“L’armée russe prévoit de commencer ces activités plusieurs semaines avant une invasion militaire, qui pourrait commencer entre mi-janvier et mi-février”, a-t-elle mis en garde, estimant qu’une telle attaque pourrait s’accompagner de “violations généralisées des droits humains et de crimes de guerre” en cas d’échec de la diplomatie.
Créer un “prétexte” pour “passer à l’acte”
Le porte-parole du Pentagone John Kirby a précisé que ces renseignements étaient “très crédibles”. Mais le Kremlin a rejeté aussitôt des accusations “gratuites” et ”étayées par aucune preuve”.
Ces accusations détaillées interviennent après qu’une série de rencontres de haut niveau entre Occidentaux et Russes cette semaine n’ont pas permis de désamorcer le risque d’un nouveau conflit en Ukraine.
Le gouvernement américain met en garde depuis plusieurs semaines contre la possibilité que Moscou, qu’il accuse d’avoir déployé près de 100.000 soldats à la frontière ukrainienne en vue d’une potentielle offensive, crée auparavant un “prétexte” pour passer à l’acte.
“Opérations sous fausse bannière”
Le conseiller du président Joe Biden pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, l’avait encore dit jeudi devant la presse, promettant des détails quant aux conclusions du renseignement américain -tout en précisant que ce dernier pensait que le Kremlin n’avait pas encore pris une décision définitive quant à une éventuelle attaque.
“Nous avons vu cette stratégie à l’œuvre en 2014”, lorsque la Russie a annexé la Crimée ukrainienne, “ils préparent cette stratégie à nouveau”, a prévenu Jake Sullivan.
Selon Jen Psaki, qui a fourni vendredi ces précisions, les plus détaillées à ce jour, Washington “dispose d’informations indiquant que la Russie a déjà prépositionné un groupe d’agents pour mener des opérations sous fausse bannière dans l’est de l’Ukraine”. “Ces agents sont entraînés à la guérilla urbaine et à l’utilisation d’explosifs pour mener des actes de sabotage contre les forces alliées de la Russie”, en se faisant passer pour des Ukrainiens, a-t-elle ajouté.
Des forces “hybrides” pour brouiller les lignes
Le porte-parole du Pentagone a expliqué que ces agents pouvaient venir “des services de renseignement, des services de sécurité et même de l’armée” russes.
Leurs forces sont souvent “hybrides” au point que “les frontières ne sont pas nécessairement très claires, à qui ils répondent spécifiquement lors de ces opérations plus clandestines”, a fait valoir John Kirby.
“Nos informations indiquent aussi que des leaders d’opinion russes ont déjà commencé à créer des provocations ukrainiennes dans les médias publics et les réseaux sociaux pour justifier une intervention russe et semer la division en Ukraine”, a poursuivi pour sa part Jen Psaki. À titre d’exemple, elle a évoqué une augmentation des éléments de langage sur une prétendue “dégradation de la situation des droits humains en Ukraine” et sur un “militantisme accru des dirigeants ukrainiens”.
Hausse de la propagande sur les réseaux sociaux
“Ces éléments de langage attribuent aussi à l’Occident la responsabilité de l’escalade des tensions” et “font la promotion du patriotisme russe pour encourager un soutien national en faveur d’une action militaire”, a-t-elle dit.
D’après le renseignement américain, les messages en russe concernant ces éléments sur les réseaux sociaux sont passés à environ 3500 publications par jour en décembre, soit “une hausse de 200% par rapport à la moyenne quotidienne de novembre”.
Jen Psaki a par ailleurs affirmé que les États-Unis étaient “préoccupés par la cyberattaque” d’ampleur qui a visé vendredi l’Ukraine. “Nous n’avons pas déterminé le responsable à ce stade”, a-t-elle toutefois ajouté.
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