Les scores de quatre candidats sont relativement serrés. Yannick Jadot, favori du scrutin, est arrivé en tête des cinq prétendants avec 27,7% des 106.000 votants, ont annoncé les organisateurs en fin d’après-midi depuis le “pavillon des canaux” à Paris. Sandrine Rousseau, d’abord outsider puis progressivement considérée comme sérieuse prétendante, l’affrontera au second tour, ayant rassemblé 25,14% des voix.
″Écologie de gouvernement” contre “radicalité”
Les deux qualifiés, qui se sont succédé à la tribune, ont affiché leur volonté de rassemblement mais aussi leurs différences de lignes. Car c’est bien là tout l’enjeu du second tour pour les sympathisants écologistes: choisir entre deux approches et deux programmes bien différents.
Yannick Jadot a de son côté plaidé à plusieurs reprises pour une ”écologie de gouvernement, prête à assumer ses responsabilités”. “On ne peut pas s’offrir un quinquennat de plus d’Emmanuel Macron”, a insisté l’eurodéputé, ciblant également l’extrême droite et Eric Zemmour, sans le nommer.
Quelques minutes plus tard, l’écoféministe Sandrine Rousseau a quant à elle revendiqué sa “radicalité”, car “le temps des petits pas et de l’accompagnement n’est plus le moment”. “Yannick Jadot porte une écologie que je respecte mais qui n’est pas la mienne, moi je suis une écologiste de gauche, radicale, sociale, a-t-elle prévenu, assumant un “clivage politique clair” avec son concurrent.
Candidat certain contre figure émergente
Fort de son succès aux européennes de 2019, Yannick Jadot, candidat de “l’écologie des solutions”, faisait figure de favori pour cette primaire écologiste. Mais face à lui, le duel de la ligne bien ancrée à gauche a nettement penché en faveur de Sandrine Rousseau, qui a infligé une lourde désillusion au très préparé Éric Piolle, maire de Grenoble et figure au départ dotée d’une plus grande envergure nationale.
L’écoféministe a de son côté émergé médiatiquement lors des Journées d’été à Poitiers, avec notamment un discours très applaudi devant des milliers de militants. Des interventions tranchantes dans les médias au cours des semaines suivantes, au prix de quelques controverses, avaient achevé de faire de Sandrine Rousseau une postulante sérieuse au second tour.
Jusqu’à disputer à l’édile isérois le vote des écologistes radicaux, qui attendent du futur président une confrontation avec le capitalisme pour hâter la transition écologique. Les deux camps se regardaient en chiens de faïence depuis plusieurs semaines, avant donc que Sandrine Rousseau l’emporte ce dimanche.
Frictions et écoféminisme
Une position qui va désormais lui permettre d’avancer ses idées face à Yannick Jadot. Revenu d’insertion, réforme de la fiscalité plus égalitaire, ”écologie radicale”: pour sa campagne, l’ancienne secrétaire nationale adjointe du parti s’est placée d’emblée à gauche toute et “l’assume totalement”. Elle prône surtout “l’écoféminisme” qui s’élève, explique-t-elle, contre “le système de violence et d’assignation des femmes s’appliquant aussi sur la nature ou encore les classes populaires”.
Un profil politique qui se nourrit de son histoire personnelle. En 2016, elle a accusé dans la presse, aux côtés d’autres femmes du parti, l’ancien député de Paris Denis Baupin d’agressions et de harcèlement sexuels. L’affaire, prescrite, a été classée sans suite mais un procès en diffamation intenté par Denis Baupin en avril 2019 a débouché sur sa condamnation pour procédure abusive.
De son côté, Yannick Jadot, lui, a dû convaincre les militants de lui faire confiance après deux années durant lesquelles sa ligne singulière avait suscité des doutes. À la suite du beau score des écologistes aux élections européennes de 2019, il s’est retrouvé au centre de frictions, et même parfois de polémiques, au sein de l’appareil politique d’EELV. Révélateur de postures souvent éloignées de celles de son parti.
Sa participation à la manifestation des policiers devant l’Assemblée nationale, au printemps, en est l’épisode le plus récent, qui a horripilé de nombreux militants historiques. Considérant qu’il faut coller aux aspirations des Français plutôt qu’à ce qu’il considère comme le confort de certains à gauche, Yannick Jadot parle sécurité, burkini, loue les entrepreneurs qui innovent. Tout l’inverse en somme de son adversaire pour le second tour de la primaire.
Pour les électeurs, un débat organisé ce mercredi 22 septembre au soir sur LCI sera l’occasion de se faire une idée des forces en présence.
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