Nous ne connaitrons plus jamais d’année comme 2020.
Des rédacteurs du HuffPost du monde entier ont sélectionné pour vous 13 images qui définissent 2020.
Le coronavirus a tout changé… sauf l’heure de pointe à Tokyo
En revanche, la très célèbre heure de pointe de Tokyo reste inchangée.
En mars, le gouvernement a vivement conseillé aux citoyens japonais d’éviter les espaces bondés et de travailler chez eux. Tout le monde n’était cependant pas en mesure d’appliquer ces recommandations, de nombreux employeurs ayant refusé de mettre en place des politiques de travail flexibles.
Si les voyageurs étaient moins nombreux lors de la pandémie, les principales stations, comme celle de Shinagaw dans le centre de Tokyo, photographiée ici début mars, étaient toujours bondées, prises d’assaut à l’heure de pointe par les usagers masqués.
À la mi-décembre, le Japon comptabilisait au moins 201.000 cas de coronavirus et 2833 morts.
— Satoko Yasuda, HuffPost Japon
Le jour se lève après la nuit la plus sombre que l’Italie ait connue
Aux premières lueurs du jour, le 18 mars, une fois la funeste cargaison chargée, une procession de 15 camions de l’armée a lentement traversé la ville, du cimetière jusqu’à l’autoroute qui mène aux provinces voisines. Ils transportaient 65 cercueils que la ville ne pouvait accueillir dans son cimetière alors plein, ses services funéraires étant débordés et incapables d’incinérer plus de corps.
Le 18 mars, l’Italie a fait état de 475 morts liés au coronavirus, pour un total de presque 3000 victimes, dont 319 en Lombardie, la région du pays la plus durement touchée et où se trouve Bergame.
Le convoi a escorté les cercueils plus au sud, vers la ville de Bologne, dans la région voisine d’Émilie-Romagne. Après la crémation, les cendres ont été retournées aux membres des familles. C’est le seul cortège funéraire que la ville a pu offrir à ses habitants, qui l’ont regardé passer, les yeux embués, depuis leur fenêtre.
Bergame et sa province ont comptabilisé environ 6 000 victimes lors de la première vague de COVID-19, entre mars et avril. Fin juin, une messe de requiem a été tenue pour elles, une grande cérémonie funéraire collective, pour tous ceux qui n’ont pas pu avoir d’enterrement. Presque tous les habitants de Bergame ont perdu un parent, un enfant, un frère ou une sœur pendant la pandémie.
— Giulia Belardelli, HuffPost Italie
Un portrait venu de la première ligne en Corée
Le personnel sanitaire en première ligne a passé des heures et des heures à s’occuper de ses patients.
« Je fais de mon mieux », déclare l’infirmière Kim Eun-hee.
Mais il a fallu trouver rapidement un moyen de se protéger des lésions douloureuses provoquées par le port de plusieurs couches d’équipement de protection.
Les membres du personnel ont commencé à appliquer des compresses, des pansements et du sparadrap sur leur front, leurs joues et leur nez, autant de protections qui sont devenues leurs insignes d’honneur.
Les images étaient réconfortantes, évocatrices et symboliques. La Corée du Sud a pu éviter le pire, et tous ceux qui ont été en première ligne ont sans aucun doute joué un rôle essentiel dans cette victoire.
Lorsque l’infirmière Yun Na-yong (en photo ci-dessus) a posé pour un portrait, entre deux gardes à l’hôpital universitaire de Keimyung, à Daegu, le 12 mars, on lui a demandé si elle avait un message à faire passer.
« Nous vaincrons », Yun a-t-elle déclaré.
— Wan Heo, rédacteur principal, HuffPost Corée
Applaudissements, colère, angoisse : une année aux balcons en Espagne
Le brouhaha des événements mondiaux contrastait avec le silence qui enveloppait le pays: pendant les 100 jours qu’a duré le confinement de la première vague, les voix des habitants ont disparu des rues, tout comme le bruit des pas et de la vie telle que nous la connaissions.
Mais ce silence se rompait immanquablement à 20 heures, heure à laquelle les Espagnols sortaient applaudir sur leur balcon pour remercier le personnel sanitaire pour ses efforts. Il s’agissait d’un geste de solidarité, mais qui traduisait avant tout le besoin de voir d’autres gens, de savoir que la vie continuait en dehors de chez soi.
L’augmentation du nombre de victimes du coronavirus a cependant transformé les remerciements aux travailleurs en première ligne en rage contre le gouvernement, et les applaudissements en casserolades. Le pays s’est divisé en deux, à la gratitude envers les travailleurs essentiels sont venues se mêler la colère et l’angoisse face aux 50 000 morts et 1,8 million d’infections. Une angoisse malheureusement supplantée par la peine de ceux qui n’ont pu dire au revoir à leurs proches.
Pour l’Espagne, 2020 aura été l’année du silence.
— Guillermo Rodriguez, HuffPost Espagne
Patrick Hutchinson, héros des temps modernes en Grande-Bretagne
L’image, capturée par le photographe de l’agence Reuters Dylan Martinez, est rapidement devenue virale, et Hutchinson a été largement salué comme un héros.
Les médias se sont emparés de la photo qui est apparue en première page de nombreux journaux du monde entier, ainsi que sur de grands panneaux dans toute la capitale.
« Il ne s’agissait pas seulement de sauver une vie, mais de changer le cours du récit, de faire en sorte qu’il ne soit pas souillé par quelque chose de négatif, comme la mort d’un autre individu », avait déclaré Hutchinson lors d’un entretien sans fard avec le HuffPost Royaume-Uni.
Mais certains se sont insurgés contre la popularité de l’image, arguant que la politique de la respectabilité et l’idée que les noirs doivent réagir avec gentillesse lorsqu’ils sont victimes de racisme ou de violence sont loin de leur rendre service ou de les protéger.
— Nadine White, HuffPost Royaume-Uni
Une image puissante qui montre la conscience sociale du football
L’arbitre Michael Oliver a sifflé le coup d’envoi avant de s’agenouiller avec les officiels et les joueurs pendant environ 10 secondes en soutien au mouvement Black Lives Matter.
C’est ce moment que le commentateur sportif de la chaîne Sky Sports Rob Hawthorne a choisi pour capturer la scène: « Regardez ça ! »
« C’est une image puissante, qui montre la conscience sociale du football avec tous ces joueurs à genou. L’arbitre les a accompagnés dans ce geste », a-t-il commenté.
Le match entre l’Aston Villa et le Sheffield United s’est terminé par 0-0 et a été joué sans public. Les joueurs se sont cependant agenouillés au début de chaque match de Premier League depuis.
— James Martin, HuffPost monde
Les barres d’immeuble deviennent des prisons en Australie
Le confinement strict de la deuxième plus grande ville d’Australie a illustré la réponse musclée apportée par le gouvernement face à une épidémie de COVID-19 qui s’attaque aux plus vulnérables.
« J’ai regardé par la fenêtre, et il n’y avait pas de médecins, pas d’agents d’entretien, pas de nourriture, seulement des flics », commente au téléphone Emel Evcin, 42 ans, mère de deux enfants, depuis son appartement de deux chambres. « Ce n’est pas un confinement, c’est un emprisonnement. »
Quelques jours plus tôt, plus de 500 policiers ont encerclé sans préavis les tours et les ont contraintes à un « confinement strict » après qu’un certain nombre de résidents ont été testés positifs au coronavirus.
Les résidents ont passé six semaines enfermés chez eux, dépendant de colis alimentaires, deux policiers surveillant chaque étage de chaque tour.
Au 22 décembre, l’Australie comptait plus de 900 morts du coronavirus et plus de 28 000 contaminations.
— Sasha Belenky, HuffPost Australie
Une rivière nous sépare
L’image montre deux bateaux du célèbre circuit Maid of the Mist, aux chutes du Niagara. Dans le fond, un bateau américain avec ses passagers vêtus de ponchos de pluie bleus, occupé à 50 %, en vertu des régulations de l’état de New York. Il croise un navire canadien sur lequel on n’aperçoit que six passagers, en raison des restrictions imposées par la province de l’Ontario.
Si la plus longue frontière non défendue au monde est fermée, l’image de ces deux bateaux symbolise parfaitement les approches radicalement opposées des deux pays pour vaincre le coronavirus.
Le Canada comptabilise 515 000 cas et 14 332 morts tandis que les États-Unis déplorent 18,1 millions de cas et 320 000 morts.
— Andrew Yates, HuffPost Canada
La « George Floyd québecoise » provoque une prise de conscience au Canada
Cette mère de sept enfants de 37 ans est décédée le 28 septembre, dans un hôpital de Joliette, à trois heures de route au sud de son domicile de la réserve des Premières Nations de Manawan. Peu avant sa mort, elle a diffusé une vidéo en direct sur Facebook dans laquelle on la voit attachée à son lit tandis que deux infirmières profèrent des insultes racistes à son encontre.
« Tu es stupide comme l’enfer », lui lance une infirmière, en français, avant de marmonner : « Ça là, c’est mieux mort ». On entend ensuite, à travers les cris, « c’est meilleur pour fourrer plus qu’autre chose ». Joyce Echaquan est déclarée morte quelques minutes plus tard.
Son histoire a suscité des exhortations à mettre fin au racisme systémique au Québec, et incité la province à investir 11 millions de dollars pour garantir la sécurité des Amérindiens au sein du système de santé.
— Émilie Clavel, HuffPost Québec
Les demandeurs d’asile en Grèce fuient pour sauver leur vie. Une fois de plus.
Plus de 12 000 hommes, femmes et enfants paniqués sortent de conteneurs et de tentes pour se réfugier dans les oliveraies et les champs voisins, tandis que le feu détruit dans sa quasi-totalité le camp surpeuplé et insalubre de Moria, sur l’île de Lesbos.
Construit pour accueillir 2 750 personnes, le camp a depuis longtemps été érigé par les critiques en symbole de l’échec de la politique migratoire européenne.
Le feu s’est déclaré quelques heures seulement après que le ministère de la migration a annoncé que 35 réfugiés du camp avaient été testés positifs au COVID-19. Avec près de 10 000 personnes au-delà de sa capacité d’accueil, la distanciation sociale y était devenue impossible. Les hommes, les femmes et les enfants ont continué à dormir dans des abris de fortune faits de roseaux, de couvertures et de tentes récupérées plusieurs jours après l’incendie.
— Antonis Fourlis, HuffPost Grèce
Le vote anticipé à la Nouvelle-Orléans en une photo
Clark a enfilé une combinaison de protection car elle ne savait pas si les gens porteraient un masque dans la queue, et parce que son fils n’en porte pas. Professeure, elle souhaitait prendre des précautions pour le bien de ses étudiants.
Cette image est devenue virale, et pour cause : elle symbolise à elle seule l’année 2020 aux États-Unis, une année électorale chaotique avec une participation record et de l’injustice raciale, le tout couronné par une pandémie.
— Chris McGonigal, HuffPost États-Unis
Quand la culture danse pour sa survie en France
À Montpellier, le collectif des Essentiels a mimé le meurtre de la culture dans un pays fier de son riche héritage artistique.
Tout comme les restaurateurs et acteurs du monde de la nuit, les travailleurs de l’industrie culturelle française comptent parmi les victimes des mesures de confinement du gouvernement prises pour endiguer l’épidémie de coronavirus.
Les acteurs, musiciens et danseurs, tous considérés « non-essentiels » par le gouvernement français, ont l’impression d’avoir été sacrifiés sur l’autel de la distanciation sociale. Ils ne savent toujours pas s’ils pourront reprendre leurs activités artistiques en janvier.
— Geoffroy Clavel, HuffPost France
Le vaccin qui a secoué la planète
Un peu avant sept heures du matin à Coventry, Margaret Keenan est devenue la première personne au monde à recevoir le vaccin Pfizer/BioNTech contre le COVID-19.
Originaire d’Enniskillen, en Irlande du Nord, Keenan vit à Coventry depuis plus de 60 ans. Elle portait un T-shirt bleu de Noël en soutien au système de santé national britannique.
« J’ai de la chance d’être la première personne vaccinée contre le COVID-19, a déclaré Keenan, âgée de 90 ans. C’est le meilleur cadeau d’anniversaire en avance qu’on puisse me faire, car cela veut dire que je vais enfin pouvoir profiter de ma famille et de mes amis, après avoir passé la majeure partie de l’année seule. »
À son retour dans son service, Keenan été applaudie par le personnel de l’hôpital de Coventry. Elle a été immédiatement suivie par William Shakespeare de Warwickshire, le second vacciné.
Il n’y aura vraiment plus jamais une année comme 2020.
— Sarah Turnnidge, HuffPost Royaume-Uni.
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