À chaque fois, c’est peu ou prou la même histoire. Dans une petite commune, l’édile est appelé pour mettre fin à un tapage nocturne, une fête sauvage ou à des jets de feux d’artifice. La situation s’envenime, les fautifs refusent d’obtempérer et le maire se fait bousculer, frapper, rouer de coups.
Des “violences sur personne dépositaire de l’autorité publique” qui sont en pleine recrudescence, à en croire les chiffres du ministère de l’Intérieur publiés par nos confrères du Journal du Dimanche. Depuis janvier dernier, ils sont 233 maires ou adjoints à avoir subi une agression, soit une augmentation de 14% par rapport à la même période un an plus tôt (198 cas).
Des sanctions “spécifiques et aggravées” réclamées
De la même manière, la tendance des deux dernières années semble confirmer cette progression, puisqu’aux 361 faits de violence en 2018 ont succédé 388 agressions l’an passé. Avec, début août 2019, un plus bas atteint au moment de la mort de Jean-Mathieu Michel, élu de la petite ville de Signes, dans le Var, qui avait été tué en voulant empêcher une camionnette de décharger des déchets dans une décharge sauvage.
Or pratiquement un an jour pour jour après ce drame, les responsables n’ont toujours pas été jugés. Et c’est bien ce qui inquiète l’Association des Maires de France (AMF), qui réclame dans les colonnes du JDD que des sanctions “spécifiques et aggravées” soient prises, et qu’elles “interviennent plus vite”.
“Cette situation n’a que trop duré et exaspère l’ensemble des maires”, insiste l’AMF. Quant aux messages de soutien adressés par le gouvernement, et en particulier le nouveau ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, il est temps, selon l’instance présidée par François Baroin, de faire mieux: “Au-delà de la compassion, le gouvernement doit passer aux actes s’il veut vraiment protéger” les maires et adjoints de France.
Des petits pas, mais…
Car pour l’heure, “le maire est bien souvent tenté de se laisser décourager et de laisser tomber”, comme le déplore, toujours auprès de l’hebdomadaire dominical Philippe Bas, sénateur LR qui a écrit la semaine passée au Premier ministre Jean Castex pour lui demander d’agir. Le président de la commission des lois du Sénat -une institution dont le corps électoral se compose en grande majorité des élus des conseils municipaux- appelle ainsi de ses vœux “un plan gouvernemental pour la sécurité des maires”, comportant notamment la création de cellules d’accompagnement pour les élus agressés.
Alors oui, une loi prise en décembre renforce certes leur protection juridique et l’ancienne garde des Sceaux Nicole Belloubet a bien demandé en novembre aux procureurs, via une circulaire, de mener une “politique pénale ferme” dans ce genre de cas, mais les chiffres montrent bien que cela ne suffit pas à garantir la sécurité des élus.
“Il faut donner un coup d’arrêt à une forme d’acceptation d’un phénomène inacceptable”, martèle dans le JDD Philippe Bas, qui propose plusieurs pistes telle que la mise en place d’amendes forfaitaires en cas de violation d’arrêtés municipaux par exemple. Des propositions que le ministère de l’Intérieur assure étudier.
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