Vers une 7e vague du Covid en France? Les chiffres pour comprendre
Ce samedi 11 juin, cela fait déjà trois jours que le nombre de tests positifs quotidiens dépasse les 40.000, faisant craindre une 7e vague de coronavirus dans l’Hexagone, selon les données de la Direction générale de la santé. Des chiffres en hausse de 30% en moyenne depuis une semaine, comme on peut le voir sur les graphiques ci-dessous.
Évidemment, il faudra suivre l’évolution dans les jours à venir. D’autant que les nombreux jours fériés impliquent des variations qui impactent les chiffres quotidiens, mais aussi les moyennes. Dans les chiffres lissés sur 7 jours de Santé publique France (qui répertorie les cas positifs en fonction du jour du test avec un délai supplémentaire) on pense déceler une baisse, qui est en réalité due au lundi 6 juin férié.
Quoi qu’il en soit, on voit bien que la tendance est plutôt au plateau, voire à la hausse. Même chose pour les courbes des hospitalisations. Le taux de positivité, lui, a augmenté de deux points en deux semaines.
Si certains départements, notamment en Île-de-France, sont plus touchés que d’autres, on voit bien dans la carte ci-dessous que l’épidémie est en croissance dans la majorité des territoires métropolitains.
Épiphénomène ou début d’une 7e vague importante? Il est trop tôt pour le dire, mais il est fort probable que le nombre de cas continue de progresser ces prochains jours. Quant aux causes, elles sont multiples, mais l’un des principaux coupables est un variant, encore une fois. Ou plutôt deux sous-variants d’Omicron, BA.4 et BA.5, qui ont déjà provoqué des vagues de contaminations importantes dans d’autres pays.
BA.5 et BA.4 s’imposent en France
Cet hiver, le tsunami Omicron avait été suivi par une plus petite vague de contaminations, portée principalement par le relâchement des restrictions couplé à la survenue de BA.2, un sous-variant d’Omicron plus contaminant.
Depuis début mai, deux autres sous-variants sont en train de s’imposer en France: BA.4 et BA.5. Détectés tous les deux pour la première fois en Afrique du Sud (où Omicron a également été séquencé en premier), ces deux variants ont un avantage sur les précédentes versions d’Omicron.
“Probablement grâce à leur capacité à échapper à une immunité acquise par une infection et/ou la vaccination, notamment si celle-ci a diminué avec le temps”, note le Centre européen de contrôle des maladies (ECDC) dans un rapport du 13 mai.
En France, 18% des contaminations pour lesquelles le génome du coronavirus est séquencé sont liées à BA.5, selon Santé publique France. Mais le séquençage prend du temps et la dernière analyse porte sur les contaminations antérieures au 23 mai.
Il est possible, via le criblage des tests, de détecter plus rapidement une suspicion d’infection aux sous-variants BA.5 et BA.4, qui ont tous les deux une mutation en commun par rapport à BA.1 et BA.2, les formes d’Omicron dominantes en France.
Comme le montre le graphique ci-dessous, on se rend compte avec cette méthode que la part de BA.4 et BA.5 augmente fortement. Près d’un cas sur trois de coronavirus est aujourd’hui dû à ces sous-variants, probablement BA.5 en majorité, au vu des résultats des enquêtes flash.
Deux vagues à l’étranger, mais…
“La présence de ces variants pourrait entraîner une augmentation globale significative des cas de COVID-19 dans l’UE au cours des semaines et des mois à venir”, notait déjà l’ECDC mi-mai. Le graphique ci-dessous, qui sépare les contaminations BA.2 et BA4 ou BA.5, permet de se rendre compte de l’avancée en sous-marin de ces sous-variants en France.
Les jours fériés et les différences d’échelles peuvent rendre difficile la lecture de ce graphique. Le suivant permet de voir cette fois l’évolution en pourcentage sur 7 jours des suspicions de cas liés à BA.2 et BA.5.
BA.4 et BA.5 ont déjà provoqué une vague de contaminations en Afrique du Sud qui a démarré le 1er avril, suivi d’une hausse des hospitalisations et des décès. Le pic des cas a été atteint un mois plus tard. Mais pour le moment, l’impact hospitalier a été plus limité que lors des précédentes vagues.
BA.4 et BA.5 se sont également imposés un peu plus tard au Portugal, entraînant là aussi une hausse des contaminations qui a démarré début mai et est toujours en cours. Les hospitalisations et les décès augmentent également dans le pays.
Il n’est pourtant pas dit que ces sous-variants d’Omicron entraîneront des hausses similaires s’ils s’imposent en France. Plusieurs facteurs rentrent en jeu, notamment le nombre de contacts, mais aussi l’immunité de la population.
Or, sur ce point, la France se distingue quelque peu de l’Afrique du Sud et du Portugal: après BA.1, le variant BA.2 a contaminé de nombreuses personnes. Santé publique France, dans une analyse publiée le 18 mai, rappelle à ce sujet que “BA.4 et BA.5 sont génétiquement plus proches de BA.2 que de BA.1, et BA.2 pourrait donc conférer une meilleure protection contre BA.4 et BA.5”.
Pour résumer, on peut dire sans se tromper que la décrue de la 6e vague est stoppée en France, en partie à cause de l’implantation des variants BA.4 et BA.5, suspectés de réussir à réinfecter des personnes normalement immunisées. Mais il est aujourd’hui difficile de dire à quel point les surcontaminations dues à ces nouvelles versions d’Omicron vont entraîner une hausse importante des cas.
Et même si une augmentation importante a lieu, comme en Afrique du Sud et au Portugal, l’impact sur l’hôpital est encore plus difficile à prédire. Si l’immunité induite par les vaccins et les infections antérieures diminue toujours fortement le risque de formes graves, les conséquences sanitaires d’une 7e vague seront limitées. Pour répondre à ces questions, il faut se montrer patient et scruter l’évolution des indicateurs dans les semaines à venir.
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