“C’est le héros de toutes les personnes qui s’intéressent au monde polaire”, témoigne l’explorateur Alban Michon au HuffPost. Il a participé à la préparation de cette expédition “Endurance 2022”, partie ce mercredi 2 février du Cap, en Afrique du Sud pour retrouver son voilier. La découverte serait d’autant plus symbolique qu’elle viendrait célébrer le centenaire de la mort Ernest Shackleton.
Les indices sur la localisation de L’Endurance se nichent dans les notes détaillées laissées par l’équipage. L’épave se trouverait sous la glace de la mer de Weddell en Antarctique, entre 2000 et 3000m de profondeur.
“On a des images d’hommes jouant au foot sur la banquise”
L’Endurance a quitté le port de Plymouth (Angleterre) en août 1914. À son bord, 28 hommes, 69 chiens, un chat et l’équivalent de deux ans de vivres. Mais après cinq mois de navigation, le navire est piégé par la banquise. Seul dans ce désert blanc, l’équipage doit attendre la fin de l’hiver et la fonte de leur prison de glace. Les hommes noircissent de désespoir leurs journaux de bord.
Mais la vie sur le navire n’est pas que supplice. “On a des images d’hommes jouant au foot sur la banquise, c’est incroyable”, s’extasie Alban Michon. Le photographe australien Franck Hurley a en effet immortalisé ces scènes de liesse entre les membres de l’équipage.
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Un autre périple commence. Les matelots passent 16 jours à traverser 1 300 km d’océan dans un petit bateau pour atteindre l’île de Géorgie du Sud où ils trouvent secours dans une station baleinière. Ils font ensuite demi-tour pour sauver les 22 hommes laissés derrière eux. Cette odyssée est la plus célèbre d’Ernest Shackleton.
Des hommes d’acier dans des bateaux de bois
“Je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui on serait capable de réitérer l’exploit, estime Alban Michon, aujourd’hui on côtoie le confort, on a plus le même mental que les explorateurs de l’époque”.
En 2013, une expédition anglo-australienne menée par Tim Jarvis a essayé d’accomplir le dernier segment de la traversée de Shackleton. Un périple de douze jours qui a mis à rude épreuve les hommes. “Ces explorateurs des débuts sont des hommes d’acier dans des bateaux de bois”, a dit à son retour Tim Jarvis.
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Des températures qui descendent à -70°
Beaucoup d’espoirs, donc, mais cette mission reste périlleuse. Alban Michon a entrainé cet hiver les plongeurs qui vont étudier l’épave. “Les entraînements servent à apprendre aux plongeurs à supporter le froid, à bricoler sous l’eau quand ils seront au niveau de l’épave et surtout à sortir le robot”, détaille-t-il. Ce robot explorateur de fonds marins pèse près d’une tonne. “Ils ne sont que deux ou trois plongeurs et devront l’extirper s’il se bloque sous la glace”. Même pour des plongeurs aguerris, l’opération est délicate, car la banquise est mouvante.
Les matelots seront aussi soumis à des températures extrêmes “qui peuvent descendre à -60 voire -70 degrés”, rappelle Alban Michon. Ce n’est pas pour autant que l’explorateur plaint les matelots de cette expédition. Au contraire, pour lui, l’Antarctique n’est pas uniquement un “enfer blanc”. “Imaginez des baleines dans un paysage dessiné par les montagnes et les icebergs, c’est de la poésie polaire”, image-t-il. Si les explorateurs découvrent l’épave, ils auront même la chance “de fermer l’histoire d’une des plus belles explorations polaires.”
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