Dès le 24 janvier prochain, l’actuel directeur adjoint de l’hebdomadaire Le Point remplacera Jérôme Bellay, 79 ans, pourtant entré en fonction fin octobre. Il avait succédé à Hervé Gattegno, évincé après plus de 5 ans à la tête du journal. Jérôme Bellay avait auparavant dirigé le JDD entre 2011 et 2016 avant de quitter ses fonctions, contesté par la rédaction.
“Nous tenons à remercier chaleureusement Jérôme Bellay”
Lagardère, propriétaire de la publication qui a pour premier actionnaire le géant des médias Vivendi, était resté muet sur les raisons de cette éviction. Ce mercredi, le groupe n’a pas non plus donné de raison à ce nouveau changement.
Ancien co-fondateur et patron de France Info, Jérôme Bellay a, à son actif, la création en 1994 de la chaîne d’information en continu LCI, puis en 2000 de la société Maximal Productions, productrice de l’émission “C dans l’air”, conçue avec Yves Calvi.
“Nous tenons à remercier chaleureusement Jérôme Bellay qui a parfaitement accompagné le Journal du dimanche et ses équipes durant cette période de transition”, a uniquement commenté la direction du groupe Lagardère dans un communiqué.
Une nomination surprise
En revanche, Cyril Petit, directeur de la rédaction, conserve ses fonctions et appuiera Jérôme Béglé pour “poursuivre les chantiers de transformation initiés sur le JDD, en particulier sur le numérique”, précise ce texte.
Cette nomination est une surprise pour la rédaction, à laquelle on a assuré qu’il n’y aurait aucun changement de ligne éditoriale, a indiqué une source proche du dossier à l’AFP. Selon Libération, les membres de la rédaction ont été averti du changement en même temps que la publication du communiqué.
Jérôme Béglé, passé par les rédactions de Paris Match et du Figaro Magazine, est par ailleurs directeur de collection chez Grasset, éditeur appartenant également au groupe Lagardère, avec une vingtaine de romans édités.
Un intervenant régulier de CNews
Il intervient régulièrement depuis un an et demi sur la chaîne CNews, détenue par Vivendi, le groupe piloté par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré. Sous la houlette de ce dernier, la radio Europe 1, également détenue par Lagardère, a opéré cette saison un rapprochement avec CNews en ayant en commun des intervenants, journalistes et une émission.
Ces bouleversements ont provoqué une hémorragie des effectifs au sein de la station, entre licenciements et départs volontaires, pour beaucoup motivés par la crainte d’une ligne rédactionnelle trop droitière.
Le limogeage d’Hervé Gattegno avait suscité des appréhensions similaires au sein de la rédaction du JDD. Le départ du journaliste, qui dirigeait également la rédaction de Paris-Match, était survenu un mois après la publication en Une de Paris Match d’une photo de l’essayiste Éric Zemmour enlaçant sa collaboratrice Sarah Knafo.
Accélération de la prise de contrôle de Vivendi
Certains avaient vu dans cette éviction l’influence en coulisses de Vincent Bolloré et un mécontentement lié à la couverture de l’actualité concernant Eric Zemmour, ancien polémiste vedette de CNews.
Le désormais candidat d’extrême droite à la présidentielle avait aussi été épinglé dans un éditorial d’Hervé Gattegno paru dans le JDD titré: “Eric Zemmour se pose davantage en prophète du malheur qu’en chevalier du renouveau.”
Depuis, le groupe Vivendi a annoncé début décembre vouloir accélérer sa prise de contrôle totale du groupe Lagardère sans attendre le feu vert des autorités de la concurrence, renforçant encore son influence médiatique à quelques mois de l’élection présidentielle.
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