Le grand M jaune était pourtant l’un des symboles de l’ouverture de la Russie à l’Occident. L’emblématique McDonald’s de la place Pouchkine a été la première enseigne occidentale majeure – et la plus emblématique – à avoir ouvert ses portes en plein centre de Moscou le 31 janvier 1990, un événement majeur pour les Soviétiques en pleine effervescence sous la perestroïka.
Alors aujourd’hui, certains Russes vivent mal cette rupture. En témoigne notamment cette photo devenue virale sur Reddit où un internaute a immortalisé le contenu du réfrigérateur de son ami, rempli de burgers McDonald’s. Comme une peur de manquer, face à la possibilité de ne plus voir s’ouvrir les restaurants de l’enseigne dans le pays.
L’initiative a bien fait rire les internautes. “Ceux-ci n’ont pas besoin d’être réfrigérés, pour info”, note l’un d’eux, s’amusant de la longévité des burgers McDonald’s, connus pour mettre énormément de temps à pourrir. “Ils dureront vingt ans avec tous les produits chimiques qu’ils contiennent”, raille un autre.
“Si ce n’est pas pour la consommation personnelle, c’est certainement une bonne opportunité commerciale de vendre des hamburgers rassis à un prix exorbitant”, soulève encore un autre internaute. Dans cette discussion Reddit, plusieurs personnes conseillent d’ailleurs au propriétaire de cette montagne de sandwichs de les revendre à prix d’or.
Et cette idée, bon nombre d’amateurs de burger l’ont eu. En témoigne par exemple le site de petites annonces Avito, où les BigMac, sauces Deluxe et autres produits McDonald’s se revendent à des prix astronomiques, comme vous pouvez le voir dans la capture d’écran ci-dessous (traduite du russe au français). On peut ainsi voir un menu vendu 10 millions de roubles, soit un peu plus de 69.000 euros. Ou encore un BigMac à 1900 roubles (13 euros).
Capture Avito Russie
McDonald’s était un peu devenu aux États-Unis le symbole des grandes entreprises ayant choisi jusqu’à présent de ne pas quitter la Russie, près de deux semaines après l’invasion de l’Ukraine. Le mot-clé #BoycottMcDonalds était récemment apparu sur les réseaux sociaux.
“Impossible de prédire” quand les restaurants pourront rouvrir
“La situation est extraordinairement difficile pour une marque mondiale comme la nôtre et il y a de nombreuses considérations à prendre en compte”, a souligné le directeur général de l’entreprise Chris Kempczinski, dans son message en évoquant les salariés, mais aussi les fournisseurs et les clients. Le groupe continuer d’ailleurs de payer ses 62.000 salariés dans le pays.
La Russie, où McDonald’s gère directement plus de 80% des restaurants portant son nom, représente 9% du chiffre d’affaires du groupe et 3% de son bénéfice opérationnel. “Dans le même temps, respecter nos valeurs signifie que nous ne pouvons pas ignorer les souffrances humaines inutiles qui se déroulent en Ukraine”, a-t-il ajouté.
McDonald’s “continuera d’évaluer la situation et de déterminer si des mesures supplémentaires sont nécessaires”, a souligné le responsable. Il est actuellement “impossible de prédire” quand les restaurants pourront rouvrir, a aussi indiqué Chrid Kempczinski. En plus de la situation humanitaire, le groupe doit gérer les perturbations dans sa chaîne d’approvisionnement et d’autres problèmes opérationnels.
“Le Donbass vaut bien Mcdonald’s”
Mais tous les Moscovites ne regrettent pas ces fermetures. “Qu’ils ferment s’ils veulent”, s’agace Nikolaï Kopylov, 42 ans, qui sort du restaurant un Big Mac à la main. “Le Donbass vaut bien Mcdonald’s”, ajoute ce Moscovite.
“Les vies sauvées dans le Donbass (territoire séparatiste prorusse de l’est de l’Ukraine que Moscou affirme défendre contre un “génocide”, NDLR) sont beaucoup plus importantes que de bien manger”, abonde Stanislav, 18 ans.
Vassili Ivanov, 40 ans, est du même avis: “Fermez ce que vous voulez, on n’en sera que plus fort”, s’exclame cet ancien militaire, qui juge que le conflit en Ukraine est lié au fait que “l’Otan nous encercle” et souligne avoir “le plus grand respect pour Poutine, seul face au monde entier”.
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