Alors que le Ministre de l’Intérieur affirme qu’il n’y a “pas de divorce entre la police et sa population”, l’actualité semble pourtant témoigner du contraire. Les faits récents nous ont adressé un signal d’alarme: il est impératif de créer les conditions d’une réconciliation entre les Français et leur police. Le Gouvernement échoue à instituer cette confiance.
Une autre voie est possible. Et cette voie, nous pensons qu’elle peut être pensée et portée par les Maires, l’autorité publique de proximité, pour inspirer cette réforme nécessaire de la police nationale que pourra concrétiser la Gauche lorsqu’elle reviendra en responsabilité. Cette voie, à Paris, nous souhaitons l’incarner, dès que la loi le permettra, avec la création d’une police municipale qui contribuera à retisser un lien bien trop fragilisé.
La création prochaine d’une police municipale à Paris constitue un événement et une opportunité historiques. Elle est un défi inédit et majeur que nous devrons relever, avec Anne Hidalgo, pour démontrer que les villes peuvent être la clé d’une relation renouvelée entre autorité et citoyens.
La police municipale parisienne sera ainsi une police proche, animée par la volonté de dialogue et de prévention, tout en ayant la possibilité de sanctionner, réprimer et sécuriser par sa présence rassurante dans les rues de la Capitale.
Elle sera une police formée: nous créerons pour cela une école parisienne des métiers de la sécurité qui mettra au centre de ses formations des enjeux de société, comme la lutte contre les discriminations, les LGBT-phobies ou le harcèlement de rue.
Elle sera une police à l’image de la richesse et de la diversité de la société, mêlant des femmes et des hommes, de toutes les origines sociales.
Elle sera enfin une police exemplaire. Elle agira sous le regard des citoyens, avec la création d’un Observatoire de la tranquillité publique, et sous un contrôle déontologique, avec des dispositifs robustes d’inspection et de sanction.
Cette police sera donc la police de proximité que la police nationale n’est plus. Une police visible, présente, disponible. Une police qui connaît et échange avec les habitants, les commerçants, les associations et qui détient ainsi une connaissance précieuse du terrain.
Notre ambition est bien de construire un autre modèle, s’affirmant et s’imposant face aux sirènes de l’ultra-sécurisation et de l’hyper-interventionnisme. Le contexte idéologique sécuritaire actuel favorise en effet le développement de “polices municipales d’intervention”, qui cherchent à se confondre avec la police nationale, voire à la remplacer.
N’est-ce pas de l’irresponsabilité que de vouloir faire faire aux polices municipales ce pour quoi elles ne sont ni formées ni armées: la lutte contre le terrorisme ou le grand banditisme?
Nous avons par ailleurs entendu les interrogations sur l’armement de notre police municipale. Mais là encore notre choix est déterminé. Un choix sans naïveté ni idéalisme. Car en tant qu’élus de terrain, nous savons très bien que la situation en matière d’insécurité est une réalité insupportable qui appelle des réponses fortes et déterminées. Et c’est pourquoi nous voulons que la police nationale remplisse à nouveau pleinement son rôle avec des moyens suffisants. Nous soutenons l’engagement au quotidien de ces milliers de policiers, malgré des conditions de travail dégradées, parfois au péril de leur vie, pour assurer notre protection, préserver nos libertés et garantir notre ordre démocratique. Nous voulons, à leurs côtés, une justice et une politique pénale fortes face à la délinquance qui ronge le pacte social.
Ne pas doter d’armes létales nos futurs policiers municipaux, c’est précisément vouloir qu’ils assument un rôle différent mais complémentaire à celui de la police nationale, dans le cadre d’une coopération assumée et organisée qui permette aux forces de l’ordre de se recentrer sur leurs missions régaliennes: lutter contre les trafics de drogue, les violences, les cambriolages, la délinquance, le maintien de l’ordre public…
Avec la création de sa police municipale, Paris s’affirmera dans sa volonté d’une plus grande coproduction de sécurité tout en demeurant vigilante et opposée à tout glissement des responsabilités de l’État sur la collectivité.
Les municipalités pourront ainsi promouvoir dans le débat public une doctrine renouvelée de l’usage de la force publique, tournée vers la médiation, le dialogue, la prévention. De nombreux exemples à l’étranger doivent nous inspirer, nous inciter à emprunter résolument ce chemin. En Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis, de nombreuses villes ont posé le débat d’un autre modèle de sécurité comme réponse à la logique unique du rapport de force violent entre les citoyens et la police. Ces villes ont fait le constat de l’échec de la militarisation continue de la police.
Ici comme ailleurs, nous devons prendre part à cette révolution et nous engager à inverser cette logique infernale de surenchère violente. Nous avons donc aujourd’hui un choix décisif à faire pour un nouveau pacte républicain car, comme l’affirmait Jean-Jacques Rousseau dans Du Contrat Social, “le plus fort n’est jamais assez fort […] s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir”.
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