ces guides font ”éloge de la lenteur”, selon les mots de Philippe Orain, où l’explorateur, le voyageur, ne cherchera plus à “en avoir pour ses vacances”, mais prendra le temps de découvrir, partager, de s’imprégner des lieux et de déconnecter, que ce soit chez lui, en France, ou à l’étranger.
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