“Nous ne voulons plus d’une justice qui n’écoute pas, qui raisonne uniquement en chiffres, qui chronomètre et comptabilise tout”, écrivent-ils, tançant une “justice qui maltraite les justiciables, mais également ceux qui œuvrent à son fonctionnement”.
Dégradation des conditions de travail : le cri du cœur des magistrats ! La justice est à bout de souffle et les professionnels comme les citoyens en sont les premières victimes pic.twitter.com/dgvJQwJJCN
— USM Magistrats (@USM_magistrats) November 23, 2021
Un suicide qui a marqué la profession
Les magistrats citent notamment des audiences surchargées, des arrêts maladie qui se multiplient parmi le personnel judiciaire, des audiences classées sans suite ou encore l’obligation de traiter des affaires de divorce “en quinze minutes” sans pouvoir donner la parole aux parties.
Ils citent surtout le cas d’une de leurs anciennes collègues, Charlotte, 29 ans, dont ils regrettent le suicide fin août, après deux années ”éprouvantes” à être “envoyée de tribunaux en tribunaux pour compléter les effectifs des juridictions en souffrance du Nord et du Pas-de-Calais”. À l’époque, la mort de la jeune femme à son domicile avait été confirmée à l’AFP de source judiciaire, et une enquête sur les causes de la mort avait été ouverte.
Cette situation génère une “discordance entre notre volonté de rendre une justice de qualité et la réalité de notre quotidien”, plaçant les magistrats face à un “dilemme intenable: juger vite mais mal, ou juger bien mais dans des délais inacceptables”, peut-on lire.
Des propositions de réforme d’ici février
“Les magistrats n’en peuvent plus. La justice est à bout de souffle et ne peut plus remplir ses missions”, écrit l’Union syndicale des magistrats mardi dans un communiqué relayant cette tribune.
Dans un message transmis à l’ensemble des magistrats, la direction des services judiciaires (DSJ) du ministère, et dont l’AFP a eu connaissance, annonce que le garde des Sceaux, Éric Dupont-Moretti recevra “dans les prochains jours” une délégation de signataires.
Le directeur des services judiciaires reconnait que pour répondre aux “tensions présentes dans le monde judiciaire”, “il faut augmenter le nombre de magistrats et de greffiers” et assure que “650 magistrats et 850 greffiers supplémentaires ont été affectés durant le quinquennat”, soulignant là des hausses “dans des proportions inégalées dans le passé” et que le garde des Sceaux compte poursuivre.
Cet appel intervient alors que se sont ouverts les “États généraux de la justice” le 18 octobre. La Commission indépendante présidée par Jean-Marc Sauvé devrait remettre des propositions de réformes d’ici à février 2022.
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