L’autotest est une forme de test antigénique sur prélèvement nasal à réaliser soi-même, censé être simple d’utilisation et indolore. Il est constitué d’un écouvillon de 3 à 4 centimètres -moins long que la tige d’un test PCR- à introduire dans le nez. Le résultat est rapide: 15 à 20 minutes, selon les consignes des fabricants.
Son but? Dépister les personnes qui n’ont pas de symptômes et qui ne sont pas personnes contacts, selon le ministère de la Santé.
Depuis lundi dernier, les autotests sont censés être arrivés dans les établissements scolaires, d’abord à destination des enseignants qui ont la possibilité de s’autotester chez eux deux fois par semaine. Mais tous les personnels n’ont pas reçu leurs autotests, selon les syndicats.
Au total, 60 millions d’autotests devraient être livrer d’ici l’été aux établissements scolaires.
Pour tester les lycéens, “les premières livraisons s’échelonneront entre le jeudi 6 mai et le mardi 11 mai”, avait précisé le ministère de l’Éducation nationale dans un courrier adressé mercredi aux chefs d’établissement et dont l’AFP a obtenu copie.
“Dans un premier temps et jusqu’à la fin du mois de mai, les autotests à destination des lycéens seront livrés conditionnés par boîte de 25 autotests”, a ajouté la rue de Grenelle.
Le ministère rappelle aux chefs d’établissement que “ces tests ne sont pas autorisés pour une utilisation au domicile. Ils sont destinés exclusivement à un usage en établissement sous la supervision d’un adulte”, avec accord parental préalable.
Mais la forme pourrait évoluer d’ici la fin mai: le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a ouvert la voie, jeudi soir devant la commission de l’éducation de l’Assemblée nationale, à une utilisation à domicile pour les lycéens.
“Risque de gâchis”
“Nous sommes plutôt sur le modèle anglais: on commencerait au lycée puis, si c’est possible, après avoir regardé comment cela se passe, on donnerait l’autotest au lycéen pour le faire chez lui”, a-t-il dit.
Mais avant de savoir si les autotests pourront être pratiqués à domicile par les élèves, “il faut déjà que le matériel arrive en nombre suffisant dans les établissements et c’est loin d’être le cas”, regrette Philippe Vincent, secrétaire général du principal syndicat des chefs d’établissement (SNPDEN).
À ce stade, il estime que ces tests représentent “un défi qui s’annonce irréalisable”. “Dans mon lycée à Aix-en-Provence, cela signifie concrètement de faire passer 110 groupes d’élèves par semaine, c’est impensable”, pointe-t-il.
En raison de la crise sanitaire, les lycéens viennent effectivement au lycée par demi-groupes, afin d’éviter les brassages.
Dans un communiqué de presse commun (ID-FO, Sgen-CFDT et SNPDEN), les chefs d’établissement expliquent que “face au manque de personnels pour faire passer ces autotests et les livraisons au fil de l’eau, la mise en place de ce dépistage est impossible au lycée”. Ils conseillent “très fortement” à leurs collègues de “ne prendre aucun risque avec ces opérations en ne les réalisant que si toutes, et uniquement toutes, les conditions sont remplies au regard des préconisations sanitaires”.
“Cela va être compliqué voire infaisable car nous n’avons pas de personnel volontaire suffisant, pas de retour sur les médiateurs évoqués par le ministre et pas assez de locaux”, déplore Christel Boury, secrétaire nationale du SNPDEN. “Alors on fera ce que l’on peut mais l’équation telle qu’elle est posée est insoluble”, lance cette cheffe d’établissement à Paris.
Sans parler du “risque de gâchis”, soulevé par certains.
“Si les livraisons d’autotests sont acheminées trop tard dans les lycées, une partie va rester sur les bras de l’administration car dès début juin, les élèves ne seront plus très nombreux à venir dans les établissements”, avance Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.
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Il est préoccupant de voir les chefs d’établissement exprimer des doutes sur la mise en œuvre des autotests. Cela révèle des lacunes dans la préparation et la logistique, essentielles pour garantir la sécurité des élèves. Un dialogue entre le ministère et les établissements est crucial pour éviter une gestion chaotique de cette situation. La santé des élèves doit rester la priorité, mais avec des moyens adaptés pour que cette initiative fonctionne efficacement.