CÉSAR 2021 – “J’ai envie de parler d’Adama Traoré, j’ai envie de parler de Michel Zecler…” Aux César 2021, la soirée a pris une tournure plus politique avec le discours engagé de Jean-Pascal Zadi qui faisait écho à celui d’Aïssa Maïga l’an dernier.
L’acteur et réalisateur a été récompensé ce vendredi 12 mars du César du meilleur espoir masculin pour son rôle dans sa comédie à succès “Tout simplement noir”. Sur la scène de l’Olympia à Paris, il a d’abord profité de la tribune pour saluer les autres personnalités issues de la diversité qui ont brillé avant lui.
“Il faut faire confiance au temps et il faut voir le temps en temps long. Et donc pour ça, je remercie ceux qui ont ouvert la brèche avant moi”, a-t-il déclaré, citant notamment l’acteur Isaach de Bankolé (César du meilleur espoir masculin en 1987 pour “Black Mic-Mac”), la réalisatrice Euzhan Palcy (César de la meilleure première œuvre en 1984 pour “Rue Cases Nègres”), Omar Sy (César du meilleur acteur en 2012 pour “Intouchables”) et Ladj Ly (César du meilleur réalisateur l’année dernière pour “Les Misérables”).
Il a également salué la jeune Fathia Youssouf qui venait de recevoir quelques minutes plus tôt le César du meilleur espoir féminin pour sa prestation dans “Mignonnes”.
Assa Traoré, Michel Zecler et les statues…
Jean-Pascal Zadi a poursuivi en rappelant que son film parlait d’humanité. “Quand on parle d’humanité, on est en droit de se poser la question si l’humanité de certaines personnes n’est pas remise en cause (…) J’ai envie de parler d’Adama Traoré, de Michel Zecler”, a-t-il expliqué faisant référence à deux affaires de violences policières. La première est revenue au premier plan de l’actualité en raison d’un nouveau rapport d’expertise mettant en cause les gendarmes dans la mort de ce jeune homme en juillet 2016 dans sa ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise).
La seconde affaire concernait le passage à tabac du producteur de musique Michel Zecler par des policiers. Un fait divers qui avait été révélé fin novembre 2020 par le média Loopsider, qui s’était procuré les images des caméras de vidésurveillance.
“On peut se demander si notre humanité compte lorsque l’esclavage a été retenu comme crime contre l’humanité en 2001 et qu’aujourd’hui, dans l’espace public, certaines personnes qui ont activement participé aux crimes contre l’humanité sont glorifiées par des statues”, a-t-il déclaré, évoquant également le scandale du chlorédécone, un pesticide interdit en France en 1989 mais utilisé aux Antilles plusieurs années plus tard.
“C’était important pour moi de parler pour foutre la merde”, a déclaré à l’AFP Jean-Pascal Zadi en coulisses de la soirée peu après son passage. “La scène des César est l’occasion de relancer ces histoires. On veut des réponses concrètes de la part de la justice car j’ai l’impression que ça passe un peu sous les radars”.
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