Franck Elong Abe, 35 ans, qui purgeait déjà plusieurs peines à la prison d’Arles, dont une de neuf ans pour “association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme”, a, lors de sa garde à vue, expliqué son acte “par ce qu’il considérait comme des blasphèmes” proférés selon lui ces derniers mois par Yvan Colonna, a annoncé Jean-François Ricard. Le militant corse aurait notamment déclaré quelques jours avant l’agression qu’il “crachait sur Dieu”, selon Jean-François Ricard.
L’homme a été placé en détention provisoire dans le cadre de cette information judiciaire également ouverte pour “association de malfaiteurs terroriste”.
Un autre homme placé en garde à vue
Incarcéré à Arles, Smaïn Ait Ali Belkacem, ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA) condamné à perpétuité pour l’attentat à la station RER Musée d’Orsay en 1995 à Paris, a été placé samedi en garde à vue, selon une source proche du dossier. Il s’agit de “savoir ce qu’il savait éventuellement du projet” de Franck Elong Abé, a ajouté cette source, confirmant une information du JDD.
L’enquête s’attachera à “retracer avec la plus grande minutie le parcours en détention” de l’agresseur, “déterminer la totalité de ses contacts notamment parmi les personnes partageant son idéologie” et ”éclaircir les éventuelles interactions (…) susceptibles d’avoir joué un rôle dans les faits”, a précisé M. Ricard.
Devant la presse, le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard a souligné que “pour la cinquième fois depuis 2016, c’est dans un établissement pénitentiaire qu’un crime terroriste a été commis par les jihadistes”.
Les faits commis à la maison d’arrêt d’Arles (Bouches-du-Rhône) mercredi “démontrent que cette menace jihadiste portée par des personnes détenues pour des faits de terrorisme radicalisées reste un sujet de préoccupation majeur”, a-t-il ajouté.
“Peu de doutes sur son intention homicide”
Retraçant le déroulement de l’agression, le procureur a déclaré que “l’acharnement systématique déployé par le mis en cause” ne laissait “que peu de doutes sur son intention homicide”.
L’agression a eu lieu dans une salle de sport où se trouvaient les deux hommes. Il a “pendant plus de huit minutes (…) porté des coups violents à la victime” et “mis en œuvre des techniques de strangulation et d’étouffement, y compris en utilisant des sacs poubelle et des serviettes”, selon le procureur Ricard.
Le pronostic vital d’Yvan Colonna est “toujours engagé”, selon Jean-François Ricard. Sa famille, par la voix de son avocat, Me Patrice Spinosi, a regretté que la justice n’ait apporté “aucune réponse aux questions” qu’elle se pose et n’ait “nullement fait mention des fautes de surveillance de l’Administration pénitentiaire”.
Le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand s’est dit prêt sur France 3 dimanche à la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’agression d’Yvan Colonna.
Depuis l’agression, plusieurs manifestations ont eu lieu en Corse, devant les préfectures, jusqu’à celle de ce dimanche.
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