Organisateurs et sportifs ont donc cherché la parade pour éviter l’hécatombe redoutée pendant l’événement qui se déroulera du 23 juillet au 8 août.
Une fournaise habituelle à Tokyo
Cette canicule a commencé à préoccuper les organisateurs bien avant que la pandémie ne force le report d’un an de l’événement. En 2019, 71.000 personnes ont appelé les secours pour des coups de chaleur au Japon, où 118 décès ont été recensés entre juin et septembre. Même en 2020, lorsque la population était appelée à rester chez elle à cause de la pandémie, 65.000 personnes ont eu besoin de soins et 112 sont décédées.
Non sans ironie, la candidature de Tokyo à l’organisation de l’événement s’était imposée face à des rivaux comme Doha en vantant les “températures douces” de la capitale nippone. Les conditions estivales torrides de la ville sont pourtant connues, et les JO qu’elle a déjà accueillis en 1964 s’étaient alors déroulés en octobre pour éviter la chaleur.
Pourquoi ne pas avoir repoussé les jeux en octobre cette année? Citant des médias américains, Slate explique que NBC, principal diffuseur et sponsor de l’événement, ne souhaitait pas que les dates coïncident avec le calendrier sportif américain. Un précédent a renforcé le choix: en 2000, les JO de Sydney avaient été décalés, mais furent “les Jeux les moins regardés de l’époque moderne”.
Pourtant le danger est bien réel pour les participants des jeux. Un rapport publié en mai par l’Association britannique pour un sport durable (Basis) prévenait que “la chaleur intense et l’important taux d’humidité sont une menace pour les sportifs” aux Jeux de Tokyo. Et le problème s’est encore aggravé ces dernières années à cause du réchauffement climatique et de l’urbanisation croissante, d’après des experts. Et pour ne rien arranger, l’été 2021 s’annonce plus chaud que la moyenne à Tokyo. “Une différence d’un à deux degrés le jour de la compétition aura un impact majeur sur la sécurité” des participants, juge Ben Bright, un responsable de la Fédération britannique de triathlon, cité dans le rapport du Basis.
Distribution de glace et délocalisation d’épreuves
Pour tenter de limiter la casse, la délocalisation des marathons et des épreuves de marche sur l’île septentrionale d’Hokkaido avait été décidée dès 2019 pour tenter d’échapper aux températures pouvant atteindre 37°C et aux 80% d’humidité attendus dans la capitale nippone.
Mais même en “exfiltrant” certaines épreuves, “il y a toujours de gros risques de coups de chaleur aux épreuves de marche, de triathlon et de beach-volley”, a mis en garde le président de l’Association médicale de Tokyo, Haruo Ozaki.
via Associated Press
Des bassins de récupérations gonflables, déjà utilisés à Pékin en 2008, seront également emportés sur les sites, notamment celui du canoë-kayak, note Le Parisien. Ce qui permettra de refroidir plus rapidement le corps des athlètes que s’ils avaient à le faire de manière naturelle.
Aussi, les organisateurs ont annoncé que pour le triathlon le ravitaillement pourrait être exceptionnellement autorisé avec la possibilité de prévoir des bandeaux frais. Ils ont également imaginé soulager athlètes avec de la neige artificielle, la distribution de glaces et la mise en place des aires de repos.
Toutefois, Covid oblige, “nous serons peut-être obligés de limiter le temps d’utilisation de ces installations pour éviter toute promiscuité”, s’est inquiété un responsable du gouvernement de Tokyo.
Se protéger du Covid, l’épreuve de plus
Les mesures sanitaires liées à la pandémie risquent de compliquer encore davantage la vie sur place. Le port du masque sera en effet obligatoire pour tous, et les sportifs arrivant au Japon juste avant les épreuves à cause des mesures anti-Covid-19 auront peu de temps pour s’acclimater.
Les médecins ont prévenu les organisateurs que les interventions liées à la chaleur pendant les Jeux pourraient détourner les ressources médicales de la lutte contre le coronavirus.
Les règles sanitaires, demandant aux athlètes de porter le masque en permanence, sauf pour s’entraîner, concourir, manger, boire, dormir ou pendant les interviews, devraient encore compliquer la situation.
Un responsable du comité d’organisation Tokyo-2020 a assuré à l’AFP que le comité “discutait de la situation avec des experts” et que les règles seraient “flexibles” en tenant compte des risques liés à la chaleur. Le masque peut ainsi être retiré “si vous êtes à l’extérieur et à deux mètres au moins des autres”, a-t-il précisé.
“Thermo room” et système D pour les athlètes
De leur côté, les sportifs préparent depuis des mois leur corps à ces conditions extrêmes, un passage obligatoire sur le chemin de la médaille. Des participants de nombreux sports (athlétisme, triathlon, voile, rugby, etc.) ont ainsi décidé de s’acclimater en s’exposant aux conditions bien avant leur objectif.
Les spécialistes recommandent au moins un stage (entre 10 jours et deux semaines) situé plusieurs semaines avant la compétition, avec une exposition quotidienne courte (entre 1h et 1h30) que ce soit avec un effort modéré ou même de façon “passive”, dans un bain chaud par exemple. Le tout avant de s’acclimater naturellement sur place quelques jours avant son épreuve.
Le marathonien français Hassan Chahdi a par exemple opté fin mai pour la “thermo room” de l’Insep à Paris. Dans cette salle spéciale où il a fait une heure de footing tous les jours pendant plusieurs semaines, il faisait 34 degrés et le taux d’humidité affichait 70%.
Pour les athlètes qui ne disposent pas d’une chambre dernière génération, le système D fonctionne aussi. Après s’être effondré lors des Jeux du Commonwealth à Gold Coast (Australie) en 2018, le marathonien britannique Callum Hawkins avait préparé avec succès les Mondiaux de Doha en 2019 (4e) dans l’abri de jardin de ses parents, équipé d’un tapis de course et de radiateurs. Il a répété l’expérience avant Tokyo, où il est candidat à une médaille.
Pour les spécialistes, ces protocoles sont indispensables avant Tokyo (ou Sapporo pour les épreuves délocalisées), même s’ils ne garantissent pas le succès au pays du soleil levant.
Les fédérations aussi ont planché sur la question pour aider leurs athlètes. La fédération française de voile a par exemple déniché des gilets réfrigérants “made in France”, testés par les verriers qui travaillent par des chaleurs éprouvantes, explique Le Parisien. Plus légers, plus facilement utilisables, ils devraient être autorisés pour les jeux par la fédération internationale.
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