Créée en 2012 par François Hollande, elle devait permettre de soutenir les entreprises françaises. D’après notre enquête, la Banque publique d’investissement s’est pourtant écartée de ses objectifs et se comporte à l’image d’un fonds d’investissement agressif, au mépris de la souveraineté, des salariés et du tissu industriel français.

« Je créerai une banque publique d’investissement qui […] accompagnera le développement des entreprises stratégiques », annonçait François Hollande en 2012. Au Bourget, acclamé par 20 000 partisans lors d’un discours resté célèbre, le candidat accuse frontalement son principal « adversaire » : le « monde de la finance ». Quatre mois plus tard, le socialiste s’installe à l’Elysée et crée en décembre la Banque publique d’investissement (BPI).

Pourtant, d’après notre enquête, l’institution s’est écartée de ses objectifs initiaux et se comporte aujourd’hui à l’image d’un fonds d’investissement agressif. Elle multiplie les erreurs stratégiques au détriment de la souveraineté économique nationale, des contribuables et du tissu industriel français.

En pleine crise du Covid-19, la BPI a par exemple confié à Amazon les données des centaines de milliers d’entreprises en difficulté. Une atteinte à la souveraineté doublée d’une immense erreur d’intelligence économique, comme le reconnaît dans un document cette institution censée soutenir l’activité des entreprises françaises. 

Le soutien aux entreprises, les ouvriers de Verallia peuvent en parler. En faisant entrer Bpifrance au capital de leur entreprise, les salariés du leader européen de l’emballage en verre pensaient protéger l’emploi contre leur actionnaire, un fonds américain. Cinq ans plus tard, la banque publique a pourtant voté la fermeture d’un four et de nombreux licenciements, non sans avoir empoché plusieurs millions d’euros en toute discrétion, dont une partie depuis une holding au Luxembourg.

Cette opacité structurelle permet aussi à Bpifrance de prendre des décisions au détriment de l’intérêt public. Par ses investissements de plusieurs millions d’euros dans des startups médicales et son rapprochement avec le fonds souverain émirati Mubadala, l’institution joue un rôle notable dans la privatisation de la santé publique en France.

Retrouvez notre enquête en trois volets : « BPI France : banque publique, intérêts privés ».

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