POLITIQUE – C’est coiffé d’une triple casquette de président, futur candidat et chef en exercice du conseil de l’UE qu’Emmanuel Macron se rend dans les Hauts-de-France ce mercredi 2 février pour parler à la fois subventions territoriales et immigration en Europe, un des enjeux de la campagne présidentielle.
Première étape, le bassin minier, où il annoncera une nouvelle subvention de l’État de 100 millions d’euros pour la rénovation urbaine de ce territoire où les taux de chômage (15%) et de pauvreté (18,5%) sont très supérieurs à la moyenne nationale, a-t-il annoncé mardi à La Voix du Nord. Subvention que complétera à parité la région Hauts-de-France.
Ces fonds s’ajouteront aux 100 millions déjà annoncés en 2017 pour rénover l’habitat du bassin minier. Emmanuel Macron annoncera aussi la future implantation à Dunkerque d’une gigafactory de batteries électriques par la start-up française Verkor, avec 1200 emplois directs et 3000 emplois indirects à la clé.
“Pass culture”
“Nous ne sortons pas le carnet de chèque à deux mois de la présidentielle: cela fait cinq ans qu’on travaille sur ce territoire, avec comme pour d’autres une méthode de concertation avec les élus”, se défend la présidence.
Direction ensuite le musée du Louvre-Lens, qui exposera le même jour le “Scribe accroupi”, chef d’oeuvre de l’Égypte ancienne prêté par le Louvre. Emmanuel Macron en profitera pour promouvoir le “pass culture”, un chèque-cadeau de 300 euros aux 15-18 ans.
Son tweet lundi soir sur cette mesure, qui montre un post-it sur son bureau (“Ouverture du pass culture aux 15-16-17 ans: Fait. EM”) est devenu viral mais a aussi été détourné par plusieurs de ses adversaires.
Stratégie européenne
C’est en tant que président du conseil de l’UE qu’Emmanuel Macron achèvera sa journée à Tourcoing, où il exposera ses projets de réforme de l’espace Schengen et de la gestion des migrants en Europe, l’un des enjeux de la campagne.
La France souhaite notamment mettre en place un “mécanisme de solidarité” par lequel les pays de l’UE s’engageraient à se répartir des migrants, en particulier après des sauvetages en mer, ou au moins à contribuer financièrement à leur accueil. Une demande refusée jusqu’ici par les pays de l’Est.
Emmanuel Macron souhaite également une stratégie européenne commune pour pousser les pays d’origine à reprendre leurs ressortissants entrés illégalement en Europe.
“Des discussions se tiendront lors du sommet Union africaine-UE (17 et 18 février). Et il faut assumer de le conditionner à la politique de coopération et de visas. Nous avons besoin d’avoir la même stratégie à l’échelle européenne. Car si vous réduisez votre nombre de visas, mais que vos voisins n’ont pas la même approche, des lignes se reforment”, a-t-il expliqué à la Voix du Nord.
La France veut enfin créer un conseil de gouvernance de l’espace Schengen, au niveau des ministres et chefs d’État et de gouvernement, et renforcer Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières extérieures.
“Les effectifs de Frontex seront portés à 10.000 (d’ici 2027). J’ai proposé aussi, suite à la crise biélorusse, la création d’une force intergouvernementale de réaction rapide pour protéger nos frontières quand un État en a besoin”, rappelle-t-il.
Toujours pas candidat
Le chef de l’État échangera sur ce sujet mercredi soir avec les dirigeants de l’UE et les ministres de l’Intérieur des 27, qui se réuniront jeudi et vendredi à Lille pour plancher sur le dossier.
Quant à sa casquette de candidat, Emmanuel Macron a expliqué que, avant de se déclarer, il voulait d’abord attendre que soient dépassés “la phase aiguë de l’épidémie et le pic de la crise géopolitique”, tout en faisant part de son “enthousiasme” et “amour” pour la France.
Même s’il ne devrait se déclarer qu’entre le 10 et le 20 février, selon son entourage, les interventions d’Emmanuel Macron se déroulent désormais dans le cadre des règles d’équité de la campagne présidentielle auxquelles les médias audiovisuels sont soumis.
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